Pharma, Énergie, Agrobusiness : les trois secteurs que l’IFC veut financer
L’International Finance Corporation (IFC) place la Tunisie au cœur de sa stratégie de développement, en alliant agrobusiness et transition énergétique. Sarah Morsi, représentante résidente de l’institution en Tunisie, illustre cette dynamique. Et ce, lors de la deuxième édition des « Rencontres du Financement », qui tient le 21 octobre 2025.
Elle l’a prouvé par deux projets majeurs : un financement de 68 millions d’euros pour un producteur de tomates à Gabès, qui générera 3 000 emplois; et le soutien à la centrale solaire Tozeur One. Cet engagement s’inscrit dans un cadre régional plus large, où la Tunisie, bien qu’affichant encore une part modeste, présente une croissance prometteuse sur les 2,5 milliards de dollars investis par l’IFC en Afrique du Nord.
Tout d’abord, le premier critère déterminant pour les entreprises tunisiennes souhaitant solliciter l’IFC est le seuil minimal d’intervention. L’institution exige un ticket d’entrée de dix millions de dollars ou d’euros, justifié par les coûts de transaction élevés et les exigences documentaires inhérentes aux standards internationaux. Sarah Morsi précise toutefois qu’une flexibilité est possible pour des projets aux perspectives de croissance exceptionnelles; même si le besoin immédiat s’établit à sept millions d’euros.
Ensuite, la viabilité commerciale et la robustesse technique des projets représentent les deuxième et troisième piliers d’évaluation. En effet, l’IFC n’intervient que sur des projets financièrement démontrables et techniquement solides. Tout excluant ainsi les initiatives spéculatives ou insuffisamment matures. Le cycle d’approbation nécessite environ six mois à partir de la signature d’une lettre de mandat.
Quant au quatrième critère, et souvent le plus contraignant pour les entreprises tunisiennes, il concerne le respect des normes environnementales et sociales.
Une palette financière étendue et adaptée
Par ailleurs, la gamme de services financiers offerts dépasse le simple prêt bancaire traditionnel. L’IFC développe activement des prises de participation minoritaires directes, généralement plafonnées à 20 %, avec des durées d’investissement pouvant atteindre dix ans. L’institution propose également des financements concessionnels pour les projets pionniers utilisant des technologies nouvelles ou générant des impacts sociaux et environnementaux positifs.
Pour les petites et moyennes entreprises ne répondant pas au seuil minimal, l’IFC a développé une stratégie d’intermédiation financière via les banques locales, les sociétés de leasing, les institutions de microfinance et les fonds de capital-investissement. L’institution a, par exemple, récemment investi dans le fonds de capital-risque Flat6Labs en Tunisie. Dès 2030, cette approche indirecte sera intensifiée pour toucher davantage de PME.
Le conseil : un accompagnement stratégique
En outre, les services de conseil représentent un volet distinct mais complémentaire aux financements. L’IFC propose des diagnostics standardisés en gouvernance d’entreprise, particulièrement sollicités par les entreprises familiales tunisiennes anticipant une transmission générationnelle. Elle offre aussi des études plus approfondies sur l’efficacité énergétique de nouvelles unités de production ou sur l’optimisation de la gestion financière. La décarbonation constitue un axe stratégique prioritaire, particulièrement dans le contexte de la mise en œuvre du mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières.
Les critères géographiques excluent certaines destinations prisées par les investisseurs tunisiens, comme les économies développées (France, Espagne) ou des pays comme l’Arabie Saoudite ou Dubaï. En revanche, l’institution suit l’usage des fonds plutôt que le lieu d’enregistrement du véhicule d’investissement. Ainsi, une entreprise tunisienne peut structurer son holding à Maurice ou au Luxembourg et bénéficier d’un financement si le projet se déploie dans une économie émergente éligible. La maturité des financements offerts par l’IFC constitue d’ailleurs un avantage compétitif majeur par rapport aux solutions bancaires commerciales locales.
Secteurs prioritaires et valeur ajoutée
Ainsi, Sarah Morsi identifie plusieurs secteurs prioritaires pour les futurs investissements en Tunisie. Le secteur pharmaceutique représente une opportunité stratégique, alignée sur l’objectif continental d’atteindre 60 % de production locale de médicaments en Afrique d’ici 2030-2035. L’énergie renouvelable demeure une priorité absolue, avec l’évaluation de nouveaux projets solaires et éoliens. L’agroalimentaire continue d’attirer l’attention de l’IFC; tandis que la gestion de l’eau représente un défi structurel auquel l’institution entend apporter des réponses concrètes.
Enfin, l’expertise sectorielle internationale de l’IFC constitue, souligne Sarah Morsi, une valeur ajoutée décisive. Elle permet aux entreprises tunisiennes de se benchmarker par rapport aux acteurs régionaux et internationaux. Un atout qui dépasse le cadre d’un financement classique.
L’article Pharma, Énergie, Agrobusiness : les trois secteurs que l’IFC veut financer est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.