80 ans de l’ONU : la Tunisie appelle à une réforme pour un multilatéralisme plus équitable
Le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, a réaffirmé l’attachement constant de la Tunisie à contribuer à l’édification d’un nouvel ordre international plus humain, plus juste et plus solidaire, fondé sur une Charte prônant une paix durable, une justice universelle et un développement équitable.
Le monde fait face aujourd’hui à de nouveaux défis impliquant un nouvel ordre mondial répondant aux aspirations des peuples à un monde paix, de sécurité et de stabilité, a-t-il dit, vendredi, dans une allocution prononcée à l’occasion de la célébration du 80e anniversaire de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à l’Académie diplomatique internationale de Tunis.
Et d’ajouter : la capacité de l’ONU à garantir la paix et la sécurité internationales, a-t-il ajouté, dépend de notre engagement collectif et sincère à raviver l’esprit de la Charte afin d’entreprendre une réforme en profondeur visant à améliorer qualitativement le fonctionnement de l’organisation et de la rendre plus apte à relever les défis présents et futurs.
La Tunisie, a-t-il dit, soutient l’initiative “ONU 80”, lancée par le secrétaire général des Nations Unies portant sur la réforme et la modernisation du fonctionnement de l’organisation selon une feuille de route claire et concrète, qui rétablira la légitimité internationale et le respect du droit international.
La célébration du 80e anniversaire de l’ONU ne constitue pas seulement une occasion de se remémorer les gloires passées, a déclaré le ministre. C’est aussi un moment pour réaffirmer l’engagement en faveur d’un avenir commun et en faveur des causes justes, du développement pour tous et de la promotion et de la responsabilité partagée, de la solidarité et de la coopération entre les peuples, a-t-il ajouté.
Le ministre a, par ailleurs, relevé que l’organisation est, pour sa part, confrontée aujourd’hui à de nombreux défis complexes et interdépendants, tels que les conflits armés, l’aggravation des crises humanitaires, les graves violations du droit international et l’accélération du réchauffement climatique.
Ces défis, a-t-il estimé, constituent une menace pour l’essence même du système multilatéral, rendant indispensable le renforcement de sa résilience et la restauration de la confiance des peuples à son égard.
Le ministre a, dans ce sens, réaffirmé l’attachement de la Tunisie au droit international et sa vision claire et responsable d’un ordre mondial fondé sur le respect de la souveraineté des Etats et de la légitimité internationale, réitérant la position de principe de la Tunisie en faveur des droits inaliénables du peuple palestinien.
Il a rappelé que la Tunisie a, depuis son adhésion aux Nations Unies, œuvré à la consolidation des principes internationaux, en plus d’être à l’avant-garde des pays défendant le droit des peuples à l’autodétermination et parmi les premiers pays à contribuer aux missions de maintien de la paix de l’ONU.
Evoquant le thème de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unis en 2025 “Mieux ensemble : plus de 80 ans au service de la paix, du développement et des droits humains”, le ministre a déclaré que ce thème est une invitation pour rétablir la confiance à travers une réforme du fonctionnement de l’organisation, de ses méthodes de travail et des mécanismes de la gouvernance ainsi que dans les processus de prise de décision au sein des Nations Unies.
Cette démarche permettra de renforcer la représentation des pays et garantira à chacun une voix pleinement entendue et reconnue sur un pied d’égalité, a souligné le ministre.
Pour sa part, la Coordinatrice résidente des Nations unies en Tunisie, Rana Taha, a estimé que l’Organisation fait face à des “défis sans précédent”, à des “pressions politiques croissantes” et à “une crise financière étouffante” qui menace ses agences et programmes. “Les critiques sont légitimes vu que le monde ne cesse de souffrir de l’injustice, des conflits et du réchauffement climatique”, a-t-elle déclaré.
Rana Taha a appelé à “raviver l’esprit de la Charte des Nations unies de 1945 : une sécurité qui ne se bâtit pas par la force mais par la justice ; un développement qui ne se réduit pas à la richesse mais exige l’égalité ; une dignité qui n’est pas un privilège mais plutôt un droit inhérent”.
Évoquant l’initiative “ONU 80”, Rana Taha a parlé d’un “appel au renouveau” et à “la redéfinition du rôle des Nations Unies dans un monde qui change à un rythme inédit”. Cette inititative vise une organisation “plus agile, réactive et redevable”, plaçant “l’être humain au cœur de chaque politique et de chaque décision”.
“L’ONU demeure un symbole d’espoir pour la communauté internationale: on peut la critiquer et la réformer, mais le monde ne peut s’en passer. Elle reste le cadre le plus légitime pour défendre la paix, a-t-elle poursuivi, estimant que la Tunisie “forte de son histoire et de son expérience en matière de dialogue et de réforme, peut être à l’avant-garde de ce nouveau chapitre du multilatéralisme fondé sur le partenariat, la responsabilité partagée et les solutions créatives”.
La responsable onusienne a, par ailleurs, annoncé le lancement à Tunis d’un “Guide des Nations unies” qui explique les mécanismes de fonctionnement de l’Organisation et met en lumière la coordination entre ses actions humanitaires et ses plans de développement.
La Tunisie a célébré, à l’instar du reste du monde, le 80e anniversaire de l’ONU. Le ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger a organisé une cérémonie à l’Académie diplomatique internationale, en présence de la Coordinatrice résidente de l’ONU en Tunisie, de Chefs de missions diplomatiques et de représentants des structures onusiennes et internationales accréditées en Tunisie.
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