Restauré en 2024 par les Archives françaises du film du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), “Camera Arabe” de Ferid Boughedir, fera enfin sa première mondiale à “Il Cinema Ritrovato” à Bologne, en Italie après avoir été refusé par les sélectionneur de festivals européens consacrées aux Classiques restaurés.
La copie restaurée de “Camera Arabe” (1987) sera projeté à Bologne, dans la section « les Documentaires retrouvés » du festival “Il Cinema Ritrovato” qui se tiendra dans sa 39ème édition du 21 au 29 juin 2025.
Parallèlement, « L’Homme de Cendres » de Nouri Bouzid (1986) et « La Noce » du Nouveau Théâtre (1978), longs métrages de fictions, feront leur première en version restaurée dans la section “Cinemalibero”. Comme on l’a annoncé, le dimanche 8 juin courant, ces films ont été restaurés respectivement par les cinémathèques de Bruxelles et de Lisbonne, grâce à l’action du réalisateur Mohamed Challouf, grand défenseur du patrimoine cinématographique africain.
L’agence TAP publie, en exclusivité, les grandes étapes ayant précédé la sélection de ce film culte du cinéma arabe et africain à Bologne depuis sa sortie en 1987 jusqu’à sa restauration et les contraintes ayant empêché sa nomination dans d’autres festivals européens.
« II cinéma Ritrovato » considéré aujourd’hui comme la plus importante manifestation mondiale pour la présentation dans leur version restaurée, de films classiques ayant marqué l’histoire du cinéma a confirmé la sélection officielle en première mondiale de Caméra Arabe dans sa nouvelle version remasterisées en haute définition « 4K » grâce à l’intervention des archives du film du CNC français de Bois-d’Arcy », a déclaré le réalisateur.
Ferid Boughedir, cinéaste, critique et historien du cinéma tunisien, sera présent à Bologne pour présenter la version restaurée de son film culte “Caméra Arabe”, prévue le 24 juin.
Selon son réalisateur, Caméra Arabe présente « les films arabes les plus importants de la Nouvelle vague avec les déclarations fortes de leurs auteurs, dont certains sont encore en activité ». Il a mentionné des cinéastes comme le Palestinien Michel Khleifi, et autres disparus à l’instar de l’Egyptien Youssef Chahine, le Syrien Omar Amiralay, le Tunisien Abdellatif Ben Ammar, ou encore le Libanais Borhane Alaouié, l’auteur du célèbre film « Kafr Kassem », Tanit d’or des JCC 1974, consacré au massacre de civils palestiniens commis par l’armée de l’occupant en 1956.
Boughedir indique un film qui, historiquement, est le premier long-métrage documentaire consacré à la « Nouvelle Vague » du cinéma arabe, née après « la guerre des 6 jours » de 1967, à la suite du pionnier et précurseur Youssef Chahine ».
Cette « Nouvelle Vague » née en contre-pied du cinéma commercial égyptien qui régnait alors sans partage sur le monde Arabe , lui préférant un « cinéma d’auteur », révélant les réalités sociales et politiques quotidiennes des pays arabes , à travers une création esthétique originale.
« Caméra Arabe, 20 ans de Nouveau cinéma Arabe » est, -après « Caméra d’Afrique, 20 ans de cinéma africain», le deuxième volet des deux documentaires réalisés par Boughedir en compléments filmés de sa thèse de Doctorat d’État en Sorbonne-, consacrée aux nouveaux cinéastes arabes et africains. Il s’agit de cinéastes dont il avait été longtemps le compagnon de route notamment lors des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) depuis 1966 et du Fespaco de Ouagadougou depuis 1969 où il a été récompensé en 1987.
Boughedir indique un montage novateur de ce film grâce au savoir-faire de la monteuse tunisienne Moufida Tlatli (1947-2021), peu de temps avant son passage à la réalisation ».
L’année de sa sortie, « Caméra Arabe » a été présenté en sélection officielle du prestigieux festival de Cannes dans sa 40ème édition. « Le film a eu beaucoup de difficultés à être montré ensuite, que ne l’a été Caméra d’Afrique », a indiqué Boughedir.
« Pourtant restauré depuis plus d’un an, en 2024, aucune des sections des festivals européens consacrées aux Classiques restaurés n’a accepté de le présenter », s’est exclamé le réalisateur.
Et d’ajouter, « pourtant il été restauré en haute définition 4K grâce à l’intervention décisive du même service des archives du film du CNC français de Bois-d’Arcy qui avait restauré le premier volet de son film « Caméra Afrique ». Dès sa restauration en 2019, ce dernier a été immédiatement sélectionné par le Festival de Cannes dans sa prestigieuse section « Cannes Classics », regroupant les films ayant marqué l’histoire du cinéma mondial.
Probablement, la présence d’une séquence de « Kafr Kassem » dans Caméra arabe semble avoir jusqu’à présent entravé la présentation de la version restaurée de Caméra Arabe à l’échelle internationale, a estimé Boughedir. La séquence « Kafr Kassem » pouvant, selon les interrogations du réalisateur, peut-être, être considérée comme « choquante » par certains dans le contexte actuel au Proche-Orient.
En tant que président des JCC en 2024, Boughedir rappelle avoir « rendu un hommage marqué au cinéma palestinien à tous les niveaux du Festival. »
Boughedir s’est félicité de la sélection de son film à Bologne. “Le défi semble avoir été enfin relevé en Italie, par Gian-Luca Farinelli le Directeur du Festival Cinéma Ritrovato et Président de la Cinémathèque de Bologne, grand ami de toujours et collaborateur de la Cinémathèque de Tunis qualifiant Caméra arabe de « Film magnifique » et, au contraire « très important à montrer dans le contexte actuel », a-t-il déclaré.
« Il y a des films qui vous transportent là ou vous n’êtes jamais allé, ou au cœur de ce que vous aviez pleinement vécu mais oublié : Comme dans le précieux Caméra Arabe ! », peut-on lire dans l’éditorial de IL Cinema Ritrovato 2025 singé par Gian Luca Farinelli.
Le film de Boughedir figure parmi une sélection de films cultes du cinéma mondial au catalogue du 39ème IL Cinema Ritrovato qui rend hommage au grand cinéaste japonais Mikio Naruse et au « maestro » italien Luigi Comencini, ainsi qu’à des chefs-d’œuvre retrouvés de l’Indien Satyajit Ray, de l’Iranien Bahram BezzaÏ, de l’Allemand Joseph von Sternberg, de l’Anglais Alfred Hitchcock, et du Français Jean Renoir.
Après « II cinéma Ritrovato », Caméra Arabe devrait être ensuite, en toute logique, être montré au public tunisien lors de la 35ème session des Journées cinématographique de Carthage (JCC), a annoncé le réalisateur. Le Festival des JCC aura lieu du 7 au 20 décembre 2025, sous la direction du scénariste, critique et maitre de conférences en cinéma Tarek ben Chaabane.
Son documentaire « Caméra Afrique 20 ans de cinema” (1h38) est une coproduction tuniso-française qui a été présentée à Cannes en 2019 en copie restaurée dans le cadre d’un plan de restauration initié par l’Institut Français et le CNC sous l’égide du comité pour le patrimoine cinématographique africain.
L’année de sa sortie en 1983, Caméra Afrique avait été sélectionné dans “Un certain regard” à Cannes. Ce film fait sur une période de 10 ans revient sur les débuts du cinéma en Afrique et son évolution, à partir d’extraits de films et de témoignages de cinéastes africains recueillis en marge des éditions successives des JCC et du Fespaco.
Lors de sa projection à Cannes Classics, Boughedir a présenté un film qui part de “cette foi extraordinaire chez les cinéastes d’après indépendance que le cinéma peut transformer le monde”. Boughedir avait encore parlé de “Caméra Arabe” qu’il espèrait un jour le voir en copie restaurée dans la même section “Cannes Classics”.
Un rêve qui se réalise dans le cadre du prestigieux festival “Il Cinema Ritrovato”, rassemblement d’envergure dédié au cinéma du patrimoine qui réunit les spécialistes dans la restauration des films majoritairement les dirigeants des Cinémathèques issus des cinq Continents.
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