SINOUJ, ou l’art de réinventer la musique tunisienne sans la trahir
Faut-il moderniser la musique tunisienne pour la faire voyager, ou préserver son âme contre vents et marées ?
La scène de l’amphithéâtre de Hammamet, ce 21 juillet 2025, pourrait bien avoir apporté une réponse à cette épineuse question. Sous une nuit étoilée, Benjemy et son projet SINOUJ – Odyssey ont offert une performance qui défie les catégories. Entre tradition et modernité, entre racines et envolées, le spectacle a prouvé qu’il était possible de faire résonner la Tunisie dans une langue universelle, sans pour autant en diluer l’authenticité.
Dès les premières notes, l’audace du projet saute aux oreilles. Un orchestre classique dialogue avec des beats électroniques, tandis que les voix de sept artistes tunisiens – Haythem Hadhiri, Boutheina Nabouli, Mohamed Saïd, et d’autres – tissent une toile sonore où le mezwed et les chants soufis se mêlent à des harmonies symphoniques. Le résultat ? Une transe contemporaine, à la fois enracinée et résolument tournée vers l’ailleurs.
« La musique tunisienne n’est pas un musée », explique Benjemy, maître d’œuvre de cette odyssée. « Elle vit, elle respire, et elle peut épouser d’autres langages sans se renier. » Depuis quatre ans, SINOUJ ne cesse d’évoluer, comme une métaphore de cette quête d’équilibre entre patrimoine et innovation.
Dans les coulisses, les artistes partagent cette vision. « Ce projet a changé ma façon d’envisager la musique », confie Mohamed Saïd. « Ce n’est pas juste un spectacle, c’est une manière de porter notre culture plus loin. » Rania Bounaoues, dont la voix a envoûté le public, abonde : « SINOUJ me ressemble – à la fois familier et inattendu. »
Le public, lui, a visiblement adopté cette alchimie. Une fois encore, l’affiche affichait complet, preuve que la rencontre entre tradition et modernité n’a rien d’un artifice, mais bien d’une évidence.
Alors, faut-il occidentalisé la musique tunisienne pour la rendre universelle ? La réponse de Benjemy est claire : non. Il suffit de la réinventer, avec audace et respect. Ce soir-là, à Hammamet, la Tunisie n’a pas eu besoin de se faire petite pour être entendue. Elle a juste eu besoin d’artistes pour la faire résonner autrement.
L’article SINOUJ, ou l’art de réinventer la musique tunisienne sans la trahir est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.