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De Napoléon à Nasser | La grandeur au-delà des défaites

03. Mai 2025 um 08:04

Il est des voix qui traversent le temps et réveillent les peuples. Le 23 juillet 1952, à la radio du Caire, une voix annonça la fin d’un ordre ancien et le début d’un espoir nouveau. Derrière ce message, il y avait déjà l’âme et la volonté d’un homme appelé à incarner cette révolution : Gamal Abdel Nasser.

Khémaïs Gharbi *

Lorsqu’on entendit : «Redresse ta tête, citoyen arabe, tu es un homme libre dans un pays libre, convoité par les ennemis», ce n’était pas une simple harangue politique. C’était une déflagration dans l’âme de millions d’hommes et de femmes colonisés, humiliés, niés. En un instant, un souffle nouveau parcourut l’Afrique et l’Asie et même au-delà. Le sentiment d’être de nouveau un être digne, un peuple debout, traversa toutes les frontières coloniales.

L’histoire juge, mais n’oublie pas

On peut discuter les erreurs politiques, les échecs stratégiques, les dérives autoritaires du régime. Mais on ne peut balayer d’un revers de main ce que Nasser a donné : la fierté, la conscience et l’élan. Il fut l’un des premiers à hisser haut le drapeau de l’émancipation postcoloniale, à soutenir sans relâche les luttes de libération — de Tunis à Alger, de Léopoldville  à Accra —, à porter au sommet de Bandung, avec Nehru, Tito et Sukarno, la voix des peuples longtemps tenus dans l’asservissement.

Réduire Nasser à la défaite de 1967, c’est méconnaître ce qu’il a incarné pour des millions de colonisés. Il fut, avec d’autres, l’un des fondateurs du mouvement des non-alignés, donnant une voix forte et digne a ce qu’on appelle aujourd’hui le Sud global. Il soutint concrètement les luttes de libération en Afrique, notamment en Algérie, en Tunisie, au Congo. Il osa nationaliser le canal de Suez, défiant les puissances coloniales et restaurant la fierté arabe. Bien sûr, son régime eut ses zones d’ombre, et ses rêves d’unité arabe échouèrent. Mais il reste une figure majeure de l’émancipation du XXe siècle. L’histoire se doit d’être équilibrée : elle juge, mais elle n’oublie pas.

La nationalisation du canal de Suez, en 1956, fut un acte de souveraineté inouï. Il défia les empires déclinants, fit vaciller les certitudes de l’Occident impérial. C’est cela aussi, Nasser : la rupture avec la résignation, le refus de l’humiliation, la construction d’un avenir arabe autonome.

Or voilà que certains aujourd’hui, en toute légèreté, ne retiennent que la défaite militaire. Ils oublient, ou feignent d’oublier, que l’histoire des peuples ne se résume pas à une bataille perdue, mais à ce qu’elle inspire de durable : une conscience collective, une mémoire partagée, une fierté rendue. S’attaquer à la mémoire de Nasser, précisément maintenant, à l’heure où l’idéal panarabe est si fragilisé, c’est comme vouloir donner le coup de grâce à ce qui nous reste de lien, d’horizon, de souffle commun.

Non, ce n’est pas de la nostalgie. C’est de la mémoire juste. C’est le refus de l’ingratitude et de l’amnésie. Et c’est surtout un hommage à ce moment rare dans l’histoire où une voix arabe, forte et claire, nous a dit : redresse-toi, tu es libre. Cette phrase, pour ceux qui l’ont entendue, n’a pas de prix.

Des hommes que l’Histoire ne quitte jamais

Quant à moi, je n’oublierai jamais ce mercredi 23 juillet 1952. J’avais huit ans. Cet après-midi-là, en rentrant de l’école, nous étions nombreux à avoir redressé la tête — pour de bon. Pour la première fois, nous nous sommes sentis pleinement chez nous, dans notre pays, pourtant encore sous occupation française… mais plus pour longtemps.

Il est des hommes que l’Histoire ne quitte jamais. Leur grandeur ne réside pas seulement dans les victoires militaires ou les accomplissements tangibles, mais dans ce qu’ils ont fait naître dans le cœur des peuples. La France continue d’honorer Napoléon, malgré ses défaites, parce qu’il a incarné une ambition, un souffle, une époque. De même, pour le monde arabe, Gamal Abdel Nasser reste cette figure immense, inoubliable, dont la parole et le geste ont éveillé une dignité trop longtemps niée. Ce n’est pas l’homme parfait que les peuples retiennent, mais celui qui a su incarner leur espoir, leur lutte, leur rêve d’émancipation. Et c’est ainsi que les géants deviennent immortels.

* Traducteur et écrivain.

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Après le Canal de Panama, Trump se tourne vers le Canal de Suez

28. April 2025 um 11:11

« Les navires américains, militaires et commerciaux, devraient être autorisés à emprunter gratuitement les canaux de Panama et de Suez ! Ces canaux n’existeraient pas sans les États-Unis d’Amérique. J’ai demandé au secrétaire d’État Marco Rubio de prendre immédiatement en charge cette question ! »

C’est la nouvelle « sortie » du président américain Trump publiée samedi 26 avril sur son média préféré Truthsocial. Il est consternant de voir cette terrifiante cupidité et ce pathétique attachement à l’argent d’un milliardaire qui préside aux destinées du pays le plus riche du monde !

Mais attardons-nous d’abord sur ces deux voies d’eau vitales pour le commerce mondial. Le Canal de Panama est une voie d’eau maritime de 82 kilomètres de long qui relie les deux grands océans, le Pacifique et l’Atlantique. Les travaux de creusement de Canal ont duré de 1903 à 1914, financés principalement il est vrai par les Etats-Unis. Mais en 1977, le président Jimmy Carter signa un accord avec le Panama en fonction duquel les autorités panaméennes prendraient en charge la gestion du trafic sur le Canal.

Le Canal de Suez, pour sa part, n’a rien à voir ni de près ni de loin avec les Etats-Unis. Quand les Français avaient entamé en 1869 les travaux de creusement de cette voie d’eau de 193 kilomètres qui relie la mer Rouge à la Méditerranée, l’Amérique était alors occupée à déblayer les ruines et à panser les blessures causées par la Guerre civile. D’où l’absurdité de l’affirmation de Trump que cette voie d’eau « n’existerait pas sans les Etats-Unis ».

Un commentateur américain, voulant justifier la « gratuité » de passage des navires militaires et commerciaux américains réclamée par Trump, affirme le plus sérieusement du monde sur la BBC que « les Etats-Unis protègent la sécurité de la mer Rouge, chose que l’Egypte est incapable de faire » !!!

Tout d’abord, l’Egypte n’a jamais fait appel aux Etats-Unis et ne leur a jamais demandé d’intervenir pour l’aider à assurer la sécurité autour du Canal de Suez.

Ensuite, l’insécurité qui prévaut dans la mer Rouge peut être assurée non par l’armada des porte-avions et navires de guerre, mais par un simple coup de téléphone de Trump à Netanyahu qui le forcerait d’arrêter le génocide à Gaza et de laisser passer l’aide humanitaire à une population affamée et assoiffée. Au lieu de cela, non seulement il encourage le génocidaire Netanyahu à poursuivre sa guerre criminelle, mais il continue de lui livrer l’armement et l’argent sur le compte du contribuable américain.

Par sa demande d’exiger la gratuité pour les navires américains traversant le Canal de Suez, Trump se trouve dans la situation du pyromane qui, après avoir mis le feu, se mue en sapeur-pompier et exige de se faire payer par la victime…

Jusqu’à la rédaction de ces lignes, les autorités égyptiennes n’ont pas encore réagi à la demande futile du président américain. Il est vrai qu’elles sont dans l’embarras compte tenu de la manne de trois milliards de dollars que l’Egypte reçoit annuellement depuis la signature des accords de Camp David et la normalisation avec Israël que Trump semble utiliser comme une épée de Damoclès.

Les autorités panaméennes sont dans une meilleure situation si l’on en juge par la réaction du président José Raúl Mulino. Ce dernier a répondu sur X, sans nommer Trump, que « les transits et les coûts de tous les navires empruntant notre Canal sont réglementés par l’Autorité compétente. Il n’existe aucun accord contraire. »

Quelques jours plus tôt, le 10 avril, en visite à Panama, le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a déclaré que les États-Unis cherchaient un accord permettant à leurs navires de guerre de traverser le canal « en premier et librement ». Il a même évoqué l’idée d’un retour des troupes américaines au Panama pour « sécuriser » le Canal, ce que le gouvernement panaméen a immédiatement rejeté.

Le secrétaire d’Etat n’a pas précisé contre qui les troupes américaines vont-elles sécuriser le Canal, ni quel genre de menace pèse sur cette voie d’eau tranquille ? Pendant des années, et même des décennies, aucun incident de nature à perturber le trafic entre les deux grands océans n’a été enregistré. Le seul problème qui semble perturber Trump et ses collaborateurs est l’intensité du trafic de la marine marchande chinoise à travers le Canal de Panama que Washington semble déterminé à perturber par tous les moyens.

Cela dit, la nouvelle initiative de Trump consistant à quémander la gratuité de passage des navires marchands et militaires américains n’honore pas les Etats-Unis. Que représentent ces quelques centaines de milliers de dollars que Trump veut gagner sur le compte de l’Egypte et de Panama pour une économie de 23 trillions de dollars ?

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