Trump relance la guerre de l’atome : du deal Westinghouse aux essais nucléaires
En quelques jours, Donald Trump a replacé le nucléaire au centre du pouvoir américain — civil et militaire à la fois.
D’un côté, un accord à 80 milliards de dollars entre Washington et Westinghouse Electric, soutenu par les Canadiens Cameco et Brookfield, pour financer et accélérer la construction de nouveaux réacteurs civils.
De l’autre, la possibilité d’une reprise des essais nucléaires souterrains, interrompus depuis 33 ans.
Le message est clair : dans l’ère de l’intelligence artificielle et de la rivalité mondiale, la puissance se mesure désormais en mégawatts et en ogives.
Un “New Deal” atomique à 80 milliards de dollars
Selon les termes de l’accord, l’État américain facilitera le financement et les autorisations de réacteurs Westinghouse pour un montant global de 80 milliards de dollars, en échange d’une participation de 20 % dans les bénéfices futurs et d’une prise de participation potentielle dans l’entreprise si sa valeur dépasse 30 milliards d’ici 2029.
Une structure inédite qui fait du gouvernement un acteur financier direct du nucléaire, brouillant la frontière entre régulateur et bénéficiaire.
Ce partenariat incarne la stratégie de Trump : maximiser la production énergétique pour répondre à la soif électrique des data centers et de l’IA, tout en réaffirmant la suprématie industrielle américaine face à la Chine et à la Russie.
Les experts alertent sur les risques d’une dérégulation sous pression. “Les catastrophes de Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima ont toutes une cause commune : le manque d’indépendance du régulateur”, avertit Greg Jaczko, ex-président de la Nuclear Regulatory Commission.
Westinghouse, dont le dernier chantier à Vogtle (Géorgie) a provoqué une faillite en 2017 après sept ans de retard et un coût final de 35 milliards de dollars, veut désormais tourner la page avec ses nouveaux réacteurs AP1000.
Mais les défenseurs de l’environnement rappellent que la crise climatique — sécheresses, réchauffement des eaux — pourrait rendre la production nucléaire encore plus instable.
“You’ll find out very soon” : le retour du nucléaire militaire
Interrogé vendredi à bord d’Air Force One sur la reprise possible des essais nucléaires, Trump a simplement répondu : “You’ll find out very soon.”
Selon Reuters, cette déclaration vise autant à rassurer les partisans d’une Amérique forte qu’à envoyer un signal à Pékin et Moscou, accusés de moderniser leurs arsenaux.
Trump a ordonné au Pentagone de “reprendre immédiatement le processus de tests”, une annonce qui met fin à trois décennies de moratoire et réveille les réflexes de la Guerre froide.
Les experts restent prudents. “Ni la Chine ni la Russie n’ont effectué de tests explosifs”, rappelle l’amiral Richard Correll, chef du Strategic Command.
Mais le discours présidentiel, lui, relance la spirale symbolique de la dissuasion.
Une guerre de puissance totale
En mariant le nucléaire civil de profit et le nucléaire militaire de menace, Donald Trump redéfinit la doctrine américaine :
l’atome redevient un outil de souveraineté absolue, un levier économique autant qu’un instrument psychologique.
Les analystes parlent déjà d’un “New Atomic Age”, où la conquête énergétique et la stratégie militaire avancent main dans la main.
“Nous sommes revenus à la dynamique de la Guerre froide”, note Jon Wolfsthal, ancien conseiller de Barack Obama.
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