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Abandonné par les dieux, Bachar al-Assad en exil à Moscou

09. Dezember 2024 um 11:09

Pourquoi la citadelle de Damas est-elle tombée en 10 jours? Pourquoi le président syrien Bachar al-Assad a-t-il été lâché par ses alliés? Que d’interrogations et que de brouillard qui enveloppent un événement majeur au Moyen-Orient et même au-delà?  

Que de questions lancinantes qui demeurent, au moment de l’écriture de cet article, sans réponses? D’abord sur le mystère de la chute de Damas qui est tombée comme un château de cartes en à peine 10 jours suite à l’avancée fulgurante de groupes rebelles. Ensuite, sur le sort de l’homme,  Bachar al-Assad, qui aura régné durant 24 ans par la seule logique de la terreur et du sang.

Car, pour comprendre cette débâcle, il semble évident que le régime de Bachar al-Assad a été lâché par ses alliés traditionnels, en l’occurrence la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais. Pour quelles raisons objectives?

A chacun ses propres soucis

Ainsi, la Russie embourbée dans sa guerre contre l’Ukraine ne peut plus s’encombrer d’un régime à l’agonie. Les mollahs- soucieux de sauver leurs têtes, surtout après l’installation prochaine de leur pire cauchemar, Donald Trump, à la Maison Blanche- cherchent à calmer le jeu et à se faire oublier. Quant à la milice chiite  libanaise, elle a trop reçu de coups de la part de l’armée israélienne pour pouvoir porter secours à un régime chancelant, en fin de règne. D’ailleurs, une source proche du Hezbollah pro-iranien, allié du pouvoir syrien, a rapporté que les combattants du mouvement s’étaient retirés de leurs positions près de Damas et dans une zone à la frontière avec le Liban voisin.

Ainsi, toutes les conditions étaient réunies pour que les troupes rebelles noyautées par les anciens djihadistes d’al Qaïda s’emparent de la capitale syrienne ce samedi 7 décembre. Et ce, sans que les troupes gouvernementales, dernier rempart de la famille al-Assad, ne bougent le petit doigt.

L’analyse géopolitique de Trump

D’ailleurs, une fois n’est pas coutume, Donald Trump, le futur 47ème président des Etats-Unis s’est fendu d’une analyse d’une rare lucidité sur la situation géopolitique qui a conduit à cet événement majeur au Proche-Orient.

Ainsi, s’exprimant hier dimanche 8 décembre dans un message publié sur sa plateforme Truth Social, l’ex et futur président américain a déclaré qu’ « Assad est parti. Il a fui son pays. Son protecteur, la Russie, dirigée par Vladimir Poutine, n’était plus intéressée à le protéger ».

Soulignant l’absence de motivation russe en Syrie, le milliardaire républicain ajouta qu’ « il n’y avait aucune raison pour que la Russie soit là-bas dès le départ. Ils ont perdu tout intérêt pour la Syrie à cause de l’Ukraine, où près de 600 000 soldats russes sont blessés ou morts, dans une guerre qui n’aurait jamais dû commencer et qui pourrait durer éternellement ».

Evoquant l’affaiblissement des principales puissances régionales, Trump rappelait que « la Russie et l’Iran sont actuellement dans un état de faiblesse, l’une à cause de l’Ukraine et d’une mauvaise économie, l’autre à cause d’Israël et de son succès dans les combats ».

Bluffant par la pertinence de l’analyse, l’homme a-t-il pris de l’épaisseur en quatre ans d’absence de la Maison Blanche?

Quelle destination pour al-Assad?

D’autre part, quid du président Bachar al-Assad que personne n’a vu ou entendu en public depuis dimanche dernier, en compagnie du ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi?

Et s’il avait pris la fuite, comme jadis le chah d’Iran, ce serait vers quelle destination? En Russie, soutien indéfectible qui aura engagé son aviation dans la guerre en Syrie pour le remettre en selle? En Iran, autre allié qui a dépêché conseillers militaires et factions armées pour combattre au côté du pouvoir syrien? Ou encore aux Émirats arabes unis, un des premiers pays du Golfe à avoir rétabli des relations diplomatiques avec Damas en 2018, après les avoir rompues dans la foulée du conflit déclenché en 2011?

D’autre part, des rumeurs folles ont circulé dans la nuit du samedi à dimanche dernier suite  aux « révélations » distillées par l’agence de presse Reuters, selon lesquelles, l’héritier de la dynastie fondée par son père Hafez al-Assad, président clanique de la Syrie depuis 2000, a été tué dans un accident d’avion.

En effet, l’avion de Syrian Air que le président syrien a pris pour fuir le pays, a disparu de la carte selon le site Flighradar cité par Reuters. L’avion se serait d’abord dirigé vers la région côtière de la Syrie, fief de la minorité alaouite du clan Assad, avant de faire brusquement demi-tour et voler dans la direction opposée pendant quelques minutes; avant de disparaître totalement des écrans-radars.

Un exil doré

Fin de suspense. Nous venons d’apprendre à l’aube de ce lundi 9 décembre que Bachar al-Assad et sa famille se trouvent désormais à Moscou. « La Russie, sur la base de considérations humanitaires, leur a accordé l’asile », ont  annoncé dimanche soir les agences de presse russe, citant une source au Kremlin.

Contrairement à un certain Saddam Hussein qui, lui, sous le joug de l’occupation américaine et alors que sa tête était mise à prix pour 25 millions de dollars, n’avait point cherché à fuir son pays, préférant être enterré dans cette vieille terre de Mésopotamie, berceau de grandes civilisations.

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François Bayrou pressenti à Matignon ?

07. Dezember 2024 um 09:39

Le nom du futur Premier ministre français sera communiqué dans les prochains jours. L’heure de François Bayrou a-t-elle enfin sonné ? La réponse ne saurait tarder.

Son nom est sur toutes les lèvres. Dans l’attente de l’arrivée d’un nouveau gouvernement, la présidence de la République ayant indiqué que le chef de l’État « prenait acte » de la démission de Michel Barnier – renversé par une motion de censure de l’Assemblée nationale, mercredi 4 décembre et chargé désormais d’expédier le traitement des affaires courantes -, François Bayrou est pressenti pour lui succéder.

Homme de compromis

Pourquoi son nom est souvent murmuré dans le microcosme parisien ? Le centriste, souvent consulté par Emmanuel Macron pour choisir le Premier ministre mais jamais nommé, est désormais favori pour Matignon.

Signe révélateur ? Il a été reçu, jeudi 5 décembre, à l’Elysée pour un déjeuner en tête à tête avec le président de la République. Certes, Emmanuel Macron s’est entretenu avec d’autres personnalités, dont Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, mais François Bayrou est le seul à être en lice pour devenir Premier ministre.

Durant la rencontre, le locataire du palais de l’Elysée lui a-t-il proposé le poste ou lui a simplement demandé son avis sur un autre prétendant ? Il semble évident que dans un contexte d’une crise politique sans précédent, avec une Assemblée tripartite, et en l’absence de majorité suffisante, François Bayrou pourrait être l’une des meilleures options pour la nomination d’un Premier ministre. Un choix par défaut en quelque sorte.

Et ce, d’autant plus que François Bayrou traîne une longue carrière politique derrière lui. Homme de compromis, ce bon centriste paraît de fait en mesure d’ouvrir le dialogue avec la plupart des familles politiques.

À noter que depuis des mois, le patron du MoDem plaide pour la formation d’un « gouvernement désintéressé, pluraliste et cohérent » constitué de « personnalités de caractère » sans préciser les bords politiques qui pourraient ou non y prendre part.

S’il était choisi par le chef de l’État, sa mission consisterait à construire laborieusement une majorité de coalition ou du moins éviter un pacte de censure contre son propre gouvernement. Raison pour laquelle l’ex-Premier ministre, Michel Barnier, fut renversé après l’adoption d’une motion de censure de la gauche soutenue par le Rassemblement national de Marine Le Pen.

Un soutien de taille

En effet, le président du MoDem, un ami de longue date du chef de l’État,  vient de recevoir la bénédiction inattendue d’un adversaire politique de taille, en l’occurrence l’ancien Premier ministre socialiste de François Hollande, Bernard Cazeneuve. Lequel a assuré, jeudi 6 décembre, au micro de LCI que Bayrou « ferait un bon Premier ministre. Il a toutes les qualités pour ça ». A-t-il tourné le dos à son propre camp en s’abstenant  de soutenir la candidature de la socialiste Lucie Castets pour le poste de Premier ministre ?

Toujours est-il que dans un geste appuyé au président centriste du MoDem, Bernard Cazeneuve a déclaré, toujours sur LCI, que « le centre ne peut pas être la réponse seule, mais le choix du centre peut rassembler des gens différents ; on peut surmonter les divisions, spécialement quand la situation du pays est très inquiétante et très grave ».

Et d’ajouter : « Ce qui s’impose, ce sont des rassemblements de personnalités qui gardent leurs idées, mais décident de travailler ensemble. C’est la vocation du centre de rassembler ». Le clin d’œil ne souffre aucune ambigüité !

Vers un pacte politique ?

C’est que ces deux personnalités politiques se connaissent bien. L’été dernier, alors que le nom de Bernard Cazeneuve circulait déjà pour Matignon à l’issue des législatives, il avait reçu le soutien de l’ancien candidat à la présidentielle. Le socialiste s’était même rendu aux universités de rentrée du MoDem.

Cherchent-ils à sceller un pacte politique ? Toujours est-il que Bernard Cazeneuve, qui a quitté le PS et fondé son propre mouvement, La Convention, a rencontré François Bayrou, jeudi 5 décembre. Pour être nommé Place Beauvau en contrepartie de son ralliement ?

Sur le plan politique, il est de notoriété publique que les deux hommes n’ont pas La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon comme tasse de thé. Cazeneuve n’a-t-il pas fustigé, rien que vendredi dans La Presse de la Manche : « Les positions de cette organisation politique, sur des sujets qui m’apparaissent fondamentaux (laïcité, lutte contre l’antisémitisme…) sont très loin de ce que sont mes convictions. Il arrive qu’on explique que si l’on dénonce les outrances de LFI, ses travers, c’est qu’on n’est pas à gauche… ».

Le ralliement du socialiste au patron du Mouvement Démocrate, dont nul n’ignore l’envie irrépressible de s’installer à Matignon, fera-t-il pencher la balance en sa faveur dans l’esprit d’un Emmanuel Macron encore traumatisé par l’échec terrible de sa dissolution hasardeuse ?

L’avenir proche nous le dira.

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Des pratiques dignes d’une République bananière !

03. Dezember 2024 um 11:06

Stupeur et consternation aux Etats-Unis et dans le monde : à quelques semaines de son départ de la Maison-Blanche, le président américain Joe Biden gracie son fils Hunter. Lui épargnant ainsi une éventuelle peine de prison pour des condamnations fédérales.

On se croirait dans une République bananière. Ne tenant pas sa parole et contredisant même son propre engagement de ne pas intervenir dans les démêlés judiciaires de son fils et surtout de ne pas utiliser les pouvoirs extraordinaires de la présidence au profit de sa famille, l’actuel président des Etats-Unis, Joe Biden vient d’annoncer, dans un communiqué rendu public dimanche 1er décembre, avoir gracié son fils Hunter de manière « pleine et inconditionnelle ». Lui épargnant une éventuelle peine de prison pour des condamnations fédérales liées à des affaires de fraude fiscale et de détention illégale d’armes à feu. Et lui offrant ainsi un pardon total et inconditionnel pour les infractions contre les États-Unis qu’il a commises, qu’il a pu commettre, ou auxquelles il a participé pendant la période allant du 1er janvier 2014 au 1er décembre 2024.

Cette surprenante décision a été reçue avec stupeur aux Etats-Unis et surtout au sein du parti démocrate. D’autant plus qu’elle a été prise par un dirigeant qui, tout le long de sa longue carrière politique en tant que sénateur ou vice-président de Barak Obama, aura toujours fait de la probité et de la rectitude morale son cheval de bataille. Il rejoint ainsi Donald Trump, qui a promis, avant même son investiture le 20 janvier prochain, de gracier tous ses partisans condamnés pour avoir envahi le Capitole le 6 janvier 2021.

Blanc comme neige

D’ailleurs, sautant sur l’occasion, le futur président a publié aussitôt un message assassin sur son réseau Truth Social pour fustiger : « La grâce accordée par Joe à Hunter inclut-elle les otages du 6 janvier qui sont emprisonnés depuis des années? Quel abus et quelle erreur judiciaire ! »

A noter à ce propos que le futur président des Etats-Unis sortira de ses déboires judiciaires blanc comme neige : ses affaires pénales sont au point mort depuis que la Cour suprême a rendu un arrêt historique sur l’immunité présidentielle, lui garantissant de ne jamais purger de peine d’emprisonnement; même après sa condamnation pour falsification de documents comptables en mai dernier.

Poursuivi « car c’est mon fils »

« Aucune personne raisonnable qui examine les faits dans les affaires concernant Hunter ne peut aboutir à une autre conclusion que Hunter a été pointé du doigt uniquement parce qu’il s’agit de mon fils », s’est piteusement justifié l’actuel locataire de la Maison Blanche. Tout en assurant ne pas avoir interféré avec les prises de décision du ministère de la Justice et d’avoir tenu parole « même quand j’ai vu mon fils être poursuivi de manière sélective et injuste ».

À ses yeux, son fils a fait l’objet d’un traitement « déraisonnable »; assurant que « des motivations politiques » se cachaient derrière les accusations qui ont été portées contre lui.

« Ces accusations ont émergé seulement après que plusieurs de mes opposants politiques au Congrès en ont été les instigateurs pour m’attaquer et s’opposer à mon élection », a fait valoir le président Biden, évoquant une erreur judiciaire.

Et de renchérir : « Je crois dans le système judiciaire; mais il est clair que Hunter a été traité différemment ».

Fraude fiscale et addiction aux drogues

Rappel des faits. Le fils cadet du président, Hunter Biden, 54 ans, faisait face en septembre 2024 à une fraude fiscale devant un tribunal de Los Angeles, en Californie. Ainsi que deux fausses déclarations pour ne pas avoir versé 1,4 million de dollars américains d’impôts au cours de la dernière décennie.

L’ancien avocat et homme d’affaires fut également reconnu coupable cette année d’avoir menti sur son addiction aux drogues lors de l’achat d’une arme. Un délit dans l’État du Delaware, fief des Biden. Pour ces trois affaires, il risquait jusqu’à 30 ans de prison et une amende maximale d’un million de dollars.

Mea culpa

En réaction au cadeau venu du ciel offert par son paternel, Hunter Biden a admis et assumé la responsabilité de ses erreurs « pendant les jours les plus sombres de ma dépendance ». Des erreurs « qui ont été exploitées pour m’humilier publiquement et me faire honte, ainsi qu’à ma famille, à des fins politiques », a-t-il déclaré. Tout en ajoutant qu’il était resté sobre pendant plus de cinq ans.

« Dans les affres de la dépendance, révélait-il avec des accents de trémolo, j’ai gâché de nombreuses opportunités et de nombreux avantages. Je ne considérerai jamais la clémence qui m’a été accordée aujourd’hui comme acquise. Et je consacrerai la vie que j’ai reconstruite à aider ceux qui sont encore malades et qui souffrent ».

Des pratiques courantes

Au final, et pour ne pas trop charger la barque de l’actuel président démocrate, 82 ans, qui ne laissera pas que de bons souvenirs à cause de son alignement aveugle sur les positions de l’Etat hébreu, rappelons qu’avant lui, d’autres présidents américains eurent déjà recours à la grâce pour venir en aide à des membres de leur famille ou des alliés politiques. A l’instar de Bill Clinton qui avait gracié son demi-frère condamné pour possession de cocaïne ou encore Donald Trump qui avait également gracié le père de son gendre condamné pour fraude fiscale.

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Pourquoi les monarchies du Golfe tournent-elles le dos à la cause palestinienne?

02. Dezember 2024 um 11:14

Pourquoi certains pays arabes, notamment les monarchies du Golfe, dont l’Arabie saoudite, se réjouissent-ils discrètement que Tsahal se débarrasse, à leur place, de l’Axe de la résistance anti-israélien composé du Hamas, du Hezbollah ou encore des Houthis ? Explications.

Alors que l’armée d’occupation israélienne sème la mort et la désolation à Gaza, en Cisjordanie occupée et au Liban, que la région du Moyen-Orient est assise sur un baril de poudre à cause du bras de fer infernal entre Tel-Aviv et Téhéran, le silence de plusieurs pays arabes, notamment celui de monarchies richissimes du Golfe, et notamment de l’Arabie saoudite se fait de plus en plus pesant.

Un silence assourdissant

Comment expliquer ce silence assourdissant? Pourquoi ces pays restent-ils peu enclins à condamner Israël ou exiger un cessez-le-feu aussi bien à Gaza qu’au Liban? Une situation qui s’explique par l’étroitesse des relations de certains pays du Golfe avec l’État hébreu, vécue comme une pantalonnade par leurs propres populations et un coup de poignard dans le dos par les nombreux Palestiniens.

En effet, « la Palestine n’a pas connu un tel silence depuis les années de la Nakba », assure un analyste politique palestinien. « Nous vivons une nouvelle Nakba, mais avec le consentement des Arabes ». D’ailleurs, il ajoute qu’ « au niveau politique, ils ne soutiennent pas l’application des résolutions internationales; ni même les résolutions prises lors des sommets arabes. Pour eux, la cause palestinienne n’est qu’un slogan ». Terrible constant.

Du côté de ce qu’on appelle « la rue arabe », Karim Émile Bitar, professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, évoque « un gouffre » entre les opinions publiques arabes et les gouvernants.

« Les opinions publiques sont dans leur écrasante majorité des soutiens de la question palestinienne. Elles sympathisent avec la souffrance des populations civiles libanaises et palestiniennes. En revanche, la grande majorité des leaders autoritaires de la région, directement inféodés aux États-Unis, doivent prendre en compte les considérations américaines. Car Washington assure leur maintien au pouvoir en leur apportant un soutien économique, militaire et politique », assure-t-il.

A cet égard, l’on peu expliquer ce silence coupable par les contours du « nouveau Moyen-Orient ». Lesquels ont pris forme en 2020 avec la signature des Accords d’Abraham. Et la normalisation des relations entre Israël et nombre de pays arabes, dont les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan. Ces accords, faut-il le rappeler, auront résisté à la guerre génocidaire menée par Israël dans la bande de Gaza et les bombardements meurtriers au Liban, avec leur corolaire de très lourd bilan humain.

Rappelons qu’en 2020, l’ancien président des Etats-Unis, Donald Trump poussa ces pays à parapher ces fameux accords reconnaissant de facto Israël comme un État souverain et initiant des relations diplomatiques avec Tel Aviv. D’autres pays du Golfe à l’instar de l’Arabie saoudite, le Koweït et Oman s’apprêtaient à prendre le train en marche lorsque le Hamas lança des attaques sans précédent dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023.  Retour à la case départ.

L’équation iranienne

Mais comment expliquer l’empressement de ces pays arabes à normaliser les relations avec l’ennemi héréditaire, en l’occurrence l’Etat hébreu?

C’est que, selon le vieil adage qui dit que « l’ennemi de mon ennemi est mon ami », l’État hébreu, les monarchies sunnites du Golfe, ainsi que plusieurs autres pays arabes, dont l’Égypte, rêvent  d’un « nouveau Moyen-Orient » où toute influence chiite iranienne est bannie. Comment? En fermant les yeux sur les tentatives de Tel-Aviv d’éliminer les principaux groupes militaires pro-iraniens, à savoir  le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais et les Houthis yéménites. Du moins, leur affaiblissement fait l’affaire des pays du Golfe et notamment de l’Arabie saoudite.

Menace existentielle

Il faut dire qu’entre Riyad et le Hamas, les relations ont toujours été extrêmement tendues. En effet, l’Arabie saoudite, mais aussi l’Égypte considèrent les Frères musulmans, la mouvance dont est issu le Hamas, comme étant un « groupe terroriste ».

Ce qui explique que Ryad se frotte discrètement les mains quand le Hamas, le Hezbollah ou encore les Houthis sont affaiblis par les frappes israéliennes. Ceci dit, le prince héritier Mohamed Ben Salman, le dirigeant de facto du royaume, doit prendre en compte son opinion publique qui suit quotidiennement sur les réseaux sociaux les carnages en Palestine et au Liban. D’où sa position qui consiste désormais à dire qu’elle ne signera rien sans la création d’un État palestinien.

Mais pas n’importe lequel : un État palestinien qui serait administré par l’Autorité palestinienne, sans la moindre présence du Hamas. C’est le plan qu’aurait remis le prince saoudien au secrétaire d’État américain, Antony Blinken, en mai dernier.

Pour ce qui est du Hezbollah, une milice militairement et financièrement soutenue par Téhéran, il est également honni par l’Arabie saoudite, qui, pendant plusieurs années, a soutenu l’Alliance du 14-Mars, une coalition regroupant plusieurs partis politiques libanais opposés à l’influence de la Syrie et de l’Iran dans leur pays.

A savoir qu’en 2008, Riyad avait même proposé à Washington de mettre sur pied une force arabe chargée de combattre le Hezbollah au Liban, avec le soutien de l’ONU et de l’OTAN, selon une note diplomatique diffusée par WikiLeaks.

En 2022, l’Arabie saoudite et plusieurs autres monarchies du Golfe avaient même rappelé leurs ambassadeurs de Beyrouth. Et ce, après des propos controversés d’un ministre libanais proche du Hezbollah qui avait critiqué la guerre de la coalition multinationale, dirigée par le royaume wahabite contre les Houthis qu’on souhaite voire disparaître de la carte régionale.

C’est le même cas pour l’Égypte dont les liens surtout avec le Hamas sont anciens. Car cette organisation islamiste palestinienne est une émanation des Frères musulmans, confrérie sunnite née en Egypte en 1928. En 2013, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi après son coup d’État contre le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, est en affrontement direct avec les Frères musulmans, donc avec le Hamas.

Bref, si les Frères musulmans représentent un danger pour le régime actuel en Egypte, ils sont perçus comme une menace quasi existentielle pour les monarchies arabes. Car ils ont la prétention d’offrir un modèle islamiste de rechange aux régimes en place. Voici le fond du problème.

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