Les fractures alimentaires en France: enjeux et constats
La France, pays reconnu pour sa gastronomie et son art culinaire, fait face à une triple crise alimentaire : sociale, sanitaire et écologique. Sur le plan social, l’inflation et la hausse des coûts liés au logement, à l’énergie et aux transports ont fait de l’alimentation la principale variable d’ajustement budgétaire des ménages modestes. Un Français sur trois est aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire. C’est en tout cas ce que révèle un rapport de l’Institut Montaigne.
Sur le plan sanitaire, l’augmentation de la consommation d’aliments ultra-transformés riches en sucres, sel et graisses saturées a multiplié les pathologies liées à une mauvaise alimentation, notamment l’obésité qui touche désormais un Français sur cinq et coûte 125 milliards d’euros annuellement au système de santé.
Sur le plan écologique, la consommation française demeure trop centrée sur la viande et les importations, avec un impact significatif sur l’empreinte environnementale.
Ces fractures alimentaires sociales profondes se traduisent notamment par une disparité forte dans l’accès à une alimentation saine et de qualité. Les ménages modestes consomment deux fois moins de fruits et légumes que les plus aisés, et les zones rurales ou périurbaines souffrent d’un manque marqué d’infrastructures alimentaires. De plus, les habitudes alimentaires évoluent vers plus d’individualisation, de restauration rapide et de régimes spécifiques, ce qui fragilise les traditions de repas partagés.
Les politiques publiques actuelles ont montré leurs limites, avec une responsabilité trop focalisée sur le « consomm’acteur » sans prise en compte suffisante des contraintes sociales des populations défavorisées. Les efforts volontaires des industriels pour améliorer la qualité nutritionnelle sont encore insuffisants.
Par ailleurs, la fiscalité nutritionnelle reste timide et mal adaptée, avec une taxe sucre sur les boissons dont l’efficacité est limitée.
Le rapport propose six recommandations principales articulées autour de deux objectifs : lutter contre la précarité alimentaire et limiter l’expansion des déséquilibres alimentaires.
Lutter contre la précarité alimentaire :
- Soutenir les acteurs locaux de lutte contre la précarité, exonérer de TVA les denrées alimentaires distribuées par les associations, et encourager l’installation de commerces alimentaires dans les zones rurales.
- Introduire un chèque alimentaire mensuel de 30 euros pour les 4 millions de Français les plus modestes, dédié exclusivement à l’achat de fruits et légumes.
Améliorer la qualité de la restauration collective, en valorisant notamment les circuits courts et la consommation de fruits à l’école.
Limiter les déséquilibres alimentaires :
- Agir sur la réduction du sucre dans les produits destinés aux enfants et adolescents, via des accords collectifs avec les industriels et une fiscalité plus contraignante. Harmoniser le taux de TVA sur certains produits sucrés à 20%.
- Mieux réguler la publicité alimentaire, notamment visant les boissons sucrées, en limitant leur diffusion sur les médias traditionnels et numériques.
- Renforcer l’éducation alimentaire dans les écoles, universités et entreprises et valoriser le patrimoine alimentaire par des événements annuels.
Encourager la consommation de fruits et légumes via un complément optionnel de 50 euros mensuels sur les titres-restaurant pour les salariés volontaires.
Ces mesures visent à répartir équitablement la responsabilité de la transition alimentaire entre pouvoirs publics, industriels, distributeurs, restaurateurs et consommateurs, pour une alimentation saine, durable et accessible à tous.
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