Violences faites aux femmes : 22 féminicides recensés en Tunisie en 2025
Huit ans après l’entrée en vigueur de la loi 58, la violence contre les femmes ne faiblit pas en Tunisie. Selon l’experte sociale Arbia Lahmer de l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT), les chiffres révèlent une situation alarmante : 22 femmes ont été tuées depuis le début de l’année, majoritairement par leur conjoint.
La loi 58 remise en question
La spécialiste sociale Arbia Lahmer, du Centre d’écoute et d’accompagnement relevant de l’Union nationale de la femme tunisienne, a tiré la sonnette d’alarme : le nombre de violences faites aux femmes continue d’augmenter malgré la promulgation, il y a huit ans, de la loi fondamentale n°58 sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Entre janvier et septembre 2025, le pays a enregistré 22 féminicides, commis par un conjoint ou un membre de la famille. Un constat qui, selon elle, met en doute l’efficacité réelle de la loi et sa mise en application.
Ces données ont été présentées lors d’une étude sur l’expérience de l’UNFT dans la prise en charge des femmes victimes de violences et atteintes de cancer, au cours d’une rencontre intitulée « Les répercussions du cancer sur les relations conjugales ».
466 femmes violentées en six mois
D’après le rapport, 466 femmes victimes de violences ont sollicité les structures de l’Union au cours du premier semestre 2025 pour bénéficier d’un accompagnement psychologique, social et juridique.
Les chiffres montrent que le foyer conjugal concentre 81% des cas de violence, suivi de la sphère familiale (12%) et de l’espace public (7%), selon les données recueillies par les cellules d’écoute et les centres d’accueil de l’UNFT.
La violence psychologique en tête
Par type d’abus, la violence psychologique et verbale arrive en première position avec 36% des cas, en hausse de 5 points par rapport à 2024. Elle est suivie par la violence économique (34%), la violence physique (27%) et la violence sexuelle (3%).
Sur le plan social, les femmes mariées sont les plus exposées (36%), devant les femmes séparées ou fiancées (28%), les célibataires (17%), les divorcées (15%), les veuves (3%) et les mères célibataires (1%).
Pressions sociales, inégalités économiques et silence contraint
Pour Arbia Lahmer, la persistance du phénomène s’explique par les pressions familiales et sociales qui incitent les femmes à endurer les violences afin de « préserver le foyer ». S’y ajoutent des facteurs culturels liés aux traditions et à la mentalité patriarcale, ainsi que des causes économiques, notamment la précarité, le chômage et les inégalités de revenus entre les conjoints.
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