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Heute — 01. April 2025Haupt-Feeds

L’Amérique à l’heure du maccarthysme anti-palestinien

01. April 2025 um 08:25

L’Histoire est un éternel recommencement. Le maccarthysme a été une chasse aux sorcières contre tous ceux qui étaient considérés à tort ou à raison comme des communistes aux États-Unis. Soixante-quinze ans plus tard, c’est un maccarthysme anti-palestinien qui prévaut. Les arrestations musclées d’étudiants et de doctorants qui soutiennent ouvertement la cause palestinienne et spécifiquement les Gazaouis qui subissent l’interminable génocide perpétré par Israël se multiplient et inquiètent les milieux intellectuels et la presse libérale qui estiment à juste titre que ces pratiques ternissent la réputation de l’Amérique et impactent sur son influence et son leadership. 

Imed Bahri

Le comité éditorial du Washington Post a averti que l’hostilité du président Donald Trump envers les étrangers notamment les étudiants et les chercheurs n’est pas bénéfique pour l’Amérique et a considéré que l’administration actuelle affaiblit l’attractivité du pays pour attirer les meilleurs esprits à étudier aux États-Unis. 

Le comité éditorial du WP a indiqué que Rumeysa Ozturk, doctorante à l’Université Tufts, qui a été enlevée en pleine rue la semaine dernière par des agents fédéraux masqués à Boston et transportée dans un centre de détention en Louisiane ne sera pas la dernière étudiante à être traitée de la sorte.

Le WP rappelle que le secrétaire d’État Marco Rubio a déclaré avoir révoqué plus de 300 visas d’étudiants étrangers simplement en raison de leur implication dans des activités pro-palestiniennes pendant leurs études.

L’objectif semble être d’instiller la peur

«Nous vous avons donné un visa pour étudier et obtenir un diplôme universitaire pas pour devenir des activistes sociaux qui saccagent nos campus», a déclaré Rubio jeudi. L’année dernière, Ozturk a co-écrit un éditorial pour un journal étudiant critiquant l’Université Tufts pour avoir rejeté une résolution du conseil étudiant qui décrivait la situation à Gaza comme un génocide.

Trois autres étudiants ont écrit leur nom sur l’éditorial tandis que 32 étudiants l’ont approuvé. Cela a incité le Département de la Sécurité intérieure à justifier l’arrestation d’Ozturk en affirmant qu’elle était «impliquée dans des activités de soutien au Hamas» sans fournir aucun détail. Apparemment, considérer que les Gazaouis subissent un génocide relève du soutien au Hamas pour l’administration Trump! 

Ozturk a été kidnappée mardi alors qu’elle allait prendre son petit-déjeuner et les caméras de surveillance ont capturé ce qui semblait être un moment choquant alors que des agents en civil la poussaient vers une voiture qui l’attendait. Il n’y a aucune preuve qu’elle ait des antécédents de violence alors pourquoi le Département de la Sécurité intérieure ne lui a-t-il pas envoyé une lettre lui disant que son visa avait été révoqué et qu’elle avait 30 jours pour quitter le pays? Pour le WP, l’objectif semble être d’instiller la peur. 

Cette mesure de l’administration Trump affaiblit l’attrait de l’Amérique pour de nombreux jeunes parmi les meilleurs et les plus brillants du monde qui souhaitent visiter ou étudier aux États-Unis, peut-être pour vivre le rêve américain ou goûter à la sauce secrète de l’Amérique avant de rentrer chez eux. Ils peuvent utiliser leur expertise pour s’enrichir ou pour soutenir la société civile dans leur pays d’origine. En écrasant ces ambitions, Trump affaiblit le leadership mondial de l’Amérique.

Le comité éditorial du WP compare l’arrestation d’Ozturk à la tendance à l’autoritarisme dans sa Turquie natale suite à l’arrestation du maire d’Istanbul Ekrem İmamoğlu et aux manifestations qui ont éclaté pour le soutenir.

Le journal américain a rappelé qu’un correspondant de la BBC a été expulsé de Turquie au motif qu’il représentait une «menace pour l’ordre public» mais que les États-Unis ne peuvent donc plus condamner l’expulsion du journaliste britannique car ils ont perdu leur crédibilité puisqu’ils harcèlent eux-mêmes leurs propres visiteurs.

Ozturk est une boursière Fulbright qui prépare un doctorat consacré à l’enfance et au développement humain. Elle peut bien évidemment poursuivre ses études dans de nombreux autres pays mais ce qui rend les études en Amérique attrayants, c’est la possibilité de s’immerger dans sa riche culture qui comprend une histoire mouvementée de manifestations sur les campus et sa liberté d’expression.

Le comité éditorial du WP estime que les opinions d’Ozturk sur le Moyen-Orient sont peut-être erronées mais qu’elle a le droit de les exprimer sans craindre de perdre sa chance d’étudier aux États-Unis. Dans ses remarques aux journalistes, Rubio a déclaré que les États-Unis ne délivreraient pas de visas aux étudiants qui voulaient «causer des problèmes». Certes, personne ne souhaite que des extrémistes violents ou des terroristes entrent dans le pays mais il y a une différence entre les paroles et les actes.

Le harcèlement de visiteurs étrangers

L’article co-écrit par Ozturk n’incitait pas à la violence. Cependant, son arrestation s’inscrit dans une tendance croissante et dans un nombre croissant de signalements de harcèlement de visiteurs étrangers aux points d’entrée aux États-Unis. Les agents des douanes et de la protection des frontières exigent que les téléphones portables des individus soient vérifiés avant de les autoriser à entrer dans le pays. Tous les passagers sont soumis à une inspection. Bien que ce pouvoir n’ait pas toujours été utilisé avec une telle fréquence.

L’année dernière, moins de 0,01% des passagers internationaux à l’arrivée ont été contrôlés. Ce pourcentage semble être en hausse aujourd’hui.

Il existe deux types de fouilles qu’un agent des frontières peut effectuer sur des appareils électroniques ou bien lors d’une fouille de base, l’agent scanne manuellement le téléphone d’une personne à la recherche d’éventuels signaux d’alarme ou bien lors d’une inspection avancée, le contenu du téléphone est téléchargé et placé dans une base de données consultable. Pour justifier le deuxième type, les agents doivent avoir des motifs raisonnables de soupçonner une violation de la loi et l’approbation de leurs supérieurs.

Le WP considère que les États-Unis ne devraient pas chercher à faire fuir les visiteurs étrangers et rappelle que leur séjour sur le sol américain est souvent bénéfique aussi bien pour eux que pour le pays.

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Gestern — 31. März 2025Haupt-Feeds

Le langage politique ou l’ambiguïté au service de la manipulation

31. März 2025 um 08:10

Les mots ont un poids, et leur agencement dans une phrase peut en modifier profondément le sens. En politique et en diplomatie, cet art de la nuance linguistique est une arme redoutable, utilisée pour esquiver des responsabilités, orienter l’opinion publique et masquer des positions réelles derrière des formulations soigneusement calculées.

Khémaïs Gharbi *

Un responsable politique peut ainsi donner l’illusion d’un engagement fort tout en s’assurant que son message reste assez flou pour ne pas le contraindre à des actions concrètes. C’est une stratégie efficace, qui repose sur la maîtrise subtile du langage et qui exploite l’inattention du public face aux détails grammaticaux et syntaxiques.

Des formulations qui trompent l’opinion

Prenons un exemple récent : la déclaration du président Emmanuel Macron concernant la situation au Proche-Orient. Il affirme : «Tout déplacement forcé ou annexion irait contre la perspective de la solution de deux États.»

Une telle phrase semble anodine, mais une lecture attentive révèle une stratégie rhétorique subtile. Plutôt que de condamner explicitement ces actes, le président se contente de constater qu’ils iraient à l’encontre d’une solution politique. Il ne dit pas que la France s’y oppose, ni qu’elle prendra des mesures si ces événements se produisent. Une reformulation plus directe et sincère aurait été : «La France s’oppose à tout déplacement forcé ou annexion qui irait contre la perspective de la solution de deux États.»

La différence est majeure. Dans la première formulation, il s’agit d’un constat neutre, qui n’implique aucune action ni position ferme. Dans la seconde, l’opposition de la France est affirmée, ce qui engagerait la responsabilité politique du pays.

Un autre exemple illustre cette manipulation du langage : «J’ai appelé le Premier ministre israélien à mettre fin aux frappes sur Gaza et à revenir au cessez-le-feu que le Hamas doit accepter.»

Cette phrase est habilement construite. D’un côté, elle donne l’impression d’une prise de position en faveur de la cessation des bombardements, mais de l’autre, elle laisse entendre que le cessez-le-feu dépend avant tout du Hamas. Or, en réalité, ce cessez-le-feu avait déjà été accepté et signé sous l’égide des médiateurs internationaux et des États-Unis et il a été accepté par le Hamas qui l’a respecté en procédant aux échanges de prisonniers avant qu’Israël ne rompe unilatéralement l’accord. Une déclaration plus fidèle aux faits aurait été : «J’ai appelé le Premier ministre israélien pour lui dire que la France condamne les frappes sur Gaza et exige un cessez-le-feu que le Hamas a déjà accepté.»

Dans la formulation choisie par Macron, le verbe «condamner» est soigneusement évité, et l’inversion des responsabilités est subtile mais efficace : il n’est pas dit que c’est Israël qui doit cesser ses frappes immédiatement, mais que le cessez-le-feu dépend d’un autre acteur.

L’ambiguïté stratégique

Cette utilisation du langage pour entretenir des zones grises ne date pas d’hier. Un cas emblématique de manipulation linguistique en diplomatie est celui de la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’Onu, adoptée après la guerre de juin 1967 entre Israël, l’Égypte, la Syrie et la Jordanie. Cette résolution, rédigée en anglais, exigeait : «Withdrawal of Israeli armed forces from occupied territoriese».

Or, en français, cette phrase peut être traduite de deux manières : 1. «Retrait de territoires occupés» (interprétation israélienne : un retrait partiel, laissant place à une négociation sur les territoires à évacuer).  2. «Retrait des territoires occupés» (interprétation arabe et internationale: un retrait total de tous les territoires occupés en 1967).

Cette différence, qui repose sur l’absence de l’article défini «the» en anglais, a donné lieu à des décennies de disputes diplomatiques. Israël a défendu une lecture minimaliste, considérant que la résolution n’imposait pas un retrait total, tandis que les pays arabes et de nombreux juristes ont insisté sur l’obligation de restituer l’ensemble des territoires occupés.

Cet exemple montre que le langage diplomatique est souvent conçu pour être ambigu, permettant à chaque partie d’y voir ce qui l’arrange. Il illustre aussi comment la langue elle-même peut être un outil de pouvoir, où chaque mot, chaque article, chaque tournure grammaticale devient une arme stratégique.

Pourquoi ces nuances importent-elles ?

Ces formulations ne sont pas qu’un jeu d’experts: elles façonnent la manière dont nous percevons les événements et influencent directement les décisions politiques et diplomatiques. Si des gouvernements, des organisations internationales et des médias jouent sur les mots, c’est bien parce qu’ils savent que la manière dont une idée est formulée peut en modifier profondément la portée.

L’usage de phrases au conditionnel ou à la tournure passive est une technique fréquente pour diluer la responsabilité :

«Des civils ont perdu la vie dans les frappes.» (Qui les a tués ? L’agent de l’action disparaît.)

• «Nous espérons que la situation s’améliorera.» (Mais quelles actions concrètes sont entreprises ?)

• «Nous appelons à la retenue de toutes les parties.» (Une équivalence implicite entre un État surarmé et un peuple sous blocus, l’agresseur et l’agressé.)

Appel à la vigilance citoyenne

Les nuances linguistiques ne sont pas qu’une question académique : elles influencent directement notre perception du monde et notre capacité à exiger des comptes de nos dirigeants. Lorsqu’un responsable politique utilise des formules vagues, détourne subtilement une phrase ou exploite l’ambiguïté d’un mot, ce n’est jamais anodin.

Dans un monde où l’information circule en continu, où les déclarations politiques sont souvent reprises sans analyse critique, il est essentiel de ne pas se laisser piéger par les artifices du langage. Cela ne signifie pas tomber dans la suspicion permanente, mais développer un regard affûté, une capacité à décoder les discours et à en questionner les sous-entendus.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez un dirigeant dire  «Nous appelons à la retenue des deux parties», «Nous espérons que la paix reviendra» ou «Nous condamnons toute forme de violence», demandez-vous : est-ce une véritable position ou une manière d’éviter d’en prendre une?

Parce que les mots ne sont jamais neutres, et que comprendre leurs nuances, c’est refuser d’être manipulé.

* Ecrivain et traducteur.

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L’historien Rashid Khalidi dénonce la dérive vichyste de l’Université de Columbia

27. März 2025 um 07:03

L’historien américano-palestinien Rashid Khalidi, titulaire de la chaire Edward Saïd d’études arabes modernes à l’Université de Columbia et longtemps chef de son département Moyen-Orient, s’est demandé si le terme université sied encore à Columbia et a dénoncé une dérive vichyste.

Imed Bahri

Ces critiques sont intervenues après que la célèbre université de l’Ivy League ait accepté la mise sous la tutelle fédérale de son département Moyen-Orient ce qui fait qu’elle a perdu de facto son indépendance et que le lobby sioniste a fini par mettre sa main dessus.

L’administration Trump avait menacé Columbia de lui retirer les 400 millions de dollars que lui alloue chaque année l’État fédéral si elle refusait la tutelle sur le département Moyen-Orient.

Dans une tribune publiée dans les colonnes du quotidien britannique The Guardian, Khalidi a souligné que la célèbre université new-yorkaise a toujours été gérée comme un empire financier et non comme une institution éducative et qu’aujourd’hui elle agit comme «Vichy sur l’Hudson» en référence au gouvernement pronazi de Vichy en France pendant la Seconde Guerre mondiale. 

Khalidi a écrit au début de son article: «Il n’a jamais été question d’éradiquer l’antisémitisme. Il a toujours été question de réduire la Palestine au silence. C’est ce à quoi aboutirait la réduction au silence des manifestants étudiants et maintenant celle des professeurs.» Il a ajouté que de beaucoup des étudiants lourdement sanctionnés pour avoir soutenu Gaza et que nombreux membres du corps enseignant qui perdront leur liberté académique et leur droit de diriger l’université et qui risquent d’être expulsés sont eux-mêmes juifs et même pour certains d’entre eux étant Israéliens. Il a également pointé du doigt la partialité des dirigeants de l’université: «S’il s’agissait réellement de discrimination, l’université aurait pris des mesures contre le harcèlement continu des étudiants et des professeurs palestiniens, arabes et musulmans ainsi que de leurs alliés et sympathisants plutôt que de soutenir leur harcèlement et de le permettre».

Justifier les massacres des Palestiniens

Le cœur du problème n’est pas la discrimination mais plutôt la protection des mensonges évidents selon lesquels la guerre israélo-américaine en cours depuis 17 mois et le génocide contre l’ensemble du peuple palestinien n’étaient rien de plus qu’une guerre contre le Hamas ou que tout ce qui s’est passé le 7 octobre 2023 peut justifier les massacres en cours d’au moins 50 000 personnes à Gaza principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées ainsi que le nettoyage ethnique dont sont victimes les Palestiniens dans leur patrie.

Ces mensonges, fabriqués par Israël et imprégnés par le système politique et les élites riches ont été répétés sans relâche sous les administrations Biden et Trump et dans des médias comme le New York Times et Fox News et bénéficient désormais de l’approbation officielle d’une université autrefois grande.

Khalidi ajoute que ces mensonges sont enracinés dans un racisme flagrant. Frantz Fanon écrivait que le dualisme du colonisateur atteint parfois «sa conclusion logique, dépouillant l’indigène de son humanité ou le transformant simplement en animal».

En effet, l’ancien ministre israélien de la Défense Yoav Galant a déclaré en octobre 2023 que les Palestiniens étaient des «animaux humains». Benjamin Netanyahu a déclaré à leur sujet: «Je ne les décrirais pas comme des animaux humains car ce serait une insulte aux animaux».

Khalidi soutient que dans le cadre de cette guerre coloniale et à travers ces prismes, la vie des Palestiniens –ainsi que celle des personnes de couleur et des Noirs– devient une masse sans valeur, sans identité, dépouillée d’humanité tandis que la vie des autres se voit conférer sainteté et pathétique.

Un monde cauchemardesque

L’historien souligne la nécessité de s’accrocher à ces faits le plus longtemps possible car dans ce monde cauchemardesque dans lequel nous sommes entrés même faire référence à la race et au racisme est, ou deviendra bientôt, une violation de la lecture déformée actuelle de la loi fédérale américaine.

Une fois que les traîtres qui dirigent l’Université Columbia auront exécuté les ordres de leurs maîtres à Washington et de «son Conseil des régents» et que ces actions se seront propagées à d’autres universités menacées, enseigner ou même simplement citer un texte juridique deviendra risqué tout comme mentionner la race et le racisme sans parler d’autres questions comme le genre et le handicap.

Khalidi estime que les universités américaines se rapprochent d’une situation similaire à celle des universités chiliennes à l’époque de Pinochet où les idées et les livres étaient interdits, les étudiants expulsés et arrêtés, les départements universitaires saisis par les autorités et les professeurs et le personnel licenciés tout cela à la demande d’un gouvernement autoritaire.

Khalidi commente: «Nous ne devrions pas être tristes de ce qu’est devenue l’Université Columbia. Aussi formidable qu’elle ait été, ce qui se passe aujourd’hui n’est pas nouveau».

Avant la vague actuelle d’expulsions et de suspensions, Columbia n’avait expulsé qu’une seule fois un étudiant pour avoir manifesté pacifiquement dans son histoire. C’était en 1936, lorsqu’un étudiant avait été expulsé pour avoir protesté contre le fait de donner une tribune aux Nazis. En 1953, le président de l’université a signé une lettre déclarant que les communistes n’étaient pas qualifiés pour enseigner. Les administrateurs de l’Université de Columbia ont également renvoyé deux membres du corps enseignant pour s’être opposés à la Première Guerre mondiale pour des raisons pacifistes tandis que les étudiants qui refusaient de participer à la guerre pour des raisons de conscience ont été arrêtés et même emprisonnés.

Une longue tradition de répression

L’Université Columbia a longtemps été gérée davantage comme un vaste et riche empire commercial et immobilier que comme un établissement d’enseignement. C’est un endroit où les politiques sont imposées par les administrateurs, les donateurs et les instituts professionnels influents et non par le corps universitaire.

Au printemps 2024, les deux tiers des professeurs du Collège des arts et des sciences ont voté pour destituer la présidente de l’université qui avait cédé à la pression extérieure, abdiqué ses responsabilités et même appelé le département de police de New York sur le campus pour la première fois depuis 1968. Cependant, celle qui lui a succédée l’a dépassée, renforçant la longue tradition de répression de l’université et sa soumission humiliante aux diktats du gouvernement, promue et soutenue avec enthousiasme par des collaborateurs au comportement honteux au sein de l’institution.

Pour Rashid Khalidi, après sa reddition vendredi dernier, Columbia ne mérite guère d’être appelée une université. Son enseignement et ses recherches sur le Moyen-Orient –et bientôt sur d’autres domaines– seront étroitement surveillés par un «vice-président principal pour l’éducation inclusive», qui est en fait un vice-président principal pour la propagande israélienne.

Les partisans d’Israël, irrités par la présence de recherches sur la Palestine à l’Université de Columbia, ont surnommé cette initiative «Birzeit sur l’Hudson» par référence à l’université palestinienne de Birzeit en Cisjordanie. Mais si elle mérite encore d’être appelée une université, elle devrait plutôt s’appeler «Vichy sur l’Hudson» et non «Birzeit sur l’Hudson».

Articles de Rashid Khalidi dans Kapitalis:

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Gaza | Israël reprend son génocide, les États-Unis laissent faire

22. März 2025 um 08:42

Si Trump est sérieux dans sa promesse de campagne d’apporter la paix au Moyen-Orient, il doit commencer par utiliser son influence considérable sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour mettre fin au carnage à Gaza mais il semble indifférent et laisse faire la machine de guerre israélienne. 

Imed Bahri

Chassez le naturel, il revient au galop. À peine deux mois après le très précaire cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, l’État hébreu s’est dérobé de ses engagements dans les négociations et a repris son génocide avec sa soif de sang habituelle faisant des centaines de morts à Gaza chaque jour depuis mardi.

Vendredi 21 mars 2025, le ministre israélien de la Défense Israël Katz a déclaré: «J’ai donné l’ordre à Tsahal de prendre davantage de territoire à Gaza. Plus le Hamas continuera à refuser de libérer les otages, plus il perdra de territoire qui sera annexé à Israël». Il a également agité la menace de l’occupation permanente. Beaucoup en appellent à l’administration Trump, tel le comité éditorial du Financial Times (FT), qui a appelé à la restauration du cessez-le-feu à Gaza, soulignant que le président américain Donald Trump est le seul dirigeant à avoir un pouvoir de pression sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’appelant à agir dans ce sens. 

Le journal a rappelé tout d’abord que les Gazaouis avaient bénéficié de deux mois de répit après les frappes aériennes et les bombardements israéliens qui avaient transformé la bande de Gaza en un champ de ruines et avaient commencé à recoller les morceaux de leur vie brisée. De leur part, les familles des Israéliens encore détenus par le Hamas dans la bande de Gaza s’accrochaient à l’espoir de les revoir et de les libérer.

Israël cherche à modifier les termes de l’accord

Cependant, Netanyahu a dissipé toute illusion que la paix serait enfin rétablie après 17 mois de conflit brutal. Mardi, l’armée a ordonné la reprise de ses bombardements sur Gaza où ses raids ont tué plus de 500 personnes pour cette seule journée, selon le ministère de la Santé de Gaza, ce qui en fait l’une des journées les plus sanglantes de la guerre d’Israël à Gaza avec un bilan total approchant les 50 000 morts.

Netanyahu a accusé le Hamas d’avoir repris les combats en refusant de libérer les détenus sauf que c’est Israël qui a cherché à modifier les termes de l’accord. Le FT estime, pour sa part, que rien ne justifiait la décision de Netanyahu de reprendre la guerre et de mettre en danger la vie des détenus restants et appelle à un cessez-le-feu immédiat forçant les parties belligérantes à faire des concessions qui mettraient fin aux massacres et garantiraient la libération des 59 détenus avant qu’il ne soit trop tard pour ceux qui restent en vie.

Le FT affirme que Trump est le seul dirigeant ayant une influence sur Netanyahu et qui peut faire pression sur le Premier ministre israélien. L’équipe Trump a contribué à négocier l’accord de cessez-le-feu conclu en janvier et en a revendiqué la paternité sauf que depuis, le président américain a dévoilé un plan dangereux visant à vider Gaza des Palestiniens et a proféré des menaces agressives contre le Hamas, reprises par Netanyahu.

Lorsque Israël a interrompu toutes les livraisons d’aide à Gaza et coupé les dernières lignes électriques ce mois-ci pour faire pression sur le Hamas afin qu’il accepte un accord de cessez-le-feu révisé, l’administration Trump est restée silencieuse. Lorsque Israël a repris son attaque contre Gaza, la Maison-Blanche et Trump lui-même ont soutenu l’attaque et se sont joints à Israël pour accuser le Hamas.

Le Mouvement de résistance islamique, qui a tiré des roquettes sur Israël pour la première fois depuis plusieurs mois, s’était engagé à respecter les termes de l’accord de cessez-le-feu. Dans la première phase, 38 détenus ont été libérés en échange de la libération par Israël de plus de 1 500 prisonniers palestiniens. La deuxième phase prévue pour débuter début janvier a constitué l’épreuve la plus difficile. Les deux parties étaient censées accepter un cessez-le-feu permanent et un retrait total des forces israéliennes de la bande de Gaza en échange de la libération des détenus restants. Cependant, Netanyahu a refusé à plusieurs reprises de mettre définitivement fin à la guerre ou de retirer ses troupes. Il n’a jamais engagé de discussions sérieuses sur une deuxième phase.

Netanyahu rattrapé par ses scandales

Au lieu de cela, avec le soutien des États-Unis, Israël a exigé que le Hamas libère la moitié des détenus restants en une seule fois plutôt que de les libérer comme convenu en échange d’une prolongation de la trêve. Comme prévu, le Hamas a rejeté la proposition.

Au lieu de coopérer avec les médiateurs, Netanyahu, sous la pression des partenaires de sa coalition et plus que jamais rattrapé par ses scandales, s’accroche au pouvoir et pour y parvenir a de nouveau déclenché la guerre. Ses détracteurs l’accusent de faire passer ses intérêts avant ceux des Israéliens. Les bombardements et les nouvelles effusions de sang ne feront en effet que mettre en danger la vie des détenus et n’accéléreront pas leur libération. C’est ce que l’accord de cessez-le-feu aurait pu accomplir.

Comme l’ont dit les familles des détenus, Netanyahu aurait dû se battre dans la salle de négociation, et non pousser Israël vers une guerre sans fin. Le FT insiste sur le fait que si Trump est sérieux dans sa promesse de campagne d’apporter la paix au Moyen-Orient, il doit commencer par utiliser son influence considérable pour mettre fin au carnage à Gaza mais il semble indifférent et laisse faire la machine de guerre israélienne. 

Quant au Hamas, il a dénoncé vendredi le soutien américain aux nouveaux bombardements israéliens sur Gaza accusant Washington d’être un partenaire dans cette agression. Le conseiller à la sécurité nationale américain Michael Waltz a déclaré hier que «le Hamas avait choisi la guerre plutôt que de libérer les otages et qu’Israël avait parfaitement le droit de défendre son peuple contre ce qu’il a appelé les terroristes du Hamas.»

En réponse à ces déclarations qualifiées de biaisées, le Hamas a déclaré dans un communiqué que «parler du droit d’Israël à se défendre est une déformation de la réalité. L’occupant n’a pas le droit de défendre son occupation car il est l’agresseur».

Le Hamas considère que les déclarations de Washington révèlent une fois de plus sa complicité dans l’agression contre le peuple palestinien et dans les crimes perpétrés par Israël. 

Le mouvement palestinien a poursuivi en affirmant qu’il est fallacieux de prétendre qu’il avait préféré la guerre à la libération des détenus. Il estime que ceci constitue une déformation des faits et que toute tentative de déformation des faits ne parviendrait pas à exonérer l’armée d’occupation de ses crimes ni à fournir aux États-Unis une couverture morale pour son soutien à Israël.

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L’Occident s’acharne sur les Palestiniens, par Israël interposé

19. März 2025 um 08:17

Nous avons de plus en plus l’impression que les gouvernements occidentaux s’acharnent sur les Palestiniens, par Israël interposé, pour rappeler aux peuples du Sud global la puissance de feu de leurs armes. Le conflit meurtrier entre Israéliens et Palestiniens est aussi un conflit symbolique entre l’Occident et Sud global.

Lahouari Addi *

Comment définir Benjamin Netanyahu? C’est la ruse au service de la cruauté et de la méchanceté. Il signe des accords tout en sachant qu’il les rompra à tout moment. Cet homme a été au-delà du machiavélisme à qui il a donné la plus inhumaine et la plus barbare des significations.

Le Premier ministre israélien piétine le droit international avec arrogance et prétend combattre le Mal alors qu’il est le Mal incarné. Il est insensible à la douleur de mères dont les enfants sont tués par les bombes des avions bourrés de technologie. Il dira: mais les Palestiniens aussi tuent des Israéliens. Mais dès lors que les Palestiniens reconnaissent l’existence d’Israël, y compris le Hamas qui a changé sa charte à cet effet en 2017, pourquoi alors cette guerre?

Terroriser les Palestiniens

L’homme n’est pas un ange, qu’il soit Israélien ou Palestinien, et il y a toujours eu et il y aura toujours des guerres. Mais les guerres prennent fin quand les protagonistes se reconnaissent. Dans ce cas, les Palestiniens reconnaissent Israël installé sur une grande partie de leur terre, mais Israël ne reconnait pas aux Palestiniens le droit d’avoir un Etat sur une petite partie de leur territoire historique.

Par ailleurs, après les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale, le droit a essayé de «civiliser» la guerre, de la maintenir dans les limites de «œil pour œil, dent pour dent». Mais avec Netanyahu, la guerre n’a pas de limites. Elle ne vise pas que les combattants, elle tue aussi femmes, enfants, vieillards sans distinction et en masse.

Netanyahu affirme qu’il fait la guerre au Hamas et non aux Palestiniens, bien que les faits contredisent son discours puisque les bébés et les enfants sont aussi victimes par milliers de ses agressions. Mais comme tout leader colonial, il nie le sentiment nationaliste du colonisé palestinien qui se reconnaît dans le Hamas.

C’est un fait attesté par les observateurs sur le terrain que le Hamas est populaire à Gaza et en Cisjordanie. Toute la stratégie de l’armée israélienne à Gaza a été de terroriser les Gazaouis afin de les pousser à se détacher du Hamas et à dénoncer ses militants qui vivent parmi eux. Mais peine perdue. Cette stratégie a échoué lors de la guerre d’Algérie et aussi la guerre du Vietnam.

Un ancien chef d’état-major israélien a dit publiquement que le Hamas n’est pas un mouvement terroriste ; c’est un mouvement idéologique qui utilise la violence qui, par définition, est terroriste.

Colonisé contre colonisateur

Le rapport entre le colonisé et le colonisateur est marqué par la haine qui mène à des évènements tragiques s’inscrivant dans un enchaînement de causes. C’est pourquoi, aussi dramatiques que soient les attaques du 7 octobre 2023, elles ne sont pas la cause du conflit comme le dit la propagande israélienne relayée par les médias de droite occidentaux. Expliquer l’attaque du 7 octobre, c’est la situer dans son contexte historique afin de donner des chances à la paix.

Il appartient aux Israéliens de changer de politique vis-à-vis des Palestiniens qu’ils oppriment s’ils ne veulent pas que d’autres attaques similaires à celle du 7 octobre ne se reproduisent. Et c’est pourquoi, face à l’inhumanité de Netanyahu, seul un embargo total d’Israël mettra fin à cette guerre centenaire.

Ce qui manque cruellement aux Israéliens, c’est un leader qui leur dise que la puissance américaine à la faveur de laquelle ils tuent par milliers les Palestiniens n’est pas éternelle.

Car, en effet, Netanyahu n’est rien sans l’appui que lui accordent les gouvernements occidentaux. Nous avons l’impression que les gouvernements occidentaux s’acharnent sur les Palestiniens, par Israël interposé, pour rappeler aux peuples du Sud global la puissance de feu de leurs armes. Le conflit meurtrier entre Israéliens et Palestiniens est aussi un conflit symbolique entre l’Occident et Sud global.

* Professeur à l’Institut des études politiques de l’Université de Lyon.

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