La Somalie, pays africain en guerre depuis 30 ans, est la dernière cible en date du président américain Donald Trump. Pour des calculs bassement politicards.
Le président américain, coutumier des propos injurieux contre les personnes noires, notamment originaires de pays africains, persiste et signe. Certes, ce n’est pas la première fois qu’il s’en prend aux pays du Tiers-monde qualifiés publiquement de « pays de merde », aux réfugiés africains, aux minorités notamment hispaniques au nom de la lutte contre l’immigration illégale, son sujet de prédilection obsessionnelle. Mais, les propos haineux et racistes qu’il vient de déverser sur les Somaliens vivant aux États-Unis, dépassent l’entendement. Puisqu’ils sont au centre d’une diatribe symptomatique de la xénophobie farouche qui guide sa politique migratoire.
Des injures qui frisent l’Indécence
Les immigrants somaliens sont « paresseux, meurtriers et crapuleux » et la Somalie est « sale, répugnante, dégoûtante, ravagée par la criminalité ». Tels sont les mots utilisés par Donald Trump pour décrire ce pays situé à la Corne de l’Afrique lors de son discours de campagne en Pennsylvanie prononcé mardi 9 décembre ; et ce, à l’approche des élections de mi-mandat. D’où son timing douteux.
De la « pure injure », titrait Telegraaf; tandis que pour le New York Times, ce discours est une « tirade xénophobe ».
Dans ce contexte, et durant un discours décousu d’une heure et demie, abordant pêle-mêle un large éventail de sujets : des transgenres aux éoliennes, les climatologues, les Démocrates « pourris », sans oublier son prédécesseur à la Maison Blanche qu’il traita de « connard endormi », Donald Trump s’en est également pris à une élue démocrate du Minnesota, Ilhan Omar, originaire de Somalie et très critique du gouvernement américain. Pour railler son foulard « islamique » et en insistant lourdement et sans aucune preuve sur la vieille rumeur selon laquelle elle serait mariée à son frère pour obtenir le visa aux Etats-Unis.
Réponse cinglante sur X de la députée musulmane régulièrement visée par le président américain : « Son obsession pour moi est effrayante. J’espère qu’il va pouvoir recevoir l’aide [psychologique] dont il a désespérément besoin ».
Scène burlesque
Mais pourquoi diable le milliardaire républicain s’acharne-t-il avec une telle violence sur ce pays africain ravagé par une guerre civile chronique depuis 1991, marquée par des conflits entre clans et milices, par l’émergence de groupes extrémistes comme les Al-Shabaab, et une instabilité politique profonde, entraînant des crises humanitaires majeures, des famines, des déplacements massifs de population?
En Somalie, « ils n’ont rien, ils ne font que s’entre-tuer », a déclaré Donald Trump jeudi 4 décembre lors d’une réunion de son gouvernement. « Leur pays ne vaut rien […]. Leur pays est pourri, et nous ne voulons pas d’eux chez nous », a-t-il ajouté.
Selon les journalistes américains accrédités à la Maison Blanche, le maître des lieux semblait sur le point de s’endormir à plusieurs reprises lors de cette réunion. Mais lorsque le sujet de l’immigration est arrivé sur la table, il s’est déchaîné : « Ceux qui viennent de l’enfer et qui se plaignent, qui ne font rien d’autre que râler, on n’en veut pas dans notre pays. Qu’ils repartent d’où ils viennent et arrangent les choses là-bas », a-t-il conclu. Tandis que son vice-président, J. D. Vance, applaudissait niaisement en guise d’approbation.
Quel est le motif de l’ire présidentielle ?
Tout a commencé avec un scandale ayant impliqué la communauté somalienne du Minnesota où selon la justice locale, plus de 1 milliard de dollars ont été versés à des services sociaux inexistants,. Et ce principalement par le biais de fausses factures émises par des Américains d’origine somalienne. Ce scandale coïncide avec le lancement d’une nouvelle opération de la police fédérale de l’immigration contre les immigrés d’origine somalienne dans la région de Minneapolis et de Saint Paul, dans le Minnesota.
Diversion
Mais, selon les observateurs politiques, le scandale de l’argent public détourné dans le Minnesota n’est qu’un contre-feu allumé par Donald Trump afin de détourner les regards des mauvaises performances de sa politique économique. Et plus précisément de son échec à juguler l’inflation dont de nombreux Américains le tiennent pour responsable.
De plus, la baisse de la cote de sa popularité, contestée dans les récents sondages, risque de jouer en défaveur des Républicains lors des prochaines élections de mi-mandat. Si les Démocrates parviennent à reconquérir la majorité à la Chambre des représentants, la Maison Blanche se retrouvera dans une situation très délicate. Sachant que le lieu du discours présidentiel, à savoir Mount Pocono, une ville en Pennsylvanie, est stratégique : cet État pivot où les résultats électoraux sont particulièrement serrés pourrait bien être déterminant pour le contrôle de la Chambre des représentants.
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