Maqam Productions : Saud Allan met en lumière la scène musicale arabe à travers des collaborations internationales
Invité de la 10ème édition des Journées musicales de Carthage (JMC) tenue du 18 au 24 janvier 2025, le producteur libanais d’origine palestinienne Saud Allan, fondateur et directeur général de « Maqam Productions », société spécialisée dans les évènements artistiques, musicaux et culturels basée en Jordanie, est un grand habitué du festival qu’il fréquente depuis 2018.
Dans une interview exclusive avec l’agence TAP, Saud Allan, a parlé de la scène artistique en Tunisie, étape incontournable pour la plupart des artistes arabes et la réalité du secteur de la production dans une région, notamment pour les artistes et genres musicaux en manque de visibilité.
Des concerts prévus en Tunisie
« La Tunisie est une destination très importante pour les artistes au Moyen-Orient. Ce pays signifie beaucoup pour eux», a déclaré le producteur. Cette place de choix, s’explique, à son avis, par de multiples raisons, en particulier « l’infrastructure artistique et les multiples théâtres ainsi que la variété de festivals », ayant permis au pays d’acquérir cette réputation auprès des acteurs culturels et artistiques dans la région Moyen-Orientale.
L’autre atout de se produire en Tunisie est le public tunisien qu’il qualifie d’ «assez cultivé et ouvert sur les musiques du monde. Il connait chaque titre et l’histoire derrière chaque chanson”.
En témoigne les fans du groupe jordanien Autostrad qui chantaient en cœur avec les membres du groupe», a fait constater le producteur.
Saud Allan est aussi l’agent artistique exclusif de ce groupe indépendant, Autostrad, en Asie et en Afrique du Nord et dans certains pays d’Europe. Sa présence en Tunisie, la semaine dernière, s’inscrit dans le cadre des rencontres et panels de discussion organisés par les JMC et dédiés aux professionnels du secteur musical arabes et africain. “Je suis extrêmement content de cette participation qui a été rendue possible grâce aux efforts considérables du ministère des Affaires culturelles, l’Etablissement des festivals et le comité d’organisation des JMC.
L’agent artistique d’Autostrad a exprime sa fierté de voir le groupe se produire en Tunisie dans « un spectacle solde out et assez réussi”. Autostrad est à sa première participation aux JMC dans la section des grands spectacles consacrée aux artistes confirmés arabes et africains. Il y a près de six ans, le sextuor dont le style musical prend son influence de différents genres tels que le reggae, le funk, le latin et le rock, s’est produit au festival Sicca Jazz au Kef, dans le Nord-Ouest.
Selon Allan, le groupe devra se produire prochainement au Centre et au Sud du pays dans des spectacles prévus pour le mois de Ramadan. Des démarches sont également en cours en vue de préparer sa participation, l’été prochain, dans de grands festivals d’été en Tunisie, a encore annoncé le producteur.
Relation de complémentarité entre l’artiste et le producteur
Pour Saud Allan qui vient d’un domaine extrêmement diffèrent de celui de la musique, en tant que Directeur des Ressources Humaines dans une société de pétrole, la reconversion professionnelle vers la production artistique s’est faite en 2012 avec la création d’une société spécialisée dans les évènements artistiques, musicaux et culturels baptisée « Maqam Productions».
‘Maqam productions’ œuvre à soutenir le développement des talents musicaux sur la scène arabe et à présenter des projets de qualité et des événements culturels et musicaux enrichissant pour la scène arabe.
Son épouse n’est autre que la célèbre chanteuse jordanienne Macadi Nahhas, également autrice et compositrice connue pour ses choix musicaux plutôt engagés et ancrés dans le patrimoine. Depuis des années, l’artiste se produit dans divers festivals dont le fameux festival de Jerash où elle enregistre sa participation chaque année.
Le couple travaille actuellement sur un méga projet musical en collaboration avec le grand compositeur libanais Ousama Rahbani, un album qui revisite le patrimoine musical jordanien sortira bientôt.
Cette proximité avec le secteur a facilité sa tâche en tant que manager artistique pour sa femme pour ensuite gagner la confiance de plusieurs autres artistes jordaniens et arabes tels que Marcel Khalifa et Abeer Nehme avec lesquels il a collaboré dans le passé.
Parmi les artistes tunisiens pour lesquels Saud Allan a produit, il cite la chanteuse Raoudha ben Abdallah, les frères Béchir et Mohamed Gharbi et le chanteur Mohamed-Ali Chebil qui a récemment remporté un prix au festival international de Maqam en Ouzbékistan.
Le producteur libanais affirme jouer un rôle à double vocation. Le premier est celui d’ « épauler l’artiste et se doter des compétences nécessaires en vue de faire face à la conjoncture actuelle en particulier l’aspect financier et à mieux se positionner dans l’industrie musicale en général ». Selon l’avis de Saud Allan, ce rôle « n’a pas d’incidence sur les choix artistiques des artistes » avec lesquels sa société de production traite dans ses multiples collaborations.
Le producteur souligne qu’il collabore avec « les artistes engagés dans la défense d’une cause quelconque humaine politique ou sociale et dont la musique s’inscrit dans un registre qui préserve l’héritage intellectuel et culturel arabe ».
Dans ‘Maqam’, le producteur dit “essayer de choisir les artistes qui présentent une musique de qualité”. Et d’ajouter, «malheureusement, la tendance générale dans le secteur musical est tout à fait différente ».
Partant de son expérience, il affirme que les genres musicaux qui existent sur la scène musicale arabe sont à près de 80 pc du genre pop. Les autres genres comme les musiques à influence jazz rock etc.. ou bien celles qui s’inscrivent dans un registre local et creusant dans le patrimoine du pays des artistes qui les produisent, indique le producteur, largement informé grâce à ses multiples collaborations en tant que consultant auprès de ministères et festivals dans divers pays. De là, le rôle du producteur et son large réseau est de faciliter la diffusion de la musique de ces artistes indépendants dans certains pays en Europe, en Asie et en Amérique.
Dans un secteur ou le concept de chargé de production n’est pas adopté par beaucoup d’artistes arabes, la diffusion des œuvres musicales et artistiques à grande échelle, demeure assez limitée.
Le producteur préconise l’introduction d’une spécialité pour “enseigner la gestion artistique dans les établissements universitaires de musique en région arabe”. Car, à son avis, ce volet est « assez vital pour toute la chaîne de l’industrie musicale, de la production jusqu’à la diffusion de l’œuvre et les droits d’auteurs ».
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