Tunisie : controverses sur la loi concernant la fuite des compétences
L’initiative parlementaire portant sur la fuite des compétences, particulièrement celle des ingénieurs, est anticonstitutionnelle. C’est ce qu’affirme le président de l’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT), Kamel Sahnoun.
Le 26 novembre 2024, Kamel Sahnoun, président de l’Ordre des ingénieurs tunisiens (OIT), a exprimé son désaveu concernant une initiative parlementaire portant sur la fuite des compétences, en particulier celle des ingénieurs. Il estime que cette proposition est anticonstitutionnelle et ne mérite pas le soutien de l’OIT.
Un scepticisme partagé au sein de l’ARP
D’après les informations dont dispose M. Sahnoun, les députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) seraient majoritairement pessimistes quant à l’adoption de cette loi. Le président de l’OIT a ajouté qu’il doute que le président de la République signe un tel texte qu’il considère comme incompatible avec la Constitution.
Un projet contre la jeunesse tunisienne
Lors de son intervention dans l’émission Sbeh Ennes, Kamel Sahnoun a qualifié cette initiative de démarche « contre la jeunesse tunisienne » et lui a reproché de manquer de vision stratégique. Il a également critiqué le projet, le qualifiant de tentative de créer un buzz médiatique sans réel fondement.
Les recommandations de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES)
Kamel Sahnoun a rappelé que l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES) avait déjà abordé la question de la fuite des ingénieurs et formulé plusieurs recommandations pour améliorer la situation. Parmi celles-ci, l’ITES préconise notamment une amélioration du climat des affaires et la suppression des pratiques liées à l’économie de rente, en plus d’une meilleure gestion des conditions professionnelles et matérielles des ingénieurs.
La fuite des compétences : une perte économique pour la Tunisie
Le président de l’OIT a souligné l’impact économique de la fuite des ingénieurs, rappelant qu’en 2022, 6 500 ingénieurs ont quitté la Tunisie. Il a mis en garde contre une éventuelle aggravation de ce phénomène dans les dix prochaines années, avec des prévisions de départ pouvant doubler. Il a également insisté sur le coût pour l’État tunisien, estimant que chaque ingénieur formé représente une dépense de 100 000 dinars, soit une perte annuelle d’environ 650 millions de dinars.
Kamel Sahnoun a conclu en affirmant que le problème de la fuite des compétences, en particulier des ingénieurs, nécessitait des solutions plus structurées et fondées sur des réformes profondes, plutôt que sur des initiatives politiques controversées.
L’article Tunisie : controverses sur la loi concernant la fuite des compétences est apparu en premier sur Leconomiste Maghrebin.