Santé en Tunisie : Un budget renforcé et un climat social qui interroge
La séance plénière du 19 novembre consacrée au budget du ministère de la Santé pour 2026 s’est déroulée dans un contexte particulier : à l’extérieur du Parlement, les jeunes médecins — internes et résidents — observaient une grève nationale et une manifestation pour réclamer l’application de l’accord du 3 juillet 2025. Entre progrès annoncés, tensions sur le terrain et contraintes structurelles, le système de santé tunisien poursuit sa transition.
Avec 4,350 milliards de dinars, le budget 2026 enregistre une hausse de 8,75 % par rapport à 2025.
Cet effort permet de soutenir les dépenses indispensables du secteur, où la masse salariale — 2,86 milliards de dinars — demeure un poste central. Les crédits d’investissement, fixés à 780 millions de dinars, devraient accompagner la modernisation progressive des établissements et l’amélioration des équipements prioritaires. La structure du budget traduit ainsi une volonté de continuité et de stabilisation.
Une mobilisation des jeunes médecins qui met en lumière des attentes non satisfaites
Devant l’Assemblée, les jeunes médecins ont exprimé leurs revendications à travers une série de slogans — « Ô ministère des réalisations, l’esclavage est fini », « Le ministère reste le même et le médecin est la victime », « Promesses illusoires, dépassements légaux », « La santé publique est un devoir » — reflet d’un malaise persistant autour de l’application des engagements pris en juillet 2025 concernant l’augmentation salariale, les conditions de logement pour certaines catégories et le règlement de gardes en retard. La négociation tenue la veille n’ayant pas permis de rapprocher les positions, plusieurs députés ont toutefois assuré qu’ils relaieraient ces préoccupations dans le débat budgétaire.
Une transformation numérique qui avance progressivement
La transformation numérique constitue l’un des axes structurants du ministère : la télémédecine est désormais opérationnelle dans 22 hôpitaux régionaux, et 31 structures sont connectées à l’imagerie médicale à distance. Ces initiatives améliorent l’accès à certains services spécialisés et contribuent à réduire un écart territorial persistant, tout en s’inscrivant dans une transition graduelle qui doit encore s’accompagner d’un renforcement des effectifs et d’une meilleure organisation hospitalière.
Chaîne du médicament et CNAM : deux piliers sous tension
L’entrée en activité de l’Agence nationale du médicament marque une étape importante dans la régulation du secteur, avec l’objectif d’améliorer la transparence et la sécurité de l’approvisionnement ; mais la Pharmacie centrale demeure confrontée à des tensions financières et à des ruptures ponctuelles, accentuées par des exigences accrues des fournisseurs internationaux. Dans le même temps, le maintien du tiers-payant entre la CNAM et les pharmacies, confirmé après des discussions difficiles, rappelle le rôle déterminant de la Caisse dans l’accès aux soins : la continuité du dispositif, les délais de paiement et la coordination entre les acteurs restent des enjeux essentiels pour la stabilité du système.
Prévention, santé publique et ressources humaines : continuité et enjeux d’attractivité
Le budget 2026 consacre 55 millions de dinars à la vaccination et 21,7 millions à la lutte contre la tuberculose et la rage, permettant de consolider les acquis en matière de santé publique. Parallèlement, les 4 000 titularisations et 1 000 régularisations annoncées visent à stabiliser les ressources humaines, même si l’attractivité des carrières médicales — dans un contexte d’émigration professionnelle soutenue — continue de poser la question des conditions de travail, des perspectives de carrière et des capacités de formation du secteur.
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