Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) a exprimé sa préoccupation concernant le traitement médiatique du dossier judiciaire de l’affaire dite du « complot contre la sécurité de l’État », en soulignant plusieurs manquements éthiques et juridiques. Le communiqué, publié ce mardi 4 mars 2025, intervient à la suite des premières audiences de ce dossier très médiatisé, dans lequel plusieurs opposants politiques, hommes d’affaires et anciens responsables de l’État sont poursuivis.
Le syndicat a notamment critiqué l’interdiction préalable de publication qui avait été imposée par la justice tunisienne en juin 2023, soulignant qu’elle avait contribué à un flou entourant l’affaire. Cette décision avait facilité la propagation de rumeurs et de fuites, remettant en question la présomption d’innocence des accusés. À cet égard, le SNJT a exprimé sa satisfaction quant à l’autorisation récente de couvrir l’ouverture du procès. Tout en rappelant que la couverture médiatique des procès doit respecter plusieurs principes fondamentaux.
Censure et manque de transparence
Le syndicat a insisté sur l’importance de respecter la liberté de la presse et le droit du public à l’information. Il a rappelé que la Constitution tunisienne interdit toute censure préalable, notamment à l’article 37, qui garantit la liberté d’expression et d’information. Selon le SNJT, les restrictions imposées auparavant par le ministère de la Justice avaient « dissimulé les développements de l’affaire », accentuant les soupçons de manipulation de la justice en faveur du régime en place.
Le SNJT a également dénoncé l’absence de diversité dans la couverture médiatique du dossier, notamment après la diffusion du programme « Rendez-vous Attasiâa » sur la chaîne « Attessia », qui a abordé le dossier du complot le 28 février dernier. Le syndicat a jugé ce programme non conforme aux principes éthiques du journalisme, notamment en raison du manque de respect pour la présomption d’innocence et du traitement biaisé réservé aux accusés.
Manquements éthiques et professionnels
Le programme de la chaîne privée a été accusé de plusieurs dérives éthiques. Le SNJT a dénoncé le non-respect de la présomption d’innocence, principe fondamental du droit international, et a critiqué la manière dont les accusés étaient dépeints sans la possibilité d’être représentés. Ce qui viole le principe d’équilibre de l’information. La couverture du programme a également omis de distinguer les faits des opinions, conduisant ainsi à une vision unilatérale de l’affaire.
Le syndicat a mis en garde contre ce qu’il appelle une « justice parallèle » dans les médias. Tout en soulignant que seuls les tribunaux sont compétents pour juger des accusés, après avoir respecté toutes les procédures légales. Le programme de la chaîne « Attessia » a, selon le SNJT, pris la forme d’un procès médiatique à sens unique. Ce qui va à l’encontre des principes de la justice et du rôle fondamental du journalisme dans une démocratie.
Un appel à la responsabilité
Enfin, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens a appelé à une révision du traitement médiatique de ce dossier sensible, en insistant sur la nécessité de respecter l’éthique journalistique. Il a demandé à la chaîne « Attessia » et aux responsables du programme de présenter des excuses pour ce qu’il considère comme une « grave erreur professionnelle » et de cesser d’utiliser les médias à des fins politiques.
Au final le SNJT a conclu en publiant une note d’orientation pour aider les journalistes à couvrir les procès. Et ce, afin de garantir un équilibre entre la liberté de la presse et le respect des principes légaux et éthiques. Cette note vise à assurer une couverture juste et transparente des affaires judiciaires. Tout en préservant la présomption d’innocence et les droits fondamentaux des accusés.
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