Sauvegarde du patrimoine : le nouveau visage du développement culturel en Tunisie
Le bureau régional de l’UNESCO pour le Maghreb a officiellement lancé à Tunis un programme quinquennal intitulé « Soutenir le rôle de la culture dans le développement durable en Tunisie ». Karim Hentili, responsable du programme culturel, en a dévoilé les contours lors d’une interview accordée à l’émission « 120 minutes » sur Radio Tunis Chaîne Internationale.
Ce programme d’envergure nationale est entièrement financé par la fondation du docteur Sadok Besrour, médecin d’origine tunisienne établi au Canada. Originaire de Djerba, le philanthrope a été particulièrement touché par l’inscription du site djerbien sur la liste du patrimoine mondial en septembre 2023. L’accord de coopération a été signé le 15 septembre dernier au siège parisien de l’UNESCO. Il s’agit d’un cas rare de mécénat privé finançant l’action de l’organisation internationale.
Cinq axes stratégiques pour le développement
Le projet, qui s’étendra de 2025 à 2029, se décline en cinq composantes principales. L’année 2025 sera consacrée à l’élaboration du contenu et à la définition des priorités. En partenariat avec le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, le programme ambitionne de sauvegarder 28 métiers artisanaux en voie de disparition avec 84 apprentis bénéficiant d’une transmission de savoir-faire.
La préservation des systèmes oasiens constitue un autre axe majeur. L’UNESCO propose un changement de paradigme en considérant les oasis comme des territoires urbains plutôt que ruraux. Cette approche intègre également l’environnement, l’agriculture, le tourisme et l’urbanisme. Le programme soutiendra également le réseau des villes créatives de l’UNESCO avec pour objectif d’accompagner près de 50 villes tunisiennes.
Le poids économique de la culture
Karim Hentili rappelle le poids économique du secteur culturel à l’échelle mondiale. Avant la pandémie de COVID-19, il représentait 4 300 milliards de dollars, soit 6,1 % de l’économie mondiale. En France, la culture contribuait jusqu’à 10 % du PIB, dépassant l’industrie automobile, et constituait le premier employeur des jeunes de 15 à 29 ans.
Le projet soutient aussi la Route du patrimoine UNESCO, développée dans le cadre du programme de diversification touristique Tunjatuna. Cette initiative combine les sites du patrimoine mondial avec les éléments du patrimoine immatériel. Pour représenter des éléments immatériels comme la calligraphie arabe ou le couscous, des entreprises tunisiennes ont développé des mécanismes numériques innovants.
Calendrier de mise en œuvre
La phase opérationnelle débutera en 2026. Pour l’artisanat, sept métiers seront sélectionnés dès janvier pour lancer le programme de transmission avec les maîtres artisans. Le projet pilote sur les oasis fera l’objet de réunions de consultation préparatoires avant une grande rencontre début 2026.
Pour le programme des villes créatives, le ministère de l’Intérieur diffusera un appel à manifestation d’intérêt. Une première session d’information est prévue en mars 2026. La Route du patrimoine UNESCO sera promue lors du comité du patrimoine immatériel à New Delhi en décembre prochain, puis au comité du patrimoine mondial en Corée en 2026.
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