Lors de la séance de dialogue avec le ministre de l’Intérieur Khaled Nouri tenue lundi, les interventions des membres du Conseil National des Régions et des Districts (CNRD) se sont axées sur la nécessité de faciliter les services administratifs pour extraire les documents officiels et le renforcement de la sécurité devant les lycées.
Dans ce contexte, la députée représentante de la localité Dahmani (Kef), Dalel Lammouchi a appelé le ministre de l’intérieur à répondre fermement à ceux qui cherchent à semer la discorde et à compromettre la sécurité nationale et la paix civile.
Elle a critiqué le “rôle négatif de certains délégués”, qui, selon elle, “poursuivent des objectifs étroits contraires aux intérêts du pays et visent à semer le chaos”.
De son côté, le député Oussama Sahnoun (Le Kef) a proposé le déploiement d’équipes sécuritaires spécialisées pour assurer la sécurité dans les stades, permettre la présence des supporters de toutes les équipes et créer une dynamique économique et touristique dans les régions.
D’autres membres du Conseil ont soulevé les problèmes liés aux délais de délivrance des documents administratifs.
A ce sujet, l’élue Zakia Maaroufi vice-présidente du CNRD, a appelé à réduire les délais d’obtention des passeports et des cartes d’identité en suggérant l’aménagement d’espaces dédiés à la délivrance de ces documents, le renforcement des ressources humaines et la numérisation des procédures administratives.
Elle a, également, appelé à la nécessité de permettre aux conseils locaux d’accéder à leurs droits financiers et de leur fournir des locaux leur permettant de travailler dans de meilleures conditions.
Le député Kamel Mejri (Béja) a appelé à ce propos à la valorisation du rôle des conseillers locaux et à la mise en œuvre rapide du statut du Omda.
La députée Nawress Hichri (Nabeul) a appelé à la révision des anciennes nominations partisanes au sein de l’administration et à l’installation de caméras de surveillance aux environs des zones touristiques et devant les lycées afin de lutter contre la criminalité.
Plusieurs députés ont mis l’accent sur le retard dans la délivrance des permis de chasse. Le député Belkacem Yaakoubi (Ariana) a appelé à une révision des conditions d’octroi des permis de chasse et à la lutte contre les chiens errants dans les quartiers de la capitale.
Il a, sur un autre plan souligné l’urgence d’organiser des élections municipales afin de résoudre les problèmes restés en suspens.
Abordant la question environnementale, le député de la région de Sidi Bou Saïd, Jalel Karoui, a souligné la nécessité d’intensifier les efforts de nettoyage dans cette zone touristique, notamment pendant la période estivale, et de doter le village de personnel suffisant pour assurer des services dignes de la candidature de Sidi Bou Saïd au statut de patrimoine mondial de l’UNESCO.
Les députés du CNRD ont également appelé à la création de nouvelles municipalités dans les régions pour assurer des services de proximité.
Le président du Conseil national des régions et des districts (CNRD), Imed Derbali, a déclaré, lundi 14 juillet, que le respect de la loi demeure « la pierre angulaire » de l’édification d’un État juste et stable. Un principe qui, a-t-il insisté, « ne prend tout son sens qu’appliqué à tous, sur un pied d’égalité ».
Ouvrant, lundi 14 juillet, la séance plénière de dialogue avec le ministre de l’Intérieur, M. Derbali a souligné que la sécurité n’est pas l’ennemie de la liberté, mais son garde-fou : « La véritable liberté n’implique ni dérapage ni désordre. Elle ne saurait légitimer la remise en cause de la paix sociale ou des institutions au nom de prétextes fallacieux ou d’agendas inavoués. »
Saluant des « avancées notables » dans la lutte antiterroriste, le démantèlement des réseaux de contrebande et de traite humaine, ainsi que la neutralisation de groupes criminels organisés, le président du CNRD a estimé que ces succès illustrent « un professionnalisme élevé et une vigilance constante » des forces de sécurité.
Au final, M. Derbali estime que la réussite de tout projet de développement passe nécessairement par l’implication des services du ministère de l’Intérieur. Et ce, qu’il s’agisse de préparer le terrain ou de garantir la stabilité indispensable à la promotion de l’investissement national et étranger « dans chaque village et chaque ville de Tunisie, sans exception ».
Le ministère de l’Intérieur mène un vaste programme de modernisation des services de sécurité, a annoncé, lundi 14 juillet, le ministre de l’Intérieur, Khaled Nouri, lors d’une séance plénière du Conseil national des régions et des districts (CNRD).
Ce plan prévoit la construction de 570 nouveaux postes de police et de la Garde nationale à travers toutes les régions. Et ce, dans le but de rapprocher l’action sécuritaire des citoyens et de renforcer la lutte contre la criminalité.
En matière de développement local, le ministère a mobilisé 242 millions de dinars pour la réhabilitation des voiries municipales. De même qu’il a débloqué 410 millions de dinars d’aides destinées aux municipalités récemment créées.
Selon le ministre, le taux d’exécution des projets dans ces nouvelles municipalités a atteint 78 %.
Il a ajouté que 411 marchés ont été signés sur un total de 523 projets municipaux. Et que 62 % des crédits nécessaires ont été alloués pour financer 366 chantiers en cours. Par ailleurs, 177 municipalités bénéficient désormais du programme des « municipalités élargies ».
Pour résorber les retards persistants, le ministère de l’Intérieur, en partenariat avec les gouverneurs, a mis en place des cellules mixtes chargées de lever les obstacles fonciers, administratifs et techniques. Ces groupes de travail ont permis d’achever et de livrer 368 projets. Tout en aplanissant les principales difficultés freinant la réalisation de 403 autres, notamment dans les domaines de la culture, de l’éducation, de la santé, de l’agriculture et des infrastructures.
Enfin, le ministre a souligné que le département travaille à l’amélioration du cadre juridique et institutionnel relatif au poste de gouverneur et à ses adjoints. Et ce, afin de l’adapter aux exigences de la Constitution de 2022 et d’offrir aux pouvoirs territoriaux des outils plus efficaces pour piloter le développement local.
Gaza est, peut-être, l’endroit où l’Histoire s’inverse. Non parce que les puissants vont tomber, mais parce que les humiliés n’ont plus rien à perdre. Et quand les humiliés cessent de croire aux fictions, un autre monde devient possible — pas encore visible, mais déjà en marche.(Ph. 70% des morts sous les bombes israéliennes – fabriquées en Occident – sont des enfants et des femmes).
Sadok Chikhaoui *
‘‘Heart of Darkness’’ (Au cœur des ténèbres), le récit de Joseph Conrad, demeure l’une des œuvres littéraires les plus profondes sur le colonialisme. Non comme un objet d’étude historique ou politique, mais comme vertige existentiel. Une plongée dans la barbarie nue. Œuvre fragmentaire, troublante, irrésolue – et c’est précisément cette opacité qui fait sa puissance.
On se souvient d’‘‘Apocalypse Now’’, l’adaptation cinématographique hallucinée qu’en fit Francis Ford Coppola en la transposant au Vietnam : Kurtz, héros métaphysique perdu dans la jungle, hurlant comme un chacal blessé dans la nuit tropicale : «L’horreur… L’horreur.»
L’horreur de quoi ? De la barbarie sans masque qu’il a lui-même engendrée, acceptée, incarnée : les crânes fichés sur des piques, les massacres ritualisés, les amputations à la machette. Et de loin, les cris stridents d’un chef de bataillon haranguer ses hommes : «Tirez, tirez, nom de Dieu, je n’entends rien !»
Brefs récits de l’horreur
Ce n’était pas de la fiction. C’était en 1908, dans un Congo encore propriété privée de Sa Très Catholique Majesté Léopold II. Dix millions de morts. Mais, qualifiée du titre de «roi bâtisseur» par toute l’élite européenne, le souverain a fini sa vie adulée en Prophète par tout l’Occident.
Quatre ans plus tard, le décor change, mais le scénario demeure. En Namibie, le général allemand Lothar von Trotha, réputé pour sa brutalité, signe un ordre d’extermination sans ambiguïté : «Tout Herero trouvé à l’intérieur des frontières allemandes armé ou non, avec ou sans bétail sera abattu.» Ce fut le premier génocide du XXe siècle. Quinze mille morts. Von Trotha fut célébré en héros national et enterré avec les honneurs. La civilisation, elle, aura été préservée. L’Allemagne sort avec un savoir-faire reconnu.
Et puis, l’Algérie sous colonisation française, et le tristement fameux colonel Pélissier, agissant sous les ordres de Bugeaud, ordonnant en 1845 l’asphyxie par enfumage d’une tribu entière, les Ouled Riah, réfugiés dans des grottes à Dahra pour échapper aux exactions des corps expéditionnaires. L’affaire fit grand bruit en France mais Pélissier ne sera ni jugé, ni inquiété et finira comme Maréchal de France et les enfumades continuèrent à Oued Sbih en 1846, et en 1849 à Aïn Merrane et devinrent «la marque de fabrique» française sous le nom de «Doctrine Bugeaud». Les témoignages rapportèrent les hurlements enragés du Colonel Pélissier à ses hommes : «Enfumez-les comme des renards !».
Gaza : un effort de pensée pour le présent
Les enfants ensevelis. Les hôpitaux pulvérisés. Les voix effacées. La famine qui ronge les entrailles. Et Netanyahou, Katz, Ben Gvir, Smotrich, Gallant, et toute la cohorte scander en chœur : «Tuons-les tous, ce sont des animaux. Tous les Gazaouis sont coupables !», «Rasons Gaza !», «Utilisons la bombe atomique !» Et sous les décombres, ce sont peut-être les dernières paroles de Kurtz qu’on entend à nouveau, comme un écho dans la nuit : «L’horreur… L’horreur.»
L’histoire bégaie, et l’Occident détourne les yeux
Sous les ruines, ce n’est pas seulement une ville qui s’effondre. Ce sont les fondations morales de toute l’humanité.
Parce que Gaza n’est pas un simple conflit, ni une guerre, ni un épisode tragique de plus. C’est un seuil, une révélation, une déchirure dans le voile des illusions modernes.
Tout ce que l’Occident prétendait incarner, droits humains, héritage des Lumières s’effondre face à ces enfants démembrés, ces hôpitaux broyés.
Gaza est le lieu où tombent les simulacres, soufflés comme des murs de carton-pâte.
Ce qui se joue là dépasse la tragédie. C’est le dévoilement du mensonge fondateur d’un ordre international : un ordre bâti sur la force, grimé en vertu, où les principes s’appliquent aux faibles et sont suspendus devant les puissants.
L’horreur de Kurtz, les ténèbres de Conrad, ne sont pas des accidents : elles sont l’âme du colon qui, La Bible dans une main et une bombe dans l’autre, piétine le monde du haut de son élection.
Du Congo à Gaza, la continuité est claire : une violence qui se prend pour la raison, un pouvoir qui s’autojustifie.
Après la Shoah, Hiroshima, Nuremberg, on a voulu croire à un monde nouveau. Droits humains. Conventions. Promesses. Mais Gaza montre que ces promesses étaient conditionnelles, activées ou suspendues selon les intérêts.
Israël, lui, n’a jamais cru à ce droit là
Le vote de 1947 ? Une formalité. Quand Macron rappelle à Netanyahu que l’Onu a permis la naissance d’Israël, il répond : «Non, Monsieur. Israël existait avant l’Onu.» Le droit n’est qu’un passage. Jamais un fondement.
Depuis 1948, les résolutions violées s’empilent. Les condamnations restent lettre morte. Gaza en est l’épiphanie brutale.
Une phrase d’Antony Blinken, en visite sur le Golan, résume tout. Interrogé sur le statut de ce territoire conquis par la force et annexé, alors que le nouveau «président» syrien semble prêt à en céder les deux tiers à Israël — car on ne passe pas du statut de jihadiste fiché à celui de guest star diplomatique sans y mettre le prix fort —, Blinken répond : «Il y a le droit, et la réalité sur le terrain.»
Phrase presque distraite, mais révélatrice. Ce n’est pas seulement le Golan que vise cette formule du fait accompli. C’est Gaza. La Cisjordanie. Et peut-être demain : le Liban. La Jordanie. Une partie de l’Irak. Et le Grand Israël jusqu’à la frontière, sécurité oblige, avec la force des vétos américains et les armes les plus sophistiquées.
L’Occident devenu le parrain bienveillant des fossoyeurs du droit. Le Conseil de sécurité ? Pas une instance de justice. Un théâtre de rapports de force.
Israël peut bombarder, affamer, coloniser : aucune sanction ne viendra. Le droit cède à l’alliance stratégique. Et pendant que les bombes écrasent des enfants, ce sont aussi les symboles qu’elles pulvérisent : déclaration universelle des droits de l’homme; conventions de Genève; pactes, traités… Le droit n’est pas universel. Il est imposé aux vaincus par les vainqueurs. La preuve : à ce jour, la Cour pénale internationale n’a condamné… que des Africains.
Plus grave encore : le silence. Celui des intellectuels, des philosophes, des éditorialistes. Ceux qui parlaient hier de dignité humaine, mais trouvent toujours un «contexte» lorsque c’est Israël qui tue. Ceux qui évitent le mot «massacre», lui préférant : «frappes ciblées», «proportionnalité», «légitime défense» — même quand les cibles sont des enfants.
Les grands médias ? Une puissante division de Tsahal. Non plus des relais d’information. Mais des relais du hasbara, la propagande de guerre israélienne. Ils reprennent les éléments de langage, inversent les responsabilités, brouillent les faits.
La guerre se mène aussi par les mots. Et cette guerre-là est déjà gagnée par ceux qui tiennent les micros.
Quand Bernard-Henri Lévy ose déclarer : «Israël est le pays le plus anticolonialiste du monde», on entend l’écho du vieux mantra : «L’armée la plus morale de tous les temps.» L’indécence élevée au rang de doctrine.
Gaza signe le retour à l’état de nature politique. Non plus un monde de droit, mais de force brute. Comme au Congo. Comme face aux Hereros. Comme au temps de Kurtz.
Gaza est notre miroir. Ce qu’il reflète, c’est un effondrement moral. Mais aussi un seuil. Quand les illusions tombent, une lucidité neuve peut surgir. Un refus. Un dégoût salutaire.
Gaza, peut-être, est l’endroit où l’Histoire s’inverse. Non parce que les puissants tomberont, mais parce que les humiliés n’ont plus rien à perdre. Et quand les humiliés cessent de croire aux fictions, un autre monde devient possible — pas encore visible, mais déjà en marche.