Les sélections de Palestine et de Syrie ont rejoint celles de Tunisie et du Qatar dans le groupe A de la Coupe arabe FIFA de football, après leurs victoires en qualifications, mardi.
La Palestine s’est imposée aux tirs au but (4-3) face à la Libye après un match nul 0-0, tandis que la Syrie a battu le Soudan du Sud 2-0.
La Tunisie ouvrira face à la Syrie le 1er décembre, alors que le Qatar affrontera la Palestine.
En 2e journée, la Tunisie sera opposée à la Palestine le 4 décembre, tandis que le Qatar jouera contre la Syrie.
La 3e et dernière journée, le 7 décembre, verra s’affronter la Tunisie et le Qatar d’une part, et la Palestine et la Syrie de l’autre.
La Coupe arabe se déroulera du 1er au 18 décembre 2025 à Doha, avec la participation de 16 sélections.
Après douze ans de traque, l’une des affaires les plus retentissantes d’Europe a enfin pris fin. Le général de brigade syrien Khaled al-Halabi a été arrêté pour des actes de torture et des crimes de guerre commis dans la ville syrienne de Raqqa entre 2011 et 2013. Selon une enquête qui lui a été consacrée par le New York Times, Al-Halabi, âgé de 62 ans, était un agent double du Mossad, les services de renseignement israéliens, en Syrie. Il vivait sous couverture en Europe depuis des années, protégé par des agents des services de renseignement israéliens et autrichiens, avant son arrestation ce mois-ci. Les journalistes du NYT Carlotta Gall et Saad Alnassife ont rencontré des responsables autrichiens ainsi que des victimes d’al-Halabi pour mener leur enquête.
Imed Bahri
Al-Halabi, surnommé le «Boucher de Raqqa», n’était pas le seul dans cette affaire. Des accusations similaires ont été portées contre le colonel Musab Abu Rukba, âgé de 53 ans, qui occupait un poste sensible au sein de la Direction de la sécurité criminelle à Raqqa. Le journal ne précise si ce dernier a également été arrêté.
Par l’intermédiaire de leurs avocats, les deux hommes ont nié toute implication dans des actes de torture ou des mauvais traitements infligés aux détenus. Les procureurs ont affirmé que les enquêtes prouvaient leur responsabilité dans les exactions commises lors de la répression du soulèvement syrien contre le régime du président déchu Bachar el-Assad.
De Raqqa à Paris
Avant de fuir la Syrie en 2013, al-Halabi, un Druze originaire de Soueïda, était officier des services de renseignement syriens. En 2008, il a pris la tête de la branche 335 de la Sûreté de l’État à Raqqa.
Après le début des manifestations à travers le pays en mars 2011, les forces de sécurité syriennes, dont la branche 335, ont lancé de vastes campagnes d’arrestations, d’interrogatoires et de torture.
Alors que la situation militaire dans le nord du pays évoluait avec l’avancée des factions d’opposition en 2013, al-Halabi s’enfuit précipitamment, traversant la Turquie puis la Jordanie, avant de finalement rejoindre Paris. Il y fut considéré comme un transfuge susceptible de contribuer à documenter les crimes du régime.
Toutefois, les preuves recueillies par les enquêteurs de la Commission pour la justice et la responsabilité internationales (CJRA) ont bouleversé la donne. Ils ont commencé à soupçonner l’ancien général de brigade d’avoir lui-même supervisé la torture de Syriens au sein de sa branche sécuritaire à Raqqa, le transformant ainsi de témoin en principal suspect.
Selon l’accusation, Halabi a disparu subitement de Paris en 2015. L’enquête a révélé par la suite qu’il avait été exfiltré à travers l’Europe dans des voitures conduites par des agents du Mossad israélien et leurs homologues autrichiens, jusqu’à Vienne. Là, il a obtenu l’asile grâce à des agents des services de renseignement intérieur autrichiens et a été logé dans un appartement financé par le Mossad.
Un réseau de protection secret
En janvier 2016, poursuit le rapport, les enquêteurs de la Commission pour la justice et la responsabilité internationales ont transmis le dossier d’Halabi au ministère autrichien de la Justice. Les autorités autrichiennes ont alors lancé des recherches, soupçonnant les services de renseignement autrichiens de le protéger.
En 2023, cinq responsables autrichiens, dont des agents des services de renseignement intérieur, ont été jugés pour abus de pouvoir afin de faciliter l’obtention de l’asile par Halabi grâce à un accord avec le Mossad. Quatre d’entre eux ont été acquittés, tandis que le cinquième ne s’est pas présenté au procès.
Lors du procès en Autriche, l’accusation a révélé que le chef des services de renseignement autrichiens s’était rendu en Israël en 2015 et avait négocié un accord pour obtenir un permis de séjour à Vienne pour le général syrien en échange de renseignements sur la situation en Syrie.
Bien que certains officiers aient été acquittés faute de preuves suffisantes, le procès a permis aux victimes d’al-Halabi de le voir pour la première fois en face. Ce fut un choc pour elles car il est devenu évident que le tortionnaire qui les avait tourmentées était libre après toutes ces années. Son arrestation n’est intervenue que ce mois-ci.
Ni le gouvernement israélien ni le Mossad n’ont répondu aux questions concernant leurs relations avec Halabi. Les ministères autrichiens de l’Intérieur et de la Justice ont refusé de commenter les cas individuels afin de protéger la vie privée.
Des témoignages accablants
Le journal révèle que les victimes de l’ancien général syrien avaient décidé de coopérer avec des organisations internationales telles que l’Open Justice Initiative afin de rassembler des preuves et de témoigner.
Abdullah al-Sham, un activiste de Raqqa, a déclaré que le nom d’al-Halabi semait la terreur pendant la révolution. Il a ajouté : «Imaginez voir l’homme qui a torturé vos amis assis devant vous dans le box des accusés? C’est un tournant décisif».
Le procureur a indiqué que 21 victimes avaient été identifiées. Nombre d’entre elles ont témoigné avoir été sauvagement battues et soumises à des chocs électriques au sein de la branche 335 des services de sécurité. L’une d’elles a notamment déclaré avoir subi une nuit entière de torture dans le bureau personnel d’al-Halabi.
L’avocat Asaad al-Moussa, âgé de 46 ans, a été arrêté à deux reprises en 2011 par les services de Halabi puis soumis à de graves tortures au siège du renseignement militaire en 2012.
Al-Moussa avait créé un comité d’avocats pour défendre les détenus à Raqqa et organisé une grève à laquelle ont participé plus d’une centaine d’avocats pour protester contre les violences dont ils étaient victimes. Il a déclaré : «Le gouvernement et les services de renseignement autrichiens ont aidé le Mossad et des criminels de guerre. C’est le crime le plus odieux qui soit».
Le NYT a conclu que l’affaire al-Halabi est un douloureux rappel que lorsque la justice se heurte aux intérêts politiques et aux services de renseignement, le combat devient long mais qui vaut la peine d’être mené jusqu’au bout.
Le président syrien par intérim Ahmed Al-Charaa est le premier président syrien depuis l’indépendance du pays à être reçu à la Maison-Blanche. Le pays du Levant longtemps partenaire stratégique de l’URSS puis de la Fédération de Russie change de camp et se positionne dans le giron américain. Le passé djihadiste du nouvel homme fort de la Syrie n’inquiète pas les Américains qui se réjouissent de ce revirement stratégique en leur faveur et font preuve comme souvent de pragmatisme, un pragmatisme partagé car Al-Charaa, soucieux de sauvegarder son pouvoir et de s’assurer les bonnes grâces de la première puissance mondiale qu’il combattait jadis, fait tout pour satisfaire l’Oncle Sam.
Imed Bahri
La revue américaine Foreign Policy a publié une analyse d’Alexandra Sharp dans laquelle elle affirme que la visite du président syrien à Washington acte un bouleversement de l’ordre régional.
Lundi 10 novembre 2025, le président Donald Trump a reçu Al-Charaa à la Maison Blanche marquant ainsi la première visite d’un président syrien à Washington depuis près de 80 ans. Cette rencontre entre le président américain et le nouveau maître de Damas représente une amélioration significative des relations avec ce pays autrefois ostracisé.
Il y a moins d’un an, les États-Unis offraient une récompense de 10 millions de dollars pour toute information permettant la capture d’Al-Charaa en raison de ses liens avec Al-Qaïda. Cependant, après le renversement du dictateur Bachar El-Assad en décembre dernier, lors d’une opération menée par des combattants fidèles à Al-Charaa, ce dernier a transformé son image et celle de la Syrie sur la scène internationale, se positionnant comme un allié potentiel de l’Occident et spécifiquement des États-Unis. La Syrie qui a été longtemps dans le camp anti-américain durant le règne de la famille Assad a effectué un revirement stratégique en se positionnant désormais dans le camp américain.
Le Conseil de sécurité de l’Onu a déjà levé certaines sanctions imposées à Al-Charaa et à des membres de son gouvernement, en vue d’une coopération internationale accrue.
«Un combattant au passé glorieux»
Après leur première rencontre en mai à Riyad, le président américain n’a pas tari d’éloge sur Al-Charaa, le décrivant comme un «homme fort» et «un combattant au passé glorieux». Al-Charaa espère exploiter cette image d’homme fort pour conclure un accord avec les États-Unis et obtenir la levée définitive des sanctions américaines contre la Syrie.
En 2019, Trump avait imposé des sanctions en vertu de la loi César pour punir Damas des violations massives des droits de l’homme commises sous le régime d’Assad. Mais en juin, il a levé ces sanctions par décret, invoquant la nécessité de donner au peuple syrien la possibilité de se reconstruire.
Lundi, Trump a semblé vouloir satisfaire les exigences d’Al-Charaa en annonçant que le Trésor américain lèverait la plupart des sanctions contre la Syrie, à l’exception de celles liées aux transactions avec la Russie et l’Iran. Cependant, Al-Charaa recherche une solution permanente, ce qui nécessiterait une loi du Congrès, et les législateurs américains semblent réticents à accéder à une telle demande à moins que Damas ne remplisse plusieurs conditions, comme la garantie du pluralisme religieux dans le pays et l’amélioration des relations avec Israël.
Sharp considère que la levée des sanctions américaines contre Damas est essentielle à la réintégration de la Syrie au sein du marché financier mondial.
Al-Charaa a quant à lui affirmé que les investissements étrangers sont indispensables pour renforcer le système de santé du pays et reconstruire ses infrastructures vitales, dévastées par treize années de guerre civile.
Le président syrien sollicite également des financements étrangers pour la reconstruction, dont le coût est estimé par la Banque mondiale à au moins 216 milliards de dollars.
Washington veut aussi tirer profit de son nouveau partenaire. Trump lui a demandé de rejoindre une coalition de 89 nations pour lutter contre l’État islamique (EI) qui demeure une menace réelle. On estime à 2 500 le nombre de combattants de l’EI toujours actifs en Syrie et en Irak.
Une Trump Tower à Damas
Trump espère également étendre les accords d’Abraham et normaliser les relations diplomatiques avec Israël, ce qui permettrait le déploiement de troupes américaines sur la base aérienne de Mezzeh et la construction de la Trump Tower en plein cœur de Damas.
Washington voit là une occasion de consolider une révision positive de l’ordre régional en intégrant pleinement la Syrie post-Assad à leur camp. Voir la Syrie, principal pays du Levant, dans le giron américain et prendre ses distances avec la Russie et l’Iran a toute son importance.
Le passé djihadiste de M. Al-Charaa n’est pas un problème pour M. Trump et pour les Américains qui sont connus par leur pragmatisme et ne sont animés que par la recherche permanente de leurs intérêts. De plus, le cas du nouveau dirigeant syrien ne constitue pas un précédent. Yasser Arafat, chef de l’Organisation de libération de la Palestine, était considéré comme un terroriste par les États-Unis. En devenant une figure clé des accords d’Oslo de 1993, il n’était plus perçu comme tel et a été intégré au sein de la communauté internationale. Passer du statut de paria à celui de fréquentable est tout à fait possible.
À part le revirement stratégique pro-américain, Washington ainsi que ses alliés dans la région souhaitent que Damas, sous la direction d’Al-Charaa, deviendra un partenaire dans la lutte contre le trafic de drogue qui a fait des ravages au sein de la jeunesse de nombreux pays voisins, faisant de beaucoup de jeunes des toxicomanes.
En définitive, les attentes sont grandes et seul l’avenir nous dira si la lune de miel va se poursuivre et jusqu’à quand?