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Cinéma l Sélection de 6 projets de coproductions italo-tunisiennes

04. Juli 2025 um 07:26

La Direction générale du cinéma et de l’audiovisuel du ministère italien de la Culture a publié le classement final des projets admis au Fonds bilatéral de co-développement cinématographique Italie-Tunisie, pour l’exercice 2024.

Six longs métrages ont été sélectionnés pour un financement de 30 000 euros (132 000 dinars) chacun, avec une dotation totale de 180 000 euros (612 000 DINARS°  allouée par la partie italienne.

Les projets ont été examinés par la commission mixte italo-tunisienne qui s’est réunie le 8 avril. Des coproductions entre sociétés italiennes et tunisiennes ont participé à la sélection, conformément à l’accord intergouvernemental signé à Cannes en 2018 pour promouvoir la coproduction entre les deux pays. Le fonds comprend également une quote-part complémentaire mise à disposition par le Centre national du cinéma et de l’image (CNCI), d’un montant d’environ 100 000 euros (339 000 dinars tunisiens).

Parmi les titres financés figurent ‘‘Baba’’ de Giuseppe Capotondi (Indiana Production et Cinetelefilms), ‘‘El Haouaria – Eau et Vent’’ de Marcello Bivona (Qaja Media et 5/5 Production), ‘‘La stagione dell’amore’’ de Salvatore Allocca (Eurofilm et Lobsters Prod), ‘‘Pro-Contro’’ de Roberto Lippolis (Ventitré et Video International Production), ‘‘Sguardo profondo’’ de Paola Beatrice Ortolani (Sevenhalf Lab et Instinct Bleu) et ‘‘Solastalgia’’, signés par le couple Yosr Gasmi et Mauro Mazzocchi (Chiotto Film et Utopia Films). Sept projets n’ont pas été admis au financement.

Côté tunisien, les projets sélectionnés sont « ‘‘Sadok et ses frères’’ d’Oumeyma Trabelsi (Hania production et Arteria Films), ‘‘Les sept jours’’ d’Ines Ben Othman (Yol films house et Flicktales), ‘‘Maurizio Valenzi et les Italiens de Tunis’’ de Mohamed Challouf (Caravanes production et Casa del vision srl), ‘‘Malentendu’’ de Sarah Abidi (Synergie production et Momotty srl), ‘‘Cirta’’ de Seif Eddine Chedda (Muja film Sirrocco et Slingshots films) et ‘‘تكلم’’ de Nejib Khetiri (Mesanges Films et Samarcanda Films).

Avec cette intervention, les institutions cinématographiques des deux pays confirment leur volonté de renforcer la coopération culturelle et de favoriser la circulation d’histoires communes dans l’espace méditerranéen.

Le prochain appel à projets pour l’année 2025 est prévu pour l’automne.

D’après Ansamed.

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Mort de Michael Madsen à 67 ans : l’acteur fétiche de Tarantino victime d’une crise cardiaque

03. Juli 2025 um 20:07
Mort de Michael Madsen à 67 ans : l’acteur fétiche de Tarantino victime d’une crise cardiaque

L’acteur américain Michael Madsen, figure emblématique du cinéma de Quentin Tarantino, est décédé à l’âge de 67 ans, victime d’une crise cardiaque survenue à son domicile de Malibu, selon les informations de The Hollywood Reporter. Révélé dans les années 1980, ce natif de Chicago au tempérament intense a marqué le grand écran par sa présence […]

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JCMC 2025 : appel à films pour la 20e édition à Gabès sur le thème “Le droit au futur”

02. Juli 2025 um 23:55

La 20ème édition des Journées Cinématographiques Méditerranéennes de Chenini (JCMC), se tiendra du 15 au 19 octobre 2025 à Gabès, sous le thème “Le droit au futur”.

Dans ce contexte, un appel à films est lancé à l’intention des cinéastes des deux rives de la Méditerranée, pour participer à la compétition officielle avec des œuvres interrogeant le devenir de l’humanité et des sociétés.

La date limite d’envoi des films est fixée au 15 août 2025.

Cet appel est ouvert aux courts-métrages porteurs de visions critiques ou alternatives de l’avenir, qui donnent la parole à demain, projettent, alertent ou construisent autour du droit des générations futures à un avenir vivable. Les œuvres qui seront en lice pour le Prix Cinéma engagé, doivent s’articuler autour des thématiques telles que l’environnement et les changements climatiques, l’éducation et la transmission du savoir, la justice sociale ou encore l’imaginaire comme outil de résistance et de transformation.

Lancé en 2005, ce rendez-vous cinématographique annuel, organisé par l’Association Formes et Couleurs Oasiennes, vise à construire des ponts entre les deux rives de la Méditerranée, à sensibiliser autour de questions culturelles, sociales et environnementales, et à créer un espace de dialogue et d’échange d’idées.

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Amel Guellaty primée à Malte : son film “D’où vient le vent” rafle le Grand Prix et le prix d’interprétation pour Eya Bellagha

01. Juli 2025 um 15:32

Le film “Where the Wind Comes From” (D’où vient le vent) de la jeune cinéaste tunisienne Amel Guellaty a remporté la plus haute distinction, “The Golden Bee Award” du Meilleur Long Métrage à la troisième édition du Festival du film méditerranéen qui s’est tenue à La Valette, à Malte, du 21 au 29 juin 2025. L’actrice Eya Bellagha, qui incarne Alyssa, a également été récompensée par le prix de la Meilleure Interprétation.

Coproduction tuniso-franco-qatarie, ce premier long-métrage de la cinéaste se présente comme un récit initiatique, à la fois poétique et ancré dans une jeunesse en quête de sens. Il met en scène Alyssa (Eya Bellagha), une jeune rebelle de 19 ans, et Mehdi (Slim Baccar), 23 ans, timide et introverti, deux amis proches qui utilisent leur imagination pour échapper à leur triste réalité.

Un jour, ils découvrent un concours qui se tient dans le sud tunisien et qui pourrait leur permettre de changer leur vie. Ils décident de faire le road trip, peu importent les obstacles.

Le festival qui a présenté 55 films en provenance de plus de 20 pays, a été placé sous le thème “We Are Film”, mettant en avant la force du cinéma à rapprocher les cultures méditerranéennes et à faire dialoguer les identités à travers les récits cinématographiques.

Lancé en 2023, le Mediterrane Film Festival vise à renforcer la position de Malte sur le marché mondial du film tout en promouvant les échanges culturels et la coopération entre les pays méditerranéens. Le festival ambitionne de servir aussi de plateforme pour les cinéastes, les professionnels du secteur et les passionnés, qui peuvent ainsi se rencontrer, échanger des idées et créer des partenariats pour de futurs projets.

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L’été en festivals : FIFAK 2025, découvrez le programme et les dates clés du Festival international du film amateur

Von: walid
29. Juni 2025 um 19:35

FIFAKLa 38e édition du Festival international du film amateur de Kélibia (FIFAK) se tiendra du 16 au 23 août 2025. Après une édition 2024 dédiée à “Save Gaza”, cette nouvelle rencontre portera l’emblème puissant “Free Palestine”, affirmant son engagement et sa solidarité, tout en conservant l’esthétique poétique qui caractérise le FIFAK depuis sa création en 1964.

Un Événement Majeur du Cinéma Amateur

Organisé par la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs (FTCA), avec le soutien du ministère des Affaires culturelles, du Centre national du cinéma et de l’image (CNCI) et en collaboration avec la municipalité de Kélibia, le festival invite les cinéastes amateurs et étudiants en cinéma du monde entier à soumettre leurs œuvres. Les inscriptions pour les participants étrangers seront clôturées le 15 juillet 2025, et le 28 juillet pour les participants tunisiens.

Chaque année, la ville côtière de Kélibia, située au Cap Bon, devient un carrefour d’échanges et de découvertes. Le festival offre une plateforme unique où les jeunes talents peuvent présenter leurs dernières créations, principalement des courts-métrages, partager leurs expériences avec des pairs internationaux et rencontrer des professionnels reconnus du secteur cinématographique.

Une Programmation Riche et Diversifiée

Au-delà des compétitions nationales et internationales (fiction, documentaire, animation, et film expérimental), le FIFAK propose une programmation foisonnante. Celle-ci inclut des séances spéciales consacrées à un pays ou à un cinéma invité, des projections de films pour enfants (courts et longs-métrages), des ateliers encadrés par des spécialistes tunisiens et étrangers, ainsi que des rencontres-débats enrichissantes. Une compétition nationale de scénario et de photographie complète également l’offre du festival.

Un Haut Lieu de Découverte et de Formation

Le FIFAK est reconnu comme la plus ancienne rencontre de jeunes cinéastes, d’associations tunisiennes de cinéma, d’étudiants, de professionnels et de cinéphiles. Au fil des années, il s’est imposé comme un tremplin essentiel pour de nombreux cinéastes et techniciens, contribuant à l’émergence de talents. Des figures emblématiques du cinéma, telles que Nanni Moretti, Diego Risquez, Sheila Graber, Ahmed Ben Kamila, Salma Baccar, Férid Boughedir ou Ridha Béhi, ont marqué de leur passage ce festival. Le regretté réalisateur égyptien Youssef Chahine, le critique français Alain Bergala, les cinéastes palestiniens Michel Khleifi et Rashid Masharawi, le cinéaste burkinabé Gaston Kaboré, et l’Argentin Pablo César, figurent également parmi les invités de prestige qui ont honoré le festival de leur présence.

La FTCA : Un Pilier du Cinéma Amateur Tunisien

La Fédération tunisienne des cinéastes amateurs (FTCA), fondée en 1962 sous le nom d’Association des jeunes cinéastes tunisiens (AJCT), est une institution clé. Elle est devenue un véritable centre de formation, encadrant des générations de cinéastes. Aujourd’hui, elle compte plus de 320 adhérents répartis dans 23 clubs à travers le pays, leur offrant formation, encadrement et les moyens nécessaires à la réalisation de leurs films.

Depuis plus d’un demi-siècle, la FTCA produit en moyenne une vingtaine de films par an. Elle gère également un patrimoine cinématographique précieux de plus de 500 films (en 16 mm, Super 8 et vidéo), dont certaines œuvres sont signées par des cinéastes aujourd’hui célèbres. Le FIFAK, qu’elle organise chaque année, est considéré comme le premier festival du genre en Afrique et dans le monde arabe, soulignant son importance historique et culturelle.

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Le producteur Habib Attia invité à rejoindre The Academy of Motion Picture Arts and Sciences

28. Juni 2025 um 14:23

Le producteur tunisien Habib Attia figure parmi les nouveaux membres invités à rejoindre l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences, prestigieuse institution qui organise chaque année les Oscars. Cette reconnaissance confirme l’importance de son parcours et de sa contribution au renouveau du cinéma tunisien, qu’il accompagne depuis près de deux décennies à travers des œuvres puissantes, singulières et désormais incontournables sur la scène internationale.

Habib Attia rejoint ainsi un cercle encore restreint de professionnels tunisiens admis au sein de l’Academy, tous ayant joué un rôle actif dans le développement du cinéma tunisien. Avant lui, la réalisatrice Kaouther Ben Hania – dont il a produit plusieurs films –, la réalisatrice Raja Amari, la productrice Dorra Bouchoucha, la monteuse franco-tunisienne Nadia Ben Rachid, ou encore la réalisatrice Meryam Joobeur (Brotherhood, nommé aux Oscars en 2020), ont été invitées à siéger dans différentes branches de l’institution. Le producteur Tarak Ben Ammar, qui a produit plusieurs films tournés en Tunisie et soutenu l’industrie locale dès les années 1970, en fait également partie. L’entrée d’Habib Attia vient ainsi renforcer une présence tunisienne encore modeste mais croissante dans cette institution de référence.

À la tête de la société Cinétéléfilms, fondée par son père Ahmed Bahaeddine Attia, producteur historique de films majeurs comme Les Silences du palais, Les Sabots en or et Halfaouine, Habib Attia a su, dès son retour en Tunisie en 2007 après avoir terminé ses études en Italie, faire émerger une nouvelle génération de cinéastes. Son nom est aujourd’hui indissociable de la percée du cinéma tunisien sur la scène mondiale, notamment grâce à une série de films qui ont franchi les frontières des festivals pour accéder aux plus hautes sphères de reconnaissance, jusqu’à l’Académie elle-même.

L’un des projets les plus marquants qu’il a portés reste L’homme qui a vendu son dos/The Man Who Sold His Skin, réalisé par Kaouther Ben Hania, qui a permis à la Tunisie de décrocher sa toute première nomination à l’Oscar du meilleur film international, en 2021. Le film, audacieux et visuellement stylisé, interroge les notions de liberté, de frontières et de marchandisation des corps, à travers l’histoire d’un réfugié syrien devenu œuvre d’art vivante. Présenté à la Mostra de Venise, il a connu un parcours exceptionnel jusqu’aux Oscars, consolidant la réputation de Habib Attia comme producteur capable de porter des projets à la fois artistiquement exigeants et internationalement viables.

Deux ans plus tard, en 2023, il produit Les Filles d’Olfa, également réalisé par Kaouther Ben Hania. Le film est présenté en compétition officielle au Festival de Cannes (première présence d’un film tunisien en sélection officielle depuis 1970) et y remporte quatre prix décernés par des jurys indépendants : l’Œil d’or du meilleur documentaire, le Prix François-Chalais, le Prix de la Citoyenneté et le Prix du Cinéma positif. Il est ensuite nommé aux Oscars 2024 dans la catégorie meilleur documentaire. Œuvre hybride, entre documentaire et fiction, Les Filles d’Olfa interroge le destin d’une mère tunisienne dont deux filles ont rejoint Daech, tout en explorant les traumatismes intimes et politiques que cette histoire incarne. Là encore, le geste de production de Habib Attia est fondamental : accompagner une œuvre complexe, qui bouscule les formats narratifs traditionnels, tout en lui assurant une visibilité mondiale.

Mais au-delà de ces deux films emblématiques, Habib Attia a produit, depuis une quinzaine d’années, plusieurs œuvres majeures du cinéma tunisien post-révolutionnaire. Dès 2013, Le Challat de Tunis, satirique et impertinent, marquait le début de sa collaboration avec Kaouther Ben Hania. Il s’était auparavant engagé dans la production de No More Fear de Mourad Ben Cheikh, l’un des tout premiers films à documenter la révolution tunisienne, ou encore It Was Better Tomorrow de Hinde Boujemaa. Il est aussi coproducteur de Brotherhood de Meryam Joobeur, qui a valu à la Tunisie sa première nomination aux Oscars dans la catégorie du court-métrage de fiction.

Aujourd’hui, son entrée à l’Academy vient consacrer un parcours fondé sur la rigueur, la fidélité artistique et une rare capacité à faire rayonner des récits tunisiens profondément ancrés dans le réel. Elle atteste aussi de la place croissante qu’occupe le cinéma tunisien sur la scène internationale. Si le cinéma tunisien est de plus en plus présent dans les festivals majeurs et accède aux cérémonies prestigieuses comme les Oscars, il reste cependant en marge des grands circuits industriels de production mondiaux, marqués par des enjeux économiques et de distribution complexes. La trajectoire de producteurs comme Habib Attia prouve qu’un autre modèle est possible : celui d’un cinéma indépendant, audacieux, libre, qui n’attend pas qu’on lui tende la main pour exister.

Neïla Driss

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Le pouvoir du narratif, ou comment l’imaginaire façonne le réel

23. Juni 2025 um 20:10

Pendant des décennies, nous avons grandi en regardant des westerns où les Indiens étaient présentés comme des sauvages sanguinaires, attaquant sans raison de paisibles colons blancs. Ils scalpaient, violaient, tuaient, et nous les détestions. Pourquoi donc ? Parce que les films et les séries américains le disaient, et nous n’avions aucun autre récit pour contredire cette vision.

Pendant des années, les « méchants » étaient les Russes. L’ennemi ultime. Ils étaient froids, brutaux, inhumains, toujours en train de comploter contre le monde libre. Là encore, pourquoi les haïssions-nous ? Parce que Hollywood, avec une efficacité redoutable, imposait cette image dans l’inconscient collectif.

Puis est venue l’ère où le « méchant arabe » est devenu la figure incontournable du mal dans les blockbusters. Un mal caricatural, sale, fanatique, barbu, hurleur, porteur de bombes et destructeur de tout ce qui ressemble à une civilisation. Cela aussi, nous l’avons vu à l’écran, encore et encore, jusqu’à ce que cela devienne, pour beaucoup, une vérité.

Dans tous ces récits, les Américains, eux, sont toujours du bon côté. Même quand le danger vient d’au-delà des étoiles, ce sont encore eux qui sauvent le monde. Les extra-terrestres attaquent la Terre ? Ce sont les pilotes américains qui volent à la rescousse, la Maison Blanche qui dirige la riposte, le président américain qui prononce le discours qui galvanise l’humanité. Même dans l’imaginaire intergalactique, c’est toujours l’Amérique qui incarne l’ordre, la justice et le salut. Et il faut reconnaître qu’elle a su, avec constance et talent, construire cette image rassurante d’elle-même, en investissant massivement dans son industrie culturelle.

Le cinéma américain, en particulier, a permis au monde entier de connaître l’Amérique et son histoire, dans ses moindres détails : depuis l’arrivée des premiers pionniers, en passant par la guerre de Sécession, la catastrophe de Pearl Harbor, la Seconde Guerre mondiale, la guerre du Vietnam, la prohibition… Par la puissance de son narratif, l’Amérique a imposé ses exploits, ses inventions, et même ses drames, auxquels nous avons spontanément compati, comme le meurtre de Kennedy ou les attentats du 11 septembre. L’Amérique a su se rendre proche, familière, mémorable. Elle a su faire en sorte qu’elle devienne une référence, une figure connue de tous, presque intime. Elle a su, par la force de son récit, entrer dans notre imaginaire collectif, dans nos émotions, dans notre idéal, parfois même dans notre aspiration à lui ressembler.

Ce n’est pas un hasard. C’est une construction. Une stratégie. Un choix culturel mûrement entretenu. Car le narratif, ce n’est pas seulement raconter une histoire. C’est imposer une vision du monde. C’est diffuser un imaginaire qui, à force d’être répété, devient une référence, puis une vérité.

Et pourtant, nous, arabes, avons aussi notre propre Histoire. Nous avons notre version et notre lecture du monde. Nous avons notre identité. Nos propres exploits. Nos grandes figures, nos luttes, nos rêves, nos blessures, nos belles périodes… Mais tout cela reste méconnu, marginal, périphérique. Parce que nous ne l’avons pas raconté, ou pas assez. Parce que nous avons laissé d’autres peuples raconter pour nous – parfois contre nous.

Ce constat ne relève ni du ressentiment ni de la plainte. Il n’y a là aucun reproche envers ceux qui ont su construire leur propre récit et l’imposer au monde. Il y a seulement la lucidité de reconnaître qu’à force de silence, d’oubli ou de passivité, nous avons laissé les autres peupler notre imaginaire à notre place. Et qu’il est temps d’inverser le mouvement.

Les peuples qui ne maîtrisent pas leur propre narratif, qui ne racontent pas eux-mêmes leur Histoire et leurs histoires, qui ne diffusent pas leur vision du monde, se retrouvent piégés dans les récits des autres. Et c’est ce qui est arrivé – et arrive encore – aux Arabes. Non seulement nous ne contrôlons pas l’image que les autres se font de nous, mais nous ne la produisons même pas.

Car un narratif puissant ne se construit pas en une génération. Il repose sur une continuité, une production massive et régulière, une capacité à se raconter, à s’imposer dans l’imaginaire collectif mondial. Les Américains l’ont compris très tôt, les Russes l’ont tenté avec plus ou moins de succès, les Indiens y parviennent de plus en plus grâce à l’essor de Bollywood. Mais le monde arabe, malgré sa richesse culturelle, peine encore à se réapproprier son propre récit.

Or, le cinéma, la télévision, la littérature, le jeu vidéo, le théâtre même : tous ces outils sont des champs de bataille contemporains. Ce sont eux qui forgent l’imaginaire mondial. Ce sont eux qui déterminent qui est « le bon », qui est « le méchant », qui est « moderne », « arriéré », « civilisé », « dangereux », « fascinant », « exotique »…

Il est temps, donc, non pas de pleurer sur le narratif des autres, mais de construire le nôtre. De produire, de diffuser, de raconter. D’oser des récits forts, multiples, complexes. De ne plus toujours attendre que l’Occident nous filme, nous décrive, nous caricature.

Parce qu’un peuple sans récit, ou dont le récit est toujours dicté par les autres, est un peuple qui disparaît de l’imaginaire mondial. Et à terme, de l’Histoire.

Neïla Driss

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