“Isis, Aphrodite, Cybèle…” : une immersion mythologique au Musée du Bardo
Sous les voûtes chargées d’histoire, où résonnent les échos des civilisations passées, le Musée National du Bardo a ouvert ses portes, le temps d’une soirée, à un événement d’exception consacré aux figures féminines mythologiques.
Préparée à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, l’exposition artistique “Isis, Aphrodite, Cybèle et les autres…”, a été inaugurée samedi soir par la ministre des affaires culturelles, Amina Srarfi, en présence de nombreuses personnalités du monde artistique, culturel et des médias.
Le musée s’est ainsi transformé en un véritable théâtre de mémoire et de création, offrant aux visiteurs une plongée fascinante dans l’héritage des grandes figures féminines de l’Antiquité.
Sur les traces des Aphrodite, Isis, Cybèle et autres déesses de la fécondité, de la puissance et de la sagesse, le Bardo a célébré la femme à travers les âges dans un voyage immersif et sensoriel où les sculptures en marbre et les récits mythologiques ont pris une résonance contemporaine.
A l’image des grands musées dans le monde, qui accueillent régulièrement des performances artistiques et des défilés de mode, le Musée du Bardo a rejoint cette tradition en offrant à l’assistance un moment où les arts, l’histoire et la mode ont dialogué dans un écrin unique.
Les déesses intemporelles : entre mythe et héritage
Dans l’espace d’exposition du musée, les sculptures en marbre qui se dressaient comme autant de témoins du passé, lançaient l’invitation à redécouvrir des figures féminines mythiques ayant marqué les civilisations antiques.
Phéniciennes, Grecques, Romaines, Phrygiennes, Carthaginoises, Libyques… Isis, Aphrodite, Cybèle, Fortuna, Déméter… autant de noms qui évoquent la force, la beauté et le pouvoir des femmes à travers les âges. Parmi elles, Aphrodite-Vénus, muse de l’amour et de la beauté, Tyché chez les Grecs, Fortuna chez les Romains, Cybèle à Carthage, déesse de la prospérité et du destin, souvent représentée avec les ailes de la Victoire, la couronne crénelée d’une cité, la corne d’abondance et le bouclier de Méduse.
Dans l’armée romaine, elle prenait une forme plus martiale, incarnée dans une statue d’or offerte au premier soldat ayant franchi une muraille ennemie. Cette figure de la force féminine ayant trouvé un écho dans les récits des prêtresses carthaginoises, drapées dans une palla couvrant le corps, évoquant le traditionnel “sefseri” tunisien, meuble un riche parcours muséal qui met en lumière l’importance de la femme dans la transmission des savoirs et des traditions, témoignant d’un héritage qui dépasse les frontières et les époques dans un hommage vibrant à toutes les femmes, hier, aujourd’hui et demain.
L’élégance antique et raffinement moderne au cœur d’un défilé
Outre l’exposition commissaire par l’archéologue Hajer Krimi, dont la scénographie a été confiée à Leila Daami, l’un des moments forts de la soirée a été un défilé de mode d’exception, où l’héritage vestimentaire des impératrices romaines et des figures féminines carthaginoises a pris vie. Orchestré par la créatrice tunisienne Fatma Ben Abdallah, ce spectacle a puisé dans les trésors du passé pour offrir une collection où les coupes fluides et majestueuses se mêlaient à des broderies dorées, évoquant l’opulence des civilisations phénicienne, romaine et carthaginoise.
Les modèles, parées de diadèmes scintillants, drapées dans des étoffes aux reflets chatoyants, ont traversé la salle de Carthage avec une grâce souveraine, celle des reines, déesses, prêtresses ou tout simplement femmes du monde. Entre colonnes antiques et fresques mosaïques millénaires, elles ont offert aux spectateurs une immersion fascinante, à mi-chemin entre la réalité et la légende.
“Depuis des années, je rêvais de voir un défilé de mode au sein d’un musée tunisien, à l’image de ce qui se fait dans les plus grandes capitales du monde. Ce soir, nous avons prouvé que notre patrimoine est un écrin idéal pour raconter des histoires à travers l’art et la mode” confie, avec grande émotion, la créatrice Fatma Ben Abdallah.
A travers cette soirée enchantée par les notes envoûtantes du violon de Yasmine Azaiez, le Bardo s’est métamorphosé en un lieu où les statues des déesses antiques semblaient s’éveiller, frémissant sous les lumières douces et mystérieuses du musée. Dans cette ambiance magique, le Bardo a rappelé que les musées ne sont pas de simples gardiens du passé, mais des espaces vivants où l’histoire se réécrit sans cesse, s’épanouissant au rythme du temps et des âmes qui les traversent.
L’article “Isis, Aphrodite, Cybèle…” : une immersion mythologique au Musée du Bardo est apparu en premier sur WMC.