Les États-Unis se retirent des négociations de l’OMI sur la fin « verte » du transport maritime
Dans une démarche qui suscite de vives réactions, les États-Unis ont annoncé leur retrait des négociations internationales en cours au sein de l’OIM. Elles concernent l’imposition d’une taxe carbone sur le transport maritime. Tout en avertissant de contre-mesures si des frais pertinents étaient imposés aux navires américains.
La décision a été annoncée par une lettre officielle divulguée à Bloomberg jeudi 10 avril 2025 et confirmée par des sources diplomatiques de deux autres pays. Des discussions sont en cours dans les bureaux de l’Organisation maritime internationale (OMI) à Londres, visant à établir un mécanisme de charge financière pour les émissions de gaz à effet de serre, dans une industrie responsable d’environ 3 % des émissions mondiales de CO₂.
Le message des États-Unis est clair : aucun fardeau financier ne pèse sur leurs navires en raison des émissions de carbone ou du type de carburant. Ils appellent également les autres pays à revoir leur soutien à de telles mesures.
Le Comité de protection du milieu marin de l’OMI (MEPC), qui prend les décisions pertinentes, fonctionne par consensus – bien qu’un vote soit également prévu, dans lequel les États-Unis n’ont pas beaucoup de poids. Cependant, leur influence diplomatique est significative et la position de Washington peut également influencer d’autres pays.
La proposition d’imposer une taxe carbone sur le transport maritime a provoqué des divisions entre les États.
Les pour…
Plus de 60 pays, dont les États membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Japon, le Nigeria et le Kenya, soutiennent l’imposition d’une telle taxe. Parmi les nouveaux supporters figurent le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Sénégal et la Turquie.
… et les contre
Au contraire, des pays comme la Chine, le Brésil, l’Indonésie, l’Arabie saoudite et l’Afrique du Sud expriment leur opposition. Ils arguent qu’une telle taxe aurait un impact négatif sur les pays en développement et augmenterait le coût du transport maritime.
La lettre américaine indique clairement que le gouvernement envisage des contre-mesures si les tarifs douaniers sont appliqués. En d’autres termes, si quelqu’un veut taxer les navires américains, Washington veillera à « compenser le peuple américain » pour toute perte financière.
Qui paiera facture?
L’ironie du problème? La flotte marchande américaine n’est pas particulièrement grande. Toutefois, dans le cadre de l’OMI, ce ne sont pas seulement les États propriétaires qui comptent, mais aussi les pavillons d’immatriculation – c’est-à-dire où les navires sont enregistrés. Et là, les choses se compliquent, car des pays comme le Liberia et le Panama (qui figurent parmi les plus gros armateurs du monde) soutiennent l’imposition d’une taxe sur le carbone. Ce qui pourrait affecter la mise en œuvre des mesures.
En 2023, l’OMI a adopté un plan ambitieux : zéro émission nette du transport maritime d’ici le milieu du siècle. Et dans ce plan, la tarification du carbone est considérée comme un mécanisme central.
Comme l’a déclaré le secrétaire général de l’OMI, Arsenio Dominguez, « nous travaillons sur une proposition de compromis ». Et la seule certitude est qu’il y aura un prix sur les émissions.
La question n’est plus de savoir si les émissions prendront fin; mais plutôt de savoir qui en paiera la facture et avec quel impact sur les équilibres géopolitiques.
Le transport maritime est à la croisée des chemins du futur : soit il suivra la voie de la transition verte; soit il restera prisonnier d’un monde en mutation sans elle.
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