Le partenariat archéologique entre la Tunisie et l’Italie, entamé dans les années 60, ne cesse de se consolider à travers des accords entre les institutions spécialisées et des travaux de recherche menées par les experts des deux pays.
Dans ce contexte, le Musée National du Bardo abrite les 23 et 24 avril, deux journées d’études « 60 ans de coopération archéologique tuniso-italienne : bilan et perspectives » marquant le soixantième anniversaire de la première mission archéologique conjointe entre la Tunisie et l’Italie. Une pléiade de chercheurs tunisiens et italiens prennent part à ce évènement organisé par l’Institut National du Patrimoine (INP), l’Ambassade d’Italie en Tunisie et l’Institut Culturel Italien de Tunis.
Dans son intervention à l’ouverture des travaux, Tarek Baccouche, Directeur général de l’Institut national du patrimoine (INP) a parlé d’une coopération très active dans le domaine de la recherche archéologique qui est héritière d’une longue et riche histoire ‘archéologique' ». Il est encore revenu sur le passé glorieux Carthage et Rome qui “ont été pendant de longues périodes, le centre du monde et son pôle d’attraction ».
Revenant sur l’histoire de ce partenariat, Baccouche a fait savoir qu’une équipe conjointe relevant de l’Institut national d’archéologie et d’arts de Tunis, devenu Institut National du Patrimoine, et du Centro di Studi per la Civiltà Fenicia e Punica, a mené, de 1965 à 1966, les première fouilles archéologiques au Cap Bon dans la cité punique de Kerkouane, classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1986. Ces fouilles ont été conduites par d’éminents chercheurs et savants, élèves de Sabatino Moscati, fondateur des Etudes Phéniciennes, à l’instar de Piero Bartoloni, Enrico Acquaro, Ferrucia Barreca, Antonia Ciasca, Mohamed Fantar et Fethi Chelbi.
Aujourd’hui, l’INP annonce être “partenaire de projets de coopération transfrontalière avec l’Italie voisine, à travers un programme qui vise à renforcer la coopération entre les rives de la Méditerranée et à soutenir des projets porteurs de développement durable pour principal objectif le soutien à l’éducation, la recherche le développement technologique et l’innovation”.
Comme l’a déclaré, l’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, « ce que nous célébrons aujourd’hui va bien au-delà d’un simple anniversaire. C’est la mise en lumière d’un chemin commun, qui relie passé, présent et avenir et qui repose sur des valeurs solides : le respect mutuel, la confiance, le partage des savoirs et la volonté de valoriser un héritage qui reflète la profondeur des liens entre nos deux pays ».
« Aujourd’hui, avec quatorze missions actives, l’Italie est fière d’être le premier partenaire archéologique de la Tunisie », a encore dit l’ambassadeur italien.
Prunas a affirmé que depuis « le lancement de la première mission archéologique tuniso-italienne, dans les années 60, l’archéologie est devenue un pilier du partenariat » entre les deux pays. Ce partenariat a permis de « bâtir un espace d’échange fécond où se conjuguent rigueur scientifique, innovation, coopération institutionnelle et surtout enrichissement mutuel », a-t-il affirmé.
Le partenariat entre les deux pays s’illustre notamment à travers les accords de coopération signés avec des institutions italiennes de premier plan, telles que le Parc archéologique du Colisée, l’Institut Central pour la Restauration (ICR), l’Institut Central pour l’Archéologie, ainsi qu’avec de grandes universités italiennes pour ne citer que celles de Bologne et La Sapienza de Rome.
Ce partenariat qualifié d’ “exemplaire et pérenne », s’est aussi traduit à travers des expositions organisées dans les deux pays, pour ne citer que « Les Phéniciens » (Palazzo Grassi à Venise, 1988), « Hannibal à Carthage » (Musée du Bardo, 2016), -où trônait le célèbre buste du général carthaginois, œuvre datant de la deuxième moitié du XVIème siècle, conservée à la Galleria dei Busti du Palais du Quirinal-, “Rome Universalis. L’empire et la dynastie venue d’Afrique » (Colisée de Rome, 2018-2019), “Carthage, le mythe immortel » (Colisée de Rome, 2019-2020).
La salle du Petit Palais au Musée du Bardo accueillera, du 25 avril au 25 juillet 2025, « DACCOURDOU. Aspects et formes de la présence culturelle italienne en Tunisie. Un récit photographique polysémique ». Le prochain grand évènement sera au Parc archéologique du Colisée de Rome qui accueillera « La Magna Mater de Zama à Rome », du 5 juin au 5 novembre 2025. Cette exposition itinérante sera compose d’objets archéologiques mis à jour sur le site de Zama Regia, dans le gouvernorat de Siliana, lors de fouilles réalisées sur des étapes à partir 1996.
Les soixante ans de la coopération tuniso-italienne dans le domaine du patrimoine archéologique ont levé le voile sur de nombreuses découvertes venues compléter et parfois remettre en question nos connaissances sur l’histoire de nos multiples et lointaines civilisations respectives.
Les missions archéologiques conjointes tuniso-italiennes largement actives dans des sites emblématiques comme « Carthage » (Tunis), « Kerkouane » (Cap Bon), « Thuburbo-Majus » (Zaghouan), Thignica, Althiburos, Numluli, Uchi, font l’objet de travaux de recherche, d’étude et de publications scientifiques et académiques qui sont au coeur de ces deux journées au Musée du Bardo.
Avec TAP
L’article La Tunisie et l’Italie célèbrent « 60 ans de coopération archéologique” au Musée National du Bardo est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.