Le président américain Donald Trump a signé un décret relevant fortement les droits de douane sur des dizaines de pays jugés excédentaires vis-à-vis des États-Unis. La Syrie, l’Irak et l’Algérie figurent en tête des pays les plus touchés. Les nouvelles taxes entreront en vigueur le 7 août.
Jeudi soir, le président américain Donald Trump a signé un décret exécutif imposant une hausse significative des droits de douane sur des produits provenant de dizaines de pays avec lesquels les États-Unis enregistrent un déficit commercial important.
Selon un haut responsable de la Maison Blanche, ces droits de douane s’échelonneront entre 10% et 41% et entreront en vigueur le 7 août, soit une semaine plus tard que la date initialement prévue.
Dans un communiqué, la Maison Blanche a présenté cette mesure comme un levier pour « restructurer le commerce mondial au profit des travailleurs américains ».
La Syrie, l’Irak et l’Algérie figurent parmi les pays les plus lourdement touchés, avec le taux de 41% appliqué aux produits syriens, le plus élevé du décret.
Les nouveaux droits de douane ne concernent que les pays n’ayant pas conclu d’accords commerciaux bilatéraux avec les États-Unis. Pour les pays ayant signé de tels accords, les taux resteront conformes aux dispositions existantes.
Ainsi, l’Union européenne, le Japon et la Corée du Sud verront leurs produits taxés à 15%, tandis que le Royaume-Uni sera soumis à un taux de 10%. Toutefois, les accords en vigueur sont pour la plupart cadres et encore imprécis, nécessitant des négociations complémentaires.
Israël a frappé mercredi 16 juillet le quartier général de l’armée syrienne à Damas et a intensifié ses menaces contre les forces gouvernementales déployées à Soueida, où les combats entre Druzes et tribus bédouines ont déjà fait 248 morts en trois jours.
Affrontements violents à Soueida
Mercredi matin, l’armée israélienne a annoncé avoir ciblé l’entrée du quartier général militaire syrien à Damas, en riposte à la montée des violences à Soueida, une ville du sud du pays à majorité druze. Ces frappes interviennent après des menaces répétées de Tel-Aviv, qui avait exigé le retrait des forces syriennes de la région.
Dans le même temps, des affrontements violents se poursuivaient à Soueida, où des unités gouvernementales et leurs alliés sont entrés mardi. Des combats avaient éclaté dimanche entre combattants druzes locaux et tribus bédouines, provoquant l’intervention de l’armée syrienne.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), 248 personnes ont été tuées depuis dimanche, dont 28 civils druzes. L’ONG affirme que 21 civils druzes ont été exécutés sommairement par les forces gouvernementales, qui sont également accusées de pillages et d’exactions.
Malgré la proclamation d’un cessez-le-feu mardi, des tirs et des bombardements ont été entendus mercredi dans plusieurs quartiers.
Israël menace
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré que l’armée « augmentera l’intensité de ses réponses » si les forces syriennes ne se retirent pas. Il a affirmé qu’Israël ne laisserait pas les Druzes sans protection et imposerait une « politique de démilitarisation » dans le sud syrien.
L’armée israélienne a par ailleurs renforcé son dispositif à la frontière et dit avoir identifié « des dizaines de suspects » tentant de franchir la frontière depuis la Syrie.
Côté syrien, le ministère de la Défense a accusé « des groupes hors-la-loi » d’avoir repris les attaques contre les forces de sécurité et a justifié la poursuite des frappes en ville.
Cheikh Hikmat al-Hejri, haut dignitaire religieux druze, a lancé un appel à Donald Trump, Benyamin Netanyahou et à la communauté internationale : « Sauvez Soueida. Notre peuple est exterminé. »
Les Druzes au cœur d’un conflit local aux ramifications régionales
La province de Soueida abrite la principale communauté druze de Syrie, forte d’environ 700.000 membres avant la guerre. Cette minorité religieuse est également présente au Liban et en Israël. Longtemps autonome dans la guerre, elle se retrouve désormais au cœur d’un conflit local aux ramifications régionales.
Depuis la chute du président Bachar al-Assad en décembre 2024, remplacé par le gouvernement intérimaire d’Ahmad al-Chareh, le pays reste fragmenté, miné par des luttes d’influence et la résurgence de tensions communautaires.
La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme auprès de la Cour d’appel de Tunis a condamné une ressortissante tunisienne à quatre ans de prison ferme pour appartenance à une organisation terroriste.
Selon les éléments du dossier, la femme s’était rendue en Syrie en 2014 après avoir été recrutée via l’application Telegram par un membre de l’organisation terroriste Daech, avec lequel elle s’est ensuite mariée selon un rite religieux. Ce dernier a péri dans des affrontements armés.
De retour en Tunisie avec ses deux enfants issus de cette union, la prévenue a été arrêtée, jugée, puis reconnue coupable d’implication dans une organisation terroriste, malgré la prise en compte par le tribunal de certaines circonstances atténuantes, notamment sa situation familiale.
Ce verdict s’inscrit dans le cadre de la politique judiciaire tunisienne visant à traiter les cas de retour de ressortissants tunisiens ayant séjourné dans des zones de conflit, dans le respect du cadre légal de lutte contre le terrorisme.
Le président américain Donald Trump a rencontré mercredi à Riyadh son homologue syrien Ahmad al-Chareh, pour la première fois depuis la chute de Bachar al-Assad. Cette rencontre, qualifiée d’historique, a duré près de trente minutes en présence du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a participé virtuellement.
Au cours de cet échange, Trump a invité la Syrie à rejoindre les accords d’Abraham, qui ont vu plusieurs pays arabes normaliser leurs relations avec Israël. Il a également exigé l’expulsion des groupes armés palestiniens du territoire syrien, ainsi que la prise en charge des prisons où sont détenus les membres de Daech, actuellement gérées par les forces kurdes, avec lesquelles la Turquie est en conflit.
Cette rencontre survient au lendemain d’une décision spectaculaire : la levée des sanctions américaines contre Damas, instaurées depuis 1979 et renforcées après 2011. Trump a justifié cette mesure en affirmant vouloir « donner une chance de grandeur » à la Syrie, dans un clin d’œil à son célèbre slogan.
La diplomatie syrienne s’est félicitée de ce « tournant décisif », tout en évitant de mentionner Israël dans son compte rendu officiel. De son côté, la Maison Blanche a insisté sur la nécessité d’un engagement clair de la Syrie en faveur de la stabilité régionale.
Selon des analystes, cette levée des sanctions ouvre la voie à un retour de Damas sur la scène régionale, avec le soutien de puissances du Golfe. Des projets de reconstruction sont d’ores et déjà envisagés, financés en partie par des investissements saoudiens et émiratis.
Malgré les réticences d’Israël, allié proche des États-Unis, Washington semble miser sur un réalignement stratégique en Syrie. Parallèlement à cette initiative, Trump poursuit une tournée régionale axée sur la signature de contrats économiques massifs, avec 600 milliards de dollars annoncés en Arabie saoudite.
En pleine tournée au Moyen-Orient, le président américain Donald Trump a déclaré, mardi, la levée de toutes les sanctions américaines contre la Syrie, marquant un tournant diplomatique majeur dans la région.
Une annonce spectaculaire depuis Riyad
S’exprimant lors du forum d’investissement américano-saoudien à Riyadh, en présence notamment du prince héritier Mohammed ben Salmane, d’Elon Musk et de Jeff Bezos, Trump a affirmé :
« Je vais ordonner l’arrêt des sanctions contre la Syrie pour leur donner une chance de grandeur. »
L’annonce a été suivie d’une standing ovation de plusieurs secondes.
Un soutien implicite au nouveau régime syrien
Le président américain a justifié sa décision après des échanges avec le prince héritier saoudien et le président turc Recep Tayyip Erdogan, deux acteurs clés du soutien régional au nouveau gouvernement syrien.
Trump a également confirmé qu’il rencontrerait le président syrien par intérim Ahmed Al-Charaa mercredi à Riyadh. Cette rencontre revêt un caractère très controversé : Al-Charaa est un ancien djihadiste, passé par Al-Qaïda et l’État islamique, avant de fonder Jabhat al-Nusra. Bien qu’il figure encore sur la liste américaine des terroristes, il est désormais soutenu par la Turquie, l’Arabie saoudite et plusieurs monarchies du Golfe pour sa volonté de stabiliser la Syrie.
Tensions avec Israël, pression sur l’Iran
Cette reconnaissance implicite du nouveau pouvoir syrien souligne l’éloignement stratégique entre Washington et Tel-Aviv : Israël ne figure pas dans l’agenda de cette tournée régionale, une première depuis le début du second mandat de Trump.
Cette décision de Trump s’inscrit dans une stratégie plus large de redéfinition des alliances américaines au Moyen-Orient. Elle témoigne également du rôle désormais central de l’Arabie saoudite dans l’architecture géopolitique régionale, particulièrement dans le dossier syrien.
En revanche, le président américain a durci son discours envers l’Iran, au moment où se poursuivent à Mascate des négociations sur le nucléaire, menées par son envoyé spécial Steve Witkoff, sous médiation d’Oman :
« Nous ne laisserons jamais l’Amérique ou ses alliés être menacés par le terrorisme ou une attaque nucléaire. Le moment est venu pour eux de choisir. »
Réactions syriennes et contexte post-Assad
Le ministère syrien des Affaires étrangères, par la voix de Assaad al-Chaibani, a salué une décision qualifiée de « tournant décisif », ouvrant la voie à un avenir de stabilité et de reconstruction après quatorze années de guerre.
Donald Trump avait déjà évoqué, la veille, un possible assouplissement des sanctions, après la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier, renversé par une coalition islamiste. Le nouveau président par intérim, Ahmed Al-Charaa, mène depuis une offensive diplomatique pour sortir son pays de l’isolement, notamment auprès des pays occidentaux.
Cependant, plusieurs États conditionnent la levée de leurs sanctions à des garanties concrètes en matière de droits humains et de protection des minorités.
Une économie syrienne exsangue
Selon l’ONU, 90 % de la population syrienne vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Le PNUD estime dans un rapport de février que, sans changement majeur, la Syrie ne retrouvera pas son niveau économique de 2010 avant 2080.
Autant le nouveau régime syrien dirigé par Ahmed Al-Charaa est soutenu à l’international, aussi bien par les pays du Moyen-Orient que ceux de l’Occident, autant sur le plan intérieur il est contesté et sa légitimité discutée, peinant à asseoir son pouvoir sur l’intégralité du territoire, alors que sa relation exécrable avec les minorités ethniques soulève les interrogations sur la pérennité de la Syrie en tant qu’État unifié. Le doute est permis. (Ph. Les Druzes syriens font leur révolution à Soueida).
Imed Bahri
Dans les colonnes de Haaretz, l’éditorialiste Zvi Bar’el a brossé un tableau de la situation prévalant dans ce pays du Levant et s’est penché sur le défi de l’unité territoriale de plus en plus menacée à cause des conflits confessionnelles.
Huit mois se sont écoulés depuis que les forces d’Ahmad Al-Charaa ont renversé le régime de Bachar Al-Assad et la Syrie peine toujours à se relever. En effet, à Damas, le nouveau chef dirige un gouvernement et d’importantes sommes d’argent commencent à affluer dans les caisses de l’État, notamment en provenance d’Arabie saoudite, du Qatar et de Turquie. En mars, une constitution provisoire a été rédigée, le président s’est rendu dans de nombreux pays, les États-Unis ont levé la plupart de leurs sanctions économiques et Trump a annulé la prime mise sur la tête d’Al-Charaa, considéré jusqu’à lors comme un terroriste notoire. Même le cadre initial d’une armée nationale commence à prendre forme.
Cependant, le régime ne contrôle que 60 à 70% du territoire du pays, des dizaines de milices armées n’ont pas encore rejoint l’armée, les frontières du pays attendent une démarcation définitive et convenue et des forces étrangères sont toujours présentes dans le pays, que ce soit en tant qu’occupants comme la Turquie et Israël ou en tant qu’«invités» comme les États-Unis et la Russie. Trois importantes minorités –les Kurdes, les Druzes et les Alaouites– menacent de déchirer le pays en cantons autonomes. De plus, le régime doit lutter contre les gangs et les milices, comme les unités de l’Etat islamique (EI), dont les activités se sont récemment intensifiées.
La Syrie ressemble donc aujourd’hui à un entrepôt de pièces détachées qui aurait pu former un État mais dont les plans d’assemblage ont été perdues en cours de route. Le problème est qu’il n’existe toujours pas de dirigeant alternatif à Al-Charaa, et ses partisans, les dirigeants des pays arabes et occidentaux, doivent continuer à consolider l’échafaudage sur lequel repose son pouvoir et espérer qu’il mènera à bien cette tâche.
L’effort principal consiste désormais à s’attaquer aux forces centrifuges à l’œuvre au sein de l’État. Après le massacre de membres de la minorité alaouite en mars, qui a fait entre 1 500 et 1 700 morts, le régime semble avoir réussi à pacifier le gouvernorat de Lattaquié, où sont concentrés la plupart des Alaouites et des groupes considérés comme des «résidus du régime Assad». Cependant, les événements de Soueida ont éclaté plus tard et leurs effets ont dépassé le contexte géographique. Le cessez-le-feu, entré en vigueur après les affrontements meurtriers –qui ont également fait environ 1 500 morts selon le Centre de surveillance des droits de l’homme en Syrie, basé à Londres– n’a pas réussi à mettre un terme définitif aux combats.
Soueida est soumise à un siège serré, imposé par les Druzes, tandis que le régime lui-même affirme que les forces locales, en particulier les gangs et les tribus, empêchent les convois d’aide d’atteindre la ville.
Selon les estimations de l’Onu, environ 200 000 personnes ont fui Soueida pour se réfugier dans les villes voisines comme Deraa, d’autres villes proches, voire Damas. Des militants d’organisations humanitaires locales et internationales affirment que sur les routes reliant Damas à Soueida, les forces locales contrôlent les checkpoints. Tantôt elles laissent passer les marchandises, tantôt elles les bloquent, selon leur bon vouloir. Les mafias locales sont paralysées, le carburant arrive au compte-gouttes, les infrastructures d’eau et d’électricité sont détruites, les rayons des hôpitaux et des cliniques sont vides de médicaments et la ville est au bord de la faillite.
Selon l’accord de cessez-le-feu, les forces du régime assureront le passage des marchandises et la sécurité le long des principaux axes routiers.
De leur côté, les forces armées druzes, théoriquement sous la protection du régime, sont responsables de la sécurité dans la ville même. Cependant, même au sein de l’establishment politique, militaire et religieux druze, de profondes divisions persistent. Ces divisions ont empêché toute négociation et encore moins tout accord sur un plan d’action mutuellement acceptable.
Jusqu’à la semaine dernière, il semblait que le régime pouvait compter sur le soutien de deux des trois chefs spirituels de la communauté, Cheikh Youssef al-Jarbou et Cheikh Hamoud al-Hinawi, qui ont exprimé leur soutien à l’unité syrienne et aux négociations avec le régime concernant le statut et les droits des Druzes. Cette position contraste avec celle de Cheikh Hikmat al-Hijri qui a sollicité l’aide des forces internationales dont Israël (bien qu’il le considérait auparavant comme un ennemi) et qui considère le régime d’Al-Charaa comme un ennemi déterminé à détruire la communauté.
Cependant, à la fin de la semaine, il est apparu que les deux autres dirigeants avaient rejoint la position d’Al-Hijri. Al-Hinawi a tenu des propos inédits contre les tribus bédouines, les qualifiant d’«émanation du régime» qui avait sapé la confiance des Druzes, les avait poignardés dans le dos et «mis l’épée au-dessus du cou des innocents».
Le tournant semble s’être produit à la suite d’une réunion tenue vendredi dernier dans la ville kurde de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie. Organisée par l’Administration autonome kurde, cette réunion a réuni environ 400 délégués représentant les communautés druze, kurde, alaouite et chrétienne. Cheikh al-Hijri a prononcé un discours. Les participants ont exigé des amendements de la constitution intérimaire afin de garantir les droits et le bien-être des minorités. Cependant, l’objectif principal de la réunion, comme indiqué dans la déclaration générale, était de revendiquer la mise en place d’un système décentralisé au sein de l’État, un concept qui implique l’instauration d’une autonomie confessionnelle légale. Il n’est pas tout à fait clair comment ces gouvernements autonomes seraient subordonnés au régime de Damas.
Le régime considère cette réunion comme un affront à l’accord, notamment avec les Kurdes, alors que les parties prévoyaient d’organiser une nouvelle série de négociations cette semaine à Paris sous l’égide de la France et des États-Unis. En réaction, le régime est revenu sur son intention de participer aux pourparlers, qui sont désormais au point mort, tout comme les négociations sur le statut de la minorité kurde dans le pays. Parallèlement, des informations non confirmées font état de préparatifs de l’armée syrienne en vue d’une confrontation avec les forces kurdes.
Au lieu de cette réunion, un sommet tripartite devant se tenir en Jordanie, avec la participation du ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Sheibani, de l’envoyé spécial américain Tom Parker, et du ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman al-Safadi, afin de discuter des «moyens de reconstruire la Syrie». Cette réunion n’a pas pour objectif de trouver des solutions aux problèmes kurdes ou druzes.
La coopération entre Druzes et Kurdes élargit l’arène du conflit entre le régime et les principales minorités armées et renforce l’urgence de définir l’État syrien. S’agira-t-il d’un État unifié, comme le souhaitent les États-Unis et la Turquie, ou d’un État divisé (le régime accuse Israël d’avoir cette intention et cette ambition)?
En réalité, les États-Unis exercent une pression intense sur les Kurdes pour qu’ils parviennent à un accord avec le régime, sans pour l’instant obtenir de résultats probants. La Turquie manque d’influence sur les Druzes. Concernant les Kurdes, elle tente d’exploiter le processus de réconciliation entamé avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour persuader les Kurdes de Syrie de déposer les armes et de rejoindre l’armée syrienne. Comme les États-Unis, Ankara se trouve dans une impasse. Israël est considéré comme le facteur susceptible d’influencer les Druzes et, à cette fin, Al-Charaa a tenté de convaincre la Russie de permettre aux Druzes de rejoindre le régime et de les encourager à le soutenir. Cette question a même été évoquée lors de l’entretien entre Poutine et Netanyahu à la fin du mois dernier. Lors de cet entretien, le président russe, dans un langage presque menaçant, a souligné la nécessité de «préserver l’unité de la Syrie» face au soutien d’Israël à la minorité druze.
Israël a entendu mais est resté impassible. Parallèlement, la Russie renforce ses liens avec les forces kurdes du nord de la Syrie, transférant du matériel et des avions de sa base de Hmeimim à l’aéroport de la région kurde de Qamichli. Elle a également consolidé ses liens étroits avec les dirigeants de la minorité alaouite du gouvernorat de Lattaquié. Si Moscou semble avoir été écarté du processus décisionnel en Syrie après la chute du régime d’Assad, la rencontre du ministre syrien des Affaires étrangères avec Poutine et avec le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov le mois dernier, pour la première fois depuis la chute du régime d’Assad, témoigne de la volonté russe d’être un protagoniste sur la scène syrienne en utilisant ses outils d’influence et ses relations avec les Kurdes et les Alaouites. Tout cela se produit alors que la Russie accueille Bachar Al-Assad et sa famille, ainsi que des milliers d’officiers syriens réfugiés à Moscou après l’effondrement du régime.
Il semble qu’Al-Charaa se retrouve actuellement l’otage d’un ensemble de pressions et d’influences exercées par divers pays en compétition en Syrie, réduisant ainsi sa marge de manœuvre. Le pays est devenu un terrain de jeu facile pour tous les protagonistes de cette compétition, à l’exception du gouvernement syrien et de ses citoyens.