La Cour pénale internationale (CPI) a émis, ce jeudi 21 novembre, des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant, limogé début novembre, pour “crimes contre l’humanité et crimes de guerre”. Cette décision fait suite à l’analyse de la réponse militaire israélienne aux attaques du […]
La Cour pénale internationale (CPI), basée à La Haye, a annoncé ce jeudi 21 novembre 2024, avoir délivré des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant.
La CPI a déclaré qu’il n’était pas nécessaire qu’Israël accepte la compétence de la Cour.
Trois dirigeants du Hamas, Yahya Sinwar, Mohammad Diab Ibrahim Al-Masri (également connu sous le nom de Mohammad Deif) et Ismaïl Haniyeh sont également concernés par les mandats d’arrêt internationaux, mais ils seraient tous morts, tués par l’armée israélienne.
Le procureur général de la CPI Karim Khan, qui avait demandé, le 20 mai dernier, l’émission de mandats d’arrêt contre Netanyahu et Gallant, a précisé que ces derniers sont visés par la CPI pour «le fait d’affamer délibérément des civils», «homicide intentionnel» et «extermination et/ou meurtre». «Nous affirmons que les crimes contre l’humanité visés dans les requêtes s’inscrivaient dans le prolongement d’une attaque généralisée et systématique dirigée contre la population civile palestinienne dans la poursuite de la politique d’une organisation. D’après nos constatations, certains de ces crimes continuent d’être commis», a-t-il précisé.
«Dream Team» (équipe de rêve). C’est par cette expression que les colons extrémistes israéliensde Cisjordanie et leurs partisans désignent les membres de la nouvelle administration Trump qui comprend des extrémistes de la droite chrétienne et des partisans de l’Amérique d’abord (Amerira First). Pour eux, c’est l’occasion rêvée pour faire main basse sur la totalité de Jérusalem, rattacher la Cisjordanie et enterrer définitivement la cause palestinienne. L’heure de l’application de leur agenda messianique a sonné. (Le Palestinien Fakhri Abu Diab et son épouse Amina devant leur maison démolie par les autorités israéliennes à Jérusalem-Est. Ph: Gali Tibbon/The Observer).
Imed Bahri
Jason Burke, correspondant de The Observer, version du week-end du Guardian, rapporte que les Palestiniens ont été choqués par le choix fait par Trump des extrémistes qui soutiennent Israël.
Les colons, quant à eux, ont décrit la nouvelle administration comme une équipe de rêve leur offrant «une opportunité spéciale et exceptionnelle» d’étendre de manière permanente le contrôle d’Israël sur la Cisjordanie et mettre fin ainsi à tout espoir de création d’un État palestinien. Trump a en effet nommé des partisans des projets des activistes israéliens d’extrême droite et le gouvernement de Benjamin Netanyahu gagne un soutien qu’il saura exploiter pour faire passer ses projets expansionnistes.
Un éditorial du journal israélien Haaretz a averti que «la série de nominations annoncées par le président américain élu Donald Trump devrait inquiéter tous ceux qui se soucient de l’avenir d’Israël».
Burke a ajouté que depuis les élections américaines, Israël a multiplié les démolitions de maisons palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. La semaine dernière, des habitants du quartier d’Al-Bustan à Jérusalem-Est fouillaient les ruines de leurs maisons que la municipalité de Jérusalem a décidé de démolir parce qu’elles avaient été construites sans permis. Fakhri Abu Diab, un militant chevronné qui a mené pendant des années la résistance aux efforts visant à démolir les maisons des familles palestiniennes dans le quartier d’Al-Bustan, a déclaré que les bulldozers sont revenus le jour des élections américaines pour détruire une partie de sa maison que les équipes de démolition municipales avaient laissée debout plus tôt cette année.
Avec Trump au pouvoir, plus rien ne retiendra Israël
Abu Diab, 62 ans, a expliqué que 40 personnes dont des enfants se sont retrouvées sans abri et que 115 maisons sont désormais menacées de démolition. Il a déclaré: «Israël veut démolir cet endroit depuis vingt ans et profite maintenant de l’occasion. C’est juste une façon de nous punir et de nous forcer à partir. Je suis ici, là où étaient mes parents et mes grands-parents et je resterai ici.» L’épouse de Abu Diab, Amina, a déclaré de son côté: «Avec Trump au pouvoir, il n’y a plus rien pour retenir Israël».
La municipalité de Jérusalem a déclaré que les bâtiments sont situés sur un terrain désigné comme espace public ouvert.
L’organisation israélienne de défense des droits humains Ir Amim a déclaré que le véritable objectif des démolitions est de relier les poches de colonies implantées dans les quartiers palestiniens à Jérusalem-Ouest. Elle a indiqué que les autorités locales se sentaient encouragées après la victoire de Trump, ajoutant que les opérations de démolition à Al-Bustan pourraient être un signe avant-coureur de ce qui va arriver.
La semaine dernière, un village bédouin dans le désert du Néguev a été démoli pour construire un complexe pour les juifs orthodoxes sur ordre du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et 25 bâtiments ont été détruits en Cisjordanie selon les Nations Unies.
Un cabinet infernal… pour les Palestiniens
Le journal britannique note que les choix de Trump ont choqué même les extrémistes. Son candidat au Département d’État, le sénateur de Floride Marco Rubio, s’est déclaré opposé au cessez-le-feu à Gaza et estime qu’Israël doit détruire tous les éléments du Hamas dont il a décrit les membres comme «des animaux féroces» tandis qu’Elise Stefanik qui a été nommée ambassadrice à l’Onu a qualifié l’organisation internationale de «foyer d’antisémitisme» pour avoir condamné la mort des civils à Gaza.
Le nouvel ambassadeur américain en Israël devrait être Mike Huckabee, un pasteur évangélique qui soutient l’occupation israélienne de la Cisjordanie et qui a qualifié la solution à deux États en Palestine d’irréalisable. Lors d’une visite en Israël en 2017, Huckabee a déclaré: «Il n’y a rien de comparable à la Cisjordanie. Les colonies n’existent pas, ce sont des communautés, des quartiers et des villes. L’occupation n’existe pas.»
Le candidat de Trump au poste de secrétaire à la Défense, Peter Hegseth, animateur de Fox News, est un autre chrétien évangélique qui porte un tatouage sur le torse représentant les croisades.
«Israël n’aurait pas pu demander plus», a déclaré visiblement très satisfait Daniel Luria, directeur d’Artit Cohanim, une organisation qui affirme que sa mission est de restaurer et de reconstruire une Jérusalem unie pour le peuple juif. Cette organisation soutient un certain nombre de projets visant à expulser les familles palestiniennes de leurs foyers et à les remplacer par des familles juives et des étudiants religieux juifs. Il a déclaré: «Il n’y a pas d’État arabe sur la Terre d’Israël et le fait qu’il y ait eu plusieurs tentatives de faire quelque chose de différent au cours des dernières années n’est pas pertinent. Nous sommes maintenant dans une situation exceptionnelle et nous le ferons. Nous obtiendrons un nouveau Moyen-Orient et nous changerons tout.»
Certains extrémistes de droite en Israël ont comparé Trump au roi perse Cyrus le Grand qui a conquis le royaume de Babylone en 539 avant J.-C. et a permis aux Juifs de revenir de leur exil à Jérusalem.
Les partis favorables aux implantations occupent des positions clés au sein du gouvernement de coalition israélien, considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël. La semaine dernière, Bezalel Smotrich, ministre des Finances et défenseur de l’expansion des colonies, a déclaré que 2025 serait «l’année de la souveraineté en Judée-Samarie», le nom hébreu de la Cisjordanie utilisé par la droite en Israël, ses dirigeants ainsi que leurs partisans aux États-Unis. Il a aussi formé l’espoir d’un rattachement des territoires palestiniens occupés à Israël.
Le journal a noté une accélération du rythme de l’expansion des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est après la guerre du 7 octobre 2023. Smotrich et plusieurs ministres ont assisté à une conférence organisée près de Gaza pour discuter du retour des colonies juives dans ce territoire après la guerre.
Nommé ambassadeur en Israël, le pasteur Huckabee a refusé d’utiliser un terme autre que Judée-Samarie pour décrire la Cisjordanie et est un ardent partisan de la Fondation Cité de David, un parc archéologique financé par le gouvernement israélien dans un quartier palestinien de Jérusalem, géré par Elad, un groupe de colons israéliens accusé d’avoir déplacé des familles palestiniennes de Jérusalem en achetant des maisons palestiniennes et en utilisant des lois controversées qui permettent à l’État de saisir les biens palestiniens.
Un rapport de l’Union européenne de 2018 a révélé que les projets d’Elad dans certaines parties de Jérusalem-Est sont utilisés «comme un outil politique pour modifier le récit historique et soutenir, légitimer et étendre les colonies». La fondation a refusé de discuter des projets soutenus par le gouvernement israélien et l’étranger.
«Le plan de Dieu qu’Israël a révélé au monde entier»
La semaine dernière, des touristes se sont assis sous les oliviers pour écouter des conférences au centre de la Cité de David, hors les murs de la Vieille ville. «Nous croyons que Dieu a un plan pour Israël et que Dieu a dit que la terre leur appartenait», a déclaré Jack Holford, un ingénieur logiciel à la retraite de 62 ans, en visite à Jérusalem avec sa femme Debbie. «Nous nous considérons comme croyants et faisons partie du plan de Dieu qu’Israël a révélé au monde entier. Il y a des Arabes, des Palestiniens et des Juifs, et ils sont tous Israéliens», a-t-il ajouté.
Le premier mandat de Trump a été marqué par des mesures sans précédent pour soutenir les revendications territoriales d’Israël notamment en reconnaissant Jérusalem comme sa capitale éternelle et indivisible, en y déplaçant l’ambassade américaine et en reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan, territoire syrien occupé depuis 1967.
Les activistes du colonialisme estiment que les nominations effectuées par Trump signifient que la nouvelle administration ira beaucoup plus loin. Luria déclare: «Ils (membres de l’administration Trump, Ndlr) ont parlé du droit des Juifs à vivre partout, qu’il était impossible de diviser Jérusalem en deux parties et que vous ne pouvez pas permettre que la haine, le mal et le terrorisme se trouvent à votre porte et cela vient d’un contexte biblique, tout comme moi. Je vois le roi David et Abraham et ils les voient aussi.» Bref, l’extrémisme religieux juif et chrétien a désormais le vent en poupe et s’exprime ouvertement à Washington et plusieurs autres capitales occidentales.
C’est la séquence géopolitique la plus attendue du nouveau mandat de Donald Trump et la question qui taraude partout dans le monde: Que va-t-il se passer avec la République islamique d’Iran après le retour au pouvoir du président républicain, qui avait ordonné, début janvier 2020, l’assassinat de Qassem Soleimani, le chef des Forces Al-Quds, unité d’élite des Gardiens de la révolution, et architecte de l’influence iranienne au Moyen-Orient ? Il a aussi accusé l’Iran de vouloir l’assassiner après les deux tentatives ratées durant la campagne électorale qui vient de s’achever. En même temps, l’ennemi irréductible de l’Iran, Benjamin Netanyahu, a l’oreille de son ami américain. Qu’en sera-t-il donc pour l’Iran?
Imed Bahri
Le Wall Street Journal a publié une étude préparée par Warren Strobel, Benoit Faucon et Lara Seligman dans laquelle ils affirment que le président récemment élu prévoit d’augmenter considérablement les sanctions contre l’Iran et d’étouffer ses ventes de pétrole dans le cadre d’une stratégie agressive visant à saper le soutien de Téhéran à ses groupes mandataires considérés violents au Moyen-Orient et à son programme nucléaire, selon des personnes proches.
Le journal américain a indiqué que Trump avait adopté une ligne dure à l’égard de l’Iran au cours de son premier mandat en faisant avorter un accord entre six pays avec Téhéran -connu sous le nom de Plan d’action global commun- qui visait à limiter le développement du programme nucléaire de l’Ira. Il a également imposé ce qui a été décrit comme une stratégie de pression maximale dans l’espoir que l’Iran abandonnera ses ambitions d’obtenir l’arme nucléaire, cessera de financer et de former ce que les États-Unis considèrent comme des groupes terroristes et améliorera son bilan en matière de droits de l’homme.
Mais lorsqu’il prendra ses fonctions, le 20 janvier, l’approche de Trump à l’égard de l’Iran sera probablement influencée par le fait que des agents de la République islamique ont tenté de l’assassiner, lui et ses anciens conseillers à la sécurité nationale, après qu’ils aient quitté leurs fonctions, ont déclaré d’anciens responsables de l’administration Trump. L’Iran chercherait à se venger d’une frappe de drone américaine en 2020 qui a tué Qasem Soleimani, le chef des opérations paramilitaires secrètes iraniennes.
L’Iran dans une position de faiblesse
Mick Mulroy, un haut responsable du Pentagone au Moyen-Orient lors du premier mandat de Trump, a déclaré que «les gens ont tendance à prendre ces choses personnellement. S’il veut adopter une ligne dure à l’égard d’un pays en particulier ou d’un adversaire majeur spécifique, c’est bien l’Iran».
Des personnes proches des projets de Trump et en contact avec ses principaux conseillers ont déclaré que la nouvelle équipe agirait rapidement pour tenter d’étouffer les revenus pétroliers iraniens notamment en s’en prenant aux ports étrangers et aux négociants qui traitent du pétrole iranien. Cela recréerait la stratégie adoptée par le président élu lors de son premier mandat avec des résultats mitigés.
Un ancien responsable de la Maison-Blanche a déclaré: «Je pense que vous verrez les sanctions revenir, vous le verrez tenter d’isoler davantage l’Iran, diplomatiquement et financièrement. Je pense que l’on a l’impression que l’Iran est définitivement dans une position de faiblesse à l’heure actuelle et qu’il [Trump] a maintenant l’occasion d’exploiter cette faiblesse.»
Les responsables familiers avec le plan de Trump n’ont pas fourni des détails sur la manière spécifique d’augmenter la pression sur l’Iran.
Le WSJ a aussi indiqué qu’au cours des derniers mois, Israël a tué des dirigeants de groupes mandataires pro-iraniens à Gaza et au Liban et causé des dommages importants à la structure de direction de groupes tels que le Hezbollah et le Hamas. Il a également lancé des frappes contre l’Iran, en réponse à la salve de missiles iraniens ayant frappé Israël, qui a infligé de graves dommages aux capacités de Téhéran à produire des missiles et des défenses aériennes.
L’Iran s’est engagé à répondre à l’attaque israélienne du 26 octobre mais il n’est pas clair si la victoire électorale de Trump cette semaine modifiera les calculs de Téhéran ou son timing.
Trump cherchera à affaiblir davantage l’Iran
Brian Hook, qui a supervisé la politique iranienne au Département d’État pendant le premier mandat de Trump et est maintenant le responsable du département en charge de la transition vers l’administration Trump, a déclaré jeudi que le président élu n’avait aucun intérêt à chercher à renverser les dirigeants iraniens.
Toutefois, dans une interview accordée à CNN, Hook a noté que Trump s’était engagé à isoler l’Iran diplomatiquement et à l’affaiblir économiquement afin qu’il ne puisse pas financer toutes les violences commises par le Hamas, le Hezbollah, les Houthis au Yémen et d’autres groupes mandataires en Irak et en Syrie.
On s’attend généralement à ce que Hook obtienne un poste de haut niveau dans la sécurité nationale au cours du deuxième mandat de Trump. Au cours de son premier mandat, il a préconisé une campagne de pression maximale sur l’Iran. Les défenseurs de cette politique affirment que cela a réduit les fonds disponibles pour les services de sécurité de Téhéran. Mais il n’a pas réussi à arrêter les opérations iraniennes par l’intermédiaire de ses mandataires ni ses travaux nucléaires.
Les exportations de pétrole iranien ont augmenté l’année dernière dans le cadre de négociations discrètes pour libérer les Américains détenus par le régime ce qui a incité les Républicains à accuser l’administration Biden de ne pas appliquer pleinement les sanctions pétrolières actuelles ce que la Maison Blanche a démenti.
L’arme du pétrole pourrait bien être utilisée
Trump a réimposé une interdiction complète sur les exportations de pétrole brut iranien en 2019 et ses exportations sont tombées à 250 000 barils par jour début 2020 ce qui est bien en-dessous de leur niveau d’il y a deux ans mais après l’entrée en fonction de Biden, il a atteint son plus haut niveau depuis six ans en septembre de cette année.
Une fois de retour à la Maison Blanche, Trump pourrait être confronté au même dilemme que celui auquel Biden a été confronté : limiter les ventes de pétrole de l’Iran et d’autres adversaires comme le Venezuela mais risquer ainsi une hausse des prix du pétrole et déclencher une inflation.
Robert McNally, un ancien responsable américain de l’énergie, a déclaré que l’administration Trump pourrait imposer un embargo américain sur les ports chinois recevant du pétrole iranien ainsi que des sanctions visant les responsables irakiens qui financent des milices soutenues par l’Iran. Il a indiqué que estimations d’une application stricte de l’embargo pétrolier suffirait à réduire d’au moins 500 000 barils par jour principalement des achats de pétrole chinois.
«Ce sera une pression maximale version 2.0», a déclaré McNally qui dirige désormais le cabinet de conseil Rapidian Energy Group basé à Washington.
Helima Croft, stratège en chef des matières premières de la société canadienne RBC Capital Market, a déclaré que les principaux conseillers de Trump avaient exprimé leur ferme soutien à une frappe israélienne sur les installations nucléaires et énergétiques iraniennes. Une autre personne en contact avec l’équipe de Trump a déclaré que le nouveau président pourrait être moins enclin à s’opposer à une telle démarche d’Israël.
Biden a demandé et obtenu l’assurance d’Israël avant son attaque contre l’Iran le 26 octobre qu’il ne frapperait pas des sites nucléaires ou des infrastructures énergétiques car les États-Unis craignaient que cela entraînerait une hausse des prix du pétrole et une escalade régionale plus large.
Le président iranien Masoud Pezeshkian a déclaré mercredi soir que le résultat des élections américaines n’avait pas d’importance pour son pays.
L’agence de presse de la République islamique d’Iran a cité Pezeshkian disant: «Pour nous, peu importe qui a gagné les élections américaines car notre pays et notre système dépendent de notre force interne.»
Un accord diplomatique États-Unis-Iran n’est pas exclu
Toutefois, les responsables iraniens sont divisés sur la question de savoir si la République islamique peut résister à une pression économique supplémentaire.
«La situation pourrait devenir catastrophique pour l’industrie pétrolière iranienne», a déclaré un responsable pétrolier iranien ajoutant que la Chine achète déjà du brut iranien à prix réduit tandis que l’Iran souffre d’une pénurie de gaz naturel -utilisé pour le chauffage et l’industrie- en raison des années de sous-investissement.
Pour sa part, un diplomate iranien a déclaré que Téhéran compenserait les restrictions américaines en approfondissant ses partenariats commerciaux par le biais de l’Organisation de coopération de Shanghai, axée sur l’Asie et d’autres alliances. Il a ajouté qu’elle pourrait également répondre aux pressions en intensifiant son programme nucléaire ou en menaçant les installations pétrolières du Moyen-Orient.
Malgré l’hostilité mutuelle, certains qui ont travaillé avec Trump n’excluent pas de parvenir éventuellement à un accord diplomatique entre les États-Unis et l’Iran au cours de son deuxième mandat. Toutefois, Mike Mulroy a précisé, et c’est une précision de taille, que «Trump aime conclure des accords mais seulement si c’est son accord».
Dans une lecture analytique du résultat de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre 2024 préparée par Julian Borger, le journal britannique The Guardian affirme que la victoire du candidat républicain Donald Trump est synonyme de victoire pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Le président élu américain voulait que la fin de la guerre à Gaza n’ait lieu qu’après son élection et son entrée en fonction en janvier 2025, alors que sa position sur le programme nucléaire iranien n’est pas claire. Aussi son retour à la Maison Blanche a-t-il des implications importantes pour le Moyen-Orient et est considéré avant tout comme une victoire pour Netanyahu qui n’a pas caché sa préférence pour le Républicain.
Imed Bahri
Dans un souci de ne pas s’aliéner le vote juif américain, l’administration de Joe Biden a reporté ses pressions sur Netanyahu jusqu’après les élections et ce malgré la frustration croissante à son égard sur plusieurs sujets comme l’empêchement de l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, sa campagne contre les Nations Unies, son obstruction à un accord de cessez-le-feu et la libération des prisonniers et le soutien de son gouvernement aux colons de Cisjordanie.
Les progressistes du Parti démocrate ont pour leur part appelé Biden à utiliser ses cartes d’influence contre Israël au cours des 13 derniers mois. La colère suscitée par l’utilisation de bombes américaines pour détruire Gaza a provoqué une réaction dans l’État du Michigan qui abrite la plus grande population arabo-américaine des États-Unis, un facteur qui a contribué à la défaite de Kamala Harris.
Même si les États-Unis voulaient libérer leur influence au Moyen-Orient, cela ne serait pas efficace. Le mois dernier, le secrétaire à la Défense Lloyd Austin et le secrétaire d’État Anthony Blinken ont écrit une lettre au gouvernement israélien fournissant des détails sur l’obstruction du gouvernement israélien aux efforts d’envoi de matériel humanitaire. La lettre fixait 30 jours à Israël pour revoir sa politique faute de quoi il serait confronté à une révision américaine de ses exportations d’armes vers ce pays. Ce choix a été fait après les élections afin que la chance des démocrates n’en soit pas affectée.
Les extrémistes israéliens sur un nuage
À la lumière des résultats des élections américaines, les menaces de l’administration Biden auront peu d’impact sur le gouvernement Netanyahu. Ce dernier attendra l’investiture de Trump le 20 janvier. Il est certain que la prochaine administration ne défendra pas l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (Unrwa) puisque l’administration Trump a interrompu son financement en 2018 et que cette décision n’a été annulée que trois ans plus tard sous l’administration Biden.
Les Nations Unies et tous les efforts de secours seront également confrontés à des problèmes de financement dans la région.
Le retour de Trump supprime, par ailleurs, un obstacle majeur à l’annexion potentielle par Israël de certaines parties de Gaza et de la Cisjordanie. Le prochain président a montré qu’il ne se soucie pas du droit international ni des résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu lorsqu’il s’agit d’Israël. N’oublions pas que son administration a reconnu la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan alors que le droit international considère qu’il s’agit d’un territoire syrien occupé.
On ne sait pas clairement qui dirigera la politique au Moyen-Orient dans la nouvelle administration Trump mais dans le groupe entourant le président élu se trouvent d’éminents partisans de la colonisation comme son gendre Jared Kushner qui a parlé du véritable potentiel immobilier de construction d’appartements sur la mer de Gaza. Il y a l’ancien ambassadeur en Israël David Friedman qui a postulé pour un nouveau poste dans la prochaine administration sous la forme d’un livre dans lequel il parlait du droit divin d’Israël à s’emparer de la Cisjordanie qu’il appelle la Judée Samarie. Souhait partagé par la première donatrice de Donald Trump, la milliardaire américano-israélienne Miriam Adelson.
Le journal britannique a indiqué que le soutien et l’élan acquis par l’aile extrémiste du gouvernement israélien appelant au rattachement de la Cisjordanie constituent l’une des répercussions les plus évidentes sur le Moyen-Orient. Borger estime que le retour de Trump renforcera la position de Netanyahu dans son pays et augmentera probablement ses efforts visant à transformer Israël en un État illibéral. Netanyahu n’écoutera aucune voix à Washington lui demandant de modérer sa campagne visant à priver le système judiciaire de son indépendance.
Cependant, le retour à la Maison Blanche d’un allié de confiance de Netanyahu ne signifie pas qu’il aura les mains totalement libres. Contrairement à Biden, Trump ne craint pas que le Premier ministre israélien lui nuise politiquement dans son pays. Même si les nouvelles relations entre les États-Unis et Israël seront biaisées et que l’influence du nouveau président sera bien plus grande que celle de ses prédécesseurs.
Trump avait déjà clairement indiqué dans une lettre à Netanyahu au plus fort de la guerre à Gaza qu’il souhaitait que celle-ci se termine au moment où il prendrait ses fonctions le 20 janvier 2025. Évidemment, il accepterait une issue qui pencherait largement en faveur d’Israël y compris le contrôle militaire de la bande de Gaza.
Le président sortant a également confirmé qu’il souhaitait un accord de cessez-le-feu au Liban si l’administration boiteuse de Biden ne parvient pas à un accord.
Seule incertitude, Netanyahu n’est pas sûr du soutien de Trump à sa priorité liée au dossier nucléaire iranien et à sa destruction. Tout conflit avec l’Iran peut impliquer les États-Unis et l’on sait que l’aversion pour les guerres étrangères est un élément essentiel de la politique étrangère du président élu. D’un autre côté, Netanyahu pourrait ne pas être en mesure de convaincre Trump de soutenir une attaque contre un pays qui, selon lui, prévoyait de l’assassiner.
L’Arabie saoudite se frotte les mains
Borger a souligné que l’Arabie saoudite est le deuxième vainqueur de la victoire de Trump car elle a investi massivement dans la famille Trump. Elle a désormais un allié fort à la Maison Blanche qui fera probablement pression en faveur d’un accord de normalisation saoudo-israélien qui serait ajouté aux Accords d’Abraham avec les autres États du Golfe.
Les responsables de l’administration Biden ont investi beaucoup de temps et d’énergie pour tenter de parvenir à un accord saoudo-israélien et soupçonnaient depuis le début que le prince héritier Mohammed Ben Salmane attendait Trump comme président pour le faire. Mais même pour le prince héritier, il ne sera pas facile de conclure un accord avec Netanyahu à un moment où Gaza est en train d’être détruite et où plus de 43 000 Palestiniens sont tués. Selon The Guardian, cette hésitation sera probablement temporaire et les forces croissantes de rapprochement entre certains États du Golfe, les États-Unis et Israël pourraient s’avérer plus fortes au cours des quatre prochaines années que les inquiétudes concernant le sort des Palestiniens.