Normale Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.
Heute — 10. Juli 2025Haupt-Feeds

Haithem Bouajila, président de la FTTH : Nous ne sommes pas des rentiers, nous sommes des soldats de l’industrie et on nous tire dessus avec la fiscalité

10. Juli 2025 um 12:10

Le secteur textile-habillement représente un des piliers de l’économie nationale. C’est un secteur à forte employabilité, représentant 29% des emplois de l’industrie manufacturière (150 004 emplois), 30% du total des entreprises industrielles (1 365 entreprises) avec 71% des entreprises qui emploient moins de 100 personnes.

Haitham Bouajila
Haitham Bouajila – Président de la FTTH

Le secteur compte près de 200 entreprises intégrées ayant un positionnement international qui participent à hauteur de 78% du total des exportations du secteur. Les performances du secteur des Textiles pourraient être meilleures, estime Haithem Bouajila, président de la Fédération tunisienne des Textiles (FTTH) qui parle même de doubler la part de l’industrie texte au PIB en 5 ans. Entretien :

Vous avez affirmé que vous pouvez doubler la part de l’industrie textile dans le PIB si on vous donnait les moyens de le faire, quelle est votre approche ?

Je le dis clairement : oui, nous pouvons doubler notre contribution au PIB, et ce, sans hypothèse farfelue. Ce n’est pas une promesse en l’air, c’est basé sur des données réelles. Même dans les conditions défavorables actuelles, le secteur performe.

« On parle de souveraineté industrielle, mais dans la réalité, on détruit ceux qui y contribuent chaque jour. »

 

Prenons une base de comparaison neutre : 2019, avant le Covid. En 2024, nous sommes déjà à +30% d’export par rapport à cette année de référence. Et ce n’est même pas toute la vérité : une partie importante du textile technique est actuellement mal classée dans les nomenclatures officielles – elle est enregistrée comme secteur mécanique par l’APII. Or, ces entreprises utilisent du fil textile, des machines de confection, du personnel formé dans des centres spécialisés… Bref, c’est du textile à 100%, et cela concerne plus de 30.000 emplois. Cette erreur sera rectifiée d’ici 2025, mais cela montre à quel point nos chiffres sont sous-estimés.

On parle beaucoup du textile médical ces dernières années. Quelle est son importance réelle ?

Elle est croissante, et surtout, elle illustre notre montée en gamme. Prenez les ceintures dorsales, les genouillères, les orthèses : ce sont des produits à haute technicité, avec des normes strictes, et pourtant fabriqués entièrement localement.

« Ce pays ne manque ni de talents ni de technologies : il faut juste des décisions politiques et de la vision sur le long terme pour développer l’industrie et apporter la prospérité au pays »

 

Des entreprises comme Ortho Groupe, La Soie, DJO Tunisie, ou encore VTR – spécialisée dans les vêtements pour centrales nucléaires – maîtrisent l’ensemble de la chaîne de valeur, du fil au produit fini. Ce sont des productions de niche, mais à forte valeur ajoutée. Et ce n’est pas de la sous-traitance : ce sont des savoir-faire tunisiens, développés ici, dans des filières techniques pointues. C’est une vraie success story industrielle, peu connue du grand public.

Vous avez récemment eu une réunion avec le ministère de la Défense. Peut-on imaginer une relance de la commande publique dans ce domaine ?

Nous avons eu une réunion de plus de quatre heures, très constructive. On leur a montré nos produits, nos capacités. Savez-vous que les uniformes de plusieurs grandes armées dans le monde sont confectionnés en Tunisie ? Avec des tissus antibactériens, imperméables, anti-feu… Le savoir-faire est là.

« On est à la frontière de l’industrie 5.0, mais on continue à appliquer des lois conçues au début des années 2000. »

 

Mais la vraie question, c’est : est-ce que le budget du ministère peut suivre pour acheter des produits aussi techniques ? Nous avons posé les bases d’une nouvelle relation : ils vont visiter nos usines, voir les modèles sur place. La confiance s’est réinstallée. C’était notre objectif principal. Maintenant, nous espérons que ça débouchera sur des contrats durables.

L’industrie 4.0, l’intelligence artificielle, la robotisation… Est-ce que le secteur est prêt à entrer dans cette nouvelle ère ?

La réponse est oui. Et ce n’est pas un vœu pieux. Nous avons déjà un écosystème bien ancré, avec le technopôle de Monastir, le centre Néotex, et des entreprises très avancées sur le digital, les objets connectés, la traçabilité, la production automatisée… Mais pour que cela ne reste pas marginal, il faut un effort public. En Italie, le ministère du Made in Italy injecte plus de 650 millions d’euros pour accompagner les entreprises sur la sécurité, l’innovation, la transition digitale. Nous, en Tunisie, on a zéro accompagnement. Aucun soutien, ni subvention. En revanche, nous croulons sous les taxes. Et malgré tout, nous tenons bon.

« Le textile tunisien, c’est 70 ans de savoir-faire et d’innovation. Ce n’est pas un secteur du passé, c’est un levier pour l’avenir. »

 

Vous insistez beaucoup sur la différence entre industriels et rentiers. Pourquoi cette distinction est-elle importante ?

Parce qu’elle est souvent oubliée. Nous ne sommes pas des rentiers. Nous ne spéculons pas. Nous produisons, nous créons de la richesse, nous employons des dizaines de milliers de Tunisiens, nous exportons vers l’Europe, l’Amérique, le monde entier.

« Il ne s’agit plus de demander des subventions : ce que nous attendons est qu’on nous laisse travailler, innover, et exporter sans qu’on nous sabote. »

 

Quand un industriel investit plusieurs millions d’euros, ce n’est pas pour faire de l’argent facile. C’est avec un risque énorme. N’importe qui préférerait mettre cet argent dans l’immobilier, ou dans de l’import. Pas nous. Nous croyons dans ce pays, dans cette industrie, dans ce qu’on peut faire ici, avec les compétences tunisiennes.

Quelles sont les principales entraves au développement du secteur aujourd’hui ?

Rappelons d’abord, les performances du secteur : 155.000 emplois directs, 437 millions de dinars de cotisations patronales à la CNSS, 230 millions de cotisations salariales, 426 millions en IRPP et cotisations CSS.  Rien que ces contributions représentent 1,1 milliard de dinars injectés dans les caisses de l’État chaque année.

Et malgré ça, on nous considère comme des profiteurs, on nous taxe, on nous bloque.

Pendant ce temps, l’économie parallèle prospère, la contrebande est tolérée, et les rentiers sont tranquilles. Nous, nous demandons des choses simples : élargir l’assiette fiscale, améliorer les infrastructures portuaires et numériques, investir dans les centres de formation. C’est du bon sens.

« L’État devrait être un partenaire, pas un obstacle. Le jour où il l’aura compris, l’industrie tunisienne ira deux fois plus vite. »

 

Les centres de formation affirment pourtant qu’ils sont prêts à répondre à la demande du secteur …

Je vais vous donner un exemple concret : notre propre centre de formation textile. Nous en sommes administrateurs. Il a un excellent personnel, des diplômés, des ingénieurs… mais les salaires sont ridicules, aucune motivation, aucune autonomie. Pourquoi ? Parce que la loi-cadre bloque tout. On parle de souveraineté industrielle ? Alors qu’on commence par doter nos centres des moyens nécessaires. Qu’on leur donne un environnement de travail digne de ce nom.

Sinon, on est dans le discours, pas dans les actes.

Vous dénoncez aussi des normes administratives bloquantes. Pouvez-vous expliquer ?

Oui, c’est un point crucial. Pour obtenir un certificat de sécurité de la protection civile, on nous impose des normes irréalistes, même pour les pays les plus développés. Et pourtant, nos usines respectent souvent les standards internationaux à la lettre. En Égypte, au Maroc, à l’île Maurice, vous obtenez ce certificat en un mois. En Tunisie ? C’est une bataille de plusieurs années.

« En cinq ans, on peut doubler la part du textile dans le PIB. Ce qu’il nous faut ? Juste qu’on nous laisse travailler. »

 

En 2023, sur 70.000 entreprises textiles, seules 4 ont obtenu ce certificat. C’est kafkaïen. Nous demandons une réforme pragmatique : au lieu de démolir et reconstruire des usines, pourquoi ne pas mettre en place un système progressif, sur 10 ans, avec des audits réguliers et une amélioration continue ? Nous sommes exportateurs, nous sommes audités en permanence.

Et pourtant, notre propre pays nous bloque.

Vous restez optimiste malgré les entraves…

Parce que notre pays dispose de tous les atouts pour faire du textile un levier stratégique. Nous avons le savoir-faire, les compétences, les clients. Ce qui manque, c’est la vision, l’écoute, l’appui de l’État. Si on nous donne les moyens – ou, au moins, si on arrête de nous freiner –, on peut doubler notre contribution au PIB, créer encore plus d’emplois, et positionner la Tunisie comme un hub industriel régional.

Entretien conduit par Amel Belhadj Ali

CHIFFRES CLÉS

  • 29 % — Part du textile dans les emplois industriels en Tunisie
  • +30 % — Hausse des exportations du textile en 2024 par rapport à 2019
  • 1,1 milliard TND — Montant annuel injecté dans les caisses de l’État par le secteur textile
  • 200 entreprises — Intégrées et positionnées à l’international dans le secteur textile
  • +30 000 emplois — Non comptabilisés à cause d’un mauvais classement statistique.

L’article Haithem Bouajila, président de la FTTH : Nous ne sommes pas des rentiers, nous sommes des soldats de l’industrie et on nous tire dessus avec la fiscalité est apparu en premier sur WMC.

Ältere BeiträgeHaupt-Feeds

Haithem Bouajila, président de la FTTH : « Malgré les freins, l’industrie textile tunisienne trace sa voie vers l’avenir »

08. Juli 2025 um 11:25

TextileEntre législation étouffante, administration frileuse et absence de concertation, l’industrie textile tunisienne ne cesse d’avancer et d’innover en matière de durabilité, circularité et responsabilité sociale. Haithem Bouajila, président de la Fédération tunisienne des Textiles Habillement, décrypte les paradoxes du secteur, ses avancées silencieuses et ses défis réglementaires.

“Le cadre législatif en Tunisie est contraignant pour toutes les entreprises industrielles et fortement employeuses” déplore Haithem Bouajila. Pour notre grand malheur, nous devons chaque jour nous familiariser à de nouvelles lois. Les textes sont promulgués sans aucune concertation et sans participation des organisations professionnelles. Fort heureusement nous faisons bouger les choses, souvent grâce à des interlocuteurs réceptifs au sein de l’administration publique”.

“Le cadre législatif en Tunisie est contraignant pour toutes les entreprises industrielles et fortement employeuses.” 

 

La réalité du terrain est complexe. La communication avec l’administration est lente, des fois frustrante. Ce qui est compréhensible après un acharnement des différents gouvernements depuis 2011 qui ont voulu la politiser et la plier aux dictats des partis et aux désidératas des premier décideurs du pays. L’administration est frileuse, elle a perdu une grande partie de ses compétences. Elle-même subit des contraintes légales et redoute les sanctions liées aux lois coercitives. Cela bloque toute initiative destinée à assouplir ou accélérer les procédures. “On doit tchatcher, bien présenter les choses, argumenter sans relâche. Cela nous prend une énergie folle, une énergie que nous aimerions plutôt investir dans l’amélioration des conditions de travail, la stratégie de développement de notre secteur, l’investissement, ou encore la recherche de nouveaux marchés”.

Des îlots de dialogue public-privé qui donnent de l’espoir

Malgré tout, des signaux positifs émergent. “Nous restons positifs car nous avons de l’écoute. Il y a quelques semaines, nous avons été reçus au ministère de l’Économie, en présence de représentants du ministère de l’Industrie, de la BCT et des institutions d’investissement. La réunion a été constructive. Nos interlocuteurs ont été efficaces et réactifs. On nous a même envoyé un PV officiel avec l’engagement de se réunir tous les deux mois pour assurer un suivi”. Même dynamique favorable du côté de la FIPA (Agence de promotion de l’investissement extérieur) : “Nous avons reçu un grand investisseur. Un dîner d’affaires a été organisé avec le directeur général de la FIPA. Le lendemain, il l’a conduit lui-même au ministère. C’est un responsable toujours à l’écoute, très engagé. Notre souhait est que les autres cadres du secteur public soient aussi proactifs”.

“Notre législation interdit depuis toujours le travail des enfants de moins de 16 ans. Et le Code du travail tunisien garantit, depuis sa création, l’égalité salariale entre hommes et femmes. C’est exceptionnel !” 

 

Pour Haithem Bouajila, la Tunisie possède des atouts réels qu’elle peine à valoriser. “Notre législation interdit depuis toujours le travail des enfants de moins de 16 ans. Et le Code du travail tunisien garantit, depuis sa création, l’égalité salariale entre hommes et femmes. C’est exceptionnel ! En Europe, ces sujets sont encore en négociation ou en débat. Voilà un avantage compétitif que nous devrions mieux mettre en avant auprès de nos partenaires”.

Mais la réglementation environnementale présente aussi des lacunes majeures. “Sur la réglementation environnementale, nous avons un grand retard. Le projet de loi entamé en 2022 n’est toujours pas bouclé. Il traite d’un enjeu crucial : la circularité. Ce sera un critère central d’ici 2027 s’agissant des opérateurs sur place et des investisseurs potentiels. Nous devons nous y préparer dès maintenant. Et là aussi, nous pouvons faire mieux”.

Circularité, traçabilité, recyclage : des pratiques déjà bien implantées

La circularité n’est pas une théorie pour les entreprises structurées du textile tunisien : “Chez nous, les palettes en bois jetées sont transformées en bureaux. Les cartons et plastiques sont triés, tracés, recyclés. Nous transformons les déchets en produits finis. Le problème, c’est qu’il n’existe pas encore de cadres réglementaires clairs pour implanter ces pratiques.

“Nous sommes pionniers en matière d’énergies renouvelables. Aucun autre secteur, ni public ni privé, n’a autant d’entreprises aussi bien équipées que celles du textile.” 

 

S’agissant de la durabilité devenue un pilier de l’industrie textile tunisienne M. Bouajila assure que les entreprises du secteur ont pris une avance incontestable : “Nous sommes pionniers en matière d’énergies renouvelables. Aucun autre secteur, ni public ni privé, n’a autant d’entreprises aussi bien équipées que celles du textile. Idem pour le recyclage des eaux, les certifications vertes ou les process ZEHC (zéro émission chimique). Nous maîtrisons aussi la gouvernance des produits chimiques, leur utilisation, leur impact, leur traçabilité. L’utilisation des fibres recyclées est largement adoptée. L’efficience énergétique est organisée autour de plans quinquennaux. Et nous avons les compétences. Des femmes, des hommes, des jeunes, tous formés, engagés dans cette culture de l’efficience et de la durabilité”.

Une culture HSE enracinée dans les entreprises textiles

Le secteur intègre également la dimension HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement) dans ses structures. “La majorité des entreprises textiles ont au moins une personne dédiée à la HSE. Moi, j’ai cinq ingénieures femmes expertes dans ce domaine. Des entreprises comme VTR, Sartex, Wikmik ou Alcutex sont toutes équipées”.

Les petites structures ne sont pas en reste. “Même les TPE, qui n’ont pas les moyens, peuvent compter sur les grandes ou moyennes entreprises. Nous avons notre propre écosystème. Les TPE qui travaillent avec nous trouvent une locomotive pour les tirer vers le haut”.

“Nous avons 70 ans d’expérience industrielle, un patrimoine de savoir-faire unique. Cet héritage est dans notre ADN.”

 

La FTTH a même mis en place une unité spécialisée dans la formation technique pour accompagner ces structures plus modestes.

Haithem Bouajila rappelle : “Nous avons 70 ans d’expérience industrielle, un patrimoine de savoir-faire unique. Cet héritage est dans notre ADN. Il se combine aujourd’hui avec une jeune génération compétente et motivée. Ce croisement entre les pionniers et les talents d’aujourd’hui, c’est notre vraie richesse que nous voulons fructifier encore plus. Tout ce que nous demandons aux législateurs et aux décideurs politiques dans notre pays est d’être nos partenaires pour le meilleur de la Tunisie et les générations futures auxquels nous devons léguer des richesses et non la pauvreté”.

Amel Belhadj Ali

EN BREF

  • L’industrie textile tunisienne innove en durabilité et responsabilité malgré une législation étouffante.
  • Le secteur fait face à des lois contraignantes et un manque de concertation avec l’administration.
  • Des efforts sont déployés pour dialoguer avec les autorités, montrant des signaux positifs.
  • La Tunisie dispose d’atouts uniques comme l’interdiction du travail des enfants et l’égalité salariale.
  • Les entreprises sont déjà avancées en matière de circularité, recyclage et énergies renouvelables.
  • La culture HSE est profondément ancrée, et les PME sont soutenues par les plus grandes structures.

L’article Haithem Bouajila, président de la FTTH : « Malgré les freins, l’industrie textile tunisienne trace sa voie vers l’avenir » est apparu en premier sur WMC.

Accord d’association Tunisie – UE : Trente ans après sa signature, le bilan serait « globalement positif »

30. Juni 2025 um 09:00
Tunisie Union Européenne
image IA

En prévision de la célébration du 30ème anniversaire de l’Accord d’association conclu le 17 juillet 1995 avec la Tunisie, l’ambassade de l’Union européenne à Tunis, s’emploie, depuis la célébration le 8 mai dernier de la Journée de l’Europe, à sponsoriser, directement ou indirectement, diverses manifestations consacrées à l’examen du bilan de cet accord et au balisage de nouvelles pistes pour le relancer.

D’après des observateurs de la chose tunisienne, l’objectif non-dit de ces manifestations organisées en partenariat avec des médias de la place, serait, semble-t-il,  de tâter le pool et de prendre connaissance de la lecture que se font les cadres tunisiens de cet accord et des moyens de le réviser.

Car normalement, la célébration d’un évènement géostratégique d’une telle importance aurait du être précédé par une évaluation objective des résultats de cet accord, surtout,  après une si longue période de sa conclusion.

« L’Europe a soutenu l’industrialisation de la Tunisie, mais a oublié ses jeunes, sa mobilité, et ses ambitions technologiques. »

 

Mention spéciale pour les centaines de participants invités à ces manifestations. Ils sont triés au volet. Il s’agit pour la plupart des personnalités pro-européennes : universitaires, anciens ministres qui ont accompagné l’Accord, banquiers, diplomates, investisseurs, industriels, hauts cadres, journalistes…

Conséquence : le ton était à l’autosatisfaction, à la satisfaction et au triomphalisme. Pour relativiser, les participants ont estimé que l’accord a été globalement positif avec quelques nuances.

Pour l’Union européenne, l’Accord d’association a été un succès

Au rayon des résultats positifs, ils ont cité la contribution de l’accord au développement du secteur industriel, au renforcement de l’ouverture de l’économie tunisienne à la concurrence internationale et à son intégration dans la chaîne des valeurs européennes.

Selon Giuseppe Perrone, ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, l’Accord d’association est « une success story». Il a indiqué que grâce à cet accord, le marché européen est un marché prioritaire pour l’industrie tunisienne, voire un marché qui garantit les exportations tunisiennes Il a jouté que « l’accroissement des échanges entre les deux partenaires a été une ressource pour investir et créer des emplois en Tunisie. Il n’est pas inutile de rappeler  que les 3400 entreprises off shore européennes implantées en Tunisie ont créé 400 mille emplois ».

« Face à la Chine et aux États-Unis, l’Europe doit inventer un nouveau partenariat avec l’Afrique, fondé sur la technologie, la transition énergétique et l’éducation inclusive. »

 

Au chapitre des insuffisances, les participants à ces manifestations financées par l’UE ont estimé que l’accord d’association a été dissymétrique en ce sens où il n’a pas favorisé ni une grande mobilité de la main d’œuvre tunisienne vers l’Europe, ni un transfert technologique significatif dans les secteurs porteurs (technologies de pointe), ni un flux d’investissements directs étrangers conséquents.

A la lumière de ce diagnostic divergent, les participants ont appelé à réviser l’Accord d’association sur de nouvelles bases et critères.

Bien négocier tout nouveau accord de partenariat avec l’UE

Du côté officiel, intervenant lors de la célébration de la Journée de l’Euripe, le 8 mai 2025, le ministre des Affaires étrangères,  Mohamed Ali Nafti, a plaidé, mollement, « pour un soutien accru à la migration régulière et à la mobilité, réitérant l’appel de la Tunisie à adopter une approche humaine et globale face au phénomène de la migration irrégulière, en s’attaquant à ses causes profondes».

Pour d’autres intervenants, il s’agit, en premier lieu, d’affirmer clairement une volonté commune pour l’instauration d’un partenariat pérenne entre la Tunisie et l’UE. Cette dernière est invitée à accompagner cette volonté et à fournir à la Tunisie des fonds structurants  comme elle l’avait fait avec le Portugal, l’Espagne et la Grèce.

Toujours au rayon du financement, les participants ont suggéré de créer, à la charge  de l’UE,  des fonds d’investissement pour accompagner les entreprises exportatrices tunisiennes et à les aider à contourner les barrières érigées aux frontières de l’Union à l’instar de la taxe carbone (taxe environnementale sur les émissions de dioxyde de carbone). L’idée serait de prendre en charge le risque climatique.

Dans un second temps, ils ont recommandé d’oublier l’amateurisme avec lequel le premier accord d’association a été finalisé et d’engager de véritables professionnels pour bien négocier toute révision de cet accord et de se faire aider s’il le faut par des cabinets internationaux indépendants.

Un partenariat en matière d’IA serait la bonne piste à explorer

Par delà ces propositions pratiques, les participants tunisiens ont eu le mérite de suggérer aux européens de mettre à contribution, la nouvelle technologie de rupture, en l’occurrence,  l’Intelligence artificielle (IA) pour instaurer un partenariat new look.

L’enjeu serait pour Mehdi Haouas ancien ministre du tourisme et de l’artisanat et président fondateur du groupe Talan spécialisé dans le conseil et l’expertise technologique   que « face au tandem Etats Unis et Chine qui vont concevoir, à la faveur de leur technologies avancées (IA et autres)  des modèles de croissance selon leurs propre visions, il y a, peut être une troisième voie, Celle là même qui consisterait d’après lui à créer un partenariat entre l’Afrique et l’UE qui n’est pas compétitive en matière de technologie, un modèle de développement inclusif fondé sur l’accès à l’éducation, la transition énergétique, l’économie circulaire et la maîtrise des nouvelles technologies (IA..) ».

Tout futur partenariat avec l’UE ne sera pas une œuvre facile

Abstraction faite des points de vue des uns et des autres, il faut admettre, dans l’absolu,  que tout projet de révision et de rénovation de l’Accord d’Association avec l’UE ne sera pas une œuvre facile, et ce, pour deux raisons.

« On ne peut plus négocier l’avenir d’un pays avec les méthodes du passé. Ce nouvel accord devra être pensé par des experts, et non improvisé par complaisance. »

 

La première réside dans le fait que l’UE d’aujourd’hui,  n’est plus celle de 1995. Ce groupement économique a mal évolué depuis. Sur le plan économique,  il est en déclin avancé et sur le plan géopolitique, il n’est plus crédible. Son image a été ternie par le soutien que les européens ont apporté, de manière inconditionnelle,  le génocide à ciel ouvert accompli par les sionistes dans la bande de Gaza. Les tunisiens n’ont plus confiance dans un groupement qui ne respecte pas le droit humain et le droit international. Il y a un sérieux problème de confiance.

La deuxième raison consiste en le fait que la Tunisie de 2025 n’est plus celle de 1995.  La démocrature (mix d’autocratie et de liberté d’expression) qui prévaut actuellement dans le pays est de loin moins contraignante que la dictature absolue qui régnait du temps de Ben ALI.  Mieux, à la faveur de la configuration géopolitique mondiale qui se profile à l’horizon, la Tunisie, plus que jamais souveraine, a,  aujourd’hui, la grande possibilité de diversifier ses partenaires.

Cela pour dire in fine que les conditions de négociation ont beaucoup changé en faveur de la Tunisie.

Abou SARRA

Chiffres clés

  • 3400 — Entreprises européennes installées en Tunisie
  • 400 000 — Emplois créés grâce aux investissements européens
  • 1995 — Date de signature de l’Accord d’association
  • 30 ans — Durée de l’accord sans révision structurelle majeure
  • ZERO — Transfert technologique significatif vers la Tunisie, selon les critiques.

L’article Accord d’association Tunisie – UE : Trente ans après sa signature, le bilan serait « globalement positif » est apparu en premier sur WMC.

QNB – Revue Economique : Les fondamentaux de la croissance restent solides pour l’Indonésie

Von: hechmi
29. Juni 2025 um 21:09

Au cours des dernières décennies, l’Indonésie s’est distinguée par ses performances exceptionnelles en matière de croissance économique et de stabilité. Entre 2000 et 2024, l’économie indonésienne a enregistré un taux de croissance moyen de 5 %. Il s’agit là d’une performance remarquable pour le quatrième pays le plus peuplé du monde, qui a su faire face à une période difficile marquée par la crise financière mondiale et la pandémie de Covid-19.

À la fin de l’année dernière, un ralentissement de l’activité économique a commencé à se manifester, dans un contexte d’incertitude post-électorale, de baisse des prix des matières premières et d’un resserrement de la politique monétaire. Cette année, le « Jour de la Libération » proclamé par le président Trump a imposé des droits de douane généralisés à ses partenaires commerciaux dans le monde entier, menaçant de provoquer d’importantes perturbations dans l’économie mondiale. Les États-Unis ont imposé un tarif de 32 % sur les produits indonésiens, ce qui constitue une menace significative pour son secteur exportateur. Ces tarifs ont ensuite été « suspendus », alors que la nation d’Asie du Sud-Est travaille à un accord incluant des tarifs préférentiels sur les produits américains, un meilleur accès à ses minéraux critiques et des importations de carburant américain plus importantes.

L’Indonesia Activity Tracker (IAT) est un baromètre opportun qui permet de mesurer l’élan de l’économie indonésienne, en résumant les informations issues des principaux indicateurs d’activité à haute fréquence. Après avoir atteint un pic de croissance de 5,3 % en glissement annuel en octobre, le rythme de croissance a commencé à se modérer, jusqu’à se stabiliser autour du taux moyen de long terme de 5 %.

Malgré cette stabilisation apparente, une incertitude importante demeure sur la scène mondiale. À notre avis, en dépit de vents contraires considérables, les perspectives macroéconomiques restent positives pour l’Indonésie. Dans cet article, nous examinons les trois principaux facteurs qui soutiennent nos perspectives.

Premièrement, la consommation restera un moteur robuste de la croissance cette année. La consommation représente 55 % de l’économie indonésienne et constitue donc un facteur majeur déterminant la performance économique du pays. La vigueur de la consommation est soutenue par un marché du travail résilient, qui a connu une reprise remarquable depuis la pandémie de Covid-19. Le taux de chômage est passé d’un pic de 7,1 % en 2020 à 4,8 % selon les dernières données de 2025, atteignant son niveau le plus bas depuis 1998. Pour soutenir les dépenses des ménages, le gouvernement indonésien a annoncé ces derniers mois une série de mesures de relance, notamment des réductions substantielles des tarifs d’électricité pour 79 millions de foyers, une aide alimentaire pour 18,3 millions de familles à faible revenu, ainsi que des transferts d’argent pour les travailleurs à faible revenu. La résilience du marché du travail, associée aux politiques de soutien du gouvernement, apportera un appui considérable à la consommation cette année.

GraphiqueDeuxièmement, une inflation maîtrisée et la stabilisation de la roupie indonésienne (IDR) ont permis à la Banque d’Indonésie de mettre en œuvre des mesures monétaires expansionnistes. Le taux d’inflation annuel est resté confortablement contenu cette année, proche de la limite inférieure de la fourchette cible de 1,5 à 3,5 % définie par la politique monétaire. De plus, la roupie a retrouvé une certaine stabilité, s’appréciant d’environ 3,5 % depuis son point le plus bas historique enregistré le 9 avril. Une faible inflation et une IDR plus stable ont permis à la Banque d’Indonésie de réduire son taux directeur de 25 points de base en mai pour le fixer à 5,5 %, soit la troisième baisse depuis septembre dernier. En outre, la banque centrale a mis en œuvre une série de mesures destinées à stimuler le crédit dans l’économie, notamment la réduction des exigences de réserves, l’augmentation des plafonds de financement externe pour les banques locales, l’engagement à acheter pour 9,3 milliards USD d’obligations gouvernementales sur le marché secondaire, ainsi que l’allocation de 7,9 milliards USD pour le programme de logements abordables de l’État, entre autres. Ainsi, les conditions monétaires sont réunies pour stimuler l’élan économique.

Troisièmement, l’Indonésie continue de développer un portefeuille solide de projets d’infrastructure à grande échelle et d’investissement en capital (CAPEX) qui soutiendra les flux d’investissements et renforcera la capacité de production. L’investissement dans les infrastructures devrait rester l’une des principales priorités de la nouvelle administration. D’importants projets sont en cours dans des secteurs tels que les transports (routes, chemins de fer, aéroports et ports), l’énergie (y compris les énergies renouvelables et une grande raffinerie), ainsi que les infrastructures nécessaires au fonctionnement de nouvelles usines de fabrication. De plus, le fonds souverain nouvellement lancé, Danantara, a reçu le mandat de cibler des projets dans le traitement des ressources naturelles et le développement de l’intelligence artificielle. L’investissement public viendra renforcer le maintien d’un niveau sain d’investissement global, qui devrait rester supérieur à 30 % du PIB et contribuer à un rythme de croissance économique soutenu.

QNB

Dans l’ensemble, bien que des vents contraires significatifs devraient entraîner un ralentissement non négligeable de la croissance économique, les fondamentaux macroéconomiques de l’Indonésie demeurent solides, portés par une consommation résiliente, des mesures de relance monétaire, et un portefeuille robuste de projets d’infrastructure et d’investissement.

 

L’article QNB – Revue Economique : Les fondamentaux de la croissance restent solides pour l’Indonésie est apparu en premier sur WMC.

❌
❌