En ce week-end pluvieux à Tunis, l’univers féérique de l’enfance, composé de marionnettes, miniatures et géantes, ainsi que de peluches d’animaux de la forêt et imaginaires, a transformé la Cité de la Culture en un lieu magique.
La capitale abrite, du samedi 1er au samedi 8 février 2025, la sixième édition des Journées des arts de la marionnette de Carthage (JAMC), dédiée à la mémoire d’Abdelhaq Khemir, pionnier de l’art de la marionnette en Tunisie. La Palestine et l’enfance palestinienne sont au cœur de cette 6ᵉ édition, riche en représentations théâtrales avec 33 spectacles et plus de 100 marionnettistes issus de 19 pays.
La cérémonie d’ouverture, débutée à 19 heures, a été marquée par un spectacle intitulé Les Enfants de l’olivier de Sami Dorbez, en hommage à Youssef, le petit garçon aux cheveux bouclés, décédé lors de la guerre dans la bande de Gaza, dans les Territoires palestiniens occupés. Un message de fraternité et de solidarité a été adressé aux familles des enfants victimes d’une guerre impitoyable qui s’est déroulée du 7 octobre 2023 au 19 janvier 2025 à Gaza et dans d’autres zones de Cisjordanie.
La directrice du comité d’organisation et du Centre National d’Art de la Marionnette, organisateur du festival, Monia Abid Messaadi, a déclaré ouverte cette 6ᵉ édition, qui met à l’honneur la Palestine à travers un film d’animation intitulé Le Bout du Fil.
Écrit et réalisé par Zied Lamine, ce film est la première production cinématographique du Centre National d’Art de la Marionnette, a-t-elle annoncé. À cette occasion, un hommage a également été rendu à trois marionnettistes travaillant depuis longtemps dans les ateliers du Centre National d’Art de la Marionnette, à savoir Mokhtar Mezrigui, Wasim Mabrouk et Taher Dridi.
La cérémonie a permis au public, majoritairement composé d’enfants, de vivre une expérience visuelle et sensorielle dans l’univers poétique et magique de l’artiste Oussama Mekni, metteur en scène du spectacle. Peu avant la cérémonie officielle, le hall de la Cité de la Culture a été le théâtre de plusieurs spectacles d’animation, créant une mosaïque de couleurs et de sonorités pour le plus grand bonheur des petits comme des adultes qui les accompagnaient.
Un festival de couleurs et de sonorités, tout droit sorti de l’univers sublime des bandes dessinées, s’est offert aux petits et aux grands visiteurs de la Cité de la Culture, envahie par des peluches en forme d’ours, de gorilles, de pandas… et des marionnettes géantes fabriquées par les étudiants de l’Institut supérieur d’Art dramatique (ISAD), sous la direction d’un célèbre marionnettiste brésilien. En raison des conditions météorologiques peu favorables aux spectacles en plein air, certaines représentations ont été données dans le hall de la Cité, telles que la fameuse parade des marionnettes géantes et les majorettes venues cette année de Ksar Helal (Monastir).
La Foire des marionnettistes, organisée au hall central de la Cité, présente divers modèles en bois, en tissu et même sous forme de pendentifs pour bijoux. Une maison d’édition basée à Sfax expose notamment des publications tunisiennes pour enfants. Au sous-sol de la Cité, le public enfantin a pu suivre le spectacle Les Enfants de l’olivier de Sami Dorbez, auteur-compositeur et interprète de chansons pour enfants. Il était accompagné d’invités d’honneur comme Anis Haddad et le Syrien Ali Hassine, artiste et acteur installé à Tunis, qui a interprété des chansons du patrimoine populaire de son pays.
Le festival des JAMC est organisé par le Centre National d’Art de la Marionnette, relevant du ministère des Affaires culturelles. En dehors de la capitale, les JAMC proposent un mini-programme dans les villes de Mahdia, Monastir et Hammamet. Le volet artistique des JAMC s’accompagne d’une programmation parallèle composée d’ateliers destinés aux enfants, éducateurs et étudiants, ainsi que de masterclasses animées par des experts internationaux.
Ce rendez-vous annuel des professionnels et des passionnés de la marionnette est un espace de créativité, d’évasion et de rêve dans les coulisses d’un art millénaire en manque de visibilité, qui tente de s’adapter aux évolutions constantes de notre époque.
Avec TAP
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