Dans le cadre d’une conférence organisée par l’UBCI en partenariat avec l’Union européenne et la Banque européenne d’investissement (BEI) et le soutien technique de Frankfurt School, Mohamed Koubaa, Directeur Général de l’UBCI, a souligné l’importance d’une initiative structurante pour l’écosystème entrepreneurial tunisien.

Placé sur le thème « Invest and Export Solutions », l’événement a marqué l’aboutissement de deux années de travail intensif.
Un partenariat à fort impact pour l’économie tunisienne
M. Koubaa a salué la confiance renouvelée des bailleurs internationaux, notamment de l’Union européenne et de la BEI, affirmant que cette alliance représente bien plus qu’un apport financier : elle symbolise une reconnaissance du rôle stratégique de l’UBCI dans l’accompagnement des investisseurs.
« Ce projet n’est pas une simple ligne de crédit. C’est une reconnaissance de notre engagement à devenir un partenaire clé des projets de développement », a-t-il déclaré. Tout en remerciant notamment Jean-Luc Revéreault et Marco Stella pour leur engagement.
Financer, mais aussi accompagner
Le dirigeant de l’UBCI a insisté sur un changement de paradigme : le rôle des banques ne se limite plus à l’octroi de crédits. « L’enjeu, c’est d’accompagner les entreprises dans leur réussite, avec une politique de conseil, de structuration, et un système d’information performant », a-t-il martelé.
Un levier pour les PME et pour la transition verte
Évoquant les défis structurels du tissu entrepreneurial tunisien, il a appelé à un soutien plus qualitatif, rappelant l’exemple du Programme de mise à niveau (PMN) des années 90. Il a aussi souligné les opportunités qu’offre la transition écologique, affirmant que « la décarbonation n’est pas une charge, mais un investissement stratégique ».
Un appel à l’action pour transformer l’essai
S’adressant à ses équipes, M. Koubaa a lancé un message mobilisateur : « Nous avons les moyens de réussir, maintenant il faut concrétiser ». Il a exprimé sa confiance dans la capacité de l’UBCI à relever ce défi au bénéfice de l’économie tunisienne dans son ensemble.
Changer le regard sur le financement en Tunisie
Dans une intervention remarquée, M. Koubaa a aussi tenu à déconstruire certaines idées reçues sur le financement en Tunisie. Pour lui, le débat sur les taux d’intérêt détourne l’attention de la vraie question : la rentabilité des projets. « Nous ne sommes pas des trésoriers. Nous sommes des partenaires de projet », a-t-il affirmé.
D’entrée, M. Koubaa a tenu à rectifier une perception courante : « On a l’habitude de voir les banquiers tunisiens comme des trésoriers. Nous ne le sommes pas. Nous sommes des partenaires de projet. » Selon lui, la mission d’une banque est d’accompagner la réussite des investissements, bien au-delà de la simple question des taux.
Taux d’intérêt vs. Croissance : une corrélation remise en cause
Le DG de l’UBCI a balayé l’argument selon lequel des taux élevés freineraient nécessairement la croissance. « En Turquie, les taux sont à 50 %, mais la croissance dépasse 5 %. Au Japon, les taux sont négatifs depuis 30 ans, et la croissance est nulle ». Pour lui, le vrai indicateur à surveiller est la rentabilité de l’entreprise. « Si votre performance ne dépasse pas le taux monétaire, vous ne créez pas de valeur. Autant laisser l’argent en compte courant ».
« La décarbonisation n’est pas un coût, c’est un investissement »
M. Koubaa a également insisté sur l’importance des projets durables, notamment dans la transition écologique. « La décarbonisation n’est pas une charge, c’est un investissement stratégique ». Il encourage donc les entreprises à saisir les financements verts (comme les lignes de crédit européennes), tout en améliorant leur gouvernance. « Un projet bien structuré, avec une équipe solide, trouvera toujours des financements. »
Un système bancaire à réformer, mais des opportunités à saisir
Reconnaissant les défis du système de garantie en Tunisie, il a appelé à une meilleure culture financière : « Si un crédit est refusé, c’est parfois parce que le projet n’est pas assez convaincant ». Malgré tout, des dispositifs comme les lignes de crédit européennes (170 millions d’euros) offrent des opportunités, à condition que les entreprises se professionnalisent.
Lors d’une intervention marquante, Mohamed Koubaa, Directeur Général de l’UBCI, a exprimé sa gratitude envers les équipes et partenaires ayant contribué à la mise en place d’un programme stratégique pour la Tunisie. Devant un auditoire attentif, il a souligné l’importance de cette initiative, tout en lançant un appel à la mobilisation collective pour en assurer le succès.
Un projet aux enjeux majeurs
M. Koubaa a insisté sur le caractère pivot de ce programme, affirmant que sa réussite ouvrirait la voie à d’autres financements internationaux. « La Tunisie a besoin que ce programme réussisse, car c’est le prélude à d’autres projets », a-t-il déclaré. Tout en pointant le retard du pays par rapport à des nations comparables comme le Maroc ou l’Égypte en matière de soutien financier international.

S’appuyant sur les atouts de la Tunisie, il a exhorté les parties prenantes à « transformer l’essai ». Tout en soulignant que le pays dispose de tous les leviers nécessaires pour concrétiser cette ambition.
Mohamed Koubaa a conclu son intervention sur une note optimiste, exprimant l’espoir de voir ce « beau programme » aboutir, pour le bénéfice de la Tunisie et de son économie.
Un partenariat historique, des enjeux actuels
Dans son intervention, Marco Stella, responsable du développement économique à la délégation de l’UE en Tunisie, a souligné l’importance du soutien européen aux petites et moyennes entreprises (PME) tunisiennes. Tout en pointant du doigt des défis systémiques critiques, dont la courte durée de vie moyenne des entreprises locales – seulement 18 mois.

M. Stella a rappelé que l’UE et la Tunisie cultivaient un partenariat de 30 ans, à la fois politique, technique et financier. Il a salué les efforts conjoints de l’UBCI, tout en insistant sur la nécessité d’une approche systémique pour renforcer l’écosystème des PME.
« Les besoins sont larges, et c’est normal. Mais en Tunisie, le constat est alarmant : une PME sur deux ne survit pas au-delà de 18 mois », a-t-il déclaré, évoquant des obstacles allant au-delà de l’accès au crédit – notamment des défis structurels liés à la compétitivité, à l’intégration dans les chaînes de valeur internationales et à la transition verte.
L’UE, un bailleur de fonds clé via des dons et des programmes ciblés
Contrairement à d’autres partenaires financiers, l’UE continue à octroyer des dons à la Tunisie, notamment pour :
- Faciliter l’accès au crédit (via des mécanismes de réduction des risques financiers).
- Former les PME aux enjeux clés comme la décarbonisation et l’export.
- Renforcer les secteurs stratégiques (agroalimentaire, textile, automobile).
Le Trade and Competitiveness Program, cité par M. Stella, illustre cette approche, avec un volet dédié à l’accompagnement des entreprises tunisiennes vers les marchés internationaux.
Une vision commune : écosystème durable et synergies européennes
L’UE mise sur une collaboration étroite avec les institutions tunisiennes et le secteur privé, dans le cadre de l’initiative « Équipe Europe », qui fédère les efforts des 27 États membres. L’objectif? Créer un environnement propice à l’innovation, à l’export et à la transition verte.
« Nous croyons au potentiel du secteur privé tunisien pour bâtir un avenir plus durable et inclusif », a conclu M. Stella, appelant à renforcer les liens économiques entre les deux rives de la Méditerranée.
La BEI et l’UBCI : un projet pilote pour l’avenir des PME tunisiennes
Lors de cet événement organisé à Tunis, la Banque européenne d’investissement (BEI) et l’Union bancaire pour le commerce et l’industrie (UBCI) ont officialisé un partenariat stratégique visant à renforcer l’accès des PME tunisiennes aux financements. Ce projet, soutenu par l’Union européenne et accompagné par l’expertise technique française, représente l’aboutissement de quatre années de discussions et s’inscrit dans la continuité de l’engagement historique de la BEI en Tunisie depuis la fin des années 1970.
Jean-Luc Revéreault, représentant de la BEI en Tunisie, a rappelé le rôle clé joué par l’institution dans le développement économique du pays, notamment à travers le financement des infrastructures et l’appui indirect aux entrepreneurs via des lignes de crédit, des fonds d’investissement et des programmes de microfinance. Il a souligné que certaines PME soutenues par la BEI dans le passé sont aujourd’hui devenues des leaders nationaux, voire internationaux, bien qu’il ait évité de citer des noms pour ne pas en omettre.
Ce nouveau partenariat intervient dans un contexte marqué par des contraintes économiques croissantes, qui ont compliqué la collaboration directe entre la BEI et les banques tunisiennes ces dernières années. Pour y remédier, un mécanisme innovant a été mis en place, combinant une ligne de crédit de 170 millions d’euros, signée en 2023 et destinée à l’ensemble du secteur bancaire tunisien, et une ligne de garantie pilote de 12 millions d’euros, financée par l’Union européenne et confiée exclusivement à l’UBCI.
Le choix de l’UBCI comme partenaire privilégié pour cette garantie s’explique par sa solidité financière, son respect des normes internationales (dont les IFRS) et sa certification ESG, une première en Tunisie. Revéreault a également salué la philosophie de la banque, axée sur l’accompagnement des entrepreneurs et une gestion rigoureuse du risque crédit, des atouts décisifs dans la sélection.
Au-delà des aspects financiers, le projet prévoit un important volet d’assistance technique, piloté par la France, afin de renforcer les capacités des différents acteurs impliqués. La Banque centrale tunisienne bénéficiera d’un appui pour améliorer ses indicateurs de suivi. Tandis que les banques partenaires, dont l’UBCI, recevront une expertise pour affiner leurs modèles d’analyse de risque. Les PME bénéficiaires, quant à elles, seront accompagnées dans la structuration de leurs dossiers de financement et dans l’adaptation de leurs processus aux exigences environnementales, notamment en vue de l’entrée en vigueur prochaine de la taxe carbone aux frontières de l’UE.
Les secteurs prioritaires ciblés par cette initiative comprennent le textile, l’agroalimentaire et l’automobile, avec pour objectif d’aider les entreprises tunisiennes à grimper dans les chaînes de valeur et à améliorer leur compétitivité à l’international.
Il a toutefois tenu à souligner le caractère expérimental de la ligne de garantie, dont le montant reste limité. Son succès sera déterminant pour convaincre les bailleurs de fonds internationaux de débloquer des enveloppes plus importantes à l’avenir. L’UBCI, désormais sous les projecteurs, devra démontrer sa capacité à déployer efficacement ces fonds et à générer un impact tangible sur le tissu économique tunisien.
Ce projet s’inscrit dans le cadre plus large du programme Trade and Competitiveness de l’UE, crucial pour la Tunisie, où les PME représentent près de 90 % du tissu économique mais peinent encore à accéder aux financements nécessaires à leur croissance. Dans un contexte de dette publique élevée, ce partenariat ouvre une voie prometteuse pour mobiliser des fonds internationaux tout en préservant les finances de l’État.
Les prochains mois seront déterminants pour évaluer les premières retombées de cette initiative, avec un focus particulier sur les entreprises bénéficiaires et l’évolution de leur compétitivité. Si les résultats sont concluants, ce dispositif pourrait servir de modèle pour de futurs programmes de soutien aux PME en Tunisie et ailleurs dans la région.

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