Le Parlement iranien a voté dimanche 22 juin la fermeture de la voie maritime vitale du détroit d’Ormuz en représailles aux frappes américaines contre le pays, suscitant des craintes d’une forte hausse des prix du pétrole qui pourrait déclencher une récession mondiale.
Téhéran n’a pas encore mis à exécution ses menaces de représailles contre les États-Unis – que ce soit en ciblant des bases américaines ou en bloquant le détroit d’Ormuz – mais ces menaces perdurent. Parallèlement, le Parlement iranien a approuvé la fermeture du détroit d’Ormuz, mais la décision finale reviendra à la plus haute instance sécuritaire du pays.
De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi, a déclaré que son pays envisagerait toutes les réponses possibles. « Les États-Unis ont démontré leur non-respect du droit international. Ils ne comprennent que le langage de la menace et de la violence », a-t-il déclaré. Parallèlement, le ministre iranien des Affaires étrangères s’est rendu à Moscou où il s’entretiendra demain avec le président russe Vladimir Poutine.
Le président américain Donald Trump a qualifié les attaques de « succès militaire spectaculaire », soulignant que les principales installations d’enrichissement d’uranium de l’Iran ont été « totalement et complètement détruites ».
Un conseiller du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que l’Iran possédait toujours un stock d’uranium enrichi malgré les attaques américaines contre ses principales installations nucléaires.
« Même si les installations nucléaires étaient détruites, le sort n’est pas terminé, le matériel enrichi, le savoir-faire national et la volonté politique demeurent », a déclaré Ali Shamhari via la plateforme X.
« L’initiative politique et opérationnelle est désormais du côté de ceux qui agissent intelligemment et évitent les frappes aveugles. Les surprises continueront », a-t-il averti.
De son côté, le président iranien Masoud Pezeshkian a promis une « réponse » aux attaques américaines contre son pays lors d’un entretien téléphonique avec le président français Emmanuel Macron.
« Les Américains doivent obtenir une réponse à leur attaque », a déclaré le président iranien, selon l’agence de presse Irna.
Toutefois, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a averti l’Iran de ne pas riposter aux frappes américaines sur les installations nucléaires iraniennes, affirmant qu’une telle action serait « la pire erreur qu’ils aient jamais commise ». Il a ajouté que « le monde est plus sûr » après les frappes américaines contre l’Iran.
La question et sur toutes les lèvres chez beaucoup de profanes. Depuis le début de la guerre – directe aérienne – déclenchée par Israël contre l’Iran, vendredi 13 juin 2025, certains redoutent non seulement un embrasement total de la région du Moyen-Orient, mais aussi une implication de plusieurs pays dans cette guerre, surtout l’entrée en guerre des Etats-Unis contre le régime des mollahs. D’où la crainte d’une « Guerre mondiale ».
Maintenant, est-ce que toutes les conditions sont réunies pour un embrasement mondial comme ce fut le cas de la Première et de la Deuxième guerre moniales ? Certainement pas.
Un petit retour en arrière pour comprendre cela. Les deux Premières Guerres dites « mondiales » ont été qualifiées comme telles, parce qu’en 1914-1918 et 1939-1945, le monde était partagé entre quelques puissances coloniales, à savoir la France, l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, et à une moindre mesure par l’Italie, l’Allemagne et le Japon.
Dans les deux cas et dans cette atmosphère, la Germanie s’estimait lésée, d’où son offensive pour tenter de changer la donne. Or, chaque pays « colonial » attaqué faisait appel à l’ensemble des territoires qu’il occupait.
Aujourd’hui, en 2025, est-ce que cette condition est remplie pour parler ou s’inquiéter d’une « guerre mondiale »? Certainement pas. Est-ce que les Russes voire les Chinois vont s’impliquer directement dans cette guerre entre Israël/USA et l’Iran? Il faut en douter. On évoque ces derniers jours du Pakistan qui aurait indiqué vouloir aider l’Iran. Mais là aussi c’est peu probable.
Iran: l’expansion dérangeante de l’islam chiite
Depuis le début de la Révolution iranienne en 1979, le régime des mollahs n’a pas fait que des amis ou des alliés. Au contraire, dès l’arrivée de l’ayatollah Rouhollah Khomeini au pouvoir, on a assisté à une sorte de guerre d’influence entre Riyadh et Téhéran dans tous les pays musulmans, entre sunnites et chiites. Suivez mon regard.
Du coup, ce « processus de destruction » du régime des mollahs – pas de l’Iran – qui a fait de la course à l’armement, notamment nucléaire, la quintessence de son existence, est sans doute salué (bien entendu en sourdine) par beaucoup de pays arabes. D’ailleurs, ceci expliquant cela, la plupart des régimes arabes du Golfe dépendant pour leur sécurité du parapluie américain.
Par conséquent, on voit mal comment un de ces pays prendre fait et cause pour l’Iran. Bien sûr qu’on condamne ici et là cette guerre israélienne contre l’Iran, mais seulement du bout des lèvres.
Depuis 46 ans, l’Iran a orienté toute son énergie – financière, technologique, nucléaire, militaire – vers l’armement à des fins d’expansion religieuse, l’islam en général et le chiisme en particulier dans le monde.
Pour s’en rendre compte, regarder les changements à 180 degrés des habitudes vestimentaires dans les populations musulmanes d’Afrique et d’Asie, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
Les Iraniens ont fait émerger des « fanatiques » dans le monde musulman, même dans des pays qui pratiquent un islam dit « modéré ». Tout se passe comme les Iraniens s’étaient donnés pour mission de réinventer l’islam pour les musulmans.
In fine, si le régime des mollahs est démoli, peu de « régimes politiques » vont s’en émouvoir. Ceci dit, on en est loin, car les Iraniens ont des capacités de riposte importantes; riposte qui pourrait toucher au-delà d’Israël d’autres pays au Moyen-Orient, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Jordanie, Oman, Egypte, etc. Avec les conséquences économiques – voire politiques – que cela pourrait occasionner pour plusieurs pays, notamment une flambée des prix du pétrole et du gaz.
Mais ne vous inquiétez pas, il n’y aura pas de Troisième Guerre mondiale suite aux attaques américaines contre les installations nucléaires iraniennes. Au contraire, tout porte à penser qu’on se dirige vers une « reddition » voire une capitulation pure et simple du régime des mollahs. Et là l’histoire retiendra, encore une fois que les Américains sont sauvé le monde, comme ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale en 1945, avec la double capitulation de l’Allemagne et du Japon.
Les réactions internationales se multiplient après l’attaque américaine visant trois sites nucléaires en Iran dans la suit de samedi à dimanche. La Russie et la Chine ont toutes deux exprimé leur vive condamnation des frappes.
Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères a qualifié de « décision irresponsable » le lancement de frappes à la roquette et à la bombe sur le territoire d’un État souverain, soulignant que, quelles que soient les justifications avancées, il s’agit d’une violation flagrante du droit international.
De son côté, le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé avec fermeté ces attaques, estimant qu’elles aggravent les tensions au Moyen-Orient.
La Chine a également appelé, dans un communiqué, toutes les parties impliquées dans le conflit, et notamment Israël, à un cessez-le-feu immédiat.
L’impact des frappes militaires du président Donald Trump sur les installations nucléaires iraniennes sur les marchés commence déjà à remodeler les attentes des investisseurs sur toutes les classes d’actifs, tous les secteurs et toutes les zones géographiques, déclare Nigel Green, PDG du géant du conseil financier deVere Group.
Avec la réouverture des marchés, les investisseurs se préparent à une forte volatilité, avec une flambée attendue des prix du pétrole brut et une surveillance étroite des prévisions d’inflation. «La frappe américaine sur les sites nucléaires iraniens est un moment clé pour le marché», déclare Green. «Elle porte directement atteinte aux hypothèses qui ont guidé le positionnement des investisseurs : une inflation plus faible, des taux en baisse et des prix de l’énergie stables. Ce cadre vient d’être brisé», ajoute-t-il.
Risque de flambée des cours de pétrole
Le cours du Brent avait déjà progressé régulièrement ces dernières semaines, mais la décision de cibler les installations nucléaires iraniennes a considérablement accru les craintes de représailles et de perturbations.
Toute fermeture ou menace visant le détroit d’Ormuz, par lequel transite près de 20% du pétrole mondial, entraînerait une forte hausse des prix. Certains analystes préviennent désormais que le prix du brut pourrait atteindre 130 dollars le baril, selon la prochaine décision de l’Iran.
«Un tel choc de prix se répercuterait sur l’inflation mondiale, qui reste élevée et/ou stable dans de nombreuses régions. Les acteurs du marché anticipaient des baisses de taux des banques centrales, dont la Réserve fédérale, au second semestre. Cette situation est désormais remise en question», note le PDG de deVere.
«Une hausse soutenue des prix du pétrole rend les baisses de taux très difficiles à justifier. Si l’inflation repart à la hausse, les responsables de la politique monétaire seront contraints de maintenir leur politique, voire de reconsidérer complètement le cycle d’assouplissement», déclare encore Green. Qui ajoute : «Cela modifiera fondamentalement la donne pour les secteurs actions, les devises et le crédit.»
Fortes pressions sur plusieurs secteurs importants
«Concernant les actions, la réaction la plus immédiate sera probablement une rotation des secteurs sensibles aux taux et axés sur la consommation. Les entreprises du secteur du voyage et du tourisme, très vulnérables aux coûts de l’énergie et aux perturbations géopolitiques, devraient subir des pressions.
Les valeurs technologiques, en particulier celles qui se négocient à des multiples élevés, pourraient également subir des ventes, le marché obligataire réévaluant les perspectives de taux», explique Green.
Parallèlement, on assistera probablement à un appétit accru des investisseurs pour les producteurs d’énergie, les entreprises du secteur des matières premières et les entreprises liées à la défense nationale.
Avec des budgets militaires déjà en hausse dans plusieurs économies développées, les entreprises liées à la sécurité, à la surveillance, à l’aérospatiale et à la fabrication d’armes sont bien placées pour bénéficier d’une forte hausse de la demande.
Par ailleurs, les entreprises du secteur des biens de consommation de base et des services publics, bénéficiant de bénéfices stables et d’un pouvoir de fixation des prix, pourraient également attirer des capitaux dans ce contexte de volatilité accrue.
Intérêt croissant pour les valeurs refuges
Les flux vers les valeurs refuges devraient s’intensifier. «Les rendements des obligations d’État pourraient chuter fortement à court terme, même si les anticipations d’inflation à long terme augmentent. L’or, qui a déjà progressé cette année, devrait encore grimper, les investisseurs se protégeant contre les risques géopolitiques et monétaires», note Green à ce propos.
Les marchés des changes pourraient observer une demande à court terme pour le dollar américain, privilégiant la sécurité, mais la situation à plus long terme est plus incertaine.
Alors que les États-Unis sont désormais profondément enlisés dans un conflit croissant au Moyen-Orient et que les risques d’inflation augmentent, l’attrait du dollar pourrait diminuer si les perspectives de croissance américaine se détériorent. «Le dollar pourrait initialement se redresser, mais il ne s’agit pas d’une valeur refuge absolue», déclare Nigel Green.
«Si le pétrole fait grimper l’inflation et freine la demande des consommateurs, nous pourrions assister à un ralentissement de la croissance aux États-Unis et à une nouvelle pression sur la stabilité budgétaire. Ce n’est pas nécessairement un environnement favorable au dollar à long terme», prévient Green.
Il note également que, bien que les événements géopolitiques passés dans la région aient souvent entraîné des baisses à court terme suivies de reprises des marchés, 2025 présente un contexte macroéconomique très différent. Lors des conflits précédents, l’inflation était faible, les taux proches de zéro et les banques centrales disposaient d’une marge de manœuvre suffisante pour soutenir les prix des actifs. Ce n’est plus le cas.
«Nous ne sommes plus en 2019. Nous sommes dans un système plus tendu et plus fragile, avec moins de marge d’erreur», déclare Green. «Les investisseurs ne peuvent pas se permettre d’attendre. Ils doivent réagir maintenant, repositionner leurs portefeuilles et se concentrer sur les secteurs et les stratégies capables de résister à une incertitude prolongée», conseille-t-il en conclusion.
Par conséquent, deVere conseille à ses clients du monde entier de réduire leur exposition aux secteurs vulnérables aux flambées des coûts de l’énergie et d’envisager une réorientation de leurs allocations vers l’énergie, les matières premières et les valeurs défensives.
L’or et les obligations indexées sur l’inflation sont également recommandés dans le cadre de stratégies de couverture de portefeuille plus larges.
«Le temps de l’optimisme passif est révolu», conclut le directeur général de deVere, qui conseille aux investisseursde se repositionner rapidement. «Ceux qui hésitent risquent de rester exposés», avertit-il.
deVere Group est l’un des plus grands conseillers indépendants au monde en matière de solutions financières internationales spécialisées pour une clientèle internationale, locale et aisée, ainsi que pour une clientèle fortunée. Il dispose d’un réseau de bureaux dans le monde entier, compte plus de 80 000 clients et gère 14 milliards de dollars d’actifs.