Du côté de la place Mohamed-Ali, aussi bien chez les syndicalistes «dissidents» que chez certains membres du Bureau exécutif actuel, une idée est en train de germer : un comité des sages pour l’organisation d’un congrès extraordinaire
Ceux qui ont plus de 50 ans doivent se rappeler qu’à l’époque bourguibienne quand l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) se trouvait en conflit avec le gouvernement, on faisait appel du côté de la place Mohamed-Ali et aussi du côté de la Kasbah, voire du côté du Palais de Carthage, aux anciens dirigeants syndicalistes dans le but de trouver une solution consensuelle aux crises qui ont jalonné les rapports gouvernement-Ugtt.
Et l’intervention des anciens syndicalistes, considérés comme les «sages» du mouvement syndical tunisien, la plus importante ou symbolique est celle de la commission nationale de conciliation créée fin 1979 et présidée par Noureddine Hached, fils du grand leader syndicaliste Farhat Hached avec pour mission de résoudre la crise du 26 janvier 1978 ayant opposé le gouvernement de l’époque à l’Ugtt dirigée par feu Habib Achour.
La commission nationale de réconciliation qui comprenait l’un des illustres fondateurs de l’Ugtt, feu Habib Tliba, a réussi sa mission en supervisant le congrès extraordinaire de l’Ugtt tenu à Gafsa, en janvier 1981.
Ce congrès, faut-il le rappeler, (y compris à plusieurs jeunes syndicalistes qui donnent l’impression d’ignorer que les désaccords internes entre syndicalistes ne peuvent être résolus qu’à la condition de voir «les sages» rectifier le tir) a été couronné par l’élection d’un nouveau Bureau exécutif présidé par Taïeb Baccouche et ayant comme membres (SG adjoints) plusieurs parmi les têtes qui faisaient partie du Bureau exécutif le 26 janvier 1978.
Aujourd’hui, il paraît que les syndicalistes s’apprêtent à vivre une nouvelle expérience où les «sages» des années 2000 auront leur mot à dire dans le but de surmonter la crise qui oppose, cette fois, les membres du Bureau exécutif présidé par Noureddine Taboubi à des syndicalistes dits «dissidents» qui dénoncent toujours les décisions prises lors du congrès non électif consistant en l’annulation de l’article 20 du règlement intérieur de la centrale syndicale, lequel article interdisait à tout membre du Bureau exécutif (y compris le S.général) de cumuler trois mandats (soit 15 ans de présence au sein du BE).
Dans les milieux syndicaux, l’idée de créer un comité des sages est à l’ordre du jour, aussi bien du côté des syndicalistes dissidents que de celui de certains membres du Bureau exécutif actuel qui vont jusqu’à proposer une démission collective des membres du Bureau exécutif (présidé par Noureddine Taboubi qui n’a pas exprimé jusqu’ici de position bien qu’il ait déjà présenté ses excuses pour la dérive relative à l’amendement du fameux article 20) et l’organisation d’un congrès extraordinaire.
Ce congrès extraordinaire contre l’organisation duquel les dissidents sonnent la charge est censé réparer la dérive et revenir sur l’annulation de l’article 20 du règlement intérieur de l’organisation. Ce qui veut dire le plus clairement du monde: Noureddine Taboubi, Sami Tahri et Samir Cheffi n’auront plus droit de se porter candidats à un poste au prochain Bureau exécutif de l’Ugtt au cas où le tant attendu congrès extraordinaire serait organisé en 2025 comme le suggèrent plusieurs parmi les membres du Conseil national tenu à Hammamet.
Et comme les choses commencent à prendre forme et que Noureddine Taboubi et ses principaux lieutenants semblent vivre leurs derniers mois ou même leurs dernières semaines à la tête de l’Ugtt, on est passé à la suggestion des noms des syndicalistes qui composeront le futur comité des sages. Ainsi, l’on avance trois noms qui pourraient avoir l’aval tant des «dissidents»que des «légalistes». Il s’agit du grand Houcine Abbassi qui présidera le comité en question et qui sera secondé par Mouldi Jendoubi et Abdessalem Jerad.
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