De la charte à l’action : l’IA au service de l’égalité
Lors du panel « L’intelligence artificielle méditerranéenne : enjeux d’ancrage, de pluralité et de responsabilité » organisé le 21 novembre 2025 à la Cité de la Culture à Tunis dans le cadre du Forum MED IA, Cristina Lunghi, déléguée générale du fonds de dotation Arborus en France, a présenté l’intelligence artificielle comme un levier d’inclusion et d’égalité. Elle a détaillé des outils concrets et des certifications internationales qui permettent de prévenir les biais algorithmiques et guident les organisations vers une IA responsable.
Fondatrice d’une ONG spécialisée depuis trente ans dans l’égalité et l’inclusion, Cristina Lunghi a développé une certification internationale présente dans cinquante-six pays, qui intègre désormais un volet spécifique à l’IA inclusive. Elle a intensifié son engagement dans ce domaine il y a un peu plus de cinq ans, après qu’Amazon et Google ont révélé des biais dans leurs algorithmes de recrutement et que des banques aux États-Unis ont refusé des cartes de crédit aux femmes en raison de plafonds financiers qu’elles n’atteignaient pas. Ces incidents l’ont poussée à veiller à ce que l’intelligence artificielle ne compromette pas les années de travail qu’elle a consacrées à l’égalité dans les entreprises et dans la société.
La pandémie de Covid-19 a accéléré le développement de l’IA, que les gens ont utilisée pour regarder des contenus sur les plateformes de streaming, acheter de la nourriture, travailler à distance et maintenir le lien avec leurs proches. Face à cette évolution, Cristina Lunghi a choisi, avec le groupe Orange, fondateur de sa fondation et partenaire historique, de transformer l’IA en un accélérateur de l’égalité plutôt qu’en un facteur de discrimination, en se dotant d’outils concrets. Elle a lancé la première initiative en créant la Charte internationale pour une IA inclusive, qu’elle a élaborée avec le ministère du Numérique français et la Commission européenne et présentée en plein confinement. Cette charte sensibilise et propose des principes directeurs aux entreprises, organisations non gouvernementales et administrations afin de guider leurs pratiques vers l’inclusion.
Cent cinquante-six entités ont signé la charte et participent à un club de travail qui aborde des thématiques variées telles que la ville intelligente, le bâtiment durable, le cyberharcèlement et le recrutement inclusif. Cristina Lunghi a intégré le volet IA inclusive à la certification internationale sur l’égalité et l’inclusion, ce qui permet d’auditer tous les aspects des ressources humaines utilisant des algorithmes pour vérifier leur inclusivité. Elle a illustré ces travaux avec un exemple concret chez Orange, où l’IA dirigeait jusqu’alors le bouquet télévisé sport, notamment le football, uniquement vers les hommes. Après qu’Orange a corrigé ce biais, l’entreprise a constaté un retour sur investissement, car les femmes intéressées par le football se sont abonnées au service.
Elle a également mis en garde contre les dérives possibles lorsque l’IA circule sans vigilance, citant un exemple avec ChatGPT. Lors des trente ans d’Arborus le 3 juin dernier, elle a rédigé un manifeste en prévision de la directive européenne sur l’égalité salariale, proposant la création d’un fonds solidaire pour l’égalité et l’inclusion. ChatGPT a modifié la formulation en remplaçant ce terme par Fonds social européen d’investissement, parmi d’autres erreurs similaires. Selon Cristina Lunghi, ces incidents soulignent l’importance de normes claires et d’outils de gouvernance pour permettre à l’IA de devenir un vecteur réel d’inclusion, de responsabilité et de respect de l’égalité.
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