Migration : Berlin cite la Tunisie parmi les pays potentiels pour des centres de retour
Le gouvernement allemand envisage la création de « centres de retour » hors de l’Union européenne pour y transférer certains migrants en situation irrégulière, selon une information du quotidien allemand Bild. Parmi les pays évoqués figure la Tunisie, aux côtés de l’Ouganda, mais aucun accord n’a été conclu et Tunis n’a pas été officiellement sollicitée. Selon le journal, d’autres pistes sont également étudiées, dont la région du Kurdistan irakien, considérée par Berlin comme relativement stable et susceptible d’accueillir des structures similaires.
Selon Bild, Berlin cherche à externaliser une partie du traitement des migrants déboutés ou non expulsables et a identifié plusieurs États potentiels pour accueillir des centres de transit. La Tunisie apparaît dans cette liste préliminaire, dans un projet encore en phase exploratoire.
Le journal précise que ce dispositif ne viserait pas spécifiquement des Tunisiens et qu’il ne s’agit pas d’un mécanisme de renvoi automatique de migrants non tunisiens vers la Tunisie. À ce stade, aucune base juridique ni coopération bilatérale ne permettent de tels transferts.
Pas de consultation de Tunis
Aucune réaction officielle tunisienne n’a été publiée concernant les informations rapportées par Bild. Selon les données disponibles, Tunis n’a pas été associée aux discussions évoquées par la presse allemande.
Depuis 2023, le président Kaïs Saïed a à plusieurs reprises affirmé que la Tunisie « n’acceptera jamais d’être un pays de réinstallation » et refuse d’accueillir des migrants dont les États européens cherchent à externaliser la prise en charge.
Le 6 décembre 2025 à Genève, Mohamed Ali Nafti, ministre tunisien des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, a réaffirmé cette position lors d’une table ronde de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), déclarant que la Tunisie refuse d’être un pays de transit ou d’installation pour les migrants irréguliers.
Tunisiens expulsés d’Allemagne : ce qui existe déjà
Les expulsions de ressortissants tunisiens depuis l’Allemagne ne sont pas nouvelles et s’inscrivent dans un cadre distinct des projets évoqués par Bild.
Entre 2018 et 2025, environ 1780 Tunisiens ont été renvoyés vers leur pays d’origine lors de vols de retour organisés, selon des données compilées par plusieurs ONG spécialisées. L’an dernier, près de 300 Tunisiens ont fait l’objet d’une expulsion après le rejet de leur demande d’asile ou la perte de leur statut légal. Ces retours forcés, effectués au cas par cas, relèvent des procédures bilatérales classiques entre Tunis et Berlin et ne sont pas liés au concept de « centres de retour » actuellement à l’étude par l’Allemagne.
Un projet européen encore incertain
L’idée de centres de retour fait suite à l’approbation par les ministres de l’Intérieur de l’UE d’une position commune sur les pays sûrs et le futur règlement relatif au rapatriement. Les négociations doivent maintenant s’ouvrir avec le Parlement européen.
Le projet reste néanmoins lointain : plusieurs questions juridiques, financières et diplomatiques demeurent sans réponse, et aucun État tiers n’a pour l’instant accepté d’héberger de telles structures.
Au niveau européen, la faisabilité de ces centres reste incertaine. Plusieurs groupes du Parlement estiment que l’externalisation des procédures d’asile pourrait contrevenir aux règles européennes et au droit international, tandis qu’aucun dispositif similaire n’a jamais été mis en œuvre malgré plusieurs tentatives de l’UE ces dernières années.
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