Gaza : 33 morts..plus de la moitié des enfants
© Mosaique FM
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Les travaux de la 5e session du conseil central du mouvement « La Tunisie en avant » ont démarré, samedi 17 mai, à Nabeul, sous le signe « Vers une Tunisie où prévalent Justice sociale, liberté et dignité nationale ».
Pour atteindre cet objectif, le conseil central du parti se penchera lors de ses travaux à examiner une question-clé, celle d’identifier les moyens idoines permettant de convertir les objectifs du processus de 25 juillet 2021 en des acquis concrets, a déclaré, à l’agence TAP, le secrétaire général du mouvement, Abid Briki.
Briki a souligné que cette étape commande de procéder impérativement à une relecture approfondie du bilan du processus du 25 juillet 2021. Une telle relecture servira à élaborer une nouvelle vision de la nouvelle Tunisie et permettra de remédier aux insuffisances et lacunes pouvant nuire à ce processus.
Il a également affirmé que le conseil central du parti se tient à une étape où le processus du 25 juillet est en quête d’une « immunisation », plaidant en faveur d’une unité nationale faisant impliquer des partis, les organisations et les experts et qui aboutit à « une déclaration de principes » traçant les contours de l’avenir du pays.
Le secrétaire général du mouvement a saisi l’occasion pour rappeler les principaux acquis réalisés depuis 25 juillet 2021, citant en exemple, notamment, l’élaboration d’une nouvelle constitution et l’élection des deux chambres législatives.
A cela s’ajoute l’adoption d’une foule de mesures et de lois à caractère social « révolutionnaires » qui s’inscrivent dans l’optique de mettre fin au règne de l’emploi précaire.
Une série d’acquis qui ne doivent nullement nous faire perdre de vue la persistance de plusieurs questions encore non résolues, telles que la détérioration du pouvoir d’achat du citoyen à la lumière de l’envolée des prix, la stabilité des salaires et l’ouverture des dossiers de plusieurs entreprises en difficulté sans pour autant y prévoir un programme de réformes clair y afférent.
Autant de questions qui méritent d’être réglées afin de parvenir à conforter la paix sociale, et partant, concrétiser l’objectif escompté de l’instauration d’un État social.
S’attardant sur la question du statut des droits et des libertés en Tunisie, Briki s’est exprimé en toute clarté en faveur de la suppression du décret-loi n°54 de 2022, texte tant polémiqué adopté pour régir « une conjoncture « exceptionnelle » et « une période transitoire » qui pris fin au lendemain de la mise en place des deux chambres législatives du parlement.
Avec TAP
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Le Stade Tunisien se déplacera , ce dimanche 18 mai, à partir de 17h00, sur la pelouse du stade olympique de Sousse pour y affronter l’Étoile Sportive du Sahel, dans le cadre des quarts de finale de la Coupe de Tunisie de football. L’équipe de Bardo enregistrera à l’occasion plusieurs retours importants, notamment ceux de […]
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Les distorsions économiques identifiées dans la première partie révèlent une déconnexion entre les mécanismes économiques et la création de valeur réelle. Cette situation met en lumière les défis de gouvernance auxquels notre pays est confronté. La question se pose désormais : comment les structures de gouvernance influencent-elles la mise en œuvre des réformes nécessaires ? Dans cette deuxième partie, nous explorerons les mécanismes de gouvernance et leur impact sur la capacité de l’État à impulser des changements significatifs.
Il est clair que la situation actuelle qui prévaut en Tunisie exige une réforme en profondeur du modèle. Une réforme qui passe par une revalorisation du rôle de l’investissement productif, une réorientation de la dépense publique vers la création de valeur et un recentrage de l’action politique sur le long terme. Il est impératif de restaurer l’équilibre entre les impératifs de stabilité institutionnelle et les exigences de développement inclusif et durable.
Faute de quoi, le pays s’expose à une montée inéluctable des tensions sociales, à un affaiblissement de sa souveraineté économique et à un risque systémique majeur, dont les effets pourraient durablement compromettre son avenir.
Afin d’imaginer une voie cohérente permettant de maximiser l’utilité pour la communauté, il nous faut définir les objectifs à atteindre et il s’agit, pour ce qui nous concerne, essentiellement de :
Quels sont les contraintes auxquelles fait face le pays ? Deux types de contraintes majeures :
Les contraintes endogènes agrègent des problématiques ayant directement trait aux politiques internationales et au positionnement du pays dans son environnement immédiat, tel que les relations bilatérales et multilatérales retenues par notre pays et les choix relationnels avec les institutions financières internationales et régionales ; avec un impact direct sur le pays et sur l’éventail d’opportunités qui se présentent.
Les contraintes exogènes regroupent quant à elles des problématiques liées aux crises mondiales, et aux risques d’instabilités et de conflits majeurs avec un impact direct sur les flux économiques mondiaux et un impact indirect sur notre pays.
Retenons les contraintes les plus significatives suivantes :
Relancer la croissance, passant inéluctablement par la relance de la production et de l’activité des entreprises, l’identification d’opportunités de projets et d’investissements devient alors la condition sine qua non de tout projet. Ainsi, la nation accusant un retard important en termes d’infrastructures et de prestations de services publics, tous les projets d’infrastructures et de prestations de services publics s’érigent en opportunités d’investissements et de production, assurant ainsi le premier substrat de la relance économique.
Les contraintes financières du pays ne permettant pas de maintenir simultanément le train de vie de l’administration et le financement des projets nationaux, c’est à ce niveau que l’ingénierie spécifique est mise à contribution. C’est en imaginant, pour tous les projets, des solutions autoporteuses, génératrices de rendement économique, que l’on proposera à des investisseurs nationaux de trouver une opportunité de relance d’activité et de mobilisation de ressources financières domestiques.
L’État pourra alors réaliser simultanément plusieurs projets d’infrastructures, de services, de mise à niveau technologique et de prestations sociales, au profit des citoyens, sans mobilisation de ressources publiques et sans aucun endettement public de quelque nature que cela soit.
La mise en projets autoporteurs de tous besoins en infrastructures et services publics générera une relance rapide de l’activité économique. L’injection d’investissements massifs sans recours à la dette publique dans l’économie permettra de doter le pays d’un levier accélérateur de relance et de croissance.
La priorisation de la préférence pour des opérateurs économiques nationaux, lors de la mise en œuvre, de la réalisation et de la gestion des projets pour le compte de l’État en son lieu et place et au profit de la communauté nationale, permettra la réduction du déficit budgétaire, la mobilisation de ressources par les opérateurs économiques, la réduction de l’exposition au change et aux financements étrangers, la création de valeur nationale, l’accroissement des ressources budgétaires, la création d’une forte demande d’emplois et d’opportunités de création d’entreprises pour les jeunes et surtout de satisfaire rapidement aux attentes des citoyens en termes de services publics et d’infrastructures publiques.
La création d’emplois et l’amélioration des revenus entraîneront à court terme une hausse significative de la consommation intérieure. Cela contribuera à la croissance économique et à la diversification de la production. Cette relance rapide, combinée à l’augmentation de la rentabilité des investissements, attirera les flux financiers d’investisseurs privés internationaux.
La crise mondiale et l’incertitude des flux financiers internationaux incitent à rechercher des refuges stables et des opportunités d’investissements attractifs. Face à cette situation, la Tunisie pourrait devenir un centre d’attractivité, grâce à ses performances économiques et à la diversité de ses projets d’investissement.
La monnaie domestique gagnera en valeur et les réserves en devises stables augmenteront. La dette publique se résorbera et les notations de risque pays deviendront positives. Les partenariats avec des opérateurs étrangers permettront un transfert de savoir-faire et de technologies, positionnant ainsi la Tunisie comme un acteur stratégique en Afrique.
Il est crucial de libérer cette dynamique positive en établissant un “tourbillon vertueux autocentré”. À chaque étape, une ingénierie économique et financière spécifique devrait être mise en œuvre pour éviter les dérapages.
Pour réussir cette transformation, il est essentiel que l’État et l’administration publique redéfinissent leur rôle. La distinction entre définir et fournir des services publics et les gérer eux-mêmes est fondamentale : « L’administration n’est pas l’État, et encore moins la nation, c’est le peuple qui l’est. »
Par Adnene Ben Salah
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Selon les prévisions de l’Institut national de la météorologie, un temps brumeux est attendu ce dimanche 18 mai. Le ciel sera majoritairement nuageux sur l’ensemble des régions du pays. Un vent de secteur sud soufflera faiblement à modérément, devenant relativement fort dans l’après-midi, notamment sur les zones côtières. La mer sera agitée à très agitée. […]
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L’US Monastir affronte le Club Africain ce dimanche 18 mai 2025 à 14h30, dans le cadre des quarts de finale de la Coupe de Tunisie 2024-2025. La rencontre sera diffusée en direct sur la chaîne nationale Al Wataniya 1
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La cérémonie de remise des Prix Comar du roman déroulée s’est déroulée, samedi 17 mai 2025, au théâtre municipal de Tunis, dans une ambiance festive où littérature, musique et chant font bon ménage pour le bonheur du public présent.
Imed Bahri
Comme chaque année, la proclamation des noms des six lauréats a été précédé et suivi de concerts de chants des voix représentatives du «tarab» en Tunisie : Rana Zarrouk, Mohamed, Mohamed Ben Salah et Olfa Ben Romdhane, qui a clôturé en beauté la soirée, pour le bonheur des mélomanes présents.
Les dirigeants des Assurances Comar, l’entreprise qui a créé et organise cet événement littéraire majeur depuis 29 ans dans le cadre de sa stratégie de responsabilité sociale de l’entreprise, étaient présents aux premiers rangs pour montrer l’intérêt qu’il accorde à la culture en général et à la littérature romanesque en particulier, ce que MM Slaheddine Ladjimi, président du conseil d’administration des Assurances Comar, et Lotfi Belhaj Kacem, président du Comité d’organisation des Prix Comar, ont exprimé dans leurs allocutions d’ouverture, en promettant de poursuivre sur cette voie, le but étant de promouvoir la lecture parmi le grand public et de rapprocher les écrivains des lecteurs à travers la dynamique promotionnelle que ces prix créent et renforcent d’une année à l’autre.
Après la présentation des membres des deux jurys, qui ont été honorés pour l’occasion, le palmarès des Prix Comar 2025 a donné les résultats suivants :
Le Prix Comar d’Or décerné à Mahdi Hizaoui pour son roman «Ecris, tu seras aimé des dieux» (Editions Arabesques).
Le Prix spécial du Jury décerné à Abdellatif Mrabet pour son roman «Le vert et le bleu» (Editions Contrastes).
Le Prix Découverte décerné à Houda Mejdoub pour son roman «Ecoute-moi ma fille» (Editions Arabesques).
Le Prix Comar d’Or décerné à Chafiq Targui pour son roman «Liman Tajmaa Wardak aya Makram» (Editions Mayara).
Le Prix spécial du jury décerné Sofiane Rejeb pour son roman «Ashab Al-Hodhod» (Editions Meskiliani).
Le Prix Découverte décerné à Balkis Khalifa pour son roman «Nafidha Ala Chams» (Editions Mayara).
Rappelons qu’outre la promotion médiatique et à travers les circuits culturels dont ils bénéficient, les auteurs des romans primés se voient attribuer des chèques de 10000 DT (Comar d’Or), 5000 DT (Prix spécial du Jury) et 2500 DT (Prix découverte).
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En 2020, en Inde, un pays essentiellement campagnard et sous-développé, les paysans, pourtant politiquement roués et encadrés par des intellectuels souvent brillants, n’ont pas saisi l’opportunité d’un véritable changement en profondeur qu’ils auraient pu imposer d’une manière irrémédiable, avec la majorité nécessaire pour le faire.
Dr. Mounir Hanablia *
Les paysans en Chine avaient constitué la base sur laquelle s’était appuyé le Parti communiste chinois pour lutter contre l’occupation japonaise durant la seconde guerre mondiale, puis pour arracher le pouvoir au parti Kuomintang dont les débris sont toujours réfugiés aujourd’hui sur l’île de Taiwan.
En Russie en 1917, ou plutôt dans l’empire tsariste, les paysans, malgré les prétentions du parti bolchevik à représenter la classe ouvrière dans un pays sous industrialisé et largement agricole, avaient formé l’ossature de l’armée rouge des ouvriers et paysans, ainsi qu’on l’avait nommée, qui allait permettre aux communistes de s’installer à la tête du pays durant plus de 70 ans.
Curieusement, l’Inde, un pays majoritairement constitué de campagnards dont l’agriculture représente la principale source de revenus, n’a pas basculé dans la Révolution, malgré des famines cycliques, et les conflits intercommunautaires, ou bien issus de la tyrannie sociale née du système des castes prédominant dans le pays. Les partis communistes, légalisés dans le pays, n’ont jamais eu d’influence qu’au niveau régional dans quelques États périphériques dont ils ont remporté les élections comme le Kérala et le Bengal Occidental. Il y a bien eu un maquis communiste dirigé par Charu Majumdar, qu’on a qualifié de Naxalite, dans les forêts du Jharkhand, qui a fait parler de lui un certain temps en menant des attaques contre les forces de l’ordre ou leurs informateurs, mais ce maquis n’a pas bénéficié du soutien populaire qui lui aurait permis de constituer un fief, un territoire sécurisé, une république populaire, pour se lancer ensuite à la conquête du pays, comme cela s’était fait en Chine ou au Vietnam.
Le morcellement issu du communalisme et des castes n’a ainsi pas pu être surmonté par l’analyse ou la rhétorique marxiste alors que tout prédisposait le pays à un conflit social de grande ampleur dont aurait pu naître une situation révolutionnaire.
C’est pourquoi le mouvement paysan de 2020 dans le pays le plus peuplé au monde ne doit pas être considéré comme un événement marginal, le néolibéralisme et le marché global ayant le vent en poupe dans le monde entier. C’est justement pour exiger le retrait des lois instituées par décrets par le gouvernement communaliste hindou du démagogue autoritaire Modi, dans le but de soumettre l’agriculture indienne aux intérêts des grands groupes commerciaux et financiers nationaux et internationaux, que le soulèvement paysan est né afin d’épargner à des centaines de millions de paysans les expropriations de leurs terres en faveur de l’agrobusiness, que les trois nouvelles lois auraient imposées.
Ces lois supprimaient les prix minimums garantis des produits agricoles, restreignant les droits des fermiers à se pourvoir en justice en cas de litige avec des intermédiaires, qui ne seraient désormais plus agréés par l’Etat. Les fermiers devraient traiter avec un marché sur lequel ils n’avaient aucune prise, pas même celle de fixer les prix. Bref, ils ne seraient que de simples producteurs face à de puissantes corporations qui en seraient les principaux acteurs.
En légiférant par décrets, le gouvernement Indien avait court-circuité le Parlement sans lui soumettre les projets de lois contestés pour approbation, remettant en question l’équilibre des pouvoirs dans un pays qui se qualifie de plus grande démocratie du monde. Il était d’autant moins fondé à le faire que la Constitution indienne précisait que les questions liées à l’agriculture relevaient des parlements régionaux, et non du pouvoir central. Et il avait choisi de le faire en pleine pandémie de Covid pendant qu’il restreignait les libertés de travailler, de circuler et de se réunir dans tout le pays.
Le fait démontre suffisamment la capacité de mobilisation de plusieurs centaines d’associations de fermiers et leur détermination dans des conditions aussi défavorables. Le noyau de la contestation s’est situé au Punjab, un des États les plus prospères de la Fédération Indienne, considéré dans les années 70 comme le grenier à blé de l’Inde après ce qu’on a appelé la Révolution Verte. Le cœur en a été la communauté Sikhe dont, outre les réseaux de solidarité autour d’une croyance monothéiste commune, l’Histoire est celle d’une lutte ininterrompue contre l’oppression et l’injustice du pouvoir, et dont l’idéal est le service de la communauté.
Ainsi les temples sikhs disposent tous de cuisines animées par des fidèles volontaires, afin de distribuer des repas gratuits à tous ceux qui se présenteraient, indépendamment de leurs race, sexe, ou conviction religieuse. Ce haut idéal humaniste a facilité la mobilisation des milliers de paysans du Punjab dont la capacité d’organisation et l’idéal communautaire étaient si on peut dire rodés depuis des siècles. Des milliers d’hommes, de femmes, de vieillards venus dans leurs tracteurs, camions, et camionnettes, ont ainsi établi des camps mobiles le long des routes convergeant vers la capitale, dont tous les jours ils se rapprochaient encore plus.
Le gouvernement indien, tout comme ceux qui l’ont précédé, n’étant nullement désireux de voir sa capitale envahie par une contestation jugée menaçante, envoya les unités centrales de la police épauler les unités régionales afin d’empêcher les contestataires de passer, si possible de les disperser. Les manifestants furent donc confrontés à la brutalité policière, mais ils persistèrent.
Il vint donc un moment, début décembre, alors que le froid de l’hiver se faisait sentir, où les paysans se trouvèrent bloqués en rase campagne par les forces de l’ordre avec les routes vers la capitale coupée. Des camps permanents furent ainsi montés avec entre autres bibliothèques, gymnase, cinémas, ravitaillement quotidien en provenance des campagnes, cuisine, voirie, et même des dispensaires, animés par les centaines de volontaires venus apporter leur aide. Et le mouvement a fait tache d’huile dans les autres Etats de la fédération dont les fermiers étaient aussi intéressés par le retrait des lois contestées.
Toujours est-il, au moment où les paysans entamaient des négociations avec le gouvernement, qu’ils décidaient de mettre la pression en bloquant le chemin de fer au niveau régional, entraînant l’épuisement rapide des stocks de charbon, et la fermeture de plusieurs centrales électriques nécessaires au fonctionnement de l’industrie.
En un peu plus d’un mois, il y eut environ six réunions entre les représentants des fermiers et du gouvernement, qui n’aboutirent pas, les premiers exigeant les retraits des lois, et les seconds s’obstinant à ne discuter que d’amendements. Naturellement le gouvernement entama une campagne de propagande de grande ampleur, relayée par des médias aux ordres appartenant aux grands groupes commerciaux désireux de voir les lois appliquées à leur bénéfice. Ils présentaient les fermiers comme des naxalites, guérilleros communistes, ou bien Punjab oblige, des khalistanis.
En effet, dans les années 80, l’armée indienne avait détruit le Temple d’Or d’Amritsar, le lieu le plus saint du sikhisme, parce que s’y étaient réfugiés des séparatistes exigeant la création d’un Etat sikh indépendant, le Khalistan. Une actrice de Bollywood devenue députée appuyait les thèses du premier ministre Modi.
Face à cette campagne de désinformation, les contestataires répliquaient par un usage intensif de l’Internet afin d’informer régulièrement leurs propres partisans tout en acquérant la sympathie de leurs compatriotes, émus par la mort d’une cinquantaine de manifestants, souvent âgées, de froid, ou de maladie. Il y eut même un suicide de protestation, afin de rappeler que les suicides de fermiers, endettés irrémédiablement, représentaient plus de 11% du total dans le pays, sur 25 ans.
Malgré cela, le gouvernement s’obstinait, arguait du bien-fondé de sa politique, récusée par les fermiers, les partis d’opposition, et de plus en plus les différents segments de la société civile que rebutaient sa dérive autoritaire remettant en cause le fonctionnement des institutions démocratiques, tout comme les méthodes policières utilisées pour réprimer les manifestants, de plus en plus soutenus par une opinion publique internationale influencée par les communautés indiennes établies aux Etats-Unis et au Canada.
Le Premier ministre Justin Trudeau du Canada n’hésitait pas à monter au créneau pour exprimer sa solidarité avec ses compatriotes originaires d’Inde inquiets du sort de leurs proches demeurés dans ce pays, luttant pacifiquement pour préserver leurs droits. Trudeau dénoncerait quelques années plus tard l’assassinat de militants sikhs au Canada en l’attribuant aux services secrets indiens, déclenchant une crise diplomatique entre les deux pays.
Le fait le plus marquant est que le mouvement paysan, en utilisant des moyens pacifiques, était ainsi devenu une menace pour le pouvoir parce qu’il avait réussi à surmonter les différences de castes et de religions entre Hindous et Musulmans, dont le parti suprémaciste Hindou au pouvoir, le BJP, avait fait son cheval de bataille, en instaurant le fameux registre national et la réforme sur la nationalité faisant des musulmans des citoyens sans droits dans leur propre pays.
Le mouvement paysan avait fédéré les différents mécontentements contre la politique cynique d’un gouvernement qui n’hésitait pas à importer de l’étranger à des prix supérieurs les produits disponibles sur le marché intérieur, afin de casser la production locale et punir les fermiers, quand il ne les soumettait pas à des représailles fiscales.
Des personnalités éminentes et des sportifs avaient même rendu les décorations dont l’État Indien les avait honorés, en signe de protestation, un symbole fort remettant ainsi en question implicitement l’unité du pays.
Le livre, écrit comme un journal par une adolescente punjabi sikhe de 16 ans suffisamment cultivée pour citer des passages de pièces de Shakespeare, s’interrompt en janvier 2021 alors que les deux parties n’ont pas encore trouvé d’accord.
En fait, il faudra une année au gouvernement pour céder et se résoudre à l’annulation des lois en question. Ce n’est pas la menace de désintégration du pays qui l’a fait reculer, mais plutôt la perspective d’une défaite électorale sans précédent. Et les élections de 2024 viendront confirmer le recul électoral de M. Modi qui ne disposera plus de la majorité absolue au parlement.
Évidemment nul ne contestera que les fermiers indiens ont remporté une grande victoire en réalisant leurs objectifs contre un pouvoir sans scrupules soutenu par le marché global et les forces de la mondialisation. Néanmoins, après cela, leur mouvement s’est immédiatement auto-dissous. Et les perspectives entrevues d’une société libérée de la tyrannie des castes et du communalisme ne se sont pas réalisées, parce qu’aucun parti politique nouveau n’a émergé pour en faire programme réalisable, les partis traditionnels en étant incapables.
Ainsi dans un pays qui demeure essentiellement campagnard et sous-développé, avec quelques poches d’opulence autour de mégalopoles surpeuplées, les paysans, pourtant politiquement roués et encadrés par des intellectuels souvent brillants, n’ont pas saisi l’opportunité d’un véritable changement en profondeur qu’ils auraient pu imposer d’une manière irrémédiable, avec la majorité nécessaire pour le faire. Leur victoire, obtenue par leur sens de l’organisation, leur combativité, leur sacrifice, leur persévérance, et leur solidarité, n’est donc pas définitive, et demeure tributaire d’une volonté politique qui n’aura de cesse de la remettre en question dès lors que l’opportunité pour le faire se présentera.
* Médecin de libre pratique. ‘
‘Inquilab-2020 : The United Indian Peasant Movement’’, de Amarveer Kaur, éd. Notion Press, 14 février 2021, 270 pages.
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