Le président américain Donald Trump a proposé de « faire le ménage » dans la bande de Gaza en déplaçant les Palestiniens vers la Jordanie ou l’Égypte, de manière « temporaire ou à long terme ». Si cette proposition a été qualifiée d' »excellente idée » par un ministre d’extrême-droite du gouvernement israélien, elle a, en revanche, fait réagir la presse arabe.
L’ancien ministre jordanien, le Dr Bassam Al-Amoush, a choisi la voie la plus directe pour adresser un message au président américain Donald Trump. Dans son article publié lundi matin dans le journal électronique omanais Ammon, il a emprunté exclusivement le langage de la résistance, avec un titre en gras qui dit : « À Trump, depuis la distance zéro ».
Al-Amoush, une figure islamique éminente de la société jordanienne, a présenté un discours visant à rappeler à Trump l’histoire de la fondation des États-Unis sur les cadavres des Amérindiens.
Parallèlement, la journaliste Rana Al-Sabbagh a adressé un message similaire à travers une vidéo, appelant les Jordaniens à soutenir le roi Abdallah II dans son opposition à la deuxième version de l’accord du siècle.
Position de la Ligue arabe
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré ce lundi que la Ligue soutient fermement et de manière principielle la position égyptienne et jordanienne rejetant les idées promues concernant le déplacement des Palestiniens.
Cette déclaration a été faite lors d’une conférence de presse tenue par le secrétaire général à son arrivée à Rome pour l’ouverture du Forum économique arabo-italien, selon le journal égyptien Le Septième Jour.
Critiques des élites arabes
Dans un article d’opinion publié par Al Qods Al Arabi, le journaliste Bassem Bdarin ne mâche pas ses mots et fustige le silence des élites arabes : « Toutes ces élites politiques et médiatiques qui ont semé le trouble en produisant un vacarme appelé la diabolisation de la résistance palestinienne parmi les Jordaniens, leurs voix ne se sont pas fait entendre et leurs échos ne se sont pas répercutés dans la capitale Amman, même après plus de 12 heures depuis les déclarations de Trump, qui n’étaient en réalité pas surprenantes ».
Plan alternatif de l’Égypte
Dans un article publié sur le site du journal libanais Al Akhbar, il est révélé que, malgré les dénégations officielles de l’Égypte concernant toute participation à un plan de déplacement des Palestiniens de Gaza vers le Sinaï, un « scénario alternatif » est en cours d’élaboration dans les coulisses sécuritaires égyptiennes. Ce plan, moins catégorique que les déclarations publiques, chercherait à concilier les ambitions de l’administration Trump et les intérêts égyptiens, notamment en matière de gains financiers, d’investissements américains et de soutien sur des dossiers sensibles comme celui du barrage de la Renaissance en Éthiopie.
Rejet d’un transfert massif de Palestiniens
Cependant, les autorités militaires et de renseignement égyptiennes rejettent fermement l’idée d’un transfert massif de Palestiniens vers le Sinaï, considérant que cela menacerait la sécurité nationale et modifierait la démographie de la région. À la place, elles envisagent une « hospitalité limitée » pour certains Palestiniens, similaire à l’accueil réservé aux réfugiés irakiens, syriens et soudanais par le passé. Cette approche inclurait un contrôle sécuritaire strict et une dispersion des Palestiniens sur tout le territoire égyptien pour éviter la formation de concentrations communautaires.
Situation des habitants de Gaza en Égypte
Déjà, certains habitants de Gaza sont restés en Égypte après être entrés via le poste frontalier de Rafah avant sa fermeture en mai dernier. Le Caire leur a accordé des facilités et des avantages, rendant leur retour à Gaza improbable à court terme.
Par ailleurs, des prisonniers palestiniens libérés dans le cadre de la trêve récente ont été hébergés en Égypte, mais leur séjour est temporaire et soumis à des restrictions strictes.
Demande de soutien international
En échange de cette « hospitalité », l’Égypte ne demanderait pas de compensation financière directe pour la construction de logements, mais réclamerait un soutien international pour couvrir les coûts liés à l’accueil des réfugiés. Elle insisterait également sur le droit des Palestiniens à retourner à Gaza pour des raisons médicales ou éducatives.
En parallèle, Le Caire multiplie les contacts régionaux avec l’Arabie saoudite, la Jordanie et les Émirats arabes unis pour réaffirmer son opposition à tout déplacement forcé et plaider pour une reconstruction rapide de Gaza.
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