Le centre ville de Tunis a été le théâtre d’une manifestation rassemblant des activistes de la société civile et des dirigeants politiques de différentes orientations, qui se sont unis pour réclamer les droits et les libertés et pour dénoncer l’injustice.
Des dizaines de centaines de manifestants, vêtus de noir, se sont rassemblés ce samedi 22 novembre à Tunis, en brandissant des pancartes et en scandant des slogans hostiles au pouvoir en place, tout en pointant du doigt un «pouvoir judiciaire dépendant et soumis aux ordres ainsi qu’une montée de la tyrannie sans précédent »
Réclamant le respect des droits et des libertés, les manifestants ont appelé à l’indépendance de la justice et ont appelé à la libération des personnalités politiques, avocats, journalistes et activistes , « détenus pour avoir exercé leur droit d’opinion et d’expression ».
Ce mouvement s’est également intéressé à la situation environnementale catastrophique à Gabès et les manifestants ont marqué un arrêt devant le siège du Groupe chimique, pour exprimer leur solidarité avec les habitants de la ville, tout en réitérant les appels à démanteler les unités polluantes du Groupe chimique, et ce, pour préserver la santé des citoyens et protéger l’environnement de cette catastrophe écologique.
L’ambassadeur de Chine en Tunisie, Wan Li, s’est exprimé ce jeudi 20 novembre 2025 sur le plateau de « Midi Eco », évoquant son entretien du 18 octobre avec le ministre tunisien de l’Équipement. Les discussions ont porté sur un dossier prioritaire : la dépollution du Groupe chimique de la plage de la paix à Gabès. L’objectif conjoint est de traiter définitivement les émissions et les fuites de gaz pour mettre un terme à la pollution qui affecte la région.
Le diplomate a annoncé l’envoi prochain d’une délégation technique d’une entreprise chinoise en Tunisie. La mission de Wan Li sera de travailler avec les autorités locales à la conception d’équipements de traitement des gaz, une coopération que la Chine souhaite mener dans le strict respect des normes environnementales internationales.
L’ambassadeur a souligné que la feuille de route convenue avec le ministre établissait une séquence claire : la lutte immédiate contre la pollution et la réduction des émissions constituaient l’urgence absolue, avant toute modernisation des installations. Il a insisté sur l’impérative nécessité d’approfondir le dialogue et la coordination bilatérale pour réussir cette transition.
La Chine, a-t-il rappelé, s’appuie sur une solide expérience en matière de protection environnementale. Ces acquis ont permis à Pékin de définir un cadre réglementaire extrêmement rigoureux et d’embrasser le concept de « développement vert ». Un virage stratégique qui a conduit à des avancées majeures dans l’amélioration de la qualité de l’environnement.
M. Wan Li a réaffirmé la volonté de son pays de partager son expertise avec la Tunisie en matière d’écologie et de croissance verte. Il a lancé un appel aux autorités tunisiennes : toute manifestation d’intérêt de leur part serait suivie avec enthousiasme par les entreprises chinoises, prêtes à saisir les opportunités de partenariat pour accompagner la Tunisie dans ce défi environnemental crucial.
Alors que les marches de protestation et les heurts de la population avec les forces de l’ordre se poursuivent depuis plus d’un mois et demi à Gabès pour exiger le démantèlement des usines du Groupe chimique tunisien (GCT), le président de la République, Kaïs Saïed, a présidé, mardi 18 novembre 2025, au Palais de Carthage une réunion du comité qu’il a chargé de trouver des solutions urgentes à la situation environnementale dans cette ville du sud-est de la Tunisie.
Un communiqué de la présidence de la république publié à l’issue de la réunion nous apprend la composition de ce comité présidé par Ali Ben Hammoud, qui est composé de Samia Ben Ali, Kawas Hamida, Rafik Aouadi, Noureddine Rachdi, Mohamed Salah Najar et Mohamed Ben Cherada.
Le chef de l’État a affirmé suivre la situation de près, saluant l’attitude des habitants et la conscience profonde dont ils ont fait preuve pour préserver la paix civile, se tenant aux côtés des forces de sécurité (sic!) pour faire face à toute tentative d’attiser les tensions par tous les moyens.
Tout en dénonçant «la propagation de contre-vérités», sans préciser lesquelles, Saïed a rappelé «le gaspillage de fonds publics lors de l’acquisition, en 2018, d’un certain nombre d’équipements qui ont été abandonnés, dégradés et devenus pour la plupart inutilisables», laissant ainsi entendre qu’une enquête a été diligentée sur la gestion du GCT et que des abus ont été constatés, qui visaient à mettre en difficulté l’entreprise en vue de la privatiser, «au mépris des souffrances des habitants de Gabès».
Le président de la République a laissé entendre que des sanctions seraient décidées contre les auteurs des abus ainsi constatés en déclarant qu’«il est du droit du peuple tunisien de connaître toute la vérité, de demander des comptes conformément à la loi et de vivre dans la dignité», promettant qu’«un terme sera mis à la souffrance [des populations ] dans tous les domaines et dans toutes les régions.»
Le Comité chargé de proposer des solutions au problème environnemental à Gabès a remis au chef de l’État une copie du rapport préliminaire qu’il a préparé, en attendant d’«élaborer dans les plus brefs délais un rapport final comprenant des solutions immédiates et urgentes», a indiqué le communiqué, citant les propos du président qui a indiqué que «plusieurs pays se sont inspirés des études menées par des experts tunisiens dans ce domaine.»
Les supporters tunisiens, mardi soir, au stade de Lille, lors du match amical Brésil-Tunisie, font entendre la voix des habitants de Gabès.
Et le locataire du Palais de Carthage de reprendre sa rengaine de la «guerre de libération» actuellement menée dans le pays «sur tous les fronts» , ajoutant que «par sa conscience et sa détermination, le peuple tunisien fera échouer tous les complots», laissant ainsi entendre que la crise actuelle à Gabès en n’est pas réelle mais provoquée par des personnes mal intentionnées.
«L’État tunisien ne se gouverne ni par des publications sur les réseaux sociaux ni par ceux qui ont choisi la trahison, l’allégeance à l’étranger et la propagation de rumeurs et de mensonges», a conclu Saïed.
Il reste cependant à savoir comment les habitants de Gabès et les Tunisiens en général vont-ils réagir à ces déclarations du président de la république, sachant qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil d’automne et qu’à Gabès, des gens, et notamment des enfants, continuent d’être asphyxiés par les rejets de gaz toxique et hospitalisés et que les bons portants parmi eux poursuivent les protestations quasi-quotidiennement, pour exiger le démantèlement pur et simple des unités du GTC, revendication légitime s’il en est que l’Etat ne semble pas disposé à satisfaire. Car elle serait très coûteuse pour des finances publiques bouffées par les dépenses de gestion d’un Etat prolifique et pas toujours efficace.
Les habitants de Gabès multiplient les actions pacifiques pour demander au gouvernement de mettre fin à la crise environnementale dans leur région en démantelant ou en suspendant la production des unités du Groupe chimique de Gabès.(Photos : Gabès avant et après l’installation des unités du Groupe chimique. Photos de la page Facebook Gabès.com.)
Les mamans, qui continuent de manifester tous les jours leur colère, menacent aujourd’hui sérieusement de ne plus amener leurs enfants à l’école de Chatt Essalem. Et pour cause : beaucoup d’écoliers ont souffert ces derniers jours d’asphyxie en raison des rejets de gaz toxiques des usines chimiques limitrophes.
Les supporters des deux clubs de football de la région ont affiché, quant à eux, leur solidarité avec la population en brandissant sur les gradins du stade de la ville des bannières dénonçant la destruction de l’environnement par les rejets industriels et exigeant une solution rapide pour la crise environnementale qui dure depuis deux décennies sans que l’Etat prenne des mesures pour y faire face.
Lors des marches de protestation organisées régulièrement et auxquelles participent toutes les granges de la population, des heurts ont souvent lieu entre les protestataires et les forces de l’ordre qui cherchent à les empêcher de se rapprocher des usines incriminées, lesquelles continuent de fonctionner à plein rendement et à émettre d’énormes panaches de fumée.
La crise environnementale à Gabès est loin d’être encore résolue, puisque les habitants continuent de manifester en masse contre les rejets de gaz toxique des unités du Groupe chimique tunisien (GCT) et d’exiger leur démantèlement.(Photo : rejet de gaz toxiques des unités du GCT).
Alors que de nouveaux cas d’asphyxie sont enregistrés (Vidéo), notamment parmi les enfants, et que les parents crient leur colère face à l’indifférence et à l’inaction des autorités régionales et centrales, celles-ci ne semblent pas prêtes à tenir leur promesse faite depuis 2017 de démanteler les usines d’engrais chimiques qui ont fait des ravages sur la santé de la population et les équilibres écologiques de la région.
Les incessants appels du président de la république Kaïs Saïed à trouver des solutions urgentes à la crise environnementale à Gabès ne semblent pas suivis d’actions concrètes sur le terrain. Commentaire désabusé d’un activiste : «Trop de paroles, peu d’actions ! Les gens sont fatigués d’attendre.»
Hier soir, vendredi 15 novembre 2025, les autorités ont répondu aux mobilisations populaires par un renforcement du déploiement sécuritaire autour de unités du CPG, qui continuent de carburer à plein régime.
La ville de Gabès a une nouvelle fois été frappée, vendredi 14 novembre 2025, par un grave incident environnemental : plusieurs élèves de l’école primaire de la rue El Ouaha ont souffert de symptômes d’asphyxie, attribués selon les premiers constats aux émanations toxiques provenant du Groupe chimique. Cet épisode, qui s’ajoute à une série d’événements […]
Le bras de fer judiciaire autour du complexe chimique de Gabès reprend ce jeudi, avec une nouvelle audience consacrée à la demande de suspension des activités polluantes du Groupe chimique tunisien (GCT). En jeu : la compétence du juge des référés, contestée par la défense, mais défendue avec vigueur par les habitants et les associations locales, qui invoquent une urgence sanitaire avérée.
Selon Me Mehdi Talmoudi, avocat du collectif des plaignants, le report de l’audience a été demandé par le GCT pour écarter le dossier du contentieux en référé, une procédure rapide et adaptée aux situations d’urgence.
« Nous tenons au maintien du dossier devant le juge des référés, car la situation ne souffre aucun retard », a-t-il déclaré sur les ondes de Jawhara FM.
Le ministère de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie doit, par ailleurs, présenter son rapport au tribunal ce jeudi.
Des preuves médicales accablantes
Les plaignants appuient leur action sur un dossier volumineux de 300 certificats médicaux, dont 30 ont été versés au dossier pour prouver la dégradation de la santé des riverains.
Me Talmoudi cite notamment le cas d’un élève victime d’asphyxie dont l’état s’est aggravé malgré les soins. « Ce cas n’est pas isolé », affirme-t-il, évoquant d’autres élèves souffrant de fourmillements, de malaises et de paralysies partielles.
Ces symptômes, selon lui, illustrent les effets toxiques directs de la pollution émise par les unités industrielles du complexe chimique.
La pression monte à Gabès
Dans une région marquée depuis des décennies par les nuisances du complexe industriel, la tension reste vive. Les habitants et associations locales réclament la suspension immédiate des activités les plus polluantes, estimant que l’État, propriétaire du GCT, ne peut se soustraire à sa responsabilité environnementale et sanitaire.
Les mobilisations citoyennes se multiplient, dénonçant « l’inaction des autorités » et exigeant des mesures de protection urgentes pour la population et l’écosystème côtier.
Une réunion s’est tenue mardi au siège du gouvernorat de Gafsa afin de trouver des solutions au problème des émissions de gaz provenant du complexe chimique tunisien, unité de Mdhila 1. Sous la présidence du gouverneur Slim Frouja, la rencontre a réuni les services régionaux, le conseil local et plusieurs acteurs concernés.
La session a abouti à l’adoption d’une série de mesures, dont un diagnostic environnemental approfondi en coordination avec le ministère de l’Environnement et l’Agence nationale de gestion des déchets. Une commission technique sera également activée pour assurer le suivi du dossier et proposer des solutions concrètes.
Un projet de réhabilitation attendu depuis 2019
A cette occasion, les autorités ont annoncé le lancement de l’appel d’offres du projet de réhabilitation de l’unité d’acide sulfurique, initialement prévu en 2019 mais retardé. Ce projet, financé par l’Agence française de développement (AFD), représente un investissement de 80 millions de dinars. Il devrait permettre de réduire les émissions de dioxyde de soufre à 2,6 kg par tonne d’acide sulfurique produit.
Une première tranche de 20 millions de dinars a déjà permis l’acquisition de matériel, tandis que l’ouverture des offres est prévue pour novembre 2025.
Le gouverneur Slim Frouja a également annoncé l’allocation de 50 millions de dinars pour des projets complémentaires destinés à accompagner la réhabilitation et améliorer l’environnement dans la délégation de Mdhila.
Pression locale et inquiétudes sanitaires
La réunion intervient après une plainte urgente adressée lundi par le conseil local de Mdhila à la présidence de la République et aux ministères de l’Environnement, de la Santé et de l’Énergie. Le conseil y dénonçait la dégradation continue de la situation environnementale : émissions toxiques, odeurs nauséabondes, maladies chroniques, pollution de l’air, de l’eau et des sols, ainsi que des répercussions sociales et économiques.
Le 11 septembre dernier, plusieurs habitants avaient été hospitalisés pour des cas d’étouffement dus à une fuite de gaz toxiques provenant de l’unité de production de Mdhila 1, rappelant l’urgence de mesures correctives.
Le conseil local affirme être passé « à une étape supérieure » en saisissant la justice. Les élus espèrent ainsi déterminer les responsabilités légales et forcer l’application de normes environnementales. Ils alertent sur une multiplication quasi quotidienne des cas d’asphyxie dans la ville, appelant à une intervention immédiate pour réduire les émissions toxiques.
Kaïs Saïed dénonce « l’assassinat de l’environnement et de la santé »
Hier, le président de la République, Kaïs Saïed, a réuni mardi 30 septembre au Palais de Carthage trois membres du gouvernement : Mustapha Ferjani (Santé), Habib Abid (Environnement) et Fatma Thabet (Industrie, Énergie et Mines) pour se pencher sur la crise environnementale de grande ampleur à Gabès.
Le chef de l’État a qualifié l’implantation du complexe chimique à Gabès de « véritable crime » ayant conduit à « l’assassinat de l’environnement et de la santé », soulignant que la répétition des intoxications illustre des « manquements graves de maintenance » et l’absence d’une stratégie de protection durable.