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La maison de Mohamed, la fibre de Saladin, la cinquième colonne, et le grand jeu

21. Mai 2025 um 08:25

Après son tour du propriétaire au Golfe, Donald Trump est rentré avec dans son escarcelle les pertes américaines occasionnées par le Covid, auquel il aura pris soin d’ajouter l’aide militaire accordée à l’Ukraine, ainsi qu’au génocidaire des Palestiniens perpétré par Netanyahu à Gaza. En attendant, les foules de l’Islam continuent de se rendre chaque année aux lieux saints d’Abraham afin d’alimenter sa tire-lire. Qui a dit que la nation du prophète était vouée à disparaître, ainsi qu’il en avait été en Andalousie? (Ph. Trump apprend la danse de l’épée lors de sa première visite en Arabie saoudite, en 2017. L’hospitalité et la générosité des Arabes n’a pas de limite).

Dr Mounir Hanablia *

Lorsque j’étais à l’école primaire, il était communément admis que l’Islam, qui était arrivé en Inde et aux confins de la Chine, n’avait dû sa déchéance qu’à deux facteurs: les Mongols à l’Est, et les Taifas en Andalousie, à l’Ouest, qui s’étaient alliés avec les chrétiens pour se combattre les uns les autres.

Nos maîtres avaient été là pour entretenir nos convictions à ce sujet, fortement aidés par les romans Jorge Zaydan, et les victoires sur le ring de Mohamed Ali Clay. Il y avait eu la guerre de Juin 1967 lorsque l’un des instituteurs de 4e année nous faisait écouter sur son transistor les diatribes enflammées du palestinien Ahmed Choukairy, sur la Voix des Arabes, émettant du Caire. Qui n’avait pas cru à la victoire finale?

Quelques années plus tard, en lisant un livre du journaliste Jacques Derogy **, j’avais appris qu’en fait de guerre, il n’y en avait pas eu puisque l’aviation égyptienne avait été clouée au sol dès les premières heures et que les blindés privés de soutien aérien n’avaient eu aucune chance face à leurs ennemis. Il s’est avéré que les choses n’avaient pas été ce qu’on croyait.

Des mirages au désert d’Arabie

Nasser avait été entraîné sur un terrain glissant par les Syriens, sécessionnistes de la défunte République Arabe Unie, il faut le préciser, et il s’était placé dans la position de l’agresseur sans avoir jamais eu l’intention d’attaquer, celle que ses adversaires voulaient qu’il endosse, afin d’avoir le prétexte adéquat pour atteindre leur but, la destruction de l’armée égyptienne et l’occupation de la totalité du territoire palestinien.

Dans cette optique, de l’aveu même des généraux israéliens, les sermons hystériques de Choukairy promettant de dormir à Tel Aviv, certains ont ajouté avec des femmes juives, avaient valu pour leur pays plus qu’une division blindée.

On a prétendu que Bourguiba avait prévenu du désastre en 1965 mais que personne n’avait voulu l’écouter. Près de 60 ans après, le Golan a été annexé et la Cisjordanie est en passe d’être totalement colonisée, avec en perspective une expulsion massive des Palestiniens qui y résident encore, faisant suite au génocide en cours à Gaza pour lequel nul ne lève le petit doigt, à commencer les Arabes.

Avant d’en arriver là, il y avait eu la chute du mur de Berlin, la disparition de l’Union Soviétique, suivie en 1991 par la première Guerre du Golfe, lorsque la «troisième armée du monde», en occupant le Koweït, avait fait croire à la Rue Arabe, qui avait oublié sa leçon de 1967, et dont la fibre de Saladin avait de nouveau vibré.

En fait de guerre, cette fois non plus il n’y en eut pas dans le sens souhaité par les foules. Comme toujours des bruits avaient circulé relativement à des «signes», annonçant la victoire, comme ce cheveu qu’invariablement on découvrait dans tout exemplaire du Coran. Ou bien encore ce hadith de Mohamed le prophète sorti d’on ne sait où annonçant l’arrivée d’un homme appelé Sadem, et non pas Saddam, qui verrait se dresser contre lui une coalition réunissant les Arabes et Ajams, ce terme étant l’équivalent de goys chez les juifs, qu’il les vaincrait, et qu’aucun n’en réchapperait, «entre Ramadan et Rajeb, vous verrez de lui le prodige».

Au lieu de cela, l’armée Irakienne fut enterrée sous les bombes américaines et seule la crainte par les États du Golfe d’un pouvoir chiite inféodé à l’Iran maintint Saddam en survie pendant 12 années supplémentaires et la fiction d’un État irakien.

On apprit plus tard qu’une fois encore un ambassadeur américain, en l’occurrence Avril Gillespie, avait joué un rôle majeur dans le déclenchement de l’agression en assurant Saddam que son pays ne bougerait pas si l’Irak envahissait le Koweït, coupable de casser les prix du pétrole dont il avait besoin pour sa reconstruction après 9 années de guerre contre l’Iran.

La cinquième colonne

En 2001, il y eut l’assaut contre New York suivie de la grande guerre ouverte menée contre le monde musulman, qui débuta par l’occupation de l’Afghanistan puis de l’Irak en 2003, et qui se prolongea à partir de 2011 par ce qu’on a appelé le Printemps Arabe, dont on prétendit que l’holocauste d’un petit marchand de légumes de Sidi Bouzid en Tunisie, giflé par une policière, fut l’étincelle. Puis les étranges personnages férus d’Islam et de sainteté qui rentrèrent du Londonistan accueillis comme le prophète par le chant «la lune est apparue au-dessus de nous» prétendirent être revenus pour instaurer la démocratie.

Des visionnaires tels que Hamma Hammami firent demander par les jeunes de leur parti une assemblée constituante, et Béji Caïd Essebsi n’eut de rien plus pressé que de l’accorder, afin de prendre le temps de constituer le parti politique dont il était dépourvu, et qu’il s’empressa de saborder en accédant à la magistrature suprême.

Au lieu de six mois, il avait fallu près de quatre années de palabres pour rédiger la fameuse Constitution, dont on nous demanda de rester bien sages parce qu’on nous en promettait monts et merveilles une fois «la transition» achevée; promis, juré !

Le quartet du Dialogue national (UGTT, Utica, LTDH et Conseil de l’ordre des avocats) reçut même le prix Nobel, pour nous rappeler que nous étions sur la bonne voie, au cas où nous en aurions douté.

Entretemps le terrorisme avait fait florès, il y a eu le Covid, et nous avons eu pour majorité parlementaire Rached Ghannouchi allié à Nabil Karoui et Saifeddine Makhlouf, dont le parti s’affubla de l’épithète «Dignité». Autrement dit, le Vieux de la Montagne à la tête des Frères Internationaux de Qaradawi s’était associé aux Frères Nationaux et à Silvio Berlusconi.

La dégradation concomitante de la situation économique inquiéta suffisamment les bailleurs étrangers soucieux de rentrer dans leurs fonds pour permettre la perpétuation d’une situation sans issue. On en vit présentement les conséquences.

Après le Covid il fallut bien que les Etats-Unis cherchassent à financer aux dépens du monde entier leur manque à gagner consécutif à la pandémie. Il y eut donc inévitablement la guerre en Ukraine puis à Gaza, dont on affubla opportunément pour la circonstance les habitants du qualificatif de violeurs. Ce fut la résurrection des thèses de Choukairy, reprises cette fois par les sionistes et qui furent le prétexte opportun justifiant le massacre des civils sur une grande échelle, et on étendit la fureur de destruction de Yahvé au Liban, abritant le Hezbollah coupable d’avoir vidé de ses habitants le Nord d’Israël par un tir continu de missiles et de drones durant plus d’une année.

Bien que les Etats-Unis eussent été chassés ignominieusement d’Afghanistan, et dans une moindre mesure d’Irak, on pensait que la Maison de Muhammad s’écroulait par pans entiers, surtout après le départ peu glorieux de Bachar, l’évaporation de son armée travaillée par la cinquième colonne, lâchée par un Poutine occupé ailleurs, et l’écartèlement de la Syrie en cantons d’obédiences Daech turque, kurde américaine, et depuis peu, druze israélienne. Néanmoins les thèses israéliennes d’inviolabilité de la frontière ont volé en éclat, sous les missiles du Hezbollah, le double lâcher de missiles iraniens, et la perpétuation des attaques des va nus pieds Houthi, qui mettent à mal autant la sécurité de l’aéroport de Tel Aviv, que l’orgueil sioniste.

Les Américains ont estimé préférable de s’accommoder du porc-épic yéménite par un accord qui ne peut être que provisoire. Comme toujours, la foule arabe a considéré cela comme une grande victoire militaire. Comme toujours, la suite a démontré que ce n’était là qu’un mirage du désert, un de plus. Trump est entré dans le Golfe par la grande porte, et il avait besoin de la menace yéménite, et plus encore iranienne, afin de gagner ses interlocuteurs à ses vues sonnantes et trébuchantes. Mais pas seulement. Les Israéliens pensaient se tailler une zone de prospérité exclusive au Moyen-Orient s’étendant de l’Océan Indien à la Méditerranée grâce à un accord de paix avec les Taifas de la Mecque et du Golfe.

L’Oncle Sam rafle la mise

C’est une telle éventualité que la guerre à Gaza a torpillée, à leurs dépens. Et on s’aperçoit à présent que les Américains n’ont jamais eu l’intention de partager leur chasse gardée du désert d’Arabie avec quiconque, et qu’ils ont même fourni toute la logistique militaire et financière nécessaire pour laisser leur allié sioniste se fourvoyer dans une aventure sans issue, dont il ne sortira qu’au prix d’une marge de manœuvre des plus réduites. Le génocide à Gaza aura un prix. Les récentes mesures contre l’État d’Israël, prises par le valet servile de l’oncle Sam, l’Angleterre, même si elles ont plus une portée symbolique, sont significatives, à ce sujet. Y a-t-il eu une entente américano-iranienne dès le début? On peut se le demander. Cela expliquerait dans une large mesure la hardiesse des dirigeants persans piquant le museau de la bête sioniste au nez, et dans le même temps, prenant bien soin de prévenir de leurs ripostes.

Dans ce grand jeu, Bachar Al-Assad et Hassan Nasrallah auront été des pièces qu’on aura sacrifiées pour la grandeur de l’Iran, lui assurant une place à la table des négociations.

Quant à Trump, après son tour du propriétaire au Golfe, il est rentré avec dans son escarcelle les pertes américaines occasionnées par le Covid, auquel il aura pris soin d’ajouter l’aide militaire accordée à l’Ukraine, ainsi qu’au génocidaire des Palestiniens perpétré par Netanyahu à Gaza.

L’Oncle Sam serait bien entendu heureux que les Taifas et les Sionistes s’entendent, mais pas sur son dos. En attendant les foules de l’Islam continuent de se rendre chaque année aux lieux saints d’Abraham afin d’alimenter sa tire-lire. Et le Pakistan, qui dispose de l’arme atomique, a de nouveau fait vibrer la fibre de Babur le conquérant de l’Inde en abattant trois rafales français aux couleurs indiennes par le biais d’avions chinois dont personne n’a jamais entendu parler, dont sans doute le nom imprononçable leur vaut le qualificatif plus simple de J10.

Qui a dit que la nation du prophète était vouée à disparaître, ainsi qu’il en avait été en Andalousie?

* Médecin de libre pratique.

** ‘‘The untold history of Israel’’ de  Jacques Derogy, éd. Grove Press, 1er janvier 1979, 346 pages.

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Cinéma │ Les frères Nasser portent la voix de Gaza à Cannes

21. Mai 2025 um 07:45

Les frères jumeaux Tarzan et Arab Nasser, originaires de Gaza, ont présenté cette semaine leur nouveau long-métrage « Once Upon a Time in Gaza’’ en sélection officielle au Festival de Cannes 2025, dans la section Un Certain Regard. Une présence remarquée qui réaffirme la puissance du cinéma palestinien dans un contexte toujours aussi tendu pour la région.

Djamal Guettala

L’histoire du film se déroule à Gaza, en 2007. Yahya, un étudiant idéaliste, se lie d’amitié avec Osama, un petit trafiquant de drogue au grand cœur. Ensemble, ils mettent en place un trafic clandestin dissimulé dans une échoppe de falafels. Mais leur entreprise prend une tournure dangereuse lorsqu’ils croisent la route d’un policier corrompu.

À travers cette intrigue à la fois dramatique et teintée d’humour noir, les réalisateurs dressent un portrait sans fard de la jeunesse palestinienne, coincée entre survie, rêve et désillusion.

Réalisme cru et fable sociale

Le film a été chaleureusement accueilli lors de sa première projection le 19 mai à Cannes, salué pour sa force narrative et sa mise en scène subtile, oscillant entre réalisme cru et fable sociale. La participation des frères Nasser au plus grand festival de cinéma du monde constitue un événement en soi : elle témoigne de la résilience d’un cinéma palestinien vivant, malgré les contraintes matérielles et politiques.

Produit par Les Filmso du Tambour, avec une distribution française assurée par Dulac Distribution et des ventes internationales via The Party Film Sales, ‘‘Once Upon a Time in Gaza’’ s’inscrit dans la continuité du travail engagé des frères Nasser, déjà remarqués pour ‘‘Gaza mon amour’’ en 2020.

En ces temps où Gaza est souvent réduite à des chiffres et des images de ruines, ce film rappelle qu’au-delà des conflits, il y a des histoires humaines à raconter. Et que le cinéma reste, pour les peuples marginalisés, un formidable outil de mémoire et de résistance 

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De Napoléon à Nasser | La grandeur au-delà des défaites

03. Mai 2025 um 08:04

Il est des voix qui traversent le temps et réveillent les peuples. Le 23 juillet 1952, à la radio du Caire, une voix annonça la fin d’un ordre ancien et le début d’un espoir nouveau. Derrière ce message, il y avait déjà l’âme et la volonté d’un homme appelé à incarner cette révolution : Gamal Abdel Nasser.

Khémaïs Gharbi *

Lorsqu’on entendit : «Redresse ta tête, citoyen arabe, tu es un homme libre dans un pays libre, convoité par les ennemis», ce n’était pas une simple harangue politique. C’était une déflagration dans l’âme de millions d’hommes et de femmes colonisés, humiliés, niés. En un instant, un souffle nouveau parcourut l’Afrique et l’Asie et même au-delà. Le sentiment d’être de nouveau un être digne, un peuple debout, traversa toutes les frontières coloniales.

L’histoire juge, mais n’oublie pas

On peut discuter les erreurs politiques, les échecs stratégiques, les dérives autoritaires du régime. Mais on ne peut balayer d’un revers de main ce que Nasser a donné : la fierté, la conscience et l’élan. Il fut l’un des premiers à hisser haut le drapeau de l’émancipation postcoloniale, à soutenir sans relâche les luttes de libération — de Tunis à Alger, de Léopoldville  à Accra —, à porter au sommet de Bandung, avec Nehru, Tito et Sukarno, la voix des peuples longtemps tenus dans l’asservissement.

Réduire Nasser à la défaite de 1967, c’est méconnaître ce qu’il a incarné pour des millions de colonisés. Il fut, avec d’autres, l’un des fondateurs du mouvement des non-alignés, donnant une voix forte et digne a ce qu’on appelle aujourd’hui le Sud global. Il soutint concrètement les luttes de libération en Afrique, notamment en Algérie, en Tunisie, au Congo. Il osa nationaliser le canal de Suez, défiant les puissances coloniales et restaurant la fierté arabe. Bien sûr, son régime eut ses zones d’ombre, et ses rêves d’unité arabe échouèrent. Mais il reste une figure majeure de l’émancipation du XXe siècle. L’histoire se doit d’être équilibrée : elle juge, mais elle n’oublie pas.

La nationalisation du canal de Suez, en 1956, fut un acte de souveraineté inouï. Il défia les empires déclinants, fit vaciller les certitudes de l’Occident impérial. C’est cela aussi, Nasser : la rupture avec la résignation, le refus de l’humiliation, la construction d’un avenir arabe autonome.

Or voilà que certains aujourd’hui, en toute légèreté, ne retiennent que la défaite militaire. Ils oublient, ou feignent d’oublier, que l’histoire des peuples ne se résume pas à une bataille perdue, mais à ce qu’elle inspire de durable : une conscience collective, une mémoire partagée, une fierté rendue. S’attaquer à la mémoire de Nasser, précisément maintenant, à l’heure où l’idéal panarabe est si fragilisé, c’est comme vouloir donner le coup de grâce à ce qui nous reste de lien, d’horizon, de souffle commun.

Non, ce n’est pas de la nostalgie. C’est de la mémoire juste. C’est le refus de l’ingratitude et de l’amnésie. Et c’est surtout un hommage à ce moment rare dans l’histoire où une voix arabe, forte et claire, nous a dit : redresse-toi, tu es libre. Cette phrase, pour ceux qui l’ont entendue, n’a pas de prix.

Des hommes que l’Histoire ne quitte jamais

Quant à moi, je n’oublierai jamais ce mercredi 23 juillet 1952. J’avais huit ans. Cet après-midi-là, en rentrant de l’école, nous étions nombreux à avoir redressé la tête — pour de bon. Pour la première fois, nous nous sommes sentis pleinement chez nous, dans notre pays, pourtant encore sous occupation française… mais plus pour longtemps.

Il est des hommes que l’Histoire ne quitte jamais. Leur grandeur ne réside pas seulement dans les victoires militaires ou les accomplissements tangibles, mais dans ce qu’ils ont fait naître dans le cœur des peuples. La France continue d’honorer Napoléon, malgré ses défaites, parce qu’il a incarné une ambition, un souffle, une époque. De même, pour le monde arabe, Gamal Abdel Nasser reste cette figure immense, inoubliable, dont la parole et le geste ont éveillé une dignité trop longtemps niée. Ce n’est pas l’homme parfait que les peuples retiennent, mais celui qui a su incarner leur espoir, leur lutte, leur rêve d’émancipation. Et c’est ainsi que les géants deviennent immortels.

* Traducteur et écrivain.

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Tunisie | Diplomatie, excès et insignifiance

02. Mai 2025 um 11:10

La Tunisie a toujours su éviter le jusqu’au-boutisme des approches radicales fussent-elles fondées sur des arguments moraux. Aujourd’hui, face à ses nombreux défis internes et externes, elle aurait tout intérêt à maintenir sa position traditionnelle de neutralité et même à nourrir une certaine ambiguïté stratégique afin d’éviter de se laisser entraîner dans des conflits dont elle se passerait bien.

Elyes Kasri *

En temps normal, la diplomatie est un métier qui nécessite beaucoup de sang froid et de retenue dans l’analyse, les déclarations et les actions car plus qu’ailleurs tout excès tombe dans l’insignifiance.

Dans un monde aussi volatile que ce XXIe siècle, où les équilibres géostratégiques planétaires sont en pleine mutation vers des schémas incertains, l’obligation de retenue et de sérénité devient vitale car elle risque, en cas de mauvais calcul et de dérapage, de discréditer son auteur et de porter préjudice aux intérêts nationaux.

La Tunisie qui fait face à de nombreux défis internes et externes aurait tout intérêt à maintenir sa position traditionnelle de neutralité et même nourrir une certaine ambiguïté stratégique afin d’éviter de se laisser entraîner dans des différends ou conflits qui ont différentes perceptions, logiques et espaces de soutien international.

Si l’approche morale du conflit israélo-arabe peut avoir jusqu’à une certaine limite une justification, les résultats désastreux du jusqu’au-boutisme et les propos récemment divulgués des leaders égyptien et libyen, Gamal Abdel Nasser et Mouammar Kadhafi, champions du prétendu nationalisme arabe, ont montré l’ambivalence sinon l’hypocrisie de l’approche radicale.

Quant à une quelconque prise de position au sujet de vieux contentieux entre des pays asiatiques notamment le Pakistan, l’Inde ou la Chine, les dessous géopolitiques et les mouvements des plaques tectoniques géostratégiques dictent de ne rater aucune occasion de faire preuve de discrétion et mieux de se taire.

La situation dans laquelle se trouve la Tunisie lui donne le meilleur des alibis pour éviter de s’incruster dans des conflits aux multiples facettes, historiques, géopolitiques, culturelles et confessionnelles. Si chaque histoire a plusieurs versions, les conflits internationaux, à l’exception peut être de la cause palestinienne qui permet quand même à l’autorité palestinienne et d’importants pays arabes une ambivalence indéniable frôlant l’ambiguïté morale, les autres conflits surtout dans la zone Asie-Pacifique, nouveau théâtre de confrontation globale, méritent une approche empreinte de sérénité et de pondération.

* Ancien ambassadeur.

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Histoire | Nasser s’était tardivement converti au bourguibisme  

30. April 2025 um 09:55

Quelques semaines avant sa mort, l’ancien président égyptien Gamal Abdel Nasser donnait à Mouammar Kadhafi, qui venait d’accéder au pouvoir en Libye, une leçon de realpolitik aux tonalités bourguibiennes. Trop peu et déjà trop tard !

Mohamed Sadok Lejri

Dans cet enregistrement audio qui date de 1970, une vidéo publiée il y a quelques jours et devenue virale sur internet, Gamal Abdel Nasser se plaint auprès de Kadhafi sur un ton défaitiste, voire vaincu, du désengagement des pays arabes dans la lutte contre Israël. Les dirigeants arabes qui voulaient encore en découdre avec Israël ne faisaient que fanfaronner ; ils ne produisaient que de la pollution sonore.

Le président égyptien était dans une impasse et vivait un moment de doute et de grande vulnérabilité. Il faut dire que pendant plusieurs années, et plus précisément jusqu’à la défaite de 1967, il a tenté d’exercer un leadership exclusif dans le monde arabe de façon à apparaître comme le maître incontesté de ses destinées. Sa volonté d’hégémonie, son outrecuidance et son orgueil démesuré l’ont poussé à s’ériger en leader de l’Unité arabe et à se croire investi d’une mission historique pour réaliser cette unité.

Nasser s’était fait un point d’honneur d’unir et d’unifier les objectifs des peuples arabes et de répondre à leurs aspirations telles que la libération de la Palestine. L’alignement automatique sur sa politique jusqu’au-boutiste et l’infaillible allégeance aux dogmes du nationalisme arabe étaient nécessaires pour s’accorder les faveurs des panarabistes.

Ceux qui s’inscrivaient en faux contre les articles de foi de l’Eglise Nassérienne et tentaient d’échapper à son emprise, même parmi les dirigeants des autres pays arabes comme Bourguiba, étaient considérés comme des traîtres à la Nation arabe et des agents du colonialisme. Le refus d’allégeance de Bourguiba à Abdel Nasser a valu au premier un flot d’injures dont il s’est quotidiennement abreuvé pendant plusieurs années.

L’on peut en déduire en écoutant cet enregistrement qu’il a fallu passer par l’humiliation de 1967 pour que Nasser se mette à prononcer des discours aux accents particulièrement bourguibiens, c’est-à-dire pensés dans un esprit rationnel, pragmatique et lucide, loin de toute mégalomanie pharaonique et de tout dogmatisme. Mais il était déjà trop tard ! D’ailleurs, Nasser mourra quelques semaines après cet échange pathétique avec Kadhafi.

Enregistrement.

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