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Des droits économiques de la femme en Tunisie, parlons-en!

09. März 2025 um 10:05

Si les jeunes filles tunisiennes sont de plus en plus scolarisées et diplômées avec excellence, l’accès au marché du travail est encore difficile d’accès pour les femmes en âge actif. Seulement une femme sur quatre (16-64 ans) est occupée dans les activités formelles en Tunisie. Pour les femmes, les droits économiques sont loin des attentes et des aspirations légitimes. En décalage avec la modernité et l’égalité des chances, Regardons les chiffres…

Moktar Lamari *

Une sur quatre, les trois autres sont invisibles dans les discours traitant de l’emploi ou du chômage en Tunisie. Comme si quand on en parle pas, on évite de verbaliser le problème. On occulte le vrai problème dans les médias, dans les débats publics, et dans les cercles des élus.

75% des Tunisiennes en âge actif sont exclues du marché économique officiel. Elles ne travaillent pas et rien n’est fait pour les intégrer dans le système économique. On ne les considère même pas dans les effectifs des chômeurs, considérant qu’une grande proportion d’entre elles n’est pas à la recherche d’emploi.

Les dégâts ne s’arrêtent pas là. Pratiquement 7 femmes sur 10, en Tunisie, n’ont pas de compte bancaire. La raison est simple: elles n’ont pas de travail formel et de salaire régulier, et dans certains cas, on verse l’éventuel revenu ou épargne dans le compte du conjoint. Celles-ci ne peuvent pas contracter des prêts pour lancer leur projet, et s’émanciper par le travail et l’investissement.

Des chiffres terribles et qui font froid au dos. Et les leaders et élites de l’establishment se plaisent avec, en s’auto-félicitant et en faisant les discours et la propagande liée, en fonction des gouvernements et des contextes politiques ayant marqué ces années post-2011.

Dans l’inconscient collectif, les femmes sont mieux à la maison à s’occuper des enfants et de la cuisine, dans une «complémentarité avec l’homme», comme ont tenté de l’imposer dans la constitution de 2014 les idéologues de l’islam politique en Tunisie, sous la gouverne du Cheikh Rached Ghannouchi.

Invisibilité collective

Les autres partis ou gouvernements de l’après-2011 ont fermé les yeux sur les contraintes et les entraves qui verrouillent le marché du travail formel pour les femmes.

On peut évoquer des raisons sociologiques, idéologiques ou même morales pour forcer la femme à ne pas revendiquer un travail salarié, comme l’homme, en parfaite égalité.

En revanche, le règne des hommes est sans appel. Trois hommes sur quatre sont occupés dans le marché du travail (75%). Ils sont dominants et font valoir une masculinité orientale et souvent misogyne, et pas toujours ouverte à l’émancipation totale des femmes.

Et cette injustice paraît normale pour nos élites, nos économistes du sérail en Tunisie. Par fatalisme, machisme, ou par intérêt personnel.

Passer de 25% à 75% de taux d’emploi formel pour les Tunisiennes constitue un objectif prioritaire. Une revendication légitime que personne ne peut réfuter aujourd’hui.

La réalisation d’un tel objectif requiert une révolution économique. Une révolution dans les mentalités et les esprits. Et tout indique qu’on est loin de cela, très loin aujourd’hui, dans le contexte de la crise économique qui plombe le pouvoir d’achat et qui ruine les ambitions de la gente féminine en Tunisie.

La population féminine est statistiquement parlant supérieure à celle masculine. La majorité de la population tunisienne est féminine, et la différence entre les deux «sexes» est de l’ordre de 300 000 et converge rapidement vers un demi-million, en faveur des femmes.

Les Tunisienne vivent plus longtemps (4 ans de différence avec l’homme), parce qu’elles prennent soins d’elles mêmes, de leurs enfants. Elles fument moins, elles sont plus prudentes, plus «responsables» et plus respectueuses des règles prudentielles.

Contrairement aux hommes, elles coûtent moins chers en dépenses de santé et de taxes payées par les contribuables, pour le secteur de la santé.

Deux millions de femmes sur le carreau

Impliquer et employer, d’une façon ou d’une autre, deux millions de femmes (16-64 ans) créerait un saut de la richesse nationale mesurée par le PIB d’au moins 15%.

La femme détient donc les clefs de la relance économique, si on fait tout le nécessaire pour cela. Leur emploi boostera la croissance, comblera les déficits des caisses de solidarité sociale et de retraite et procurera plus de revenu pour la formation du capital social en Tunisie.

Il faudra donc plus d’investissements, des taux d’intérêts abordables, une bureaucratie moins vorace et moins corrompue. Il faut une vraie politique économique, mais pas de «stratégie» démagogique sans dents, sans colonne vertébrale… et sans moyens budgétaires.

Il faut aussi un changement drastique dans les mentalités des hommes, soit les pères, les frères, les fils et conjoints ou petits-amis.

Le principal handicap de l’implication économique de la femme dans l’économie est celui lié à la mentalité rétrograde et conservatrice qui caractérise une large majorité des Tunisiens.

La moitié de l’homme

L’autre handicap économique réside dans l’accès au patrimoine. Les femmes, déjà défavorisées dans l’accès à l’emploi, le sont aussi dans le partage de l’héritage et donc dans la transmission de la richesse et du patrimoine.

La femme hérite la moitié de la part qui revient à son frère, et cette règle qui date de plus 14 siècles est sacrée, canonisée dans le livre sacré.

Cela doit changer, et le plus vite serait le mieux. L’histoire va dans ce sens et on peut l’expliquer et le justifier dans le contexte. Il faut repenser les interprétations et moderniser les lectures des fondamentaux historiques et religieux.

Ce biais et ces injustices se traduisent aussi dans les niveaux de rémunération des femmes employées. Elles sont payées moins que leurs collègues hommes en moyenne, et elles sont moins présentes dans les postes de commandement et de direction. Les chiffres sont encore plus criants à cet égard. Les symboles aussi, vestimentaires et pas seulement.

Blog de l’auteur : Economics for Tunisia, E4T

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Place de la Tunisie dans l’écosystème de l’innovation en Afrique

08. März 2025 um 11:50

La Tunisie, souvent négligée dans les discussions sur la scène technologique en plein essor en Afrique, peut se vanter d’avoir un écosystème dynamique et plein de potentiel. Alors que des géants comme l’Afrique du Sud et le Nigeria font la une des journaux, le petit pays d’Afrique du Nord se positionne stratégiquement comme un pont vital entre l’Afrique et l’Europe.

Alberto Onetti *

Avec une augmentation du nombre de startups, un soutien gouvernemental croissant et un avantage géographique unique, la Tunisie est en passe de devenir un acteur clé dans le paysage de l’innovation du continent. La question est la suivante : peut-il passer du statut de jeune prometteur à celui de véritable hub de mise à l’échelle – et  que peuvent apprendre les autres écosystèmes technologiques émergents de ses progrès ?

La Tunisie se situe au début de la courbe du cycle de vie de l’écosystème d’innovation, aux côtés de milliers d’autres pôles régionaux.

Lors de l’analyse d’un écosystème émergent, il existe deux perspectives :

Vue à 10 000 milles (c’est-à-dire verre à moitié vide) : le monde de l’innovation n’est pas plat. Une poignée de pôles technologiques majeurs dominent la scène mondiale des startups, attirant l’attention des «chasseurs d’innovation» – les fonds de capital-risque et les sociétés multinationales. Sans masse critique ni connexions internationales solides, les écosystèmes plus petits risquent de rester invisibles et hors de l’Atlas mondial Scaleup.

Vue d’opportunité (c’est-à-dire verre à moitié plein) : pour ces écosystèmes, le défi est d’évoluer rapidement et de garantir une place dans l’Atlas mondial Scaleup. Les politiques gouvernementales stratégiques peuvent considérablement accélérer ce processus, favorisant la croissance et l’intégration mondiale.

En collaboration avec Crunchbase, nous avons mené une analyse approfondie de l’écosystème des startups tunisiennes, qui fait des progrès significatifs pour s’imposer comme un pôle technologique régional.

Le rapport Tech Scaleup Tunisie — 2025, produit par mon organisation, Mind the Bridge, avec le soutien d’ICC Tunisie et de Terna Innovation Zone, présente des données complètes et a été dévoilé à Tunis le 12 février dernier.

Le paysage de l’innovation en Tunisie en chiffres

En 2025, la Tunisie accueille 17 scaleups et plus de 1 450 startups, se classant parmi les 10 premières destinations africaines pour l’innovation technologique. Le pays abrite également l’une des réussites technologiques les plus brillantes du continent : Instadeep, qui a levé plus de 100 millions de dollars de financement et a été acquis par BioNTech dans le cadre de l’une des plus grandes transactions de fusions et acquisitions technologiques jamais réalisées en Afrique.

Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg de l’innovation. Sous la surface se trouve un écosystème aux multiples facettes qui comprend : 54 établissements d’enseignement supérieur; 26 sociétés de capital-risque locales actives investissant de l’amorçage à la série A; 34 institutions de R&D (16 centres de recherche, 9 technopoles, 9 centres techniques à vocation industrielle); 62 organismes de soutien à l’innovation (incubateurs, accélérateurs, startup studios); un réseau distribué de plus de 80 communautés, espaces et laboratoires d’innovation ; et 15 institutions publiques et 14 ONG soutenant l’entrepreneuriat.

La dynamique d’innovation de la Tunisie a commencé au début des années 2000 avec une série d’initiatives menées par le gouvernement, notamment :

– le Programme national pour les incubateurs d’entreprises (1999) : incubation d’entreprises intégrée dans les établissements d’enseignement supérieur;

– la Loi Technopole (2001) : création de pôles d’innovation fusionnant l’éducation, la recherche et le développement technologique;

– le Startup Act (2016) et Startup Act 2.0 : introduction d’incitations fiscales, d’un soutien financier et de cadres juridiques pour favoriser l’entrepreneuriat;

– le Plan Tunisie Numérique 2025 : une évolution de la Tunisie Numérique 2020, visant à accélérer la transformation numérique et la modernisation économique.

– la Terna Innovation Zone Tunisie (2025) : le premier pôle d’innovation en Afrique et dans la région Mena géré par le GRT italien Terna, renforçant le rôle de la Tunisie dans l’innovation technologique.

Un pont stratégique entre l’Afrique et l’Europe

Alors que les plus grands écosystèmes d’innovation d’Afrique – l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria et le Kenya – accueillent chacun environ 150 scaleups avec plus de 2 milliards de dollars de capitaux levés, la Tunisie appartient à un groupe de second rang aux côtés du Maroc, de Maurice, du Ghana, des Seychelles et de l’Ouganda.

Malgré sa population relativement faible (12,5 millions), la Tunisie avec 17 scaleups et près de 1 500 startups compte 0,14 scaleups et 12,5 startups pour 100 000 habitants. Ces chiffres correspondent à ceux des leaders régionaux comme l’Égypte et surpassent leurs voisins le Maroc et l’Algérie.

En termes d’allocation de capital, la Tunisie consacre 0,4% de son PIB à l’innovation – le double du Maroc (0,2%) et le quadruple de l’Algérie (0,1%) – même si elle reste à la traîne de l’Égypte, qui investit près de deux fois plus.

Traduit de l’anglais.

Président de Mind the Bridge et professeur à l’Université d’Insubria.

Source: Cruncbase News.

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Kteb tounsi | IFT : «La place de la femme dans la littérature»

Von: Yusra NY
06. März 2025 um 22:55

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, une rencontre-débat réunira des autrices tunisiennes autour du thème : «La place de la femme dans la littérature».

Cet évènement sera organisé samedi 8 mars à 21h à l’Auditorium de l’Institut français de Tunisie (IFT), sachant que l’entrée est libre dans la limite des places disponibles, précisent les organisateurs.

Wafa Ghorbal, Malika Golcem Ben Rejeb, Amina Arfaoui et Nessrine Boukadi interviendront lors de cette rencontre-débat qui sera modérée par Raouf Medelgi

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Fitch Ratings prévoit une chute de 14 % des bénéfices des banques tunisiennes

06. März 2025 um 17:08

Les banques tunisiennes font face à un défi majeur de rentabilité en 2025, selon un récent rapport de l’agence de notation Fitch Ratings. Deux mesures clés, entrées en vigueur récemment, pèsent lourdement sur leurs résultats financiers : la révision des taux d’intérêt sur certains prêts et l’augmentation de la fiscalité sur les revenus bancaires. Ces changements pourraient réduire les bénéfices nets des dix plus grandes banques du pays de 14 % en 2025, selon les estimations de l’agence.

Une double pression sur les bénéfices bancaires

La première mesure, permettant aux emprunteurs de réviser les taux d’intérêt sur certains crédits à taux fixe, devrait coûter aux banques environ 170 millions de dinars en 2025, soit 11 % de leurs bénéfices nets annualisés au premier semestre 2024. Fitch Ratings précise que cet impact pourrait s’étaler sur plusieurs années. La seconde mesure, l’introduction de prêts sans intérêt pour les PME, représente quant à elle une perte supplémentaire de 50 millions de dinars, équivalant à 3 % des bénéfices nets du premier semestre 2024.

Ces nouvelles règles s’ajoutent à une augmentation du taux d’imposition sur les revenus bancaires, passé de 35 % à 40 %, ainsi qu’au plafonnement de certaines commissions. Autant de facteurs qui mettent sous tension la rentabilité du secteur bancaire tunisien, déjà fragilisé par un environnement économique difficile.

Un environnement opérationnel difficile

Fitch Ratings attribue la note « CCC+ » à l’environnement opérationnel du secteur bancaire en Tunisie, soulignant que le rendement des fonds propres des banques reste faible par rapport à l’inflation. Malgré une croissance économique modérée depuis 2022, la croissance du crédit n’a atteint que 2 % au cours des neuf premiers mois de 2024. Toutefois, l’agence note que le profil de crédit des banques reste résilient, grâce à des conditions de liquidité adéquates et à des ressources suffisantes pour répondre aux besoins de financement de l’État.

Mesures de la Banque centrale pour préserver les capitaux

Face à ces défis, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a pris des mesures pour protéger les capitaux bancaires. Parmi elles, la limitation de la distribution des dividendes à 35 % est jugée positive par Fitch Ratings. Cette décision devrait atténuer l’impact des nouvelles règles de prêt sur les fonds propres des établissements bancaires.

Lire aussi: Gestion des risques: La BCT annonce la publication de deux nouvelles circulaires

En résumé, si les notations des banques tunisiennes ne devraient pas être affectées à court terme, leur rentabilité sera clairement mise à mal par ces réformes. Dans un contexte économique volatile, le secteur bancaire tunisien devra faire preuve de résilience pour maintenir sa stabilité financière.

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Fuite des cerveaux : Sans stratégie industrielle et technologique, la Tunisie condamne-t-elle ses ingénieurs à l’exil ?

06. März 2025 um 07:00

Illustration IA IngénieurIl y a une semaine, Sami Ayari, ingénieur expert en Data et organisation IT et président de l’Association Reconnect* ironisait dans un post publié sur LinkedIn sur une prétendue bonne nouvelle pour la communauté des ingénieurs tunisiens, en Tunisie et à travers le monde, ainsi que pour le secteur des entreprises et l’administration publique, entre autres. En guise de “bonne nouvelle” (sic), il parlait du Livre blanc sur la formation des ingénieurs attendu depuis un bail et pas encore publié sur le site du ministère de l’Enseignement supérieur.

En essayant de nous informer auprès du ministère de l’Enseignement Supérieur, on nous a fait savoir qu’ils sont en train d’y mettre les dernières touches avant publication.

Sami Ayari a dénoncé dans son post l’approche marketing adoptée par le ministère : “Le plan de com. savamment élaboré pour éclairer l’opinion publique et la tournée à travers toute la Tunisie pour parler du livre blanc me rappellent étrangement la constitution de 2014. On a récité de belles paroles, on a fait de grandes annonces, mais in fine, qu’en reste-t-il ?”.

Il déplore l’exclusion des grandes compétences tunisiennes sises à l’international -à l’exception de l’ATUGE– et au fait de toutes les innovations en matière d’ingénierie, toutes catégories, disciplines et spécialités confondues, de la réflexion lors de l’élaboration de l’ouvrage : “Un comité de pilotage a été créé, ainsi qu’un organisme consultatif stratégique, chargé de formuler des propositions et regroupant des institutions publiques et privées ainsi que la société civile. Mais je m’interroge sur les critères de participation : faut-il appartenir à la même association qu’un directeur général du ministère, un directeur de cabinet ou un ministre ? Faut-il être originaire de la même région en Tunisie ? Faut-il résider en Tunisie ou faire partie d’une certaine diaspora aux ordres ? … On observe l’exclusion des meilleurs professeurs, en Tunisie comme à l’étranger, ainsi que des experts les plus compétents dans le domaine.

“Former des ingénieurs en Tunisie ne doit pas signifier les offrir à d’autres nations. Chaque année, nous investissons dans l’éducation de milliers de talents qui finissent par renforcer l’économie d’autres pays. Une nation qui ne retient pas ses compétences compromet son propre avenir.” – Sami Ayari

 

Pas un mot sur le Brain-drain des ingénieurs. On entend et on lit entre les lignes : « La mobilité est très importante pour la Tunisie », « Il n’y a pas de frontières », « Les Africains subsahariens formés en Tunisie peuvent compenser le manque d’ingénieurs », etc. Cela ne fait que confirmer ce que j’ai déjà écrit dans mes précédents posts : l’objectif caché semble être de former des ingénieurs Label Rouge ou EU Compliant pour l’Europe. Le mot «Tunisie» et l’avenir du pays sont timidement évoqués… Pendant ce temps, l’avenir de la Tunisie passe au second plan. Étrange, non ? Et quelle est la légitimité de ces personnes, au juste ?”.

Et Sami Ayari de conclure en s’adressant au président de la République : “Cette manière de procéder reflète-t-elle vraiment ce que vous répétez sans cesse sur la nécessité et l’obligation d’apporter de nouvelles idées, de nouvelles visions et de nouveaux visages, en Tunisie et à l’étranger, pour bâtir la nouvelle Tunisie ?”.

“Pourquoi fournir nos cerveaux aux pays dominants et nous rendre encore plus dépendants”

Hakim Ben Lagha, professionnel dans le secteur du pétrole et de l’énergie (Expert en hydrocarbures et énergie), a réagi au cri de cœur de Sami Ayari en parlant “d’impérialisme technologique”. Pour lui, l’enjeu est l’indépendance de la Tunisie. L’objectif ultime étant de se donner les moyens de sa souveraineté économique et sociale.

“Outre la polémique sur la légitimité de qui fait quoi, les discussions à propos du futur de l’ingénierie en Tunisie n’ont pas l’air de favoriser son indépendance technologique… On parle de la mobilité internationale vers le Nord et peu d’investissement pour l’entrepreneuriat national et le développement de notre tissu économique ou pas assez… Et c’est bien là que le bât blesse.

Tout cela pourquoi ? Pour booster notre compétitivité à fournir des cerveaux aux pays dominants et nous rendre encore plus dépendants d’eux une fois que notre pays sera vidé de notre substance intellectuelle ?

L’indépendance technologique d’un pays passe par la valorisation de ses talents et l’inclusion de toutes ses compétences, qu’elles soient locales ou issues de la diaspora – Hakim Ben Lagha

 

À quoi bon former nos futurs ingénieurs et cerveaux avec notre effort national et sûrement en partie avec l’argent des prêts internationaux qui plombent notre budget pour finalement les voir partir sans garantie de retour. Je ne suis pas contre les échanges et les expériences internationales, c’est comme estiment certaines personnes “enrichissant”, mais c’est enrichissant pour qui ?”

Et Hakim Ben Lagha d’arguer que former à l’excellence est important, mais il faut que cela permette au pays de gagner en souveraineté, en indépendance et en compétitivité : “Sinon nous risquons malheureusement de dépendre pour toujours de ceux qui nous font des prêts pour finalement former une jeunesse d’excellence qui fait défaut au Nord du fait d’une population vieillissante. Voilà le vrai débat ! Et cet argument de vases communicants entre l’Afrique subsaharienne et celle du Nord est caustique et cynique… Il démontre bien la limite du modèle de ce travail de 2 ans pour élaborer le livre blanc ? Regardez plutôt l’Éthiopie qui vivait la famine il y a 30 ans, le Rwanda qui a vécu une extermination il y a pas si longtemps ou l’Afrique de l’Est tout simplement.”

Cela fait des années que Sami Ayari à travers Reconnect bataille pour établir un pont servant au transfert de connaissances et de compétences tunisiennes de l’international au pays d’origine. Il organise régulièrement des manifestations sur les avancées technologiques dans le secteur financier ou encore sur l’intelligence via une autre association “Tunisian AI Society” parce que les élites sises dans des pays très avancés technologiquement peuvent partager leurs expertises, offrir des formations aux jeunes tunisiens, améliorer les compétences et renforcer les capacités des institutions tunisiennes.

Cela n’a pas l’air d’intéresser les décideurs publics en Tunisie qui devraient profiter de la main tendue des Tunisiens de l’étranger pour améliorer compétitivité et positionnement. Ce qui d’ailleurs est révoltant pour beaucoup : “On ne reconnait notre tunisianité que pour les revenus travail ou les votes lors des élections, mais ceux d’entre nous qui refusent de couper le cordon ombilical avec la Tunisie, qui veulent participer à sa reconstruction et œuvrer pour son progrès sont ignorés”.

“Former des ingénieurs de haut niveau avec des fonds nationaux et des prêts internationaux pour ensuite les voir partir sans retour… Est-ce un modèle viable ou une illusion économique ? L’excellence ne doit pas être une simple vitrine, mais un moteur de développement pour notre propre pays.”

 

La Tunisie produit chaque année plus de 7000 ingénieurs dont le regard de la grande majorité est orienté vers le Nord. Notre Etat réalise-t-il le coût économique des ingénieurs? Celui de leur formation et celui de leur “cession” à l’international ? Des ingénieurs qui malgré des formations considérés comme solides, maîtrisent les fondamentaux mais manquent de compétences de vie.

L’enseignement de l’ingénierie dans notre pays est-il toujours performant ? Répond-il aux défis de demain, a-t-il la capacité de projeter les élites et le pays dans un futur hautement technologique ? Quel est le rôle de l’État ?

Ces questions ont fait l’objet d’un webinaire organisé par “Reconnect” en présence de Mohamed Jemaiel, professeur en informatique à l’Ecole d’ingénieurs de Sfax, Fatma Mili Professeur à la Grand Valley State University dans le Michigan (États-Unis), Dr. Imed Zitouni, Expert en IA et Data Science, leader dans la Tech et directeur de l’Ingénierie à Google aux USA, Fahmi Bellallouna, Professeur en ingénierie spécialisé dans la réalité virtuelle et Mohamed Habibi professeur agrégé en génie mécanique, directeur de l’équipe de recherche en ingénierie mécanique à l’Université du Québec à Trois-Rivières (Canada).

Un débat passionnant sur l’ingénierie en Tunisie, ce qui est et ce qui doit être dont les grandes lignes seront publiées par WMC !

Dans l’attente, il n’est nullement question de remplacer nos ingénieurs “expédiés” vers le Nord, par d’autres venus de l’Afrique subsaharienne et formés en Tunisie comme l’a déclaré un intervenant, ingénieur de son état, sur les ondes d’une radio !

Amel Belhadj Ali

EN BREF

Fuite des cerveaux : la Tunisie face à un dilemme

📌 Un Livre blanc en attente : Le ministère de l’Enseignement supérieur tarde à publier le Livre blanc sur la formation des ingénieurs.📌 Exclusion des experts : Des compétences tunisiennes de la diaspora – hormis l’ATUGE – ont été écartées du projet.

📌 Un exode inquiétant : Chaque année, 7 000 ingénieurs sont formés en Tunisie, mais la majorité part à l’étranger.

📌 Une stratégie absente : “Former à l’excellence, mais pour qui ?” s’interrogent les experts, dénonçant un manque de vision industrielle et technologique nationale.

📌 Un modèle à repenser : “L’ingénierie tunisienne doit être un moteur de développement, pas un produit d’exportation.”

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