Blanchiment d’argent : La Tunisie améliore son classement mondial et renforce son arsenal
La Tunisie figure parmi les pays africains les moins exposés aux risques de blanchiment d’argent, selon l’édition 2025 de l’indice Bâle publié par le Basel Institute on Governance. Le pays obtient un score de 4,75 sur 10, se classant quatrième en Afrique et 119ᵉ au niveau mondial sur 177 pays évalués.
Ce classement marque une stabilisation, voire une légère amélioration, par rapport aux années précédentes, dans un contexte international marqué par la multiplication des flux financiers illicites et le durcissement des standards de conformité.
L’indice Bâle évalue les pays selon plusieurs critères, dont la solidité du cadre juridique, l’efficacité des institutions, la transparence financière et la coopération internationale. Un score plus faible indique un risque moindre de blanchiment et de financement du terrorisme.
Un signal positif, mais un risque toujours qualifié d’intermédiaire
Malgré cette progression relative, la Tunisie reste classée dans la catégorie des pays à exposition intermédiaire. Les juridictions considérées comme à faible risque demeurent majoritairement situées en Europe du Nord et en Océanie, notamment la Finlande, la Suisse ou la Nouvelle-Zélande.
Les auteurs de l’indice soulignent que le classement ne mesure pas le volume réel des fonds blanchis, mais le profil global de risque et la capacité des États à y faire face.
Durcissement judiciaire contre les réseaux criminels
Sur le plan national, les autorités tunisiennes ont multiplié les signaux de fermeté. La justice a récemment prononcé des peines allant jusqu’à 35 ans de prison contre des membres d’un réseau transnational de blanchiment d’argent, impliqué dans des activités criminelles organisées.
Ces condamnations visent à renforcer l’effet dissuasif et à affirmer la priorité accordée à la lutte contre les crimes financiers, en ciblant non seulement les individus mais aussi les structures organisées.
Encadrement des cryptomonnaies à l’étude
Parallèlement, la Tunisie prépare un nouveau cadre législatif visant à encadrer les crimes liés aux cryptomonnaies, un canal de plus en plus utilisé par les réseaux de blanchiment à l’échelle mondiale.
Les autorités entendent ainsi adapter la législation nationale aux mutations technologiques et combler les zones grises juridiques liées aux actifs numériques.
La Banque centrale appelle à une vigilance accrue
La Banque centrale de Tunisie (BCT) a, de son côté, appelé les banques et institutions financières à renforcer leurs dispositifs de vigilance, notamment en matière de connaissance du client, de surveillance des transactions et de détection des opérations suspectes.
Les établissements bancaires constituent la première ligne de défense contre les flux financiers illicites, dans un système reposant largement sur la prévention.
Un dispositif institutionnel élargi
La lutte contre le blanchiment s’appuie également sur le rôle de la Commission tunisienne des analyses financières (CTAF), chargée de centraliser et d’analyser les déclarations d’opérations suspectes avant leur transmission aux autorités judiciaires.
Les efforts concernent aussi les professions non financières exposées, telles que les notaires, les agents immobiliers, les sociétés de change ou certains intermédiaires économiques, appelés à renforcer leurs obligations de déclaration et de vigilance.
Coopération et saisie des avoirs
Les autorités tunisiennes renforcent par ailleurs la coopération judiciaire et l’échange d’informations avec leurs partenaires étrangers, dans un contexte marqué par la dimension transnationale croissante des réseaux de blanchiment.
La stratégie nationale inclut également le développement des mécanismes de saisie et de confiscation des avoirs issus d’activités illicites, considérés comme un levier central dans la lutte contre les crimes financiers.
Un enjeu de crédibilité financière
Au-delà des aspects sécuritaires, l’amélioration du classement tunisien constitue également un enjeu de crédibilité financière. Dans un contexte de pression sur les finances publiques et de dépendance aux financements extérieurs, la perception d’un système financier mieux contrôlé demeure un facteur clé pour les partenaires internationaux.
Les experts rappellent toutefois que la lutte contre le blanchiment d’argent reste un combat de longue haleine, face à des réseaux capables d’innover et de se reconfigurer rapidement.
Pour la Tunisie, l’enjeu n’est plus seulement de maintenir une position favorable dans les classements internationaux, mais de transformer cette dynamique en un avantage structurel durable.
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