Le maestro et compositeur Mohamed Garfi sera à l’honneur à l’ouverture de la 59ème édition du Festival International de Carthage (FIC) avec son spectacle baptisé « Men kaa el khabia » (Du fond de la Jarre) qui promet une soirée grandiose dans l’univers « de la musique savante ».
Les figures de proue de la musique tunisienne qui étaient témoins du mouvement de renaissance musicale dans le pays seront au cœur d’une œuvre originale contemporaine signée Mohamed Garfi et marquée par son riche parcours de spécialiste de la musique tunisienne et arabe.
■ « Du fond de la jarre » : un demi-siècle dans le milieu artistique :
Sous la direction du maestro, l’Orchestre Symphonique Tunisien sera accompagné du Chœur de l’Opéra de Tunis avec la participation de la Troupe Nationale des Arts Populaires, dans une complémentarité artistique entre une musiques symphonique contemporaine et une autre populaire revisitée ancrée dans le patrimoine sonore national.
L’amphithéâtre romain de Carthage s’apprête à accueillir un spectacle qui retracera certaines étapes majeures du parcours artistique tunisien. Le festival a annoncé un spectacle revisitant les œuvres de compositeurs, peintres et poètes ayant enrichi la scène nationale tout au long du XXe siècle et au-delà.
Lors du point de presse, le 10 juillet, pour la présentation du programme du festival, Mohamed Garfi a parlé d’une véritable « création » malgré les doutes émis par certaines parties sur un travail « réchauffé ».
Avec la participation de l’Orchestre Symphonique Tunisien du Théâtre de l’Opéra, ce spectacle offre au public l’occasion de redécouvrir les chefs-d’œuvre de Khemaies Tarnane, Mohamed Triki, Mohamed Jamoussi, Ali Riahi, Hédi Jouini, Abdelhamid Sliti et Salah Khemissi.
Les chanteurs Hamza Fadhlaoui, star arabe de The Voice, Chokri Omar Hannachi, Chedli Hajji, invité d’honneur, sont à l’affiche de ce spectacle alliant chant et théâtre. Fadhlaoui est une voix prometteuse selon Garfi qui garantit le talent en tant que véritable d’affiche ».
Le célèbre acteur Jamel Madani et la Troupe Nationale des Arts Populaires, créée en 1962, s’associent à cette expérience. Madani interprétera un cocktail de la chanson humoristique de la chanson tunisienne des années 30 et 40 et son pionnier Salah Khmissi qui incarnait la voix emblématique de la Société dans un pays alors colonisé.
« Du fond de la jarre » revient sur un demi-siècle dans le milieu artistique et rendra hommage à tous les artistes musiciens qui ont essayé à travers les époques, chacun dans son domaine de compétence, de sauvegarder la musique tunisienne authentique, a annoncé le Maestro.
Qui dit création dit musique savante celle où il y a création, à l’instar de l’œuvre de Mohamed Triki, Khemaies Ternane, Hedi Jouini, Gaddour Srarfi, ou encore Moahemed Saada, « le grand Mohamed Saada qu’on refuse de reconnaître le talent », Ali Sriti, Saleh Lakhmisi disparu il y plus de 70 ans et qui était parmi les membres de la troupe Taht Essour qui représentait la culture de l’entre deux guerres, largement désignées par les années folles, a déclaré Garfi.
Ce spectacle rassemble une sélection du large répertoire musical national et revisite l’héritage de musiciens et des compositeurs à travers un arrangement orchestral qui sera interprété par un orchestre symphonique avec la participation de musiciens tunisiens et étrangers sur des instruments.
En cinquante on n’a pu rien faire, c’est pour cela qu’on est obligé d’inviter des musiciens étrangers qui jouent sur des instruments là où on enregistre un manque dans la formation (NLRD les instruments contemporains à vent et cuivre), a annoncé le Maestro qui dévoilera une vision, nouvelle et renouvelée, à travers une formation orchestrale ».
■ Mohamed Garfi une icône vivante de la scène musicale nationale :
Le maestro Mohamed Garfi est de retour à Carthage et sa scène mythique où il avait été plusieurs fois accueilli. Son parcours artistique est riche en productions dont des opérettes comme Branches rouges, Cantate pour le Liban et Histoire de Carthage.
Diplômé du Conservatoire national de musique de Tunis et de la Schola Cantorum de Paris, Mohamed Garfi est également détenteur d’un DEA et un doctorat en musicologie de l’Université Paris IV-Sorbonne.
Ses débuts remontent aux années 60 en tant qu’altiste au sein de l’Orchestre symphonique tunisien créé en 1969 pour ensuite fonder l’Orchestre 71 et l’Orchestre arabe de la ville de Tunis l’ensemble musical Zakharef arabiyya avec lequel il produit quelques spectacles.
Le théâtre chanté avait fait son entrée en Tunisie, dans les années 80, grâce à Mohamed Garfi. Sous sa direction, l’Orchestre arabe de la ville de Tunis a, avec l’introduction du théâtre chanté, largement contribué à l’enrichissement de la scène artistique nationales par de nouvelles créations et de nouvelles voix.
En février dernier, le maestro a récemment présenté “Zakharef 25”, un spectacle qui s’inscrit dans la continuité de son projet musical “Zakharef arabiya” lancé à l’été 1993. Noureddine Béji, Asma Ben Ahmed, Hassen Doss, et le violoniste Béchir Selmi, invité d’honneur, ont participé à cette version 2025 qui constitue un vibrant hommage à tous ceux qui ont enrichi la musique arabe par leurs compositions.
Dans son nouveau spectacle le maestro a fait appel à Noureddine El Béji qui est l’un des artistes avec lesquels il a beaucoup collaboré à l’instar de la chanteuse disparue Dhikra Mohamed, Sonia M’Barek et Dorsaf Hamdani, chanteuses et musicologues qui évoluent dans le même registre de musique savante de Garfi, ou encore Amani Souissi qui appartient à la nouvelle vague.
Ses collaborations ne se limitent pas aux artistes locaux et va au-delà de Tunisie pur rayonner dans des productions avec les artistes arabes à l’instar des frères disparus Mansour et Assi Rahbani, Marcel Khalifé et Julia Boutros du Liban, berceau de la musique arabe classique et contemporaine.
Dans ses divers spectacles, Garfi a souvent fait appel à des instrumentistes étrangers, notamment français, aussi bien que les instrumentistes tunisiens professionnels.
La poésie de Abou el Kacem Chebbi, Abdelhamid Khraïef, Mnaouar Smadah, ou encore Mahmoud Darwich, Aboû Nouwâs et Said Akl, est au coeur de l’œuvre de Garfi.
Branches rouges, Cantate pour le Liban et Histoire de Carthage sont des opérettes phares du maestro qui a également mis en musique plusieurs films comme Et demain… ? de Brahim Babaï (1971) et « Pique-nique » (1972) l’un des courts métrages composant le film « Au pays du Tararanni » écrit et réalisé par Férid Boughedir.
Mohamed Garfi est auteur de plusieurs ouvrages sur la musique dont : « Les Formes instrumentales dans la musique classique de Tunisie : étude comparative des formes arabo-turques » (1996), La musique arabe d’Antonin Laffage : La musique arabe, ses instruments et ses chants (2005), Dans « Musique et spectacle – Le théâtre lyrique arabe – Esquisse d’un itinéraire , 1847-1975) » (2009).
Les répétions pour le spectacle « Men kaa el khabia » se sont déroulées au Théâtre de l’Opéra de Tunis sous la direction du maestro avec une ultime répétition, ce soir, sur la scène mythique de l’amphithéâtre de Carthage.
Fort de tant de succès vécus à Carthage, le maestro fera son retour pour renouer avec le public après une longue absence du Festival international de Carthage organisé dans une édition assez spéciale.
Chef d’orchestre, compositeur et musicologue, Mohamed Garfi a façonné les goûts artistiques de plusieurs générations de musiciens et de mélomanes.
Au top de sa gloire dans les années 80 et 90, et à une époque où la télévision était la source de divertissement dominante, les apparitions du maestro sur petit écran faisaient le grand bonheur de ses fans et sa baguette qu’il manie avec délicatesse.
Celui qui a tant donné à la musique tunisienne avec passion et dévouement, en formant des générations de musiciens et d’artistes et en dirigeant les grandes scènes, comme Carthage, continue de le faire, habité par la volonté de créer, de partager et de transmettre, dans un spectacle très attendu par le public averti, le Festival international de Carthage se déroulera du 19 juillet au 21 août 2025.
Un comité a été désigné par le ministère des Affaires culturelles pour cette édition qui se tient sans directeur.
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