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Gestern — 14. Mai 2025Haupt-Feeds

Qui construit l’Afrique ? Le défi des grands chantiers face aux géants étrangers

Von: hechmi
14. Mai 2025 um 20:20

FITA - AfriqueL’Afrique entend sensibiliser les États à activer, de manière concertée, l’effet de levier des grands chantiers d’infrastructure. Au final, cela pourrait déboucher sur un vaste plan d’aménagement continental ?

FITA 8 : une plateforme pour penser les infrastructures

FITA 8, comme les éditions précédentes, a réservé un espace de réflexion au dossier essentiel de la connectivité des réseaux d’infrastructure. Auparavant, la conférence se concentrait sur les connexions routières, désignées comme les « Corridors de la croissance ». Une approche logique, puisque FITA accorde une priorité à l’expansion des échanges intra-africains. Dans cette perspective, la logistique devient cruciale, et les réseaux ainsi que les ports sont au cœur des objectifs.

« L’Afrique ne veut pas se barricader, mais bâtir avec ses propres compétences. »

 

FITA 8 reste sur cette trajectoire, tout en élargissant le champ aux grands chantiers en tant que catalyseurs de la croissance durable en Afrique. Une orientation qui correspond à la réalité : quand le bâtiment va…

L’Afrique, terrain de jeu des opérateurs étrangers

Selon certains experts, les besoins en investissement dans les infrastructures africaines s’élèveraient à 170 milliards de dollars par an. Or, les réalisations effectives n’en représentent que 70 milliards. Le déficit annuel est donc de 100 milliards, attisant les convoitises.

Les opérateurs internationaux – comprenez extra-continentaux – affluent, forts de moyens considérables et d’un avantage structurel dans la chaîne EPC (Engineering, Procurement, Construction). À cela s’ajoute un meilleur accès aux financements internationaux et aux crédits publics, grâce à des réseaux d’influence plus étendus. Les opérateurs locaux, eux, se retrouvent relégués au rôle d’exécutants.

« Labelliser les expertises africaines, c’est renforcer la confiance des États en leurs propres opérateurs. »

 

Quelques exceptions existent néanmoins : le barrage de Rufiji en Tanzanie ou le port de Gabès en Tunisie ont été réalisés sous maîtrise locale. Mais dans l’ensemble, l’offre internationale, mieux structurée, finit par s’imposer.

Vers une souveraineté infrastructurelle africaine

Face à cette réalité, les opérateurs locaux aspirent à un changement. Non pas pour fermer le Continent, mais pour pouvoir rivaliser à armes égales, via des partenariats équilibrés. Pour y parvenir, ils misent sur la labellisation continentale des compétences dans la chaîne EPC, avec des standards communs inspirant confiance aux États.

Ce système faciliterait également les accords de mobilité entre pays africains pour les professionnels qualifiés. En matière de financement, le recours au partenariat public-privé (PPP) est privilégié, évitant ainsi la dépendance à l’aide étrangère.

« Construire l’Afrique par les Africains : une ambition devenue urgence. »

Un plan d’aménagement continental en perspective ?

Poussée à son terme, cette dynamique pourrait aboutir à la création d’une autorité « Build Africa », en lien avec la volonté d’intégration continentale. L’objectif : loger l’Afrique sous son propre toit. Une ambition claire, fondée sur une logique de souveraineté, d’ingénierie locale et de solidité durable.

Ali DRISS

Indicateurs clés

  • 170 milliards $ : besoins annuels en infrastructure en Afrique.
  • 70 milliards $ : investissements réalisés chaque année.
  • 100 milliards $ : déficit annuel en travaux d’infrastructure.
  • 2 exemples notables : barrage de Rufiji (Tanzanie), port de Gabès (Tunisie).
  • 1 proposition forte : création d’une autorité “Build Africa”.

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Migration, frontière, souveraineté et fracture nationale

13. Mai 2025 um 12:10

Il y a, dans les visages épuisés des migrants, une énigme persistante. Ce n’est pas seulement la misère, ni même l’appel à l’aide. C’est autre chose : un déplacement du monde, une faille psychique. Ce que l’on appelle aujourd’hui «crise migratoire» n’est pas seulement un flux de corps en mouvement. C’est une confusion du sens.  (Ph. Camp de migrants subsahariens à El-Amra, Sfax).

Manel Albouchi *

Les frontières ne sont pas de simples découpages géographiques. Elles sont des membranes entre les mondes, des structures d’intégration psychique, des seuils. Et chaque fois qu’on les traverse sans cadre, c’est un désordre plus profond qui s’installe : géopolitique, symbolique, psychique. 

La visite d’Amy Pope, directrice de l’OIM, au palais de Carthage a ravivé une tension structurelle : comment articuler aide humanitaire, dignité des migrants et survie d’un État fragile ? 

Le président Kaïs Saïed, en affirmant que la Tunisie ne deviendra ni un camp de rétention ni un sas migratoire pour l’Europe, a été jugé dur par certains. Mais il faut entendre ce qui se dit sous les mots : la Tunisie est un petit pays exposé, économiquement précaire, historiquement fragmenté, dont le tissu social ne peut absorber une pression migratoire incontrôlée sans s’effondrer. 

Ce n’est pas un refus de l’Autre. Mais un rappel fondamental : tout seuil non nommé, non respecté, non traversé avec conscience, devient une intrusion. Une irruption brutale dans un espace sans consentement. Et ce qui aurait pu être rencontre devient effraction, blessure, mémoire traumatique. 

La frontière est l’archétype du contenant 

En psychanalyse, Didier Anzieu décrit le Moi-peau comme une interface vivante : la peau du corps devient métaphore de la frontière psychique. Elle contient, protège, limite, tout en permettant l’échange. 

Transposé au plan collectif, la frontière nationale est à un peuple ce que la peau est au Moi : une enveloppe de cohésion. Sans elle, la nation devient poreuse à toutes les projections, tous les fantasmes, toutes les intrusions. Elle perd sa forme. Elle devient vulnérable, insécure, exposée. 

Anzieu écrivait que lorsque le Moi-peau est fissuré, le sujet souffre d’angoisses de morcellement, de perte d’unité. Il en va de même pour les peuples. Une nation sans frontière intégrée souffre d’un trouble du contenant. Elle ne sait plus qui elle est, ni où elle commence. 

Les risques psychiques d’une frontière effondrée 

Lorsqu’un pays perd la symbolisation de ses limites géographiques, culturelles, politiques, ce ne sont pas seulement les institutions qui s’effondrent, mais aussi la psyché collective. 

On peut alors observer : 

  • une montée généralisée de l’angoisse, du sentiment de débordement, d’impuissance; 
  • une prolifération des discours polarisants, clivants, paranoïaques;
  • des projections massives sur l’Autre, vécu comme envahisseur ou menace, 
  • une dissociation du lien social, où la cohésion nationale devient un mirage. 

Et en terme de troubles cela se traduit par : 

  • des troubles anxieux (TAG, phobies sociales); 
  • des troubles de l’adaptation (retrait, colère, sentiment d’injustice); 
  • des syndromes dépressifs liés à l’épuisement identitaire et à l’impuissance; 
  • des troubles post-traumatiques liés à la mémoire coloniale, aux guerres ou à l’exil; 
  • des troubles dissociatifs, perte de repères ou identification à des idéologies extrêmes. 

Comme le Moi-peau individuel, la frontière nationale contient et protège l’imaginaire collectif. Sans elle, le risque est de voir surgir une société dissociée, fragmentée, incapable de penser l’accueil autrement que comme une blessure ou une invasion. 

Poser une limite claire, juste, expliquée, ce n’est pas une fermeture pathologique. C’est un geste de santé psychique. 

L’oubli des frontières naturelles est une faute historique 

L’histoire nous a appris, encore et encore, que lorsque les frontières naturelles sont ignorées, cela engendre des catastrophes : 

  • Les accords Sykes-Picot ont redécoupé le Levant sans tenir compte des dynamiques tribales et spirituelles. 
  • Le traité de Lausanne a redéfini des États sans consultation des peuples. 
  • L’Afrique, morcelée par des lignes tracées au compas, n’a jamais guéri des fractures imposées. 

Chaque fois, la carte a trahi le territoire. Et chaque fois, le chaos s’est répondu. 

Une Tunisie encore vulnérable 

La Tunisie est bordée de seuils naturels puissants : désert au sud, mer au nord, montagnes à l’ouest. Ces limites sont fondatrices. Les effacer revient à ouvrir un corps sans peau. 

La France, l’Allemagne ou l’Italie malgré leurs crises internes, reposent sur des récits nationaux et disposent de structures solides, de souverainetés historiques, de marges de manœuvre.  

Elles peuvent absorber des flux, ériger des frontières extérieures, externaliser leurs conflits. Elles peuvent choisir. 

La Tunisie, elle, agit dans l’urgence, la peur et la fatigue. Elle n’a pas fini de construire son identité. Son récit national est encore fragile, hétérogène, saturé de blessures post-coloniales et de couches historiques non intégrées. 

Son identité est encore en construction. Elle porte des couches historiques éparses, pas totalement unifiées. Et toute pression supplémentaire peut menacer cette structure inachevée. 

Avec un peu de recul, il s’est avéré qu’accueillir tous les flux, toutes les formes, tous les récits, ce n’est pas de l’humanisme. C’est de l’abandon. 

La terre sacrée 

Le sol tunisien n’est pas neutre. Il est saturé de mémoire : punique, romaine, byzantine, arabe, ottomane, française. Une mémoire composite, parfois contradictoire, pas encore totalement digérée. 

Le sol est sacré car il garde les morts. Il contient les pactes invisibles. L’ouvrir sans mesure, sans dialogue, sans reconnaissance, c’est briser cet équilibre. C’est faire de la terre un lieu sans fond.  

La souveraineté ? 

Ce qui se joue aujourd’hui dépasse le seul enjeu migratoire. Ce qui est enjeux est l’idée même de territoire sacralisé, de peuple conscient, de parole fondatrice.  

La souveraineté n’est pas un geste de fermeture. C’est la conscience de ses limites, de son rythme. C’est le pouvoir de dire «Voici ce que je peux accueillir sans me perdre». C’est une maturité politique d’un peuple capable de différencier l’accueil du sacrifice. 

* Psychothérapeute, psychanalyste.

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Quand Saïed affirme que «la Tunisie n’est ni une ferme ni un jardin»

29. April 2025 um 10:05

Le 28 avril 2025, au palais de Carthage, le président Kaïs Saïed reçoit le ministre des Affaires étrangères Mohamed Ali Nafti. Le cadre est solennel, la parole ferme. Elle se dresse, verticale, défensive : «Tunis n’est ni une bourgade, ni un verger.» Pas un jardin pour diplomates. Pas une colonie de vacances.  Il y a des discours qui ne parlent pas au citoyen. Ils s’adressent, sans le savoir peut-être, à l’inconscient collectif.

Manel Albouchi *  

Quand le président Kaïs Saïed affirme que «la Tunisie n’est ni une ferme ni un jardin» et propose d’envoyer à son tour des observateurs dans les pays qui se disent inquiets [de la situation des droits humains en Tunisie, Ndlr], il ne s’agit pas seulement d’un rejet de l’ingérence étrangère. Les mots résonnent comme un écho lointain de la décolonisation, de ses tensions non résolues, de ses blessures ouvertes. Ce discours est une révolte contre le regard de l’Autre, celui qui observe, juge, classe, prescrit. 

La phrase gratte là où la mémoire brûle : celle de la domination. Fanon, dans son langage tranchant, écrivait : «La décolonisation est la rencontre de deux forces, opposées par leur nature, qui se heurtent de front, violemment.» 

Parole politique et inconscient

Ce choc se rejoue ici. Dans la forme même du discours. Dans son ton. Dans son refus d’adopter les codes attendus de la diplomatie. Ce refus est un symptôme. Il dit : je ne veux plus être vu comme une périphérie maladroite. Il dit aussi : je souffre d’un regard. 

Peut-être faut-il lire cet événement politique à travers une autre lentille : celle de Freud. L’humain, écrivait-il, est traversé par deux pulsions : Éros, la pulsion de vie; et Thanatos, la pulsion de mort.

La souveraineté, dans cette lecture, devient un champ de bataille entre deux dynamiques contradictoires : d’un côté, le désir de cohésion, de maîtrise, de dignité; de l’autre, la tentation du repli, du rejet de l’autre, de la désocialisation. 

Le rejet des observateurs étrangers peut être lu comme un acte de résistance. Mais aussi comme un mécanisme de défense : une tentative de survie d’un Moi national encore fragile, blessé, sous pression. La souveraineté se présente alors comme un réflexe de préservation. Un retour vers l’intérieur, pour se protéger d’un regard devenu insupportable. Mais ce repli, s’il dure, devient aussi un enfermement. Et peut glisser vers la pulsion de mort : celle qui nie l’altérité et refuse la complexité du monde. 

On me dira que la politique n’est pas un cabinet d’analyse. C’est vrai. Mais elle s’exprime dans un corps social traversé par ses peurs, ses transferts, ses projections.

Une histoire non digérée

Le président parle peut-être à l’ancienne puissance coloniale. Mais il s’adresse aussi à une histoire non digérée, à une honte collective, à une humiliation héritée. À ce que Lacan appelait le manque fondamental, celui qui structure le sujet mais aussi les peuples. 

Et si ce discours n’était pas qu’une stratégie? Et s’il était l’émergence brutale d’un imaginaire insurgé, tentant de se réapproprier un territoire symbolique? Une tentative de redonner forme à une souveraineté non seulement juridique, mais aussi psychique?  

Reste une question, alors : qu’a-t-il voulu exorciser, en prononçant ces mots? 

Peut-être cette vérité cruelle, que Fanon formulait avec un sarcasme prophétique :  

«Les derniers seront les premiers.»

* Psychothérapeute, psychanalyste.  

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