Invité de l’émission « Destination Tunisie » diffusée sur RTCI, Anas Snene, directeur général d’une agence de voyages réceptive travaillant pour un tour-opérateur allemand, dresse un bilan très positif de la saison touristique 2025. Et ce, tout en identifiant les principaux leviers et défis pour l’avenir du secteur.
Il estime que la Tunisie a connu une « très belle saison », avec une progression marquée à partir du mois de mai et un excellent niveau de fréquentation en septembre et octobre. Les estimations devraient confirmer l’atteinte d’environ onze millions de visiteurs, un volume en ligne avec les prévisions officielles. M. Snene souligne également que la tendance reste dynamique en novembre, prolongeant une saison particulièrement chargée.
Les atouts et spécificités de la Tunisie
Il souligne que cette croissance repose sur une demande exceptionnelle des tour-opérateurs européens et asiatiques. La Tunisie continue toutefois de s’appuyer très largement sur le tourisme balnéaire, qui représenterait près de 90 % des arrivées. Les autres segments, comme le tourisme saharien ou culturel, demeurent étroitement dépendants des séjours balnéaires. Même si le Sud tunisien commence à attirer davantage d’investissements et de nouvelles marques hôtelières.
L’interviewé précise que la Tunisie dispose de plusieurs atouts distinctifs face aux autres destinations méditerranéennes. La proximité avec l’Europe reste essentielle, avec des durées de vol courtes et un rapport qualité-prix favorable, inférieur de 30 à 40 % à celui de l’Espagne ou de la Grèce. Il note également que la Turquie a enregistré une hausse marquée de ses tarifs. Ce qui renforce la compétitivité tunisienne. La visibilité offerte par les influenceurs et créateurs de contenu a, ajoute-t-il, contribué à renforcer l’image du pays.
Défis structurels et nouvelles attentes des voyageurs
Malgré ces éléments positifs, plusieurs défis structurels persistent. Ainsi, M. Snene cite en premier lieu le vieillissement du parc hôtelier, dont une large part aurait plus de vingt ans. Il estime indispensable un programme massif de rénovation ainsi qu’une meilleure répartition des capacités d’hébergement sur l’ensemble du territoire. Il identifie également la digitalisation comme un retard majeur du secteur. Appelant donc à une modernisation du cadre légal et à plus de souplesse pour soutenir les nouvelles formes de tourisme.
L’évolution des attentes des visiteurs européens confirme ces enjeux. S’ils restent majoritairement attirés par la plage, M. Snene observe un intérêt croissant pour la durabilité, la recherche d’hôtels certifiés, l’immersion dans la vie locale, le bien-être, les expériences culturelles et l’usage accru de l’intelligence artificielle dans la préparation des voyages. Malgré l’inflation observée en Europe, il estime que la demande pour la Tunisie n’a pas été significativement affectée.
Vers un tourisme plus diversifié et digitalisé
Par ailleurs, M. Snene insiste sur l’essor du tourisme alternatif, qu’il considère comme complémentaire du tourisme classique. Il cite les hébergements en maisons d’hôtes, les séjours en milieu rural et les plateformes de réservation spécialisées comme des leviers importants, particulièrement en hiver. Ce type de voyage, plus durable et plus immersif, contribuerait à allonger la saison touristique.
En outre, il constate toutefois que l’ouverture totale du ciel, l’Open sky, constitue une condition incontournable pour une réelle désaisonnalisation. Les nouvelles technologies jouent également un rôle central : près de la moitié des voyageurs utilisent l’intelligence artificielle pour préparer leurs séjours, et les plateformes numériques influencent désormais la demande, fournissent des comparatifs tarifaires, des retours clients et facilitent la réservation. Enfin, M. Snene évoque aussi la montée du tourisme régénératif et confirme la progression du tourisme individuel, hors tour-opérateur, devenu un pilier complémentaire indispensable.
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