Fethi Nouri : « La diaspora tunisienne est un trésor national, exploitons son potentiel »
Dans un discours prononcĂ© Ă lâouverture du Tunisia Global Forum, Fethi Nouri, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), a dressĂ© un tableau complet des enjeux et opportunitĂ©s liĂ©s Ă la diaspora tunisienne.
Qualifiant cette derniÚre de « trésor national », il a insisté sur son rÎle stratégique dans la stabilisation macroéconomique, le financement du développement et la transformation structurelle de la Tunisie.
Les transferts de devises des Tunisiens rĂ©sidant Ă lâĂ©tranger (TRE) constituent, depuis des annĂ©es, un pilier essentiel de lâĂ©conomie nationale. En 2024, ces flux ont reprĂ©sentĂ© prĂšs de 24 % des rĂ©serves en devises de la BCT, contribuant significativement Ă la stabilitĂ© du dinar tunisien.
Plus encore, ces ressources ont permis de couvrir 49 % du service de la dette extérieure du pays, ajoute le gouverneur de la BCT. Ce qui montre leur importance critique dans la préservation de la souveraineté financiÚre de la Tunisie.
Au-delĂ de cette fonction stabilisatrice, la diaspora joue un rĂŽle dynamique dans lâĂ©conomie rĂ©elle. Ses envois de fonds stimulent la consommation des mĂ©nages, soutenant ainsi la demande intĂ©rieure.
Par ailleurs, son apport en investissements directs, particuliĂšrement dans lâimmobilier, est estimĂ© Ă prĂšs de 2 milliards de dinars, selon les Ă©tudes citĂ©es par le gouverneur.
Fethi Nouri nâa pas occultĂ© les limites du dispositif actuel. « Notre approche traditionnelle, axĂ©e sur lâassistance consulaire et les liens culturels, nâa pas permis de crĂ©er une vĂ©ritable dynamique collective porteuse de dĂ©veloppement durable », reconnait-il. Cette analyse rejoint les critiques frĂ©quentes sur le manque de structuration des politiques publiques en direction des compĂ©tences tunisiennes Ă lâĂ©tranger.
Pourtant, le potentiel est immense. Le gouverneur a rĂ©vĂ©lĂ© quâune cinquantaine (48) cadres tunisiens occupait des postes de direction dans des institutions financiĂšres internationales majeures. « Ces experts peuvent nous aider Ă prĂ©parer une Ă©mission obligataire internationale dĂšs 2026 », illustre-t-il. Tout en soulignant lâurgence de mieux canaliser ces compĂ©tences vers les prioritĂ©s nationales.
Une modernisation institutionnelle en cours
Pour répondre à ces défis, la BCT a engagé plusieurs réformes structurelles.
Transparence et accessibilitĂ© : une capsule dâinformation vulgarisant les rĂšgles de change pour la diaspora a Ă©tĂ© produite, visant Ă dissiper les craintes et encourager les investissements.
Dématérialisation : la nouvelle plateforme en ligne de la BCT permet désormais un suivi administratif plus rapide et transparent des dossiers.
Instruments financiers innovants : sâinspirant du modĂšle Ă©gyptien, la Tunisie envisage de crĂ©er des produits dâĂ©pargne-retraite en devises pour les expatriĂ©s, avec des versements minimums de 500 dollars sur cinq ans.
Vers une nouvelle Úre de coopération
Le patron de la BCT a conclu son discours par un appel solennel Ă la mobilisation collective. « Vous nâĂȘtes pas simplement des Tunisiens dâailleurs. Vous ĂȘtes la mĂ©moire vivante de notre nation et les artisans de son avenir », a lancĂ© Fethi Nouri.
Cet plaidoyer pour un « patriotisme économique » partagé qui reflÚte la prise de conscience croissante du rÎle systémique de la diaspora dans la relance post-crise.
Alors que la Tunisie affronte des dĂ©sĂ©quilibres macroĂ©conomiques persistants, cette vision intĂ©grĂ©e pourrait marquer un tournant dans la relation entre lâĂtat et ses citoyens rĂ©sidant Ă lâĂ©tranger. Reste Ă traduire ces ambitions en mesures concrĂštes, capables de transformer ce « trĂ©sor national » en levier de dĂ©veloppement durable.
Nous y reviendrons.
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