Industrie automobile : la Tunisie face aux grandes mutations mondiales
La Chambre de Commerce et d’Industrie Tuniso-Française (CCITF) et la Tunisian Automotive Association (TAA) ont organisé ce mardi 13 mai 2025 à Tunis une conférence autour du thème : « Le secteur automobile face aux transformations mondiales : défis, opportunités et perspectives ». Une rencontre qui a réuni des représentants de l’écosystème industriel tunisien, à l’image de Khelil Chaibi, président de la CCITF, Myriam Elloumi, présidente de la TAA, et Imed Charfeddine, vice-président de l’association.
Avec plus de 280 entreprises et plus de 100 000 emplois directs, le secteur automobile tunisien représente 7 % de la valeur ajoutée industrielle et 4 % du PIB. En 2024, les exportations ont atteint 3,1 milliards d’euros, avec une croissance annuelle moyenne de 16 % depuis 2018. L’essentiel de la production est destiné à l’international, notamment l’Allemagne (37 %), la France (21 %), la Roumanie (12 %) et l’Italie (11 %).
Pour Imed Charfeddine, changement et adaptation sont désormais les maîtres-mots du secteur. Dans son intervention, il a souligné la forte mutation du marché européen, marqué par une baisse drastique de la demande automobile, alors même que de nouveaux pôles de croissance émergent en Asie, avec la Chine en figure de proue.
Forte d’une expérience de plus de 30 ans dans la fabrication de composants, notamment dans le câblage, la Tunisie amorce désormais une transition vers des technologies avancées : électronique embarquée, logiciels, connectivité, maintenance prédictive. Plusieurs entreprises locales commencent déjà à produire des pièces pour véhicules électriques et intègrent des bancs de test ou des centres de développement.
Cette dynamique est soutenue par un atout majeur : un vivier de compétences locales, avec plus de 8 000 ingénieurs formés chaque année, des centres universitaires performants et un coût de main-d’œuvre compétitif.
Charfeddine souligne que l’écosystème automobile international évolue rapidement. Les constructeurs chinois peuvent désormais produire un véhicule en 18 mois, contre 4 à 5 ans pour les Européens. Le véhicule devient un objet technologique simplifié, composé principalement d’une batterie, d’un logiciel et d’un châssis, un changement qui bouleverse toute la chaîne industrielle.
La Tunisie pourrait en tirer profit. Des acteurs majeurs comme Leoni ou Coficab ont déjà installé leurs centres R&D dans le pays. Des groupes asiatiques et américains s’intéressent également à l’implantation de sites de production sur le territoire.
Pour accompagner cette transformation, plusieurs pistes ont été évoquées :
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Moderniser les infrastructures logistiques, notamment par la création d’un port en eaux profondes.
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Renforcer la connectivité intérieure, grâce à une meilleure couverture autoroutière.
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Exploiter les accords commerciaux déjà signés avec l’Europe et l’Afrique.
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Accélérer l’intégration de l’industrie 4.0, via une meilleure synergie entre universités et entreprises.
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Et surtout, sensibiliser les décideurs publics pour maintenir la compétitivité du pays face à la nouvelle mobilité mondiale.
L’événement a aussi été l’occasion pour Aurélie Jouve, directrice du salon EQUIP AUTO, de présenter les contours de la 27e édition du salon international, prévue à Paris du 14 au 18 octobre 2025. Cette édition s’annonce exceptionnelle, avec +85 % de surface déjà réservée, +32 % de nouveaux exposants inscrits, 30 pays représentés, dont la Tunisie, avec plusieurs pavillons nationaux (Espagne, Pologne, Turquie, Corée, Chine, Taïwan) et la présence attendue des grands leaders du secteur et de nouveaux entrants dans toutes les filières.
Enfin, la conférence a été marquée par la signature d’un protocole d’accord entre la CCITF et la TAA, scellant une volonté commune de renforcer la coopération et les échanges entre acteurs économiques tunisiens et français du secteur automobile.

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