Tunisie Valeurs alerte sur les obstacles au refinancement des IMF en Tunisie
Malgré les efforts déployés par les institutions de microfinance en Tunisie pour mettre en place des mécanismes de financement adaptés aux populations vulnérables, l’accès au crédit demeure restreint. Les taux d’intérêt élevés ainsi que des conditions de financement souvent perçues comme contraignantes freinent encore de nombreux emprunteurs. C’est ce qui ressort d’une récente note publiée par l’intermédiaire en bourse Tunisie Valeurs, intitulée « Le secteur de la microfinance en Tunisie : état des lieux et perspectives ».
Tunisie Valeurs souligne qu’en 2023, les Institutions de Micro-Finance constituées en Sociétés Anonymes (IMF-SA) ne comptaient que 218 agences, laissant ainsi les zones rurales insuffisamment couvertes.
Par ailleurs, du fait de l’interdiction qui leur est faite de collecter les dépôts et de recourir au refinancement auprès de la Banque Centrale, ces institutions rencontrent des difficultés à accéder à des sources de financement à faible coût. Cette contrainte limite leurs capacités à proposer des crédits à des conditions avantageuses.
Contrairement aux Associations de Microcrédit (AMC), qui bénéficient de refinancements préférentiels via la Banque Tunisienne de Solidarité (BTS), les IMF-SA doivent se tourner vers des refinancements commerciaux auprès des banques locales ou vers des fonds internationaux spécialisés dans la microfinance, souvent à des taux élevés. Pour pallier ces contraintes, les IMF-SA intensifient leur recours au marché obligataire domestique.
Au cours des deux dernières années, elles se sont imposées comme des émetteurs récurrents, avec des levées de fonds atteignant 116 millions de dinars en 2023 (15 % du marché obligataire corporate) et 123 millions de dinars en 2024 (soit 27 % des émissions obligataires privées).
Dans cette perspective, Tunisie Valeurs estime que le développement d’un système de refinancement efficace et pérenne pour les IMF passe par une harmonisation des conditions de financement. Cela permettrait de garantir un accès plus large à des ressources adaptées et soutenables, propices à la croissance du secteur.
L’intermédiaire en bourse recommande ainsi la mise en place de mécanismes incitatifs pour pousser les banques locales à refinancer les IMF, par exemple à travers des fonds de garantie , ou encore l’ouverture à des financements étrangers, porteurs de capital, de bonnes pratiques et d’exigences de qualité.
Tunisie Valeurs propose également de rediriger l’épargne locale vers le secteur de la microfinance via la création de SICAR ou de fonds spécialisés, et elle appelle à une refonte du cadre réglementaire afin de permettre, à terme, le refinancement direct des IMF via l’épargne collectée, à l’image des banques.
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