LâentrĂ©e des Ătats-Unis dans la guerre entre IsraĂ«l et lâIran pourrait, thĂ©oriquement, constituer un point chaud gĂ©opolitique susceptible de faire chuter les marchĂ©s. Cependant, les investisseurs font largement abstraction de cette escalade, pour le moment. De nombreux stratĂšges estimant que le conflit est maĂźtrisĂ© et quâil est mĂȘme porteur pour certains actifs Ă risque.
Les valeurs refuges sont Ă©galement mitigĂ©es. Ce lundi 23 juin, Ă 7h00 (heure de Tunisie), le yen japonais sâaffaiblissait de 0,72 % par rapport au dollar. Tandis que le prix de lâor baissait de 0,40 % pour atteindre 3 372,30 dollars lâonce. Lâindice du dollar, qui mesure la valeur du billet vert par rapport Ă un panier de devises, a augmentĂ© de 0,21 %.
Un conflit, mais pas un risque systémique
En gĂ©nĂ©ral, les rĂ©actions du marchĂ© aprĂšs les frappes amĂ©ricaines ont Ă©tĂ© moins agressives, surtout par rapport Ă la semaine derniĂšre, lorsquâIsraĂ«l a lancĂ© les hostilitĂ©s. Les investisseurs considĂšrent lâattaque contre lâIran comme un soulagement, la menace nuclĂ©aire Ă©tant dĂ©sormais Ă©cartĂ©e pour la rĂ©gion. Il y a une quasi-unanimitĂ© que les risques de voir le conflit sâĂ©tendre au reste de la rĂ©gion sont minimes bien que la gravitĂ© des derniers Ă©vĂ©nements ne doive pas ĂȘtre nĂ©gligĂ©e.
Les Iraniens ont averti que TĂ©hĂ©ran se rĂ©serve toutes les options pour dĂ©fendre sa souverainetĂ©. Le Parlement du pays a Ă©galement approuvĂ© la fermeture du dĂ©troit dâOrmuz. Une voie navigable essentielle pour le commerce mondial du pĂ©trole, oĂč transitent chaque jour environ 20 millions de barils de pĂ©trole et de produits pĂ©troliers.
In fine, tout dĂ©pend de la rĂ©action de lâIran. Si le pays accepte de mettre fin Ă ses dĂ©sirs nuclĂ©aires militaires, le conflit pourrait prendre fin et les marchĂ©s se porteront bien.
Le pire scĂ©nario pour les marchĂ©s serait que lâIran ferme le dĂ©troit, ce qui est peu probable. Dans ce cas, les prix du pĂ©trole dĂ©passeraient les 100 dollars, la peur et la panique sâinstalleraient, les actions chuteraient de deux chiffres et les investisseurs se prĂ©cipiteraient vers les valeurs refuges. Toutefois, les marchĂ©s sont actuellement modĂ©rĂ©s Ă©tant donnĂ© la faible marge de manĆuvre dont dispose TĂ©hĂ©ran pour riposter.
Un cours du baril de Brent Ă 90 dollars est supportable
Pour la Tunisie, une telle hausse des prix des carburants nâest pas la bienvenue. Les finances publiques du pays sont en rĂ©mission et ont bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun contexte de prix plus que favorable ces derniers mois. Dans la loi de finances 2025, lâhypothĂšse retenue est celle dâun prix moyen de 77,4 dollars le baril de Brent. Ce qui constituait une supposition assez pessimiste. Les marchĂ©s Ă©taient dĂ©tendus avec un excĂ©dent dâoffre et une demande morose.

JusquâĂ aujourdâhui, le prix moyen du baril en 2025 sâĂ©lĂšve Ă 70,8 dollars le baril de Brent. Et comme chaque dollar de moins dans les prix signifie une Ă©conomie de 162 millions de dinars dans les dĂ©penses de subvention, et si nous supposons une consommation mensuelle stable des carburants, cela nous donne une Ă©conomie dâenviron 530 millions de dinars.
A cela sâajoute la tendance baissiĂšre du dollar vis-Ă -vis du dinar. Chaque 0,010 TND de moins dans le taux de change correspond Ă un gain de 52 MTND dans les dĂ©penses de compensation. Les donnĂ©es du marchĂ© de change montrent que la moyenne du taux USD/TND est de 3,0914, soit un gain de 0,276 TND. Cela signifie des gains de prĂšs de 700 MTND depuis le dĂ©but de lâannĂ©e.
En tout, il y aurait une Ă©conomie de 1 230 MTND depuis le dĂ©but de lâannĂ©e. Ce qui constitue une belle bouffĂ©e dâoxygĂšne pour les finances publiques. Cela permet Ă©galement de supporter la hausse actuelle, mĂȘme au-delĂ de ce qui a Ă©tĂ© budgĂ©tisĂ©. Tout calcul fait, la Tunisie pourrait supporter un prix moyen de 93,6 dollars le baril de Brent durant la seconde partie de lâannĂ©e, avec un cours de change moyen USD/TND de 3,10000.
Bien Ă©videmment, tous ces chiffres demeurent approximatifs car nous ne disposons pas des quantitĂ©s exactes de carburant consommĂ©es sur cette pĂ©riode ainsi que les gains de changes prĂ©cis. Le cours appliquĂ© dĂ©pendant de la date de la transaction. NĂ©anmoins, les tendances sont correctes et les gains se chiffrent en centaines de millions de dinars dans le pire des cas. Sauf catastrophe qui secoue les marchĂ©s internationaux, la Tunisie est Ă lâabri dâune crise dans ses finances publiques.
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