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Heute — 12. Mai 2025Haupt-Feeds

Tunisie – Rythme anémique dans la croissance des créances sur l’économie

12. Mai 2025 um 05:45

Les besoins de financement des opérateurs économiques continuent à augmenter, face à une forte consommation des trésoreries par des cycles d’exploitation difficiles à gérer. Si le secteur privé est le premier utilisateur des ressources, l’appareil de l’État en demande de plus en plus. Les services clés comme le transport, l’électricité ou l’approvisionnement en eau potable sont des activités fortement capitalistiques.

Accélération des besoins

Selon les derniers chiffres de la Banque centrale de Tunisie (BCT), les créances nettes sur l’administration centrale ont connu, au cours du premier trimestre 2025, un affermissement de leur rythme d’accroissement. La progression s’est établie à 4 938 MTND contre 3 956 MTND sur la même période en 2024.

Cette accélération s’explique par la mobilisation des ressources intérieures pour appui budgétaire, sous la forme de facilités auprès de la BCT (+2 650 MTND) et la reprise significative du niveau des bons du Trésor en portefeuille des banques (+2 179 MTND).

Toutefois, l’effet restrictif exercé tant par la hausse du compte courant du Trésor (+1 834 MTND) que par la baisse de l’encours des bons du Trésor achetés par la BCT dans le cadre des Opérations d’Open Market (-830 MTND) a limité l’ampleur de la hausse de ces créances.

Il convient de signaler que les émissions de bons du Trésor se sont élevées, durant le premier trimestre de l’année 2025, à 4 161 MTND, contre des remboursements à ce titre pour un montant de 2 778 MTND, soit des souscriptions nettes de 1 383 MTND contre -268 MTND fin mars 2024.

Faible hausse des créances sur l’économie

Globalement, les créances sur l’économie ont augmenté à un rythme anémique au cours du premier quart de l’exercice 2025, soit +0,9 % (1 036 MTND), contre +1,2 % (+1 325 MTND) une année auparavant. Cela est expliqué par le net ralentissement du portefeuille-titres (+4,3 % ou +313 MTND fin mars 2025 contre +9,0 % ou +597 MTND une année auparavant).

Par ailleurs, les crédits à l’économie se sont accrus à un rythme quasi comparable à celui de l’an passé de 0,6 % (725 MTND) contre +0,7 % (+728 MTND) en 2024, résultant des augmentations des encours des comptes courants débiteurs (+1 156 MTND contre +1 158 MTND au premier trimestre 2024) et des créances immobilisées (+1 036 MTND au premier trimestre 2025 contre +1 136 MTND l’année dernière). Cette dynamique a été compensée par la baisse de l’encours du portefeuille-escompte auprès des banques qui a, à son tour, poursuivi sa régression de -1 235 MTND (-1 559 MTND fin mars 2024).

La hausse des crédits à fin mars 2025 a concerné le secteur des services (+996 MTND), suivi de l’industrie (+272 MTND). Ceux destinés aux particuliers et au secteur de l’agriculture et de la pêche ont régressé, respectivement, de 72 et 11 MTND.

Est-ce que ces chiffres sont de bon augure pour la croissance, attendue au cours de la semaine prochaine? La réponse est déjà actée.

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Gestern — 11. Mai 2025Haupt-Feeds

L’Afrique sous l’onde de chocs des Trumponomics 2.0

L’accord commercial préférentiel, African Growth and Opportunity Act (AGOA), promulgué en 2000 sous la présidence Clinton, n’a pas épargné l’Afrique des droits de douane drastiques imposés par Trump pour la quasi-totalité des pays de la planète. D’ailleurs, certains pays signataires de l’AGOA se placent en tête de liste des pays les plus taxés du continent, notamment l’Afrique du Sud, Madagascar et le Lesotho, qui ont été imposés respectivement de 30%, 47% et 50% de droits de douane sur leurs exportations aux Etats-Unis. Même si elles sont suspendues pour 90 jours, ces taxes sonneraient certainement l’interruption d’une dynamique commerciale qui s’est établie depuis 25 ans entre les Etats-Unis et certains pays africains.

Au-delà de leurs effets sur les échanges commerciaux, ces tarifs bouleverseraient aussi la répartition géographique des investissements directs étrangers, qui fuiront sans doute les pays qui se sont vu infliger les droits de douane les plus élevés, engendrant ainsi des pertes d’emplois et des problèmes économiques conséquents. Plus grave encore, l’effet Trump sera beaucoup plus pronon- cé sur les pays africains à travers la suspension de l’aide publique au développement et le retrait des Etats-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dès son investiture, le nouveau président américain a gelé toutes les activités de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID). L’arrêt imminent de nombreux projets de l’agence mettent en péril plusieurs secteurs : santé, éducation et agriculture.

Rappelons qu’en 2024, neuf des quinze principaux bénéficiaires du financement de l’USAID étaient des pays africains, avec une enveloppe de 11,5 milliards de dollars. De même, le retrait américain de l’OMS ne fera qu’empirer la situation humanitaire, avec des milliers de programmes de recherche suspendus.

Mais le temps de l’aumône n’est-il pas révolu pour un continent, piégé dans une situation de dépendance qui contraste tant avec l’abondance de ses ressources humaines et naturelles ?

En l’absence d’une réelle volonté des pays africains de renforcer leur coopération et d’unir leurs efforts, le diktat de Trump, et de bien d’autres prédateurs, fera la pluie et le beau temps sur le continent. « Les forts font ce qu’ils peuvent et les faibles subissent ce qu’ils doivent », nous alertait déjà il y a des siècles l’historien grec Thucydide.

Par Lamia Jaidane-Mazigh

Cette analyse est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin  n 919 du 7 au 21 mai 2025

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Edito: Banques

11. Mai 2025 um 04:37

Avril-mai 2025, où l’on voit fleurir le printemps des banques. Image inversée de celle que renvoie de lui un immense contingent d’entre- prises à l’agonie. Et c’est loin d’être un simple slogan à la gloire des institutions bancaires. Elles viennent, les unes après les autres, de tenir leurs Assemblées générales. Un moment fort de gouvernement d’entreprise, laissant apparaître une véritable mécanique humaine et professionnelle réglée comme du papier à musique.

Présidents de Conseil, directeurs généraux, administrateurs font face à leurs juges, aux sentences glaciales. Les actionnaires, gros et petits, donnent libre cours à leur exercice favori. Ils scrutent et passent au peigne fin les résultats, les ratios, les prévisions et les projections d’avenir de la banque. Rien qui puisse altérer leur humeur et l’idée qu’ils se font de la banque ne leur échappe.

Cérémonial immuable : présentation dans les règles de l’art de l’activité de la banque, revisitée par les récentes innovations technologiques. Ouverture du bal par le président du Conseil, dont on mesure la parfaite maîtrise des arcanes de la banque et du maquis législatif et procédurier. Rien n’est occulté ou déformé. Les moindres détails sont évoqués et portés à la connaissance d’une Assemblée en état d’alerte maximale, si reconnaissante soit-elle par ailleurs. La transparence est de rigueur, sous l’œil vigilant d’actionnaires initiés aux subtilités des chiffres et aux mystères de l’activité bancaire.

Les commissaires aux comptes ne sont pas en reste : impassibles comme ils savent l’être, ils apportent leur caution et leur onction, mais non sans s’interdire de formuler au passage réserves et recommandations. En la matière, ils jouent gros. Ils engagent plus que leur réputation, leur propre responsabilité. La loi est ainsi faite, elle incrimine le moindre écart et toute forme de complaisance, aussi minime soit-elle. La voie est ainsi balisée pour le DG, le timonier du vaisseau bancaire. Le plus dur reste à faire : présenter et justifier résultats, stratégies, prévisions et projections lointaines. Il doit avoir réponse à tout, face à l’immanquable rituel de la montée des questions et questionnements de la salle qui apostrophe, interpelle souvent sans ménagement toutes les parties prenantes. Il n’est pas rare qu’elle parvienne, à force de détermination, à renverser la table et à décider autrement du sort et du montant des dividendes, principal enjeu d’actionnaires aux revendications tranchées et sans concession.

Epreuve difficile, pénible même, où les dirigeants sont moins encensés qu’obligés de se justifier et de convaincre. Mais bel exercice pour autant de démocratie économique propre à toutes les banques de la place, dont seule la sincérité vaut quitus. Elles sont loin d’évoluer en terrain conquis chez leurs propres actionnaires, aux légitimes attentes, ou auprès des clients, qui sont pourtant fortement sollicités, courtisés, voire adoubés, si l’on en juge par les valeurs portées et défendues par les banques. Ces derniers ont une tout autre résonance du slogan : « Les clients sont rois ». Que n’ont-ils dit au sujet des banques, avec pour ultime reproche qu’elles prospèrent sur les ruines des PME/PMI ! Celles-ci, et pas qu’elles seules, donnent à penser qu’elles sont perçues moins comme partenaires et davantage comme concurrents qu’il faut presser au plus fort pour faire monter le curseur des bénéfices qui font, il est vrai, pâlir d’envie la cohorte des entreprises qui luttent pour leur survie.

L’idée que les banques seraient plus enclines à voler au secours de l’Etat qu’à porter assistance aux entreprises en danger n’est pas dénuée de fondement.

L’idée que les banques seraient plus enclines à voler au secours de l’Etat qu’à porter assistance aux entreprises en danger n’est pas dénuée de fondement. Financer l’économie, en ces temps de morosité et de crise économique larvée ou réelle, expose les banques à des risques aux antipodes des bénéfices garantis générés par les souscriptions de bons du Trésor ou d’emprunts obligataires émis par la puissance publique. L’Etat, jamais rassasié à cause de son déficit fi nancier abyssal, rafle la mise, au point de vampiriser les entreprises et de priver l’économie de liquidité. Il a mieux à faire pour financer ses dépenses courantes que d’asphyxier l’économie et de priver les entreprises d’oxygène par effet d’éviction. On attend de lui qu’il relance les investissements d’avenir, stimule les investissements privés et libère au final l’ensemble des leviers de la croissance.

Les banques ne sont pas pleinement dans leur rôle quand elles s’installent dans leur zone de confort avec la complicité de l’Etat qui se sert d’elles comme d’une bouée de sauvetage. Comment s’en sortir ? Le pourraient-elles ? Le voudraient-elles ? Seule certitude, sans le concours et l’engagement des banques aux côtés de l’Etat tant en monnaie locale qu’en apport en devises, l’histoire aura été écrite autrement. Nos banques ont puisé dans leurs réserves et se sont substituées aux bailleurs de fonds étrangers quand ces derniers nous ont tourné le dos. Elles ont fait voler en éclats le spectre du défaut de paiement. Le concours à l’économie s’en est ressenti surtout pour les ménages et les entreprises offrant peu de garantie.

Leur engagement pour cause d’utilité publique et de devoir national les honore, mais elles n’en restent pas moins des banques, soumises à des impératifs financiers.

Leur engagement pour cause d’utilité publique et de devoir national les honore, mais elles n’en restent pas moins des banques, soumises à des impératifs financiers. Elles ont une obligation de résultat. Elles seront lourdement sanctionnées si les profits, signe de bonne gouvernance dans un marché concurrentiel, ne sont pas au rendez-vous. Et elles ne sont pas les seules à bénéficier de cette manne. L’Etat, plus que les actionnaires, reprend d’une main sous forme d’impôts ce qu’il donne de l’autre, en contrepartie de ce que lui coûtent ses emprunts à répétition.

Il serait inimaginable et contraire à toutes les règles et lois de la gouvernance que les banques n’affichent pas des résultats à la hauteur de leur performance, de leur professionnalisme, de la pertinence de leurs choix et de leurs décisions. Elles sont les plus assujetties à l’impôt et ne cherchent nullement à s’y dérober. De surcroît, leur implication dans la RSE les exonère de tout reproche. Elles ont d’autant plus de mérite qu’elles sont soumises à des contraintes qui relèvent plus de l’ingérence dans leur gestion que de nécessaires règles prudentielles : abandon de 50% sur les taux d’intérêt fixes à plus de 10 ans ; ponction de 8% de leur bénéfice au profit de faibles crédits sans garantie et à taux zéro. Rien de moins qu’un prélèvement supplémentaire qui n’ose pas dire son nom, avec pour effet de provoquer une saignée dans leurs comptes. Il n’y a pas d’équivalent de ces mesures dans le monde. Si le souci d’équité prime dans le second cas, il en va différemment dans le premier: les bénéficiaires ne sont pas tous à plaindre.

Attention danger : à force de trop tirer sur la corde, elle fi nit par se rompre. Que serait, que deviendrait notre économie, si les banques perdaient pied et révélaient une réelle fragilité sous l’avalanche de prélèvements et de ponctions en tout genre ?

Attention danger : à force de trop tirer sur la corde, elle fi nit par se rompre. Que serait, que deviendrait notre économie, si les banques perdaient pied et révélaient une réelle fragilité sous l’avalanche de prélèvements et de ponctions en tout genre ? Il ne peut y avoir d’économie en croissance forte et durable sans un secteur bancaire sain et en pleine confiance. Déjà, l’étroit corset législatif les prive d’initiative. Au surplus, les contraintes d’un autre âge qui leur sont imposées ne leur permettent pas de se positionner aujourd’hui à l’avant-garde des banques de la région. Et ce n’est pas faute d’ambition, d’esprit d’ouverture, d’appétence pour le changement si elles ne figurent pas au-devant de la scène africaine. Notre législation bancaire, notre système de change hérité du passé, inhibent plus qu’ils n’incitent. Ils constituent un frein à l’innovation, à l’ouverture, au développement et à leur capacité disruptive.

Leur réussite les expose à de virulentes critiques, voire à la vindicte populaire. Elles ont du mal – c’est génétique à convaincre, en dépit de leur sollicitation et de l’effort de conquête de sympathie nationale

Leur réussite les expose à de virulentes critiques, voire à la vindicte populaire. Elles ont du mal – c’est génétique à convaincre, en dépit de leur sollicitation et de l’effort de conquête de sympathie nationale. Dire que dans les moments les plus difficiles, elles se sont rangées sous la bannière de l’Etat ! Elles étaient le meilleur garant de notre sécurité et souveraineté nationales. Elles ont évité au pays, resté droit dans ses bottes, un désastre économique et une tragédie financière. Ailleurs, elles auraient eu droit à une infinie reconnaissance et seraient élevées au rang de « meilleure institution » de l’année, suprême consécration.

Il n’est jamais trop tard pour qu’aux grands et fidèles serviteurs du pays, au patriotisme chevillé au corps, la nation soit reconnaissante.

Cet édito est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n° 919 du 7 au 21 mai 2025

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Habib Ammar, candidat au poste de SG de l’ONU Tourisme : « Je souhaite porter une vision engagée d’un tourisme responsable, moteur de croissance économique, de développement inclusif et de durabilité environnementale »

10. Mai 2025 um 11:06

Il a tous les attributs pour prétendre au poste de SG de l’ONU Tourisme. Habib Ammar, on l’aura deviné, s’y est pleinement investi tout au long d’une carrière en tout point réussie. Il s’est construit très tôt une vision globale, mercantile certes, mais profondément humaine du secteur. Il connait et maitrise l’ensemble des ressorts, économiques, sociaux, sociologiques, financiers, psychologiques et humains. Il sait ce que le tourisme signifie et ce qu’il représente, notamment pour les pays en développement qui aspirent à rejoindre le banquet mondial : rien de moins que le cœur battant de leurs économies. Il a aussi et surtout une conscience aiguë de ce que doit être le tourisme : un facteur de paix, de solidarité, d’amitié et de stabilité dans le monde.

Candidat de la Tunisie au poste de SG de l’ONU Tourisme, il affirme vouloir porter une vision engagée d’un tourisme responsable, moteur de croissance économique, de développement inclusif et de durabilité environnementale. En clair, il ne plaide pas que pour notre chapelle, il se fait le messager de tous, voulant ainsi donner aux sans-voix droit au chapitre. Il veut se faire l’avocat des pays privés de moyens financiers, alors que la nature les a dotés de véritables édens qui feront exploser l’activité touristique.

La candidature de Habib Ammar, africain convaincu, est des plus sérieuses. Elle est appuyée comme il se doit par le ministère des Affaires étrangères et de la Migration, qui s’est mobilisé pour la cause. Une candidature, pertinente et légitime, rien qu’à l’énoncé du programme, on ne peut plus convaincant,  concocté par le candidat à cet effet.

Ecoutons-le.

 

Q’est-ce qui justifie ou légitime votre candidature ? 

Pour répondre à votre question, qui est très pertinente, je dirais qu’il ne s’agit pas de la candidature de la personne de Habib Ammar, mais de celle d’un haut cadre du tourisme tunisien, que je suis – et il y en a d’autres. A travers moi, c’est tout le pays et, surtout, c’est tout le secteur touristique tunisien, qui a 60 ans d’existence aujourd’hui, qui se porte candidat. C’est aussi une forme d’hommage fut-ce à titre posthume à tous les pionniers qui ont eu l’intelligence du moment de bâtir un secteur par la seule force des bras et de leur patriotisme. C’est une expérience extrêmement originale. Nous avons été les pionniers en Méditerranée du Sud dans le domaine du tourisme, suivis par beaucoup d’autres pays, il ne faut pas l’oublier. Nous avons été les premiers à investir dans le secteur. Toute l’infrastructure touristique de notre pays a été créée par des Tunisiens et avec des Tunisiens, qui n’avaient, à l’époque, ni connaissance ni formation dans le secteur du tourisme.

 

Pour un pays qui venait d’avoir son indépendance, on comprend que c’était quelque part une expérience inédite.

En effet. Et c’est un point très important. Pourquoi ? Parce que c’est un pays qui, au lendemain de son indépendance, s’est débarrassé de ses complexes pour se mettre au travail, d’une manière souveraine, avec, en ligne de mire, sa croissance économique à travers, notamment, le tourisme.

Il faut savoir qu’au départ, nous n’avons pas fait appel à des chaînes hôtelières européennes pour venir s’installer chez nous. Non. Ce sont des promoteurs tunisiens, sans aucune formation en matière de tourisme, qui ont bâti, avec l’Etat, les premières unités hôtelières. C’est très important à rappeler.

Et comme je le dis toujours, une destination touristique, ce n’est pas simplement des infrastructures touristiques. C’est avant tout la capacité de la population locale à bien accueillir les autres. On peut avoir les plus belles infrastructures du monde, si vous n’avez pas la capacité d’accepter l’étranger, avec sa culture, ses différences, cela ne fonctionnera jamais. C’est là une des spécificités du Tunisien. Le Tunisien est ouvert à l’autre, aux autres cultures.

Pour revenir un peu à votre candidature, en quoi le poste de secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme peut-il aider à promouvoir le tourisme en général, et le tourisme tunisien en particulier ?

Candidater à ce poste, c’est reconnaitre l’expérience tunisienne dans le domaine. En tant que Tunisien, ce qui me motive le plus, c’est reconnaître l’expérience tunisienne comme une expérience phare dans le développement touristique. C’est un hommage, encore une fois, aux bâtisseurs du tourisme en Tunisie, à tous ceux qui ont joué un rôle dans cette aventure.

N’oublions pas aussi que lorsqu’on parle de l’ONU Tourisme, on parle d’une organisation onusienne de premier plan. C’est une structure qui gère un secteur très spécifique, un secteur qui est en train de traverser des mutations très profondes par rapport aux décennies écoulées.

Ces mutations sont d’abord d’ordre démographique. Ce qui nécessite une adaptation de toutes les entreprises touristiques. Il y a tout d’abord le vieillissement de la population pour lequel il faut se préparer, avec une nouvelle forme de tourisme, très spécifique. Il y a aussi la génération Z,  qui est très connectée. Ce sont des jeunes nés entre 1997 et 2012 et qui représentent aujourd’hui 33% de la population mondiale.

Cette nouvelle génération n’est pas très attirée par les packages des tour- opérateurs. Elle est plus connectée sur les voyages immersifs. Et la troisième chose, c’est cette classe moyenne, dont le nombre augmente de plus en plus. Au niveau international, elle comptera environ 5,3 milliards d’ici 2030. C’est une nouvelle demande qui est en train de bouleverser l’industrie du tourisme.

Ce sont là quelques exemples qui nous rappellent que le secteur du tourisme doit s’adapter. Les destinations doivent repenser leurs infrastructures et services afin de répondre aux nouveaux besoins. C’est là un des chantiers sur lesquels il faut travailler pour promouvoir le tourisme. Mais il y en a d’autres. Il y a tout d’abord le problème de la saturation de certains sites emblématiques. Là, on parle de sur-tourisme, d’un afflux excessif de touristes au point de nuire à la qualité de vie des résidents et à l’expérience des visiteurs.

Pour cela, on peut citer l’archipel des Baléares en Espagne, où il y a eu des manifestations pour demander l’arrêt de l’afflux des touristes, de Venise, une ville de 260 000 habitants, qui reçoit chaque année 5,7 millions de touristes, le Mont Fuji au Japon, classé patrimoine mondial de l’UNESCO et qui est menacé d’érosion à cause de la sur-fréquentation touristique.

Et l’autre grand défi sur lequel il faut travailler, c’est la digitalisation de la compétitivité. Le tourisme est en train de vivre sa révolution digitale et numérique. C’est comme pour toutes les industries. On parle désormais de l’industrie 4.0, avec une technologie numérique qui gère quasiment tous les process. La même révolution est en train de se passer pour le tourisme. On parle désormais de l’expérience immersive et de l’hyperpersonnalisation. Jusque-là, des tour-opérateurs, avec des packages, géraient le secteur.

Mais les temps ont changé. Aujourd’hui, on est face à la réalité virtuelle. On peut, désormais, de son bureau, avec votre ordinateur, visiter la destination choisie, des musées, avant même de s’y rendre. A cela, il faudra ajouter l’intelligence artificielle. On parle désormais de l’analyse des données comportementales. Cela va permettre de personnaliser l’offre. On est donc loin des packages traditionnels. Ce sera, désormais, des voyages taillés sur mesure.

Ce sont donc de grandes opportunités pour le tourisme, mais aussi de nouveaux défis, notamment en matière d’éthique et de protection des données. Il y a en effet ce risque, mais il y a aussi celui d’être face à un secteur à deux vitesses. Avec le développement de ces nouvelles technologies, seules les grandes entreprises auront les moyens de le faire. Les PME n’auront plus leur place. Or, il ne faut surtout pas en arriver là. Il ne faut surtout pas que le software devienne l’apanage des grandes entreprises. Cela va encore plus creuser l’écart entre les pays développés, qui maîtrisent ces technologies, et les pays en voie de développement, qui ne les maîtrisent pas encore.

Il y a enfin un autre défi à surmonter, le plus important, celui de la résilience ou de la transition vers un tourisme durable. Pour ce qui est de la résilience, le secteur du tourisme a toujours eu cette étiquette, celle d’être un secteur sensible, fragile, confronté aux aléas économiques, politiques, sécuritaires, sanitaires. Mais à y voir de plus près, cela se passe sur le court terme. Si on prend l’exemple de la Tunisie, en 15 ans, nous avons connu trois grandes crises. Au lendemain de la révolution de 2011, avec moins 40% d’activités. Deux ans après, nous avons repris. Il y a eu ensuite les attentats de 2015, avec une baisse drastique. Nous avons pu reprendre nos activités trois ans après. Puis, la pandémie de Covid-19, qui a mis tout le monde à genoux. Mais là aussi, le secteur s’en est remis et a repris.

Maintenant, pour ce qui est du problème de la durabilité, il y a  trois volets : environnemental, économique et social et culturel.

Pour le volet environnemental, certains chiffres font froid dans le dos. Le tourisme a généré environ 6,7% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2023. Il y a aussi le transport aérien, qui est énergivore. Tout cela pour dire que  le secteur est à la fois pollueur, donc victime de sa propre pollution, mais victime également de la pollution des autres secteurs. C’est un phénomène qui menace la viabilité même du secteur et qui pose de vrais problèmes dans certaines régions fortement dépendantes du tourisme.

Un petit exemple : celui des Alpes, en France, où se pratique le tourisme de montagne et de ski. Si la tendance d’effet de serre continue, ces montagnes peuvent perdre jusqu’à 80% de leur couverture neigeuse d’ici 2100. De  même pour les produits balnéaires. Les Iles Maldives, où le tourisme a constitué 18,7 du PIB en 2020, risquent une submersion totale d’ici 2100. Mais n’oublions pas aussi nos plages. Elles sont en train de faire face à une érosion côtière énorme.

Tout cela relève de la responsabilité de l’ONU Tourisme, dont le rôle est de sensibiliser à tous ces phénomènes, d’assister, de concevoir des politiques de décarbonation des différents secteurs, et pas seulement celle du tourisme… L’objectif fixé aujourd’hui, c’est que, d’ici 2030, les émissions de gaz à effet de serre du secteur doivent baisser de 50%.

 

Les quatre défis que vous venez de présenter c’est, quelque part, l’ossature de votre programme.

Il est à la base du constat que je viens de faire. C’est une vision ambitieuse pour faire du tourisme un moteur de développement durable et de prospérité mondiale. C’est un programme qui repose sur sept priorités stratégiques :

Première priorité : Assurer une gouvernance inclusive en vue d’assurer une prise de décision équitable et représentative de tous les membres de l’ONU Tourisme. Une attention particulière sera accordée aux pays les moins développés et aux petits États insulaires. Pour cela, nous proposons l’organisation d’un Forum mondial annuel du Tourisme, avec des recommandations concrètes : création de conseils consultatifs régionaux pour garantir une participation équilibrée des membres ; mise en place d’une plateforme interactive pour recueillir les retours en temps réel des États membres et des acteurs privés.

Deuxième priorité : Développer un tourisme durable et responsable pour en faire un moteur de croissance respectueux de l’environnement et des communautés locales. Ainsi, les actions de l’ONU Tourisme seront alignées sur les Objectifs de Développement Durable (ODD), en favorisant l’écotourisme et l’autonomisation des communautés locales. Pour cela, nous allons plaider pour la création d’un Fonds Vert qui financera des projets durables dans les régions vulnérables. Nous allons aussi développer des modèles d’écotourisme adaptés aux contextes culturels et environnementaux des pays émergents.

Troisième priorité : Réduire la fracture numérique et accélérer la transition digitale du secteur. L’intelligence artificielle, le big data et les plateformes de tourisme intelligent seront au cœur de la modernisation du secteur. Une attention particulière sera portée aux pays en développement et au continent africain.

Pour cela, nous allons travailler pour la création d’un accélérateur numérique du tourisme pour financer l’adoption technologique dans les pays en développement. Nous veillerons, par ailleurs, à la collaboration avec les grandes entreprises technologiques pour offrir des solutions accessibles et abordables aux acteurs du tourisme. 

Quatrième priorité : Renforcer la formation et l’éducation aux métiers du tourisme pour les nouvelles générations et ce, à travers le développement de l’expertise locale, la mobilisation de ressources financières et le partage des connaissances. Pour cela, nous œuvrerons pour la création d’une Académie mondiale du Tourisme ou pour des centres de formation régionaux qui offriront des formations adaptées aux régions sous-représentées. Des bourses et des programmes d’échange pour les étudiants et professionnels des pays en développement seront mobilisés.

Cinquième priorité : Améliorer la résilience du secteur et ses mécanismes de gestion des crises à travers la mise en place de stratégies au profit des Etats membres pour faire face aux crises sanitaires, climatiques ou économiques.  Pour cela, nous allons plaider pour la mise en place d’un Fonds d’urgence pour aider les économies sinistrées dépendantes du tourisme.

Sixième priorité : accorder plus de transparence et de rigueur dans la gestion de l’organisation.

L’ONU Tourisme adoptera des normes strictes de transparence et de responsabilité à travers le renforcement et la modernisation des outils de contrôle, de suivi et de formation des cadres. Pour cela, il y aura un tableau de bord des performances pour suivre et publier l’impact des actions de l’organisation, qui garantira une gestion efficace et équitable. 

Septième priorité : Promouvoir la diversité et l’égalité des opportunités dans le secteur touristique. Il s’agit de faire du tourisme un levier d’autonomisation des femmes, des jeunes et des populations marginalisées. On œuvrera pour cela lors  du lancement du Programme mondial pour l’équité dans le tourisme, avec bourses, mentorats et financements et lors du lancement d’un programme « Femmes, leaders du tourisme» pour encourager le leadership féminin. Dans le même sens, une initiative sera lancée pour favoriser l’emploi des jeunes dans les métiers du tourisme.

Un programme ambitieux. Mais avant de vous lancer, avez-vous  procédé à quelques consultations avec les pays frères et amis pour appuyer un peu cette candidature ?

Cela relève beaucoup plus de la diplomatie tunisienne. Je suis le candidat de la Tunisie en tant que compétence formée dans le secteur.

Maintenant, voilà comment cela se passe : trente-cinq pays forment le Conseil exécutif. C’est là où se déroule le premier vote. C’est celui qui obtient la majorité simple qui sera recommandé à l’Assemblée générale de l’ONU Tourisme, qui se tiendra à Riyad en novembre prochain. C’est elle qui validera.

Voilà un peu le process. Mais pour revenir à votre question, le plus important, c’est que je sois le candidat de la Tunisie. Notre pays va présenter l’une de ses compétences.

 

Précisément, que peut-on savoir sur le candidat Habib Ammar ?

En 1995, c’est au cabinet du ministre du Commerce, puis au cabinet du ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME, que j’ai consolidé mon expertise en matière de gestion économique et de leadership. En 2005, j’ai intégré le ministère du Tourisme en tant que responsable du Programme national de la mise à niveau touristique, avant d’être nommé directeur de cabinet du ministre du Tourisme en 2008, avec un rôle clé : l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies nationales de développement touristique, notamment en présidant le comité de pilotage de l’étude « le tourisme tunisien à l’horizon 2016 », menée par le bureau d’études Roland Berger.

J’ai été ensuite directeur général de l’Office national du tourisme tunisien à une période extrêmement difficile, de 2010 à 2014, avec comme mission de mener une stratégie de diversification de l’offre touristique tunisienne qui dépasse le modèle balnéaire traditionnel. Ma mission était de développer de nouveaux segments à forte valeur ajoutée tels que le tourisme médical, golfique, culturel, de congrès, de bien-être…

Ensuite, en tant que président-directeur général du Groupe touristique Sousse Nord – El Kantaoui, j’ai lancé plusieurs actions structurantes qui ont permis la modernisation et la digitalisation de la gestion des infrastructures de la station touristique, de son port de plaisance et de l’ensemble des sociétés filiales du Groupe. Cette approche a permis de consolider la renommée méditerranéenne de cette destination phare du tourisme tunisien. C’était en 2015, au lendemain des attentats terroristes de Sousse.

En 2020, mon parcours a été couronné par ma nomination en tant que ministre du Tourisme et ministre de la Culture par intérim. C’était en pleine crise sanitaire de la Covid. On parle là des deux ministères les plus impactés par cette pandémie. Cela m’a donné, quand même, une bonne expérience en termes de gestion de crise.

 

Un mot pour conclure, pour résumer votre programme et votre vision pour l’ONU Tourisme.

Je dirais que les mutations que le secteur est en train de connaître nécessitent une stratégie qui doit être collective, qui implique tout le monde : gouvernements, entreprises, citoyens, associations professionnelles…

Mais l’ONU Tourisme a un rôle important, essentiel à jouer dans cette mutation qualitative du tourisme international, celui de coordonner, de conseiller, d’orienter, de sensibiliser, d’assister et d’informer les pays membres. Pour être efficace, l’ONU Tourisme est appelée à renforcer son partenariat avec d’autres agences spécialisées de l’organisation : ONUDI, PNUD, etc.

Un dernier mot. Aujourd’hui, on s’approche de la fin de l’agenda 2030. Le prochain mandat d’ONU Tourisme, c’est 2026-2029. Donc, il y a nécessité d’entamer, dès à présent, la réflexion sur la période post-agenda 2030. Et dans cette tâche, l’ONU Tourisme doit être précurseur. C’est dès maintenant qu’il faut réfléchir, parce que le tourisme est l’un des secteurs les plus menacés.

Il ne faut pas oublier que le tourisme est l’un des piliers de l’économie mondiale. C’est l’un des secteurs les plus dynamiques et les plus influents.

Selon l’ONU Tourisme, en 2024, le PIB direct issu du tourisme va représenter 3% du PIB mondial. Si on ajoute l’effet indirect, l’effet induit, le tourisme représentera 10% du PIB mondial. Le secteur a généré plus de 348 millions d’emplois à travers le monde, soit 1 emploi sur 10 environ. Les recettes du tourisme international ont atteint près de 1 600 milliards de dollars en 2024. À cela, s’ajoute l’effet de synergie sur d’autres secteurs : le commerce international, le transport aérien, les loisirs, la restauration, l’industrie, les services, l’artisanat, etc.

Le tourisme est, par ailleurs, et c’est très important, un secteur à très fort potentiel de croissance. Le nombre d’arrivées des touristes internationaux atteindra 1,8 milliard d’ici 2030, selon les projections de l’ONU Tourisme faites avant la Covid-19. Ce sera probablement plus de 1,8 milliard d’ici 2030.

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Cette interview est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n° 919 du 9 au 23 mai 2025

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Guerre des gazoducs au Maghreb : où en sont les deux projets rivaux ?

10. Mai 2025 um 10:46

Engagés dans une guerre de gazoducs pour relier les réserves du Nigeria au marché européen, l’Algérie et le Maroc ne manquent pas d’atouts pour remporter ce mégaprojet. Explications. 

Coup dur pour le projet algérien de gazoduc transsaharien dans la bataille énergétique qui se joue entre Alger et Rabat, alors que les deux frères ennemis du Maghreb s’affrontent durement autour de deux projets concurrents visant à acheminer le gaz du Nigeria vers l’Europe. Le premier, porté par Alger, suit un tracé de 4 128 kilomètres en transitant par le Niger sur environ 841 km. Le second, défendu par Rabat, vise à relier le Nigeria à l’Europe via la côte atlantique ouest-africaine. Long de 5 660 kilomètres, ce gazoduc partira de Dakhla pour se connecter au réseau nigérian, avant de remonter vers l’Europe en traversant 13 pays africains.

Volte-face

En effet, selon les dernières nouvelles, et alors que les partenaires Algérie/Niger/Nigeria ont formalisé leur engagement par des accords bilatéraux et des protocoles techniques – dotant l’initiative d’un socle institutionnel robuste, d’autant plus  qu’Alger bénéficie d’un réseau d’infrastructures existantes déjà facilitant le raccordement aux terminaux méditerranéens -, le Niger a officiellement suspendu, jeudi 8 mai, sa participation à ce projet titanesque porté par l’Algérie et conçu pour transporter jusqu’à 30 milliards de m³ de gaz par an vers l’Europe. Et ce, dans un contexte de climat tendu entre Niamey et Alger, marqué notamment par l’affaire du drone malien abattu par l’armée algérienne.

Cet incident a entrainé la détérioration des relations diplomatiques entre Alger et le Mali, le Niger, le Burkina Faso, trois pays africains réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) et déclenché une réaction diplomatique en chaîne, marquée notamment par des rappels d’ambassadeurs et des fermetures d’espaces aériens.

Un soutien émirati de poids

En revanche, le projet concurrent de gazoduc entre le Nigeria et l’Europe via le Maroc vient d’enregistrer un soutien de poids. En effet, la ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, a révélé lundi 5 mai devant le Parlement que les Émirats arabes unis contribueront au financement du chantier estimé à 25 milliards de dollars, aux côtés de partenaires tels que la Banque européenne d’investissement, la Banque islamique de développement et le Fonds de l’OPEP.

La ministre a par ailleurs confirmé l’attribution d’un contrat à la société chinoise Jingye Steel Group pour la fourniture des conduites. Elle a précisé que le Maroc a finalisé toutes les études de faisabilité et d’ingénierie.

Défis majeurs

La contribution des Émirats au financement du projet gazoduc Maroc Europe marocain lui redonnera-t-elle un second souffle ? Rappelons à cet égard que la décision finale d’investissement pour ce projet a été reportée à début 2026 pour plusieurs facteurs.

D’abord, certaines études techniques, notamment celles concernant les tronçons les plus sensibles du tracé, n’ont pas encore été finalisées.

Ensuite, le budget initial du projet, estimé à 25 milliards de dollars, a été revu à la hausse, dépassant désormais les 30 milliards de dollars.

Enfin, le fait que le projet marocain traverse plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Nord implique des défis diplomatiques et logistiques considérables, notamment la coordination entre ces nations, la sécurisation des contrats, ainsi que la mobilisation des financements.

À tous ces obstacles, s’ajoute une difficulté majeure : l’absence d’engagements fermes de la part d’acheteurs européens, condition essentielle pour garantir la rentabilité du projet. Or, sans ces accords à long terme, aucun investisseur ne s’engagera sur un chantier de cette ampleur.

Les atouts de l’Algérie

Par contre, le gazoduc transsaharien, projet lancé dès les années 1980 mais relancé en force ces dernières années par Alger, dispose déjà d’un vaste réseau de gazoducs, d’unités de compression, de stations de transit, ainsi que d’un accès direct aux marchés européens via ses terminaux en Méditerranée.

Au final, le gazoduc transsaharien, avec ses accès directs vers l’Italie et l’Espagne, présente un profil bien plus attractif. Cependant, la décision soudaine du Niger de suspendre sa participation au projet porté par l’Algérie pourrait ralentir momentanément son avancement, mais sur le long terme, ce partenaire essentiel, sur lequel transitent environ 841 km de pipelines, finira par privilégier ses intérêts économiques à la solidarité politique avec les pays voisins du Sahel. Realpolitik oblige.

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ECLAIRAGES – Tunisie – Inflation : Une relecture augmentée de l’indice des prix à la consommation

08. Mai 2025 um 06:12

Au mois d’avril 2025, le taux d’inflation a enregistré une légère baisse, atteignant 5,6 % contre 5,9 % en mars. Bien que cette diminution soit un signe encourageant, elle demeure préoccupante, restant au-dessus des niveaux historiquement considérés comme acceptables dans de nombreuses économies développées. Cette situation complexe mérite une relecture augmentée, pour explorer les divers secteurs impactés par cette dynamique des prix, et des implications pour l’économie et les consommateurs.

 

Inflation

Le secteur alimentaire : pression persistante

La hausse des prix des produits alimentaires, qui s’élève à 7,3 %, continue d’inquiéter les ménages, notamment ceux à faibles revenus. Les augmentations spectaculaires des prix des légumes frais (+24,3 %) et des fruits (+19,2 %) révèlent une pression de plus en plus forte sur l’approvisionnement.

Commentaires :

  • Ces hausses peuvent être attribuées à des conditions climatiques défavorables, à des problèmes logistiques causés par des ruptures d’approvisionnement ou à des augmentations des coûts de production.
  • Paradoxalement, certaines denrées comme les huiles alimentaires ont enregistré une baisse significative de 20,9 %.
  • Cette situation souligne la volatilité inhérente aux marchés agricoles, où les fluctuations de l’offre et de la demande peuvent avoir des répercussions rapides et profondes sur les prix.
  • La stabilisation observée des prix alimentaires en avril, avec des baisses notables sur certains produits (œufs, légumes frais), pourrait indiquer un ajustement nécessaire après des hausses excessives.
  • Toutefois, cette instabilité reste préoccupante car elle peut entraîner des choix alimentaires difficiles pour les consommateurs. En effet, cette volatilité peut inciter les ménages à modifier leurs habitudes de consommation, se tournant vers des produits moins chers ou moins nutritifs. Cela exacerbe les problèmes de santé publique et de nutrition, en particulier dans les groupes les plus vulnérables.

Les produits manufacturés : une pression sur les coûts

Dans le secteur manufacturé, les prix ont augmenté de 5,2 % avec une concentration notable dans l’habillement et les chaussures, où les prix ont grimpé de 9,5 %.

Commentaires :

  • Cette hausse pourrait être le résultat d’une combinaison de coûts de production accrus, notamment liés aux matières premières, à la main-d’œuvre et aux frais de transport.
  • Par ailleurs, la reprise de la demande post-pandémique a également contribué à augmenter la pression sur les prix.
  • Les consommateurs, après des périodes de restrictions, sont maintenant désireux de consommer. Ce qui, couplé à des chaînes d’approvisionnement encore fragiles, crée une situation où les prix continuent d’augmenter.
  • La capacité des consommateurs à absorber ces prix plus élevés dépendra de leur situation financière et de la confiance en l’économie. Une demande soutenue pourrait encourager les entreprises à augmenter davantage leurs prix, tandis qu’un retournement économique pourrait inverser cette tendance.
  • Cette dynamique met également en lumière la nécessité d’une transparence accrue de la part des entreprises concernant les raisons des augmentations de prix, car la confiance des consommateurs pourrait être affectée par des hausses jugées injustifiées.

 Services : une reprise énergique

Le secteur des services, notamment dans le domaine des restaurants, cafés et hôtels, a connu une hausse des prix de 11,5 %.

Commentaires :

  • Cet essor peut être attribué à un retour à la normale après les restrictions liées à la pandémie. Cependant, cette situation soulève des questions sur la durabilité de cette demande.
  • Les entreprises de ce secteur, qui ont été sévèrement touchées par la crise sanitaire, tentent de compenser les pertes subies au cours des dernières années. Cela peut les amener à adopter des pratiques tarifaires qui, tout en cherchant à couvrir les coûts accrus, pourraient dissuader une partie de la clientèle.
  • Il est remarquable de noter que cette hausse des prix dans les services peut avoir des effets d’entraînement sur d’autres secteurs de l’économie. Par exemple, si les consommateurs doivent dépenser plus pour se restaurer ou se divertir, cela pourrait réduire leur pouvoir d’achat pour d’autres biens et services.
  • Ce phénomène pourrait aggraver la pression inflationniste, créant un cercle vicieux difficile à briser.

L’inflation sous-jacente : un indicateur avancé, un signal d’alerte

Une attention particulière doit être portée à l’inflation sous-jacente, qui a légèrement diminué à 5,5 %, contre 5,7 % précédemment. Cette mesure, qui exclut les éléments volatils comme les produits alimentaires et l’énergie, indique une certaine stabilisation dans d’autres secteurs.

Commentaires :

  • L’augmentation des prix des produits libres (+6,8 %) comparativement aux produits encadrés (+1,7 %) suggère que les consommateurs continuent de faire face à des pressions sur les prix. Cette distinction pourrait guider les décideurs vers des mesures plus ciblées pour protéger les consommateurs vulnérables, en particulier ceux qui consacrent une part importante de leur revenu aux produits de base.
  • L’inflation sous-jacente est un indicateur avancé pour les banques centrales, en l’occurrence pour la BCT, car elle reflète les tendances inflationnistes sous-jacentes dans l’économie. Une inflation sous-jacente élevée pourrait inciter les autorités monétaires à revoir leur politique et envisager des hausses des taux d’intérêt. Ce qui pourrait avoir des répercussions sur la croissance économique.

Perspectives : naviguer dans un environnement complexe

En premier lieu, à l’horizon, le paysage économique reste incertain. Les prévisions des économistes et autres analystes indiquent que les prix pourraient continuer à fluctuer en raison de divers facteurs, notamment les conditions climatiques, les tensions géopolitiques et les politiques commerciales.

  • La BCT, face à cette situation, pourrait être amenées à ajuster sa stratégie monétaire. Pour autant, une éventuelle hausse des taux d’intérêt pour contrer l’inflation doit être maniée avec précaution, car elle pourrait freiner la reprise économique en cours.
  • L’équilibre entre la nécessité de maîtriser l’inflation et celle de soutenir la croissance sera un exercice délicat.

En second lieu, l’inflation persistante risque d’aggraver les inégalités sociales, car les ménages à faibles revenus consacrent une part disproportionnée de leur budget aux produits de première nécessité.

  • À cet égard, des politiques de soutien, telles que des subventions alimentaires ou une aide sociale élargie, pourraient être nécessaires pour atténuer ces effets.
  • Le rôle du gouvernement sera déterminant pour garantir que les mesures prises soient à la fois efficaces et justes, en ciblant les populations les plus touchées d’une part, d’assainir et de fluidifier les circuits de distribution.

En définitive, une stabilisation éclectique

L’indice des prix à la consommation d’avril 2025 dresse un tableau nuancé des défis économiques actuels. Bien qu’une légère baisse du taux d’inflation soit une lueur d’espoir, les pressions toujours présentes sur les prix des biens essentiels et des services soulignent l’importance d’une approche équilibrée et proactive de la part des décideurs.

Les politiques doivent non seulement viser à contrôler l’inflation, mais aussi à promouvoir une reprise économique durable et équitable. La collaboration entre les secteurs public et privé, ainsi que l’implication des citoyens dans le dialogue sur les politiques économiques, seront essentielles pour faire face à ces défis complexes.

Les prochaines étapes nécessiteront une vigilance continue et une adaptation rapide aux conditions changeantes du marché, afin d’assurer que les bénéfices d’une économie en reprise soient partagés équitablement.

Sources : INS

 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Economie des médias – La presse est aussi une marchandise

07. Mai 2025 um 12:20

Journée de réflexion à l’IPSI au sujet de l’économie des médias. Avec pour objectif essentiel de communiquer l’idée selon laquelle l’étude des médias doit aussi passer par son vécu économique.

Les Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) se nourrissent, par essence, de nombreuses disciplines scientifiques. C’est ainsi que parmi les premiers à avoir traité de sujets relatifs à la communication travaillaient dans des départements des sciences politiques des universités américaines. Le directeur de l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI), le professeur Sadok Hammami, a, par ses paroles, expliqué entre autres le choix opéré, le 6 mai 2025, par son institution d’organiser une rencontre scientifique sur l’économie des médias.

Initiée dans le cadre du Laboratoire de recherche de l’IPSI et de la Commission des études doctorales, la rencontre avait pour objectif essentiel de communiquer l’idée selon laquelle l’étude des médias doit aussi passer par son vécu économique. Les médias sont des entreprises comme les autres qui se doivent de résister à toutes les menaces qui les entourent et gagner de l’argent, sinon elles sont appelées tôt ou tard à disparaître. Et pas seulement un produit culturel.

La journée organisée autour du thème de « L’économie des médias » a, de ce fait, mis en évidence que l’entreprise de presse évolue dans un marché avec une offre et une demande. Et assure un nombre d’activités que tout le monde connaît : la production, la consommation, l’échange et la distribution.

Bilan et compte des résultats

Comme elle fait usage des quatre P du sacro-saint marketing : politique du produit, politique des prix, politique de promotion et politique de distribution (Place en anglais). Son analyse passe par ailleurs par celle de son bilan et de son compte des résultats pour ne citer que ces états financiers.

Intervenant dans une des séances de cette journée, le professeur en sciences économiques, Maher Kassab, a analysé les médias au travers de trois modèles économiques dominants : néoclassiques, alternatifs et critiques.

A coup de milliards

Il nous a appris en étudiant les médias, à travers le moule néoclassique, que les médias ont pour caractéristique « des coûts fixes et des coûts marginaux faibles ». Expliquant, à ce niveau, qu’« une fois produit, un film ne coûte pas, par exemple, rien diffuser ».

Ou encore que « des barrières se dressent face à l’entrée » dans le secteur des médias : de nouveaux acteurs ont toujours des difficultés à intégrer un secteur où on trouve souvent des mastodontes qui ont payé chèrement leur place à coup de milliards. Les médias aux Etats-Unis d’Amérique c’est 2% du PIB.

Une politique publique

D’autres communications traitant donc de la même thématique économique des médias ont peuplé la rencontre de l’IPSI. Dont certaines ont évoqué la nécessité d’une politique publique des médias. Comprenez l’importance que l’Etat, qui s’est désengagé du champ des médias depuis 2011, s’implique en vue d’aider les médias à mieux gérer leur quotidien. Les aides aux médias sont une réalité incontournable dans les régimes démocratiques.

Au travers les résultats d’une récente étude sur ce vécu, Naoufel Berrayane, patron du site Tustex, a notamment relevé l’importance de certaines charges des médias comme les droits de diffusion des radios tunisiennes.

Réseaux sociaux et influenceurs

Cela étant, les médias se doivent d’agir pour améliorer ce vécu. Beaucoup d’entre eux ont des contenus qui ne séduisent pas ; ils sont notamment redondants. Et n’ont pas un « branding », c’est-à-dire des services qui les distinguent des autres médias concurrents.

Autre réflexion largement évoquée : la place sans cesse répondante des réseaux sociaux et des influenceurs, ces personnes qui « influencent l’opinion », et qui font de l’ombre aux médias les concurrençant au niveau des recettes publicitaires.

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Conflit Inde-Pakistan : le pire est à craindre…

07. Mai 2025 um 11:52

En représailles à l’attentat au Cachemire, l’Inde menace de « couper l’eau » des fleuves qui irriguent la province du Pendjab, le cœur agricole du Pakistan. « Un acte de guerre », prévient Islamabad.

Vive inquiétude de la communauté internationale suite à la flambée de violence entre les deux belligérants asiatiques, dotés de surcroit de l’arme atomique. Pour rappel, l’Inde et le Pakistan sont des puissances nucléaires rivales qui se sont affrontées dans trois guerres majeures (1947, 1965, 1971), principalement autour du Cachemire. A savoir une région à majorité musulmane que les deux pays revendiquent depuis la partition de l’Inde en 1947. Un événement historique majeur qui marqua la fin de la domination coloniale britannique en Inde et la naissance de deux nations indépendantes : l’Union indienne et le Pakistan. Une partition traumatisante qui s’est déroulée à l’époque dans un contexte de tensions religieuses, politiques et communautaires dont les blessures, de part et d’autre, sont encore vivaces.

Frappes ciblées

Ainsi, dans la nuit du 6 au 7 mai, la tension est montée d’un cran entre les deux frères ennemis. En représailles à l’attentat du 22 avril qui a tué 26 touristes à Pahalgam, au Cachemire indien-et que New Delhi impute à des djihadistes pakistanais soutenus par Islamabad- l’armée indienne a mené une série de frappes ciblées sur des sites présentés comme des « infrastructures terroristes » au Pakistan et au Cachemire sous administration pakistanaise.

En effet, le ministère indien de la Défense a publié un communiqué à 1h44 du matin pour annoncer que : « Les forces armées ont lancé l’opération Sindoor et frappé des cibles terroristes au Pakistan ainsi que dans la partie du Cachemire occupée par le Pakistan. […] Aucune infrastructure militaire n’a été ciblée. L’Inde a fait preuve d’énormément de retenue en choisissant les cibles et la méthode pour les détruire. »

Des avions indiens abattus?

Islamabad, qui nie toute responsabilité dans cet attentat sanglant, aura riposté par des tirs d’artillerie et dit avoir abattu cinq avions indiens après des bombardements contre son territoire dans la nuit de mardi à mercredi. Parmi lesquels on relève trois Rafale de fabrication française, un MiG-29, un SU-30 et un drone. Une affirmation non confirmée par l’Inde ni vérifiée de manière indépendante.

« Les agissements inconsidérés de l’Inde ont rapproché deux puissances nucléaires d’un conflit majeur. Le Pakistan se réserve le droit de répondre de manière appropriée quand et où il le décidera ». Ainsi a prévenu le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué cette nuit.

Le bilan est donc provisoire mais peut exploser d’un moment à un autre. En effet,  les affrontements ont fait au moins 26 morts côté pakistanais dont une fillette de trois ans et huit autres côté indien.

Guerre de l’eau

Et c’est dans ce contexte explosif que New Delhi a décidé de jeter de l’huile sur le feu en annonçant, mardi 6 mai, par la voix de son Premier ministre Narendra Modi, que son pays allait « couper l’eau » des fleuves qui prennent leurs sources sur son territoire et irriguent en aval le Pakistan en représailles à l’attentat meurtrier commis au Cachemire indien.

« L’eau appartenant à l’Inde s’écoulait jusque-là vers l’extérieur, elle sera désormais stoppée pour servir les intérêts de l’Inde et sera utilisée pour le pays », a déclaré le nationaliste hindou.

Cette déclaration incendiaire et lourde de conséquences s’ajoute à la décision unilatérale de l’Inde de suspendre  sa participation à un traité de partage des eaux signé en 1960 avec le Pakistan.

Signé sous l’égide de la Banque mondiale à cette date, le Traité des eaux de l’Indus accorde à l’Inde l’usage exclusif des trois rivières de l’Est (Ravi, Beas, Sutlej) et au Pakistan l’usage exclusif des trois rivières de l’Ouest (Indus, Jhelum, Chenab), bien que ces dernières prennent leur source en Inde, notamment au Cachemire.

Casus belli

Réaction immédiate d’Islamabad à cette menace existentielle : toute tentative de perturber le débit de ces fleuves serait considéré comme « un acte de guerre », a prévenu le Pakistan. Il a accusé l’Inde de modifier le débit du fleuve Chenab, l’un des trois placés sous son contrôle d’Islamabad selon le traité de 1960.

« On a remarqué des changements sur le Chenab qui n’ont rien du naturel débit du fleuve, normal, et qui a été considérablement réduit du jour au lendemain ». C’est ce qu’a déclaré pour sa part Kazim Pirzada, ministre de l’Irrigation du Pendjab.

En effet, il s’agit d’une question de vie ou de mort pour cette province située à la frontière de l’Inde et habitée par  près de la moitié des 240 millions de Pakistanais et qui est le cœur agricole du pays. Le traité de l’Indus accorde à New Delhi le droit d’utiliser les fleuves partagés pour ses barrages ou ses cultures. Mais il lui interdit de détourner des cours d’eau ou d’altérer le volume d’eau en aval.

Réactions internationales

Appelant à la désescalade et rappelant que « la solution ne peut être militaire », le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté l’Inde et le Pakistan à « éviter une confrontation militaire ». Tout en jugeant que les tensions étaient « à leur plus haut niveau depuis des années ».

Pour sa part, le président Donald Trump a qualifié la situation de « honteuse », en exprimant l’espoir d’un retour rapide au calme.

De son côté, le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré suivre les développements « de très près », encourageant  les deux pays « à maintenir un canal de communication ouvert ».

Soulignons enfin que la tension entre l’Inde et le Pakistan autour de l’eau est effectivement considérée par de nombreux experts comme un exemple précurseur des conflits à venir autour de cette précieuse ressource vitale.

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Tasfir, takfir un procès qui fait tomber les masques

07. Mai 2025 um 11:12

Notre propos ici n’est pas de juger les verdicts émis par le tribunal tunisien spécialisé dans les questions et les procès liés au terrorisme. Car sans ces tribunaux qui ont déjà condamné à des lourdes peines des terroristes de Ansar al-chariia et autres Jund el-khilafa pour crimes et actes terroristes, le terrorisme aurait triomphé et le pays aurait été détruit et anéanti comme c’est le cas de la Libye, la Somalie ou la Syrie. L’une de ces cours, vient de prononcer de lourdes peines, contre un ancien ministre de l’Intérieur, nahdhaoui de son état, des hauts cadres sécuritaires et des terroristes liés à Daech, qui avaient à l’époque des faits essaimé sur nos plateaux de télévisions pour faire l’apologie du terrorisme, appelé jadis par le chef d’Ennahdha Rached Ghannouchi et son ministre des affaires religieuses Noureddine Khademi, Jihad, qui signifie tout simplement guerre sainte.

Notre objectif est de pousser des pseudos démocrates à faire tomber les masques, qu’ils ont longtemps gardés pour cacher leur alliance directe ou indirecte avec le mouvement. Allant jusqu’à partager le pouvoir politique avec eux et donc aussi le gâteau qu’il offrait à ces nouveaux prédateurs d’un genre particulier.

Ce partage a eu lieu au moment même où des milliers de jeunes tunisiens et tunisiennes, étaient arrachés à leurs familles et leur patrie (entre 7000 et 14000, selon les estimations de l’époque) par des réseaux criminels, moyennant une poigné de dollars et après un endoctrinement et embrigadement de quelques mois dans les mosquées contrôlés par Ennahdha et son sinistre ministre des cultes. Des services secrets de pays étrangers les prenaient ensuite en charge à partir de la Turquie. Ce qui avait poussé l’ancien ministres des Affaires étrangères tunisien, Taïeb Baccouche à élever une protestation solennelle qui accusait Istambul d’être la cause de ce désastre national.

Protestation vite jetée aux oubliettes, car le vrai patron de la Tunisie de l’époque n’était autre que Rached Ghannouchi, sans pour autant avoir un quelconque poste officiel, grand ami de Recep Tayyip Erdoğan et qui serait selon certains laudateurs, même son disciple. Le résultat est l’instauration toute récente d’un califat dont le chef n’est qu’un ancien adjoint du « Calife » Abu Bakr el Baghdadi, patron de Daech, qu’il aurait trahi pour se jeter aux mains des services turcs, qui, à leur tour l’ont intronisé, à la tête de ce qui est désormais une wilaya de l’Etat turc comme à la belle époque de l’Empire Ottoman, la Syrie.

Voilà pourquoi, nos jeunes ont été envoyés se faire tuer sur les murs de Damas. C’est plus qu’une simple affaire de terrorisme, c’est une trahison de la patrie qui n’a aucun équivalent dans l’histoire du pays. Même les supposés « complots contre la sureté de l’Etat » deviennent devant cette affaire gravissime des crimes « mineurs ».

Vouloir « la vérité » pour escamoter le crime

S’il est vrai que notre système judiciaire n’a jamais été parfait et ceci depuis l’Indépendance (même avant) car il n’a jamais été indépendant du pouvoir politique aussi bien à l’époque du grand Bourguiba, que de feu Ben Ali, que pendant la supposé « transition démocratique », mais c’est le seul système que nous avons. Libre aux gens de critiquer la sévérité ou le manque de sévérité des jugements émis, mais un fait est certain, ces jugements sont le produit de nos lois qui sont, par ailleurs, loin d’êtres parfaites.

Faut-il alors, pour satisfaire les puristes du droit, renoncer à tout jugement ou noyer les procès dans des guerres de procédures quitte à tomber dans un laxisme qui est pire pour un Etat qui se veut fort, que des jugements qui pourraient apparaître à certains « iniques » ou injustes?

Le législateur tunisien avait instauré (à l’époque de Ben Ali) le jugement à deux niveaux, et en général le recours à l’appel permet d’approfondir plus la question, sans parler de la Cour de cassation qui peut « casser » tout jugement qu’elle juge non conforme à la loi.

Ce même système a jugé des centaines de hauts cadres de l’Etat, dont des ministres, à l’époque où Ennahdha régnait en maître sur le pays. Ces mêmes puristes qui lancent aujourd’hui des cris de vierges effarouchées, n’avaient émis aucun cri de protestation lorsque des hauts cadres sécuritaires sous Ben Ali ont été jugés par les tribunaux militaires les condamnant à des peines sévères allant jusqu’à 30 ans de prison et des responsables civils à des peines aussi lourdes. Certains ont été inculpés dans plus de 60 affaires, des procès tous fabriqués. A cet égard, notons que l’ex Président de la République, Zine Al Abidine Ben Ali, avait écopé à lui seul de quelques centaines d’années de prison fermes.

Pendant tout le temps que duraient ces procès et certaines affaires continuent à être traitées jusqu’à maintenant, ces belles âmes regardaient ailleurs quand elles n’organisaient pas des manifestations pour l’application de ce qu’elles appelaient la « Justice transitionnelle », et qui n’était qu’une lugubre farce. Comme certains de leurs sponsors étrangers, ils appliquent la règle des deux poids deux mesures.

Pourtant le système judiciaire tunisien est pratiquement le même avec les mêmes lois, les mêmes procédures et souvent les mêmes juges. Ce qui a changé c’est juste celui qui détient le pouvoir. Parler alors d’une justice complétement dépolitisée est de la pure hypocrisie.

Quand ils étaient au pouvoir, ils n’avaient rien fait pour moderniser le système judiciaire malgré la manne d’argent qui a coulé à flot, en provenance notamment de l’Union Européenne. Le pays, il est vrai a besoin d’une véritable révolution judiciaire, mais il ne semble pas que la situation politique actuelle se prête à cela.

Contrairement à ce que certains exigent, le rôle de la justice est d’appliquer la loi en vigueur et d’être aveugle. Changeons de lois et la justice changera. Ce n’est pas de son rôle de mettre toute la lumière sur cette affaire de tasfir, qui est loin d’être seulement une affaire nationale; mais c’est le rôle des médias, des politiques et plus tard des historiens.

Pourtant cette affaire précisément a été largement traitée par la presse nationale, internationale et même par une commission de parlementaires tunisiens s’est déplacée jusqu’en Syrie pour ôter le voile sur les dessous de cette vaste opération mondiale montée par plusieurs services secrets des puissances qui avaient initié, financé et organisé ce massacre de nos jeunes. Pas besoin donc d’un tribunal pour connaître tous les tenants et aboutissants de ce crime contre la jeunesse et la nation.

Mais ce procès a au moins permis une chose, celle de démasquer les véritables alliés de l’Islam politique, qui jouent l’amalgame, en jetant le discrédit sur les juges qui ont eu le courage de prononcer le verdict. Cette affaire n’a rien à voir avec les autres en cours, car elle est plus grave. Ayant porté atteinte non seulement à la sécurité nationale, puisque certains des terroristes recrutés alors ont commis des attentats meurtriers contre nos militaires et nos policiers, sans parler du massacre du Bardo et de Sousse où d’innocents touristes étrangers ont été assassinés ainsi que des citoyens tunisiens, mais aussi aux intérêts supérieurs de la Nation.

Cependant, une question demeure sans réponse. Tous les indices montrent que les responsables du massacre de nos jeunes, en Syrie, leur endoctrinement, le financement de toute cette opération transnationale mènent directement aux deux organisations islamistes qui les ont supervisés Ansar al-chariia et Ennahdha. Alors que la première a été dissoute par l’ancien ministre nahdhaoui condamné aujourd’hui pour brouiller les pistes; la seconde continue de jouir de la légalité et a jusqu’à maintenant ses portes paroles, ses défenseurs attitrés et ses structures mêmes si elles sont mises en berne pour des raisons tactiques. C’est vraiment l’exception tunisienne.

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