Qui ne connaît pas SOS villages d’enfants, présente, sous nos cieux, depuis bien longtemps?! Certes, tout le monde sait ce qu’elle entreprend pour des milliers d’enfants sans soutien familial, voués à l’abandon et le plus souvent exposés à tous les dangers de la rue.
La Presse — Qu’en sait-on réellement? Une ONG caritative à but non lucratif, à caractère social et non religieux, étant communément appelée «Enfants de Bourguiba», ceux qui sont, dés leur jeune âge, privés de leurs parents ou qui n’en ont pas pour diverses raisons. Fondée en 1981, suite à un accord conclu avec le gouvernement, SOS villages n’a jamais eu le vent en poupe. Elle totalise quatre villages SOS à Gammarth, à Siliana, à Mahrès et à Akkouda, outre deux bureaux affiliés situés à El Ala à Kairouan et Hassi El Frid à Kasserine.
Un appel à l’aide maintes fois lancé
Faute de communication et de médiatisation, cette organisation était, et l’est encore, méconnue, bien qu’elle agisse pour la bonne cause et mette en avant l’intérêt supérieur de l’enfant. Toutefois, on lui attribuait, autrefois, tous les qualificatifs subjectifs fondés sur des idées reçues, pointant du doigt ses positions pour avoir parrainé des enfants supposés «naturels» et dont l’identité biologique n’est pas cernée. Ces petits enfants-victimes de la vie étaient stigmatisés. Or, ceci n’était, alors, que de vieux préjugés déjà remis en cause et faussés par une réalité SOS perceptible et bien étayée. Sous-estimés, son dévouement et ses actions furent, malheureusement, enfermés dans des stéréotypes figés.
Et pour cause, son combat humaniste pour la réintégration sociale des enfants sans soutien n’a pas été beaucoup apprécié. Son appel à l’aide, maintes fois lancé, semble être tombé dans l’oreille d’un sourd. Alors que ses ressources se sont souvent limitées à des donations volatiles et faibles contributions citoyennes. «L’Etat ne contribue qu’à hauteur de 2,5 millions de dinars, en guise de subvention annuelle. Le reste provient des dons et des participations des Tunisiens..», nous indique Mohamed Megdiche, président de l’Association tunisienne des villages SOS d’enfants, lors d’une récente soirée de sensibilisation à Tunis, destinée à faire connaître ses interventions auprès du large public. Journalistes, acteurs, artistes, influenceurs et bien d’autres célébrités tunisiennes sont aussi de la partie. «Ils étaient tous là pour nous aider à faire entendre notre voix», a-t-il ajouté.
Quel message, quel objectif ?
Car, on ne connaît pas à juste valeur l’apport de ces villages SOS-Tunisie et encore moins l’ampleur du rôle qu’ils continuent à jouer pleinement pour le grand bonheur des enfants et les foyers et familles intégrés dans la communauté. Il est ainsi question de réviser nos comptes, réévaluer le parcours de cette ONG et changer de regard à son égard.
Animée sous le slogan «Lammat el Khir», cette soirée vise à véhiculer un message clé : «On doit se rendre compte que tout enfant sans soutien et livré à lui-même constitue potentiellement un délinquant criminel. C’est pour cela que chacun de nous devrait faire de son mieux pour leur prêter main- forte et les tirer du néant. Parfois, seulement un dinars versé à leur profit pourrait changer beaucoup de choses», plaide M. Megdiche. Parrainant un enfant est de nature à lui rendre le sourire et lui donner une seconde vie. Et voilà qu’un petit geste si généreux compte.
L’Association tunisienne des villages SOS d’enfants a, aujourd’hui, le mérite d’être pionnière dans la défense de la cause humaine : la protection des enfants sans soutien et leur prise en charge, dans un cadre familial équilibré. «On prend en charge, actuellement, plus de 5.500 enfants sans soutien ou menacés, à l’échelle nationale. Mais, on est encore loin de l’objectif idéal, puisque près de 30 mille enfants sont aujourd’hui en danger», révèle le président de ladite association. Il a appelé les Tunisiens à s’engager pour mieux investir dans ces enfants, et puis aider à former une génération éduquée et plus équilibrée.
Un modèle d’accueil familial
Aujourd’hui, ce modèle d’accueil familial a révolutionné le sens de la charité et du bénévolat au profit d’autrui, redéfinissant une nouvelle culture de soutien et de solidarité, doublée de responsabilité partagée et d’engagement à donner pour sauver une vie et lui favoriser la chance de grandir et de s’épanouir. «On accueille dans nos villages SOS les enfants dont l’un des parents ou les deux sont morts, détenus ou qui se sont montrés irresponsables. Ceux ayant perdu la prise en charge parentale ou qui risquent de la perdre, on tient, dans ce cas, à leur offrir l’opportunité de vivre au sein d’une nouvelle famille qui deviendra la leur. On les soutient, en leur assurant les conditions sociales favorables à poursuivre leurs études, bénéficier des soins et mener une vie sereine », explique-t-il.
D’ailleurs, lit-on sur le site de l’association, «chaque enfant habite dans une maison qui est la sienne, a besoin d’une mère pour prendre soin de lui, grandit avec des frères et sœurs, dans un environnement propice à son épanouissement que nous appelions village». Il y a lieu de plaider pour cette cause et lui mobiliser autant de fonds, surtout que le budget SOS demeure insuffisant pour prendre en charge plus d’enfants. Faire don pour faire vivre un enfant relève d’une culture d’assistance et d’un engagement communautaire effectif. «En Allemagne, 2,6 millions d’enfants sans soutien bénéficient d’une prise en charge intégrale au sein des villages SOS, ce qui dénote une saine culture de protection de l’enfance menacée», compare M. Megdiche.
Il y a quelque jours, ladite association a sollicité les Tunisiens à faire don de la zakat el-fitr, fixée cette année à 2 dinars, au profit des villages SOS d’enfants, et ce par SMS au numéro 85510. Selon un récent communiqué, les fonds collectés, faut-il le noter, seront utilisés pour des programmes d’accueil et de protection des enfants, le développement de l’infrastructure des 4 villages précités et la reconstruction de celui de Siliana. Somme toute, l’association compte atteindre 8 mille enfants, avec en toile de fond leur prise en charge en termes de subsistance, d’éducation, mais aussi d’ordre psychologique et social.