Pourquoi l’Hôtel du Lac à Tunis doit être démoli
Un hôtel en ruines depuis 25 ans et il se trouve qu’une polémique née sur les réseaux sociaux appelle à le préserver.
Le débat autour de l’Hôtel du Lac, ce bâtiment en délabrement du centre de la capitale, illustre une contradiction bien tunisienne : s’accrocher au passé même lorsqu’il ne génère plus rien de positif.
Voilà maintenant que certains défendent sa conservation au nom de son architecture atypique, considérée comme une singularité dans le paysage urbain de la capitale.
Mais la réalité est toute autre : cet édifice, fermé et laissé à l’abandon depuis des années, n’est plus qu’une ruine au cœur d’une zone stratégique.
Il faut arrêter l’hypocrisie. L’Hôtel du Lac n’est pas un monument, c’est un fantôme. Ceux qui montent au créneau pour tenter de le “sauver” se trompent de combat. Ils confondent patrimoine et poussière, histoire et abandon, singularité et laideur.
Soyons sérieux : depuis combien d’années ce bâtiment est-il fermé ? 25 ans ! Depuis combien de temps il ne sert à rien, sinon à plomber le paysage et à rappeler à quel point Tunis a laissé filer son potentiel touristique réel ?
Et pourtant, une poignée de voix s’élève pour défendre ce cadavre de béton, au nom d’une nostalgie qu’ils brandissent comme un drapeau. Mais nostalgie de quoi, exactement ? De l’amiante hautement cancérigène qu’il contient ? Des murs fissurés ? Des vitres cassées ? Des années où rien ne s’y passait ?
Ceux-là s’accrochent à un symbole qui n’a plus aucun sens. Ils ne défendent pas la mémoire, ils défendent le vide. Ils se battent pour un fantôme, un squelette, une carcasse.

Les travaux viennent de démarrer sans communication de la part de ses nouveaux acquéreur. La palissade extérieure vient d’être installée, indiquant le début des travaux.
La démolition de l’Hôtel du Lac devrait être un motif de joie. Enfin, un jalon supplémentaire pour le tourisme. Enfin, on se dit que cet emplacement stratégique, en plein cœur de la capitale, pourra accueillir quelque chose de vivant, de moderne, de digne. Un grand hôtel avec un prestigieux branding international !
Certes, la Lafico, nouveau propriétaire du site, n’a pas encore dévoilé ses intentions. Mais nous pouvons avoir confiance dans le savoir-faire des architectes tunisiens. Ils sauront relever le défi de concilier modernité et identité, pour donner naissance à un projet porteur d’avenir, appelé pourquoi pas à devenir la signature architecturale qui manque tellement à Tunis.
Et à ceux qui hurlent au scandale, je le dis franchement : vous êtes prisonniers d’une nostalgie inutile. Vous préférez vous battre pour un squelette plutôt que de rêver grand. Vous préférez la poussière au mouvement, la ruine au renouveau.
Démolir l’Hôtel du Lac, ce n’est pas détruire Tunis. C’est au contraire rendre justice à son tourisme. Assez des reliques mortes, assez de ce conservatisme étouffant. Tunis mérite de l’ambition, pas des ruines sanctifiées à l’image de cet établissement, ou encore de l’International plus loin sur l’avenue Bourguiba qui ne vaut guère mieux.
Hédi HAMDI
Pour en savoir plus sur les hôtels de la société Lafico en Tunisie:
Le groupe libyen Lafico (à ne pas confondre avec Laico) possède en Tunisie (à travers une filiale locale créée en 1989 et dotée à la base d’un capital de 40 millions US$) les murs de 8 hôtels.
A Tunis, il est propriétaire de l’hôtel du Lac. En 2013, les Libyens avaient annoncé 100 millions de dollars d’investissements pour démolir le bâtiment actuel et le remplacer par deux tours de 30 étages comprenant notamment un hôtel 5 étoiles. Silence radio jusqu’à présent malgré des travaux qui ont de toute évidence démarré ces dernières semaines.
A Zarzis, l’hôtel Giktis (156 lits), en pleine zone touristique est fermé depuis de nombreuses années.
A Djerba, l’un des fleurons de l’hôtellerie insulaire, le complexe Dar Jerba (appartenant à la société Tourgueness, rachetée par la Lafico) et ses 5 établissements initiaux a été loué partiellement au voyagiste Blue Style qui en exploite deux sous l’enseigne Monarque. Le 3e, appart-hôtel situé face au complexe est exploité par une société de gestion locale.
Seul encore l’hôtel Dar Ezzahra en banlieue sud de Tunis continue de fonctionner cahin-caha.
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