Normale Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.
Gestern — 05. Juni 2025Haupt-Feeds

Gaza │ Les Etats-Unis refusent qu’on arrête le massacre

05. Juni 2025 um 11:08

Pour la cinquième fois, les États-Unis ont opposé leur veto, hier soir, mercredi 4 juin 2025, à une résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies appelant à un cessez-le-feu définitif à Gaza, où Israël perpètre un génocide des Palestiniens depuis le 7 octobre 2023. Un veto cynique et cruel, qui prolonge l’agonie de Gaza, et signe la faillite morale du monde. (Ph. L’ambassadrice des États-Unis à l’Onu par intérim Dorothy Shea à New York, mercredi 4 juin 2025).

Khémaïs Gharbi *

Plus rien n’étonne, plus rien ne choque, plus rien ne fait sursauter les consciences. La coupe est pleine — à ras bord — débordante de sang, de cendres et de silence.

À Gaza, depuis bientôt deux ans, le génocide se poursuit, implacable. Les morts se comptent par dizaines de milliers. Les blessés ont dépassé les cent mille. Les estropiés, les orphelins, les familles effacées par quartiers entiers : tout cela s’accumule dans une indifférence devenue institutionnelle.

Gaza n’est plus une ville : c’est un cri de poussière. Plus aucune maison debout, ou presque. Les hôpitaux sont éventrés, les écoles rasées, les rues devenues un tapis de cailloux, de cadavres, de lambeaux. Même les morts ne peuvent plus être enterrés : ils reposent là, sous les décombres, veillant une terre qu’on assassine à petit feu.

Et pourtant, tout a été dit. Tout a été écrit. Les mots ne suffisent plus. L’humanité a été mise à nu : ses États, ses institutions, ses grands discours et ses serments solennels… tout cela a été confronté au réel, et s’est effondré. On a mesuré l’hypocrisie, non plus en unités morales, mais en tonnes de bombes larguées.

Un suicide moral

Les droits de l’homme? Un vernis craquelé.

La démocratie? Une façade décrépie.

L’humanité? Un mot creux, vidé de sens.

Alors la plume s’arrête. Non par lâcheté. Mais par lucidité. Tous les sujets ont été épuisés. Toutes les illusions, éventrées. L’écriture elle-même vacille : à quoi bon répéter ce que l’on refuse de voir? À quoi bon dénoncer encore, quand le crime est retransmis en direct, et que ceux qui peuvent l’arrêter choisissent de le prolonger ?

Un suicide moral est en cours. Lent. Invisible. Il frappe non seulement ceux qui donnent les ordres, mais aussi ceux qui, témoins impuissants, voient s’éteindre en eux la foi en l’homme. Ce sont ces consciences-là, blessées mais debout, qui souffrent le plus : elles n’ont plus de refuge, plus de mensonge auquel s’accrocher. Elles savent.

Un contrat d’extermination

Et voici qu’hier encore, les États-Unis — pour la cinquième fois — ont opposé leur veto à une résolution appelant à un cessez-le-feu définitif. Le monde attendait une médiation, un geste d’apaisement. Il reçoit une signature de plus au bas du contrat d’extermination.

Alors… que faire ? Sinon déposer la plume. Faire halte. Se taire. Non par résignation, mais pour laisser place à une forme plus haute de lucidité. Un silence habité. Une méditation profonde.

Car il arrive un moment où écrire ne sert plus à dénoncer, mais à veiller. Un moment où la parole ne change plus le monde, mais refuse d’y consentir. Ce silence-là est digne. Il n’est pas absence, mais résistance.

Un jour peut-être, une parole neuve émergera. Elle ne cherchera plus à convaincre, ni à condamner. Elle sera présence. Refus tranquille. Garde d’honneur autour d’une dignité humaine que ni la guerre, ni le mensonge, ni le silence complice n’auront réussi à abolir.

En attendant, gardons allumée la flamme intérieure.

C’est dans la nuit que les premières étincelles ont le plus de sens.

* Ecrivain et traducteur.

L’article Gaza │ Les Etats-Unis refusent qu’on arrête le massacre est apparu en premier sur Kapitalis.

❌
❌