Massad Boulos, le conseiller principal du président américain pour les affaires arabes, moyen-orientales et africaines, se souviendra longtemps du quart d’heure difficile qu’il a passé, mardi 22 juillet 2025, au Palais de Carthage, avec le président de la république Kaïs Saïed lui montrant les images d’enfants Palestiniens de Gaza au chapitre de la mort, affamés par la machine de guerre israélienne, dont Donald Trump, le patron de M. Boulos, faut-il le rappeler, est le principal soutien et pourvoyeur en armes et en munitions. Vidéo.
Imed Bahri
Selon le communiqué diffusé par la présidence de la République, la rencontre a porté sur les massacres commis contre le peuple palestinien, le terrorisme «sous toutes ses formes» (traduire : y compris le terrorisme des Etats qui se croient au-dessus des lois internationales) et la situation dans la région arabe.
Reprenant un thème qui lui est cher, celui de l’affirmation de la souveraineté nationale et du rejet de toute forme d’ingérence étrangère, le président de la République a souligné que les problèmes internes à chaque pays arabe doivent être résolus par les peuples eux-mêmes, sans aucune ingérence étrangère sous quelque prétexte que ce soit.
La Tunisie élargit le cercle de ses partenariats stratégiques
Le président Saïed a également indiqué à son hôte que la Tunisie a choisi d’élargir ses partenariats stratégiques de manière à servir les intérêts de son peuple et à répondre à ses demandes et attentes. Et c’est là une façon de dire – et c’est nous qui interprétons – que la Tunisie est libre de s’émanciper de son alliance historique avec les pays du bloc occidental, et à leur tête les Etats-Unis, et de chercher ses intérêts là où elle les trouve, y compris en Chine, en Russie ou ailleurs.
Selon une vidéo de la réunion diffusée par la présidence, le chef de l’Etat a montré au conseiller du président américain des images choquantes de nourrissons et d’enfants palestiniens mourant de faim et de soif à Gaza, déclarant : «Ces images révèlent la brutalité de la guerre menée par les forces d’occupation oppressives pour anéantir le peuple palestinien – une guerre visant à faire accepter la défaite aux Palestiniens, mais les nations libres n’accepteront jamais la défaite.»
Tout en soulignant le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, tel que stipulé dans le Traité de Versailles, Saïed a affirmé que les crimes commis par l’entité sioniste sont «totalement inacceptables et constituent des crimes contre l’humanité». Cela, la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de justice (CIJ) l’ont déjà solennellement proclamé, mais des pays comme les Etats-Unis refusent encore d’admettre, tout en poursuivant leur soutien actif à la machine de guerre israélienne, sommes-nous tentés de rajouter à l’appui des paroles présidentielles.
La légitimité internationale s’effondre de jour en jour et perd tout son sens face aux tragédies endurées par les Palestiniens à Gaza et des bombardements quotidiens qu’ils subissent, a encore rappelé Saïed à son hôte américain.
Mettre fin aux crimes israéliens en Palestine
«Le temps est venu pour l’humanité entière de se réveiller et de mettre fin aux crimes commis en Palestine. Des décisions audacieuses doivent être prises dans l’intérêt du peuple palestinien, propriétaire légitime de toutes les terres palestiniennes, à Gaza, en Cisjordanie, dans les colonies et dans toute la Palestine, afin que l’État palestinien soit établi avec Al-Qods pour capitale», a encore martelé Saïed, qui n’ignore pas que les Etats-Unis, sous Donald Trump, ont transféré leur ambassade de Tel Aviv à Al-Qods, opposant ainsi un déni aux droits légitimes des Palestiniens dont les territoires continuent d’être spoliés.
On ne sait pas encore ce que Massad Boulos a pensé de la leçon magistrale que lui a infligée Kaïs Saïed à propos de la situation au Moyen-Orient, région où son pays est fortement engagé aux côtés de l’Etat belliqueux et expansionniste d’Israël.
On ne sait pas non plus s’il a déjà entendu un pareil discours dans les autres capitales arabes qu’il a visitées au cours de sa tournée régionale, ce dont on a de bonnes raisons de douter.
Ce que l’on sait, en revanche, c’est qu’en Tunisie, les paroles de Saïed ont eu un écho très positif, y compris dans les cercles de ses plus virulents opposants. Il est vrai que la Pax Americana au Moyen-Orient a très peu d’adeptes en Tunisie, au pouvoir et dans l’opposition.
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