Hajer Araissia : « Le PCPA, une école de solidarité et de transformation sociale »
Hajer Araissia, représentante de l’association Club Culturel Ali Belhouane et membre du PCPA « Soyons Actifs/Actives » (PCPA SAA), coordonné et financé par l’AFD, œuvre depuis plus de dix ans pour réduire les inégalités d’accès aux droits fondamentaux et renforcer la participation citoyenne en Tunisie. Impliquant plus de 90 associations, syndicats, coopératives, collectivités et acteurs publics des deux rives de la Méditerranée, ce programme a permis la réalisation de 105 projets dans 23 gouvernorats. Il bénéficie à des milliers de citoyens, notamment dans les domaines de l’éducation inclusive, de l’insertion socio-professionnelle et de la démocratie participative. Nous l’avons contactée avant la clôture officielle du programme prévue le 17 octobre 2025 à Tunis.
Cette cérémonie vise à valoriser les acquis du programme, partager les enseignements tirés et réfléchir à la pérennisation des actions. Le programme est une démarche multipartite, en partenariat avec plusieurs ministères tunisiens, qui soutient principalement les jeunes, les femmes et les personnes en recherche d’emploi. Et ce, tout en renforçant les capacités de la société civile locale.
Quel bilan dressez-vous ?
Le programme, lancé en 2011, a pour ambition de créer un cadre de coopération structuré entre acteurs tunisiens et français répartis entres associations, syndicats, collectivités locales, ministères et universités, afin de réduire les inégalités d’accès aux droits fondamentaux.
Quels sont les facteurs clés de sa réussite ?
Il repose sur une conviction essentielle : aucune transformation sociale durable ne peut s’accomplir sans dialogue et concertation. En plus d’une décennie, le programme a fédéré près de 90 entités réparties sur l’ensemble du territoire, autour de deux axes majeurs : l’éducation et l’économie sociale et solidaire. Ce qui a permis d’atteindre des résultats significatifs, notamment en renforçant la gouvernance associative locale et en favorisant des partenariats efficaces entre les différentes parties prenantes.
À J-1 de l’événement bilan, comment qualifieriez-vous les résultats obtenus ?
Le bilan est très positif. Le programme a accompagné plusieurs centaines d’organisations locales dans la gestion, la gouvernance et le plaidoyer. La promotion d’une culture du partenariat, notamment par la co-construction transparente de projets impliquant associations, syndicats et institutions publiques, constitue un levier majeur des succès enregistrés.
L’impact du programme est particulièrement visible dans les régions intérieures, comme la poterie de Sejnane. A travers des initiatives citoyennes et économiques locales portées par des associations et des coopératives, il a structuré des dynamiques régionales de concertation et favorisé la création d’espaces de dialogue entre la société civile, les municipalités et les services publics, permettant d’élaborer des solutions adaptées aux réalités locales.
Sur le plan national, le programme a également eu une influence stratégique, en participant notamment à l’élaboration de la loi sur l’économie sociale et solidaire. Depuis son lancement, plus de dix mille bénéficiaires directs et indirects, principalement des jeunes en recherche d’emploi, ont été formés et accompagnés.
Par ailleurs, une attention particulière a été portée aux populations vulnérables. Le pôle économie sociale et solidaire (ESS) a soutenu la création de groupements agricoles et de coopératives artisanales, valorisant des savoir-faire ancestraux, comme ceux des potières de Sejnane Ces initiatives ont bénéficié de formations adaptées et ouvert des circuits de commercialisation équitables.
Qu’en est-il de la pérennisation du programme ?
Le comité de pilotage a identifié cinq composantes clés pour assurer la continuité :
- la création de think-tanks en éducation et ESS;
- le développement d’espaces citoyens dédiés à la participation;
- ainsi que des recommandations opérationnelles visant à renforcer la coopération;
- la professionnalisation des équipes;
- et le financement durable.
En conclusion, ce programme est avant tout une aventure humaine. Il illustre avec force que la coopération constitue un levier puissant de solidarité. Si aujourd’hui les jeunes, les femmes et les associations se sentent plus fortes et légitimes, c’est la preuve du succès de cette démarche.
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