L’intelligence artificielle (IA) est en train de redéfinir les contours de notre monde, transformant les industries, les économies et même notre quotidien. Dans cette interview exclusive, Abderrazak Hachani, chargé de mission Innovation au Groupe Esprit et expert international en IoT, nous plonge au cœur des enjeux de l’IA. De la définition de cette technologie révolutionnaire et son impact sur l’entreprise de demain, en passant par les défis éthiques et les opportunités pour la Tunisie et la région MENA, il nous livre une vision éclairée et prospective. Découvrez comment l’IA, entre promesses et défis, façonne déjà l’avenir et ce que cela signifie pour les entreprises, les travailleurs et la société dans son ensemble.
Quel est l’état des lieux de l’IA en Tunisie et son positionnement dans la région MENA ?
L’intelligence artificielle en Tunisie connaît une progression significative. Depuis les années 70, le Pays a commencé à travailler sur ce domaine (traitement d’image et contrôle de systèmes automatiques dans les finances), bien que l’IA elle- même ait vu ses premières avancées dès les années 2000 sous d’autres cieux. Aujourd’hui, elle s’intègre de plus en plus dans divers secteurs, principalement la finance, l’éducation et certaines industries. Selon une étude récente, environ 60% des entreprises tunisiennes prévoient d’investir dans l’IA d’ici 2025. Cet essor est stimulé par la démocratisation des outils d’intelligence artificielle accessibles aux petites et moyennes entreprises, ainsi que par le développement des centres de recherche et des startups spécialisées. Par ailleurs, l’apparition de nouveaux programmes de formation destinés à la maîtrise de l’IA, à la conception de modèles et à l’analyse des données constitue un pilier essentiel pour préparer une nouvelle génération d’ingénieurs et de chercheurs capables de répondre aux besoins du marché.
Toute fois, il est important de noter que cette montée en puissance nécessite une infrastructure technologique robuste, capable de supporter des milliards de paramètres et d’accélérer les calculs d’exécution. L’absence d’une telle infrastructure pourrait freiner, à un certain moment, le développement de solutions efficaces. À cet égard, l’école Esprit s’est dotée d’une station de calcul NVIDIA DGX-100 pour soutenir les startups, les entreprises, les centres de recherche et les étudiants. Un autre défi majeur réside dans la fuite des cerveaux ainsi que dans l’absence d’une stratégie nationale claire regroupant les différents acteurs des secteurs public et privé. Une telle stratégie permettrait d’identifier les faiblesses du système et d’établir un cadre de collaboration efficace.
Je pense que l’innovation ouverte (Open Innovation) est la clé du succès dans ce domaine. En ce qui concerne le positionnement de la Tunisie dans la région MENA, notre pays n’est pas encore en tête, mais il est sur la bonne voie. D’autres nations, comme les Émirats arabes unis, ont marqué les esprits dès 2023 avec le lancement de leur modèle de langage IA Falcon, un modèle open source qui a surpassé à l’époque ceux de Meta et de Google. Actuellement, l’Arabie saoudite est le leader dans la région avec des investissements massifs de 14,9 milliards de dollars dans l’IA.
Quels sont les domaines les plus prometteurs de l’IA ?
L’intelligence artificielle est en train de révolutionner de nombreux secteurs, en apportant des solutions innovantes et en repoussant les limites de ce qui était, autrefois, possible. Plusieurs domaines sont particulièrement prometteurs et devraient connaître un impact majeur dans les années à venir. Dans le domaine de la santé, l’IA contribue à l’amélioration du diagnostic médical en permettant une analyse plus rapide et plus précise des images médicales. Elle favorise également le développement d’une médecine personnalisée en adaptant les traitements aux caractéristiques génétiques des patients, tout en facilitant la robotique chirurgicale pour des interventions plus précises et moins invasives. L’automatisation industrielle bénéficie également de l’IA, notamment à travers la maintenance prédictive, qui permet d’anticiper les pannes et d’optimiser l’entretien des machines, et l’optimisation des processus de production, garantissant ainsi une meilleure efficacité et une réduction des coûts.
Dans le secteur financier, l’intelligence artificielle joue un rôle clé en matière de détection des fraudes, en analysant les transactions en temps réel pour repérer les anomalies. Elle est également utilisée dans le trading algorithmique, permettant une prise de décision rapide sur les marchés financiers, et dans la gestion des risques pour aider les entreprises à mieux anticiper les fluctuations économiques. Le commerce de détail est un autre domaine où l’IA transforme l’expérience client en rendant les recommandations plus personnalisées et en optimisant la gestion des stocks grâce à des prévisions plus précises.
Dans la logistique ou encore la chaîne d’approvisionnement, l’IA améliore l’efficacité en optimisant les flux de marchandises et en anticipant la demande, ce qui permet de réduire les coûts et les délais de livraison. La cybersécurité profite également des avancées en intelligence artificielle, qui permet de détecter les cyberattaques en temps réel et de renforcer la protection des infrastructures Numériques ou encore cyberphysiques face aux menaces croissantes. Enfin, la robotique et la mobilité constituent des secteurs où l’IA joue un rôle majeur, avec l’essor des véhicules autonomes et des drones de livraison, qui promettent de transformer les transports et la logistique.
Pour découvrir la suite de cette interview , rendez-vous dans le numéro 914 de L’Economiste Maghrebin, en kiosque du 26 février au 12 mars 2025.
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